Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes ·
Octobre 2022 · n° 109
Quand on naît dans la région, on y reste ou on y revient plus qu'ailleurs
En 2019, 82 % des personnes nées en Auvergne-Rhône-Alpes vivent dans la région, la plaçant au premier rang des régions métropolitaines à garder ses natifs, ou à les voir revenir. Ceux qui vivent ailleurs résident le plus souvent dans les régions limitrophes et en Île-de-France. Les études supérieures et l’emploi sont fréquemment l’occasion d’un départ de leur région natale. Les cadres ont davantage migré vers une autre région.
- Auvergne-Rhône-Alpes : région métropolitaine qui compte le plus de natifs résidents
- On quitte souvent sa région natale sans trop s’en éloigner
- Cantal et Allier : moins de natifs de la région qu’ailleurs
- Partir de sa région natale pour faire ses études ou trouver un emploi
- Les cadres natifs présents dans la région malgré leur forte mobilité
Vit-on là où l'on est né ? L'ampleur de ce phénomène peut témoigner de l'offre de parcours de vie complets et variés pour tous (enfants, actifs, retraités). Il peut s'étudier au travers de l'analyse des lieux de naissance et des lieux de résidence de la population (méthodologie). Être né en Auvergne-Rhône-Alpes et y résider en 2019 ne signifie toutefois pas y être resté depuis sa naissance.
Auvergne-Rhône-Alpes : région métropolitaine qui compte le plus de natifs résidents
En 2019, 6,6 millions de personnes résidant en France métropolitaine sont nées en Auvergne-Rhône-Alpes. Parmi elles, 5,4 millions habitent la région en 2019. Les natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes sont fidèles à leur région, puisque 82 % d’entre eux y résident en 2019. Auvergne-Rhône-Alpes se classe en tête des régions métropolitaines qui gardent leurs natifs, devant l’Occitanie (81 %), la Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur (78 %), régions traditionnellement attractives du Sud. Au niveau national, en moyenne, 75 % des personnes habitent la région où elles sont nées. À l’inverse, l’Île-de-France est celle qui retient le moins ses natifs avec 66 % d’entre eux qui y résident en 2019.
Au-delà des attaches familiales, la région garde ses natifs grâce à une offre d’enseignement supérieur développée, un marché de l’emploi dynamique et une grande diversité socioprofessionnelle dans trois grands secteurs d’activité (agriculture, industrie, tertiaire).
On quitte souvent sa région natale sans trop s’en éloigner
En Auvergne-Rhône-Alpes, un natif sur cinq ne réside plus dans la région en 2019, soit 1,2 million de personnes. Ceux-ci habitent le plus souvent en Île-de-France (pour 20 % d’entre eux), puis en Provence-Alpes-Côte d’Azur (19 %) et en Occitanie (18 %). Toutefois, la part de ces natifs parmi la population résidente est plus élevée dans les régions voisines de Bourgogne-Franche-Comté et de Provence-Alpes-Côte d’Azur (figure 1). Ainsi, près de 5 % des habitants de ces deux régions sont originaires d’Auvergne-Rhône-Alpes, alors qu’ils ne représentent que 2 % en Île-de-France. Ces mobilités sont motivées par la proximité de ces régions mais aussi par l’attractivité de l’Île-de-France, véritable vivier d’emplois et de formations. À l’inverse, les régions de la moitié nord de la France, plus éloignées, attirent moins les natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes.
tableauFigure 1 – Lieu de résidence des natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes n’habitant plus la région et part dans la population de la région d’accueil
Code | Région | Natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes | Part de la population (en %) |
---|---|---|---|
27 | Bourgogne-Franche-Comté | 131 146 | 4,7 |
93 | Provence-Alpes-Côte d'Azur | 228 937 | 4,5 |
76 | Occitanie | 211 980 | 3,6 |
94 | Corse | 8 971 | 2,6 |
75 | Nouvelle-Aquitaine | 125 843 | 2,1 |
11 | Île-de-France | 240 776 | 2,0 |
24 | Centre-Val de Loire | 45 618 | 1,8 |
04 | La Réunion | 10 849 | 1,3 |
53 | Bretagne | 34 582 | 1,0 |
52 | Pays de la Loire | 38 373 | 1,0 |
44 | Grand Est | 53 737 | 1,0 |
01 | Guadeloupe | 3 067 | 0,8 |
03 | Guyane | 2 067 | 0,7 |
02 | Martinique | 2 576 | 0,7 |
28 | Normandie | 22 541 | 0,7 |
32 | Hauts-de-France | 33 049 | 0,6 |
- Lecture : 131 150 natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes résident en Bourgogne-Franche-Comté en 2019. Ils représentent 4,7 % de la population résidente de cette région.
- Source : Insee, recensement de la population 2019.
graphiqueFigure 1 – Lieu de résidence des natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes n’habitant plus la région et part dans la population de la région d’accueil

- Lecture : 131 150 natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes résident en Bourgogne-Franche-Comté en 2019. Ils représentent 4,7 % de la population résidente de cette région.
- Source : Insee, recensement de la population 2019.
Cantal et Allier : moins de natifs de la région qu’ailleurs
Vivre dans sa région natale recouvre des réalités différentes selon le département de naissance (figure 2). Ainsi, les natifs de l’Allier et du Cantal sont ceux qui restent ou reviennent le moins en Auvergne-Rhône-Alpes (respectivement 68 % et 69 % contre 82 % en moyenne régionale). Ces départements sont tous deux frontaliers de quatre départements de régions voisines, facilitant de fait les mobilités interrégionales. De plus, dans ces territoires ruraux où le marché de l’emploi est moins dynamique, les natifs ont pu partir travailler et s’installer en dehors de la région.
tableauFigure 2 – Lieu de résidence des natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes
Département de naissance | Réside dans le département de naissance | Réside dans un autre département de la région | Réside en métropole, hors Auvergne-Rhône-Alpes |
---|---|---|---|
Cantal | 55,8 | 12,4 | 31,8 |
Allier | 53,3 | 16,0 | 30,7 |
Puy-de-Dôme | 68,4 | 11,7 | 19,8 |
Drôme | 56,0 | 24,5 | 19,5 |
Ain | 61,8 | 18,9 | 19,3 |
Rhône | 56,9 | 25,0 | 18,2 |
Isère | 68,4 | 15,5 | 16,1 |
Savoie | 62,8 | 21,7 | 15,5 |
Loire | 62,6 | 22,1 | 15,3 |
Haute-Loire | 60,2 | 24,8 | 15,0 |
Ardèche | 54,7 | 30,4 | 15,0 |
Haute-Savoie | 69,9 | 15,8 | 14,3 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 61,5 | 20,3 | 18,2 |
- Lecture : en 2019, parmi l’ensemble des natifs de Haute-Savoie, 70 % résident dans le département, 16 % résident dans un autre département d’Auvergne-Rhône-Alpes et 14 % résident en métropole en dehors de la région.
- Source : Insee, recensement de la population 2019.
graphiqueFigure 2 – Lieu de résidence des natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes

- Lecture : en 2019, parmi l’ensemble des natifs de Haute-Savoie, 70 % résident dans le département, 16 % résident dans un autre département d’Auvergne-Rhône-Alpes et 14 % résident en métropole en dehors de la région.
- Source : Insee, recensement de la population 2019.
À l’inverse, la Haute-Savoie qui n’est limitrophe d’aucune autre région métropolitaine et qui présente une situation économique favorable face à l’emploi, enregistre la plus forte part de natifs résidant dans la région et même dans son département. Toutefois ce résultat est à relativiser car il ne prend pas en compte les Hauts-savoyards partis s’installer à l’étranger, notamment en Suisse.
Les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes habitent en 2019 davantage dans leur département de naissance que l’ensemble des personnes nées en France métropolitaine (62 % contre 58 %). Ce phénomène est particulièrement marqué pour les départements alpins que sont la Haute-Savoie (70 %), l'Isère (68 %) et la Savoie (63 %) ainsi que pour le Puy-de-Dôme (68 %).
Partir de sa région natale pour faire ses études ou trouver un emploi
Les mobilités évoluent au fil du cycle de vie. Elles sont rythmées par quatre périodes charnières : au moment des études en fonction de la localisation des universités et des lieux d’enseignement supérieur, lors de l’entrée dans la vie active, au cours de la vie professionnelle selon l’activité économique des territoires et les opportunités d’emploi, puis au moment de la retraite avec le choix d’un autre cadre de vie.
Les natifs qui vivent dans la région sont globalement plus jeunes que ceux qui la quittent. Jusqu’à 20 ans, la part de ceux qui la quittent est inférieure à la moyenne régionale (18 %) (figure 3). Les études ou la recherche d’un premier emploi sont fréquemment l’occasion d’un départ : 19 % des natifs âgés de 20 à 24 ans vivent ailleurs en 2019. La démocratisation des études a ainsi favorisé les mobilités des jeunes. Cette part de natifs ayant quitté la région augmente avec l’âge jusqu’à atteindre 24 % pour les 40-44 ans puis diminue progressivement jusqu’à 60-64 ans (20 %). Pour les générations nées pendant ou juste après la Seconde Guerre mondiale, ayant connu de forts mouvements de populations, la part des natifs partis augmente de nouveau.
tableauFigure 3 – Part des natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes résidant dans une autre région selon la classe d’âge
Tranche d’âge (en années) | Part |
---|---|
[0-5] | 5,2 |
[6-10] | 8,0 |
[11-15] | 9,8 |
[16-20] | 12,3 |
[21-25] | 18,8 |
[26-30] | 22,2 |
[31-35] | 22,3 |
[36-40] | 23,1 |
[41-45] | 23,9 |
[46-50] | 23,3 |
[51-55] | 22,4 |
[56-60] | 21,0 |
[61-65] | 20,1 |
[66-70] | 20,5 |
[71-75] | 23,4 |
[76-80] | 22,7 |
80 et plus | 18,5 |
Ensemble | 18,2 |
- Lecture : en 2019, 19 % des natifs de la région âgées de 20 ans à moins de 25 ans résident une autre région.
- Source : Insee, recensement de la population 2019.
graphiqueFigure 3 – Part des natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes résidant dans une autre région selon la classe d’âge

- Lecture : en 2019, 19 % des natifs de la région âgées de 20 ans à moins de 25 ans résident une autre région.
- Source : Insee, recensement de la population 2019.
Les cadres natifs présents dans la région malgré leur forte mobilité
Les cadres représentent la catégorie socioprofessionnelle la plus mobile géographiquement. En France métropolitaine, parmi les cadres, seuls 56 % résident encore dans la région où ils sont nés. Auvergne-Rhône-Alpes réussit à conserver 62 % des cadres natifs de la région ; elle compte quatre métropoles qui concentrent de nombreux emplois pour les cadres et les professions intellectuelles supérieures. De ce fait, elle se place au 2e rang en métropole derrière l’Île-de-France qui retient particulièrement ses cadres (69 % contre 66 % des natifs franciliens).
De leur coté, les agriculteurs et les ouvriers restent massivement dans leur région de naissance (respectivement 86 % et 78 %) compte tenu de l'offre dans ces secteurs d'emploi qui favorise la stabilité des actifs. Le réseau familial en soutien des familles est un autre facteur de sédentarité parmi ces populations.
Pour comprendre
L’approche retenue ici consiste à comparer les régions de naissance et de résidence dans le recensement de la population : une personne résidant dans une région différente de celle où elle est née sera comptabilisée comme ayant connu une migration interrégionale. Il s’agit donc d’une approche en stock, à distinguer d’une approche en flux qui mesure sur une période donnée le nombre de mobilités résidentielles.
La méthode retenue ne permet donc pas de reconstituer les étapes d’un parcours de mobilité : une personne ayant vécu une partie de sa vie en dehors de sa région de naissance et revenue depuis ne sera pas considérée comme migrante. De même, quel que soit le nombre de régions successives dans lesquelles aura vécu une personne, seule sera considérée sa mobilité finale entre sa région de naissance et sa région actuelle de résidence.
Les personnes nées dans la région et qui résident maintenant à l’étranger ne sont pas pris en compte dans cette étude.
Définitions
Les natifs d’Auvergne-Rhône-Alpes désignent les personnes nées dans la région.
Pour en savoir plus
« Un tiers des habitants de Rhône-Alpes ne sont pas nés dans la région», Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes n° 17, janvier 2015.
« En France, une personne née en Bretagne sur quatre habite une autre région », Insee Flash Bretagne N° 61, avril 2020.