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Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur · Novembre 2022 · n° 105
Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'AzurAlpes-Maritimes – Une forte pression foncière qui pèse sur la population

Stéphanie Durieux, Carole Zampini (Insee)

En 2019, près d’1,1 million d’habitants vivent dans les Alpes-Maritimes, aux deux tiers concentrés sur l’étroit littoral. Relief, rayonnement touristique et attrait résidentiel ont généré une forte pression foncière, qui se traduit par des prix immobiliers parmi les plus hauts des départements français.

En recul marqué à partir des années 1990, le solde des installations dans le département sur les départs se redresse légèrement depuis 2013. En avance sur la moyenne nationale, le vieillissement de la population se poursuit. Il contribue à alimenter une économie tournée vers les services aux résidents et aux touristes. Cette orientation explique l’effet plus important de la crise sanitaire sur l’économie du département en 2020-2021.

La moitié des emplois du département sont situés dans la métropole Nice Côte d’Azur. Les trajets domicile-travail s’accroissent en provenance du Var et à destination de Monaco. Très motorisés le long du littoral, ils contribuent à la pollution atmosphérique.

Les inégalités sociales sont marquées. La part de ménages à très hauts revenus est importante, tout comme celle des personnes en précarité financière. La population vivant dans un logement suroccupé est particulièrement élevée.

Les risques naturels sont élevés et contraignent l’aménagement du territoire, tandis que l’arrière-pays fait face à des difficultés d’accès aux équipements.

Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 105
Paru le :Paru le14/11/2022

Une pression foncière née du relief et de l’attractivité

En 2019, près d’1,1 million de personnes résident dans les Alpes-Maritimes. Le relief limitant l’espace disponible pour l’habitat, les deux tiers d’entre elles sont concentrés dans les communes littorales, qui ne couvrent que 6 % de la superficie du département (figure 1). Du fait de cet espace contraint, les trois quarts des logements sont des appartements, soit bien plus qu’en moyenne nationale (44 %), et la surface des résidences principales est moindre.

Ce relief proche de la mer contraint le bâti sur le littoral. Par ses qualités paysagères, il explique également l’attrait touristique historique du territoire. Le – 92 lits touristiques pour 100 habitants en 2021 – est trois fois plus élevé qu’en France métropolitaine et les résidences secondaires représentent un quart de l’ensemble des logements en 2019 (moins d’un sur dix au niveau national). Sur la période récente, l’orientation touristique a continué de se développer, en partie en raison de l’essor des hébergements proposés par des particuliers via des plateformes. En 2019, le département est au second rang métropolitain après Paris pour le nombre de nuitées de ce type, dont la ville de Nice concentre les trois quarts.

La concurrence entre résidents permanents et touristes pour l’occupation des logements entretient des prix immobiliers élevés, les plus hauts des départements français (hors Île-de-France), que ce soit pour les maisons ou les appartements. La difficulté de se loger est accentuée par le recul de la construction neuve, observé dès 2018 et aggravé par la crise sanitaire. En 2021, les autorisations de construire n’ont pas retrouvé leur niveau de 2019, contrairement à la moyenne nationale. Malgré la pression foncière, la part des logements vacants est assez forte (8,4 % contre 8,1 % en France métropolitaine en 2019). Elle a diminué de 1999 à 2013 avant de se stabiliser, sauf dans les zones tendues comme la Riviera française ou Sophia Antipolis où elle continue de décroître. Dans la communauté d’agglomération (CA) Cannes Pays de Lérins, cette part a particulièrement baissé depuis 2013, pour atteindre 3,4 % en 2019, alors qu’elle a augmenté à Nice (14 % en 2019).

Entre 2009 et 2019, la , essentiellement consacrée à l’habitat et qui traduit l’urbanisation de surfaces naturelles, agricoles et forestières, a été moindre qu’en moyenne nationale (+ 0,3 % de la superficie contre + 0,5 %).

Figure 1Population en 2019 et évolution annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2019 dans les Alpes-Maritimes, par commune

Population en 2019 et évolution annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2019 dans les Alpes-Maritimes, par commune - Lecture : dans la commune de Nice, la population est de 343 000 habitants en 2019 et l’évolution annuelle moyenne de population entre 2013 et 2019 a été quasi nulle.
Code commune Libellé de la commune Population Évolution annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2019
(en %)
06001 Aiglun 94 0,9
06002 Amirat 54 -4,0
06003 Andon 648 2,4
06004 Antibes 73 438 -0,5
06005 Ascros 175 0,5
06006 Aspremont 2 272 0,8
06007 Auribeau-sur-Siagne 3 200 0,5
06008 Auvare 31 -5,3
06009 Bairols 109 0,3
06010 Le Bar-sur-Loup 2 921 -0,4
06011 Beaulieu-sur-Mer 3 755 0,1
06012 Beausoleil 13 358 0,1
06013 Belvédère 690 1,4
06014 Bendejun 947 -0,1
06015 Berre-les-Alpes 1 240 -0,5
06016 Beuil 551 1,3
06017 Bézaudun-les-Alpes 254 0,5
06018 Biot 9 668 -0,6
06019 Blausasc 1 657 2,1
06020 La Bollène-Vésubie 566 0,7
06021 Bonson 731 0,1
06022 Bouyon 554 2,2
06023 Breil-sur-Roya 2 137 -2,5
06024 Briançonnet 217 -1,4
06025 Le Broc 1 414 0,1
06026 Cabris 1 380 0,5
06027 Cagnes-sur-Mer 52 178 1,8
06028 Caille 411 -1,0
06029 Cannes 74 545 0,3
06030 Le Cannet 41 887 -0,5
06031 Cantaron 1 300 -0,7
06032 Cap-d'Ail 4 523 -0,3
06033 Carros 12 550 1,1
06034 Castagniers 1 656 1,3
06035 Castellar 1 126 2,5
06036 Castillon 400 0,8
06037 Caussols 298 2,8
06038 Châteauneuf-Grasse 3 664 2,5
06039 Châteauneuf-Villevieille 942 0,8
06040 Châteauneuf-d'Entraunes 63 5,4
06041 Cipières 401 1,0
06042 Clans 665 2,2
06043 Coaraze 822 0,3
06044 La Colle-sur-Loup 7 898 0,2
06045 Collongues 73 -5,9
06046 Colomars 3 482 0,8
06047 Conségudes 95 -0,5
06048 Contes 7 437 0,4
06049 Courmes 110 -0,7
06050 Coursegoules 531 0,7
06051 La Croix-sur-Roudoule 98 0,0
06052 Cuébris 179 7,2
06053 Daluis 143 -0,9
06054 Drap 5 117 2,9
06055 Duranus 150 -0,4
06056 Entraunes 142 3,4
06057 L'Escarène 2 554 0,5
06058 Escragnolles 611 -0,2
06059 Èze 2 256 -1,9
06060 Falicon 1 994 0,2
06061 Les Ferres 96 -0,7
06062 Fontan 317 -0,3
06063 Gars 73 0,7
06064 Gattières 4 173 0,3
06065 La Gaude 7 010 1,1
06066 Gilette 1 599 0,9
06067 Gorbio 1 493 2,2
06068 Gourdon 373 -1,7
06069 Grasse 48 870 -0,7
06070 Gréolières 570 -0,8
06071 Guillaumes 600 -1,9
06072 Ilonse 162 -1,7
06073 Isola 653 -1,7
06074 Lantosque 1 241 -1,0
06075 Levens 4 761 -0,2
06076 Lieuche 47 2,3
06077 Lucéram 1 294 1,0
06078 Malaussène 321 2,4
06079 Mandelieu-la-Napoule 21 998 -0,6
06080 Marie 106 1,0
06081 Le Mas 118 -5,5
06082 Massoins 103 -0,6
06083 Menton 30 525 1,4
06084 Mouans-Sartoux 9 887 -0,1
06085 Mougins 19 982 1,5
06086 Moulinet 251 0,3
06087 Les Mujouls 44 0,4
06088 Nice 342 669 0,0
06089 Opio 2 295 0,8
06090 Pégomas 7 996 0,9
06091 Peille 2 370 0,2
06092 Peillon 1 465 -0,3
06093 La Penne 206 -7,6
06094 Péone 783 -4,0
06095 Peymeinade 8 192 0,4
06096 Pierlas 105 2,8
06097 Pierrefeu 335 2,1
06098 Puget-Rostang 126 -0,6
06099 Puget-Théniers 1 840 -0,2
06100 Revest-les-Roches 231 1,0
06101 Rigaud 184 -2,6
06102 Rimplas 91 -7,3
06103 Roquebillière 1 833 0,6
06104 Roquebrune-Cap-Martin 12 839 0,3
06105 Roquefort-les-Pins 7 183 1,9
06106 Roquestéron 577 0,3
06107 La Roque-en-Provence 68 -2,5
06108 La Roquette-sur-Siagne 5 385 0,0
06109 La Roquette-sur-Var 950 1,1
06110 Roubion 120 -0,4
06111 Roure 119 -8,5
06112 Le Rouret 4 072 0,3
06113 Sainte-Agnès 1 338 2,4
06114 Saint-André-de-la-Roche 5 695 0,9
06115 Saint-Antonin 87 -4,7
06116 Saint-Auban 215 -1,3
06117 Saint-Blaise 1 240 3,7
06118 Saint-Cézaire-sur-Siagne 3 903 0,2
06119 Saint-Dalmas-le-Selvage 108 -2,1
06120 Saint-Étienne-de-Tinée 1 494 2,5
06121 Saint-Jean-Cap-Ferrat 1 492 -2,8
06122 Saint-Jeannet 4 246 1,0
06123 Saint-Laurent-du-Var 29 169 0,2
06124 Saint-Léger 49 -5,5
06125 Saint-Martin-d'Entraunes 152 5,2
06126 Saint-Martin-du-Var 3 095 2,1
06127 Saint-Martin-Vésubie 1 444 0,9
06128 Saint-Paul-de-Vence 3 252 -1,2
06129 Saint-Sauveur-sur-Tinée 306 -2,3
06130 Saint-Vallier-de-Thiey 3 654 0,8
06131 Sallagriffon 48 1,5
06132 Saorge 458 0,6
06133 Sauze 71 -2,4
06134 Séranon 540 1,7
06135 Sigale 197 -0,7
06136 Sospel 3 805 0,8
06137 Spéracèdes 1 161 -1,7
06138 Théoule-sur-Mer 1 362 -1,7
06139 Thiéry 110 1,1
06140 Le Tignet 3 066 -1,1
06141 Toudon 347 1,3
06142 Touët-de-l'Escarène 299 -0,3
06143 Touët-sur-Var 664 -0,8
06144 La Tour 553 -0,6
06145 Tourette-du-Château 133 1,4
06146 Tournefort 155 0,9
06147 Tourrette-Levens 5 013 0,7
06148 Tourrettes-sur-Loup 4 041 0,2
06149 La Trinité 10 115 -0,2
06150 La Turbie 2 981 -1,0
06151 Utelle 867 1,5
06152 Valbonne 13 486 0,5
06153 Valdeblore 835 -1,1
06154 Valderoure 464 1,8
06155 Vallauris 27 364 0,6
06156 Venanson 161 1,2
06157 Vence 18 940 -0,1
06158 Villars-sur-Var 776 2,5
06159 Villefranche-sur-Mer 5 033 -0,9
06160 Villeneuve-d'Entraunes 89 4,8
06161 Villeneuve-Loubet 16 285 2,1
06162 La Brigue 696 -0,5
06163 Tende 2 166 0,1
  • Lecture : dans la commune de Nice, la population est de 343 000 habitants en 2019 et l’évolution annuelle moyenne de population entre 2013 et 2019 a été quasi nulle.
  • Source : Insee, recensements de la population 2013 et 2019.

Figure 1Population en 2019 et évolution annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2019 dans les Alpes-Maritimes, par commune

  • Lecture : dans la commune de Nice, la population est de 343 000 habitants en 2019 et l’évolution annuelle moyenne de population entre 2013 et 2019 a été quasi nulle.
  • Source : Insee, recensements de la population 2013 et 2019.

Un léger regain d’attractivité après une baisse marquée

Au cours des 50 dernières années, la croissance démographique des Alpes-Maritimes a reposé sur l’excédent des installations dans le département sur les départs (figure 2). Ce solde migratoire s’est progressivement résorbé jusqu’à devenir légèrement négatif entre 2008 et 2013, puis se redresser modérément ensuite. Ainsi, comme les naissances et les décès s’équilibrent globalement, le nombre d’habitants progresse très peu depuis une dizaine d’années (+ 0,2 % par an entre 2013 et 2019 après - 0,1 % par an entre 2008 et 2013). Cette croissance est inférieure à la moyenne française (respectivement + 0,4 % et + 0,5 %). Entre 2013 et 2019, le solde entre les installations et les départs est négatif dans la CA du Pays de Grasse et faiblement positif dans la métropole Nice Côte d’Azur et les CA de Sophia Antipolis et Cannes Pays de Lérins. L’excédent migratoire est plus prononcé à l’est (Riviera française, Pays des Paillons), pour partie du fait d’arrivées de l’étranger (Italie, Monaco), dont un quart de retours d’expatriation. La position frontalière du département ainsi que son attractivité touristique expliquent aussi en partie la forte proportion d’ dans le département (15 % contre 10 % en moyenne française). Les Italiens y sont les premiers résidents étrangers.

Le solde migratoire du département avec le reste du territoire français est négatif, sauf pour les personnes âgées de 65 à 74 ans, pour lesquelles il est légèrement positif. Le déficit est particulièrement marqué pour les jeunes de 25 à 29 ans, en début de vie active. Tous âges confondus, les échanges sont déficitaires avec le Var, les Bouches-du-Rhône, le Rhône et l’Hérault. Les départs nombreux vers l’est du Var visent probablement un accès à de meilleures conditions de logement. Parmi les actifs en emploi qui sont allés s’installer dans le Var, quatre sur dix travaillent dans les Alpes-Maritimes. À l’inverse, le solde des échanges migratoires avec Paris, les Hauts-de-Seine et le Nord est positif.

Figure 2Évolution annuelle moyenne de la population dans les Alpes-Maritimes et contribution des soldes naturel et migratoire

en %
Évolution annuelle moyenne de la population dans les Alpes-Maritimes et contribution des soldes naturel et migratoire (en %) - Lecture : dans les Alpes-Maritimes, la population a augmenté de 2,2 % par an en moyenne entre 1962 et 1975, dont + 2,2 % dus au solde migratoire (différence entre les installations dans le département et les départs vers l’extérieur) et - 0,1 % dû au solde naturel (différence entre les naissances et les décès).
Période solde naturel solde migratoire évolution de population
1962-1975 -0,1 2,2 2,2
1975-1990 -0,2 1,3 1,2
1990-2008 0,0 0,6 0,6
2008-2013 0,1 -0,2 -0,1
2013-2019 0,0 0,2 0,2
  • Lecture : dans les Alpes-Maritimes, la population a augmenté de 2,2 % par an en moyenne entre 1962 et 1975, dont + 2,2 % dus au solde migratoire (différence entre les installations dans le département et les départs vers l’extérieur) et - 0,1 % dû au solde naturel (différence entre les naissances et les décès).
  • Source : Insee, recensements de population.

Figure 2Évolution annuelle moyenne de la population dans les Alpes-Maritimes et contribution des soldes naturel et migratoire

  • Lecture : dans les Alpes-Maritimes, la population a augmenté de 2,2 % par an en moyenne entre 1962 et 1975, dont + 2,2 % dus au solde migratoire (différence entre les installations dans le département et les départs vers l’extérieur) et - 0,1 % dû au solde naturel (différence entre les naissances et les décès).
  • Source : Insee, recensements de population.

Déjà avancé, le vieillissement se poursuit

Le vieillissement de la population est plus avancé dans les Alpes-Maritimes qu’en France : en 2019, 24 % des habitants ont 65 ans ou plus et 13 % ont 75 ans ou plus (respectivement + 4 et + 3 points par rapport à la moyenne métropolitaine). Conséquence du baby-boom et des migrations résidentielles aux âges de la retraite, la part des 65-74 ans a encore progressé depuis 2013, mais moins fortement qu’en France (+ 1,2 point contre + 1,9). Parallèlement, la part des moins de 20 ans est plus faible (21 % contre 24 % au niveau national) et baisse très légèrement sur la période, mais moins qu’au niveau national. L’indice de vieillissement – qui rapporte la part des 65 ans ou plus à celle des moins de 20 ans – poursuit sa hausse et atteint 1,15 contre 0,84 au niveau français en 2019. Cette structure par âge contribue à l’ de l’économie du département, dédiée à la satisfaction des besoins des résidents et des touristes.

Une économie essentiellement présentielle

Dans les Alpes-Maritimes, 72 % des emplois relèvent ainsi des activités présentielles (65 % au niveau national). Le tourisme alimente 12 % de l’emploi contre 6 % au niveau français en 2019. Le commerce comme les activités immobilières rassemblent également davantage d’emplois qu’en moyenne nationale. Malgré des établissements en moyenne plus petits en raison de cette structure sectorielle, le département compte de grandes entreprises de renommée mondiale. Celles-ci sont spécialisées dans les technologies logicielles sur la technopole de Sophia Antipolis, la construction de satellites à Cannes, la parfumerie et les huiles essentielles à Grasse ou l’industrie pharmaceutique dans la zone industrielle de Carros.

Entre 1990 et 2020, l’emploi a été plus dynamique dans le département qu’en moyenne nationale (figure 3). La hausse a été particulièrement forte de 1998 à 2007, portée par les activités informatiques, scientifiques et techniques, administratives et de soutien ainsi que par la construction, l’administration publique, l’action sociale et l’hébergement-restauration. La crise de 2008 a interrompu cette croissance et affecté l’économie maralpine, comme au niveau national. De 2014 à 2019, l’emploi a de nouveau progressé, avant d’être affecté par la crise sanitaire de 2020 (encadré).

Figure 3Évolution de l’emploi salarié

Base 100 en 1989
Évolution de l’emploi salarié (Base 100 en 1989)
Année Tertiaire marchand – Alpes-Maritimes dont Activités scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien - Alpes-Maritimes Tertiaire non marchand - Alpes-Maritimes Industrie – Alpes-Maritimes Construction – Alpes-Maritimes Alpes-Maritimes France métropolitaine
1989 100 100 100 100 100 100 100
1990 102 107 102 97 96 101 101
1991 103 110 104 95 93 101 101
1992 101 106 106 90 86 100 101
1993 100 103 111 85 76 99 101
1994 102 107 113 83 74 100 102
1995 102 107 115 82 71 101 104
1996 105 111 117 80 65 101 104
1997 109 119 117 80 64 103 106
1998 112 124 118 81 66 106 108
1999 117 134 120 81 68 109 111
2000 123 140 124 85 74 114 115
2001 129 149 128 87 79 119 117
2002 130 153 131 86 80 120 117
2003 132 160 135 85 80 122 117
2004 133 164 138 84 82 123 118
2005 134 163 140 83 85 125 119
2006 137 170 143 80 89 127 121
2007 139 172 146 82 93 129 122
2008 139 169 146 79 92 129 121
2009 137 164 145 77 88 127 120
2010 136 162 147 76 85 127 120
2011 136 162 147 77 83 127 121
2012 136 161 147 75 79 126 120
2013 136 161 148 76 77 126 121
2014 135 161 149 75 73 125 121
2015 137 166 149 74 72 126 121
2016 139 171 150 75 73 127 122
2017 141 178 150 75 72 129 124
2018 142 178 150 75 74 129 124
2019 144 182 150 76 76 131 126
2020 138 175 151 75 78 128 125
  • Champ : personnes de 15 ans et plus.
  • Source : Insee, estimations d’emploi.

Figure 3Évolution de l’emploi salarié

  • Champ : personnes de 15 ans et plus.
  • Source : Insee, estimations d’emploi.

Un emploi sur deux dans la métropole Nice Côte d’Azur

La métropole Nice Côte d’Azur concentre près d’un emploi du département sur deux (211 300 emplois, figure 4). La moitié des actifs qui les occupent habitent Nice et trois sur dix une autre commune de la métropole. Du fait de la position géographique des Alpes-Maritimes, à l’extrémité du territoire national, une moindre part des emplois maralpins est occupée par des actifs résidant hors du département (4 %). Cette part est l’une des plus faibles des départements français, avec le Finistère et le Var. Les deux tiers des navetteurs qui entrent dans le département résident dans le Var. Leur nombre est en hausse de 22 % en six ans (10 800 en 2019).

Parmi les actifs en emploi résidant dans le département, neuf sur dix occupent un emploi dans les Alpes-Maritimes. Les trois quarts de ceux qui travaillent à l’extérieur du département, soit 29 600 actifs en 2019, occupent un emploi à Monaco, soit 14 % de plus qu’en 2013. En revanche, les résidents maralpins ne traversent quasiment jamais la frontière italienne pour aller travailler et réciproquement.

Trois actifs en emploi maralpins sur dix ne travaillent pas au sein de leur intercommunalité de résidence. En six ans, le nombre de trajets entre intercommunalités a augmenté tandis que ceux ayant lieu en leur sein ont diminué. Par ailleurs, la moitié des actifs sortent de leur commune pour aller travailler, pour parcourir en moyenne 33 km (contre 29 km en France). En tenant compte des actifs qui travaillent dans leur commune de résidence, les distances parcourues sont toutefois légèrement inférieures à la moyenne nationale du fait de la concentration urbaine.

Figure 4Localisation des emplois par lieu de résidence des actifs en 2019

Localisation des emplois par lieu de résidence des actifs en 2019 - Lecture : en 2019, parmi les 211 000 actifs occupant un emploi situé dans la métropole Nice Côte d’Azur, 108 600 résident à Nice et 66 700 habitent dans une autre commune de la métropole.
Intercommunalité de travail  Nice Reste de la métropole Nice Côte d’Azur Sophia Antipolis Riviera française Cannes Pays de Lérins Autre
Nice Côte d’Azur 108 622 66 704 13 934 2 070 3 825 16 076
Sophia Antipolis 5 410 7 592 47 199 160 7 551 10 313
Cannes Pays de Lérins 1 923 1 788 6 527 74 42 145 13 432
Monaco 8 186 5 085 965 14 051 301 1 676
  • Lecture : en 2019, parmi les 211 000 actifs occupant un emploi situé dans la métropole Nice Côte d’Azur, 108 600 résident à Nice et 66 700 habitent dans une autre commune de la métropole.
  • Champ : emplois occupés par des actifs résidant en France.
  • Source : Insee, recensement de la population 2019.

Figure 4Localisation des emplois par lieu de résidence des actifs en 2019

  • Lecture : en 2019, parmi les 211 000 actifs occupant un emploi situé dans la métropole Nice Côte d’Azur, 108 600 résident à Nice et 66 700 habitent dans une autre commune de la métropole.
  • Champ : emplois occupés par des actifs résidant en France.
  • Source : Insee, recensement de la population 2019.

La géographie et la concentration de la population sur la bande littorale très urbanisée dictent l’usage des transports quotidiens. L’usage assez répandu des transports en commun (14 % contre 8 % en France de province) s’explique par la forte urbanisation. La marche à pied (9 %) est également fréquente du fait de la proximité du lieu de travail. Les embouteillages réguliers peuvent expliquer un usage plus fréquent des deux-roues motorisés pour aller au travail (8 % contre 2 % au niveau national en 2019), notamment à destination de Monaco (22 %). Les transports routiers contribuent fortement à la pollution dans le département. Ils sont ainsi responsables de 35 % des émissions de particules PM10, contre 23 % dans la région en 2017. La pollution de l’air, localisée en particulier le long de l’autoroute qui longe le littoral, résulte à la fois de ces navettes motorisées et d’un intense trafic de marchandises vers ou depuis l’Italie [Rouaud et Channac, 2019].

Des inégalités de niveau de vie marquées

Le niveau de vie médian des habitants du département est supérieur à la moyenne nationale : 1 860 euros mensuels par unité de consommation contre 1 800 euros en 2019. Les inégalités monétaires sont fortes : dans les Alpes-Maritimes, le niveau de vie plancher des 10 % des personnes les plus aisées est 3,8 fois plus haut que le niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes. Le département est le deuxième de province pour ces inégalités monétaires, après la Haute-Savoie, ex aequo avec les Bouches-du-Rhône caractérisées par des bas revenus plus faibles.

D’une part, les atouts naturels et climatiques des Alpes-Maritimes attirent les plus fortunés, qui font du département le deuxième de province pour la part des « très très hauts revenus » (0,1 % des ménages les plus riches de France). Les revenus du patrimoine y représentent ainsi 14 % du revenu disponible, contre 10 % en moyenne nationale. D’autre part, la proportion d’habitants pauvres dépasse le niveau national (15,8 % contre 14,5 % en 2019). Les inégalités de niveaux de vie sont également territoriales : la population en situation de pauvreté vit plus souvent en montagne et à Nice, tandis que les plus aisés résident sur le littoral ou à Sophia Antipolis.

Du fait de la pression foncière, un habitant sur cinq vit dans un logement suroccupé, c’est-à-dire trop petit au regard de la composition du , contre un sur dix au niveau national. Le coût du logement affecte particulièrement la population en situation de précarité financière. Pour les allocataires de la CAF, la part médiane du revenu consacrée au loyer, après prise en compte des aides au logement, est la plus élevée de la région fin 2020 (15,2 % dans le parc social et 28,2 % dans le parc privé), et l’une des plus élevées en France métropolitaine avec Paris et les départements corses. Le nombre de logements sociaux par habitant progresse mais reste très inférieur à la moyenne française (54 pour 1 000, contre 77). La tension entre la demande et l’offre de logements sociaux dans le département est donc supérieure (une attribution pour 11 demandes, contre une pour 8 en Provence-Alpes-Côte d’Azur et une pour 5 en France métropolitaine en 2020). Cette tension entraîne une moindre mobilité résidentielle des populations lorsqu’elles ont accédé à un logement social.

Un arrière-pays enclavé et des risques naturels

Les actifs résidant dans l’arrière-pays ont des trajets domicile-travail plus longs : dans les communes de , les actifs parcourent en moyenne 28 km pour aller travailler, contre 18 km dans les communes littorales, et un actif sur dix parcourt plus de 50 km. Un quart des actifs en emploi de ces communes travaille à Nice et le nombre de ces navetteurs continue de s’accroître. L’accès aux équipements reste également un enjeu pour ces territoires, les services étant parfois éloignés. En 2018, dans les communes de montagne, 12 800 habitants (11 %) vivent en moyenne à plus de 30 minutes par la route des équipements de la gamme intermédiaire (laboratoire d’analyses médicales, ambulance, sage-femme, orthophoniste, hébergement et services d’aide pour personnes âgées, banque…). Dans ces territoires enclavés, le problème de l’accès aux soins devrait en outre s’accentuer dans les années à venir du fait de l’âge élevé des médecins généralistes.

Les Alpes-Maritimes sont soumises à de nombreux et importants risques naturels, comme en témoigne la tempête Alex d’octobre 2020, qui a détruit 200 km de routes dans la vallée de la Roya. Les plans de prévention des risques prescrits en conséquence dans le département limitent la construction et contraignent les possibilités d’aménagement du territoire dans certains secteurs. Toutes les communes du département ont été concernées par au moins un arrêté de catastrophe naturelle depuis 1982. Cela représente 2 200 arrêtés, soit un tiers des arrêtés de la région (figure 5), pour un département qui couvre 14 % de la superficie régionale. Six arrêtés sur dix concernent des inondations et trois sur dix des mouvements de terrain. Ils sont plus fréquents sur le littoral et son arrière-pays proche.

Figure 5Nombre d'arrêtés de catastrophes naturelles entre 1982 et fin 2021, par type

Nombre d'arrêtés de catastrophes naturelles entre 1982 et fin 2021, par type
Département / Région Mouvement de terrain Inondation Avalanche Sécheresse Séisme Submersion marine Tempête Ensemble
Alpes-de-Haute-Provence 204 381 1 15 22 0 0 623
Hautes-Alpes 60 150 11 0 2 0 0 223
Alpes-Maritimes 668 1 152 8 3 10 130 252 2 223
Bouches-du-Rhône 449 677 0 44 7 9 119 1 305
Var 304 826 0 29 0 49 0 1 208
Vaucluse 268 796 0 10 0 0 151 1 225
Paca 1 953 3 982 20 101 41 188 522 6 807
  • Note : les tempêtes de 1982 et 1999, exceptionnelles par leur ampleur, sont comptabilisées à part. Les arrêtés liés à la tempête Alex sont essentiellement des arrêtés d’inondations. Les feux de forêts ne font pas partie de la liste des catastrophes naturelles car non considérés juridiquement comme tels.
  • Source : ORRM, base Gaspar.

Figure 5Nombre d'arrêtés de catastrophes naturelles entre 1982 et fin 2021, par type

  • Note : les tempêtes de 1982 et 1999, exceptionnelles par leur ampleur, sont comptabilisées à part. Les arrêtés liés à la tempête Alex sont essentiellement des arrêtés d’inondations. Les feux de forêts ne font pas partie de la liste des catastrophes naturelles car non considérés juridiquement comme tels.
  • Source : ORRM, base Gaspar.

Encadré : Un département fortement touché par la crise sanitaire

L’économie du département a été particulièrement affectée par la crise liée à l’épidémie de Covid-19, du fait de sa structure économique tournée vers les services à la population. Au plus fort de la crise, au deuxième trimestre 2020, l’emploi salarié y était inférieur de 4 % à son niveau du deuxième trimestre 2019 (contre - 2 % en France). Les répercussions de la crise sanitaire ont été plus durables, l’emploi n’ayant retrouvé son niveau d’avant-crise qu’au troisième trimestre 2021, trois mois après la moyenne nationale. Corollairement, l’aide aux entreprises a été massive. Le département a été ainsi au troisième rang, après Paris et les Bouches-du-Rhône, pour le nombre d’entreprises bénéficiaires du fonds de solidarité, qui avoisine les 55 000 entre le début de la crise sanitaire et août 2021. L’activité touristique, habituellement importante toute l’année et orientée vers la clientèle étrangère et d’affaires, a pâti d’une forte baisse de fréquentation hôtelière (de l’ordre de - 50 % en 2020, et encore - 16 % au deuxième semestre 2021) [Perron-Bailly, Masson, 2021]. En conséquence de cette dégradation de l’économie, les difficultés sociales se sont davantage accrues que dans les autres départements de la région entre 2019 et 2020, avant de se résorber l’année suivante. Le nombre de bénéficiaires de minima sociaux a ainsi augmenté de 10 % entre 2019 et 2020, contre + 6 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur et + 2 % en moyenne française.

Publication rédigée par :Stéphanie Durieux, Carole Zampini (Insee)

Définitions

Le taux de fonction touristique est le nombre de lits touristiques pour 100 habitants. Le nombre de lits touristiques est estimé à partir des ratios suivants définis par le ministère du Tourisme : deux lits par chambre pour les hôtels, trois lits par emplacement pour les campings et cinq lits par logement pour les résidences secondaires.

La consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers est la création ou l’extension effective d’espaces urbanisés, à destination économique ou résidentielle, sur ces espaces. Elle est mesurée à partir des fichiers cadastraux gérés par la DGFiP (traitements Cerema) à partir de l’occupation des sols des surfaces cadastrées.

Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l’étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. À l’inverse, certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers.

Les activités présentielles sont les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes. Elles s’opposent aux activités productives qui produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone et des activités de services tournées principalement vers les entreprises de cette sphère. La partition de l'économie en deux sphères, présentielle et productive, permet de mieux comprendre les logiques de spatialisation des activités et de mettre en évidence le degré d'ouverture des systèmes productifs locaux.

Le niveau de vie d’un ménage est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC). Il est le même pour toutes les personnes d’un ménage.

La zone de montagne est définie, par l’article 18 du règlement 1257/99, comme se caractérisant par des handicaps liés à l’altitude, à la pente, et/ou au climat, qui ont pour effet de restreindre de façon conséquente les possibilités d’utilisation des terres et d’augmenter de manière générale le coût de tous les travaux.

Le concept de suroccupation repose sur la composition du ménage et le nombre de pièces du logement. Un logement est suroccupé quand il lui manque au moins une pièce par rapport à la norme d’« occupation normale ». Cette norme est fondée sur :

  • une pièce de séjour pour le ménage ;
  • une pièce pour chaque personne de référence d’une famille ;
  • une pièce pour les personnes hors famille non célibataires ou les célibataires de 19 ans ou plus et pour les célibataires de moins de 19 ans ;
  • une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou ont moins de 7 ans ;
  • sinon, une pièce par enfant.
  • Le calcul de l’indicateur exclut les studios occupés par une personne. Les personnes seules sont traitées à part car si on leur applique cette norme, elles sont en situation de suroccupation dans des logements d’une pièce, ce qui constitue une définition trop large.

Le revenu disponible est le revenu à la disposition du ménage pour consommer et épargner. Il comprend les revenus d’activité nets des cotisations sociales, les indemnités de chômage, les retraites et pensions, les revenus du patrimoine (fonciers et financiers) et les autres prestations sociales perçues, nets des impôts directs.

Les unités de consommation (UC) sont définies de la manière suivante. Pour comparer les niveaux de vie de ménages de taille ou de composition différente, on divise le revenu par le nombre d’unités de consommation (UC). Celles-ci sont généralement calculées de la façon suivante :1 UC pour le premier adulte du ménage, 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus, 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.

Le niveau de vie médian correspond à la valeur pour laquelle 50 % des personnes ont un niveau de vie supérieur et 50 % ont un niveau de vie inférieur.

Pour en savoir plus

Caste F., « Alpes-Maritimes – Une population qui stagne malgré l’arrivée de jeunes diplômés », Insee Analyses Provence-Alpes Côte d’Azur n° 27, décembre 2015.

Argouarc’h J., Chauvot N., « Cities” européennes – Nice conjugue rayonnement touristique et stagnation démographique », Insee Flash Provence-Alpes Côte d’Azur n° 78, février 2022.

Ulrich A., « Hébergements proposés par des particuliers via des plateformes. En 2019, Paris et Nice dans le top 10 des villes les plus fréquentées de l’Union européenne », Insee Première n° 1879, novembre 2021.

Masson K., Perron-Bailly E., « Alpes-Maritimes et Hautes-Alpes restent nettement plus affectées. Impacts économiques de la crise sanitaire en Provence-Alpes-Côte d’Azur », Insee Conjoncture Provence-Alpes Côte d’Azur, hors-série, mai 2021.

Rouaud P., Channac Y. « En 2017, le seuil de l’OMS dépassé pour la moitié des résidents de la région - Pollution de l’air par les PM10 », Insee Analyses Provence-Alpes Côte d’Azur n° 80, novembre 2019.

Dossier complet – Département des Alpes-Maritimes, Insee, juillet 2022

Tableaux de l’économie française par territoire, Insee, octobre 2021