Insee Analyses Hauts-de-France · Septembre 2022 · n° 140

Le Pas-de-Calais, première destination régionale Hébergements proposés par des particuliers via des plateformes

En 2019, 2,9 millions de nuitées ont été réservées chez des particuliers via des plateformes (sources). Si la fréquentation tout au long de l’année de ces hébergements équivaut à celle des campings pendant la saison touristique (3 millions de nuitées en 2019), elle reste largement inférieure à celle des hôtels (plus de 9 millions).

La réservation par les plateformes est en plein essor : entre 2018 et 2019, le nombre de nuitées correspondantes a progressé de 27 % en Hauts-de-France. Sur la même période, les modes d’hébergements plus traditionnels (hôtels, campings...) n’ont enregistré que 7 % de nuitées supplémentaires. La réservation par les plateformes a donc gagné des parts de marché sans que les autres formes d’accueil ne perdent en fréquentation. Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte où la région a profité en 2019 de la poursuite du regain d’attractivité du tourisme observé en 2018 en lien avec les commémorations du centenaire de la fin de la première guerre mondiale.

En 2019, les Hauts-de-France se classent au onzième rang des régions de France métropolitaine pour le nombre de nuitées vendues via les plateformes. Ils devancent la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val-de-Loire (figure 1), mais se positionnent derrière la Corse, pourtant 18 fois moins peuplée. Rapportée à sa population, la région est même la moins attractive de France métropolitaine pour ce type d’hébergements. Cela s’explique par un nombre de séjours réduit (372 000 contre 687 000 en moyenne pour les régions de France métropolitaine), des séjours plus courts (2,9 nuitées contre 3,6) et une moindre taille des groupes de touristes.

Malgré la forte hausse constatée en 2019, les hébergements proposés par des particuliers via des plateformes restent moins développés en Hauts-de-France que dans d’autres régions. Onzième région pour les plateformes, les Hauts-de-France se classent ainsi au septième rang pour les nuitées en hôtel. Quel que soit le mode d’hébergement, l’attractivité touristique de la région est modeste.

En dehors du nombre de nuitées, les Hauts-de-France se singularisent par la faible saisonnalité estivale des réservations via les plateformes (figure 2). Les mois de juillet et d’août concentrent seulement 30 % des nuitées de l’année contre 38 % en moyenne nationale. Cette spécificité tient en particulier à la city de Lille (encadré 1), qui représente 22 % des nuitées régionales sur l’année. À Lille, les réservations sont relativement stables tout au long de l’année et juillet fait même partie des mois les moins fréquentés. Hors Lille, la région présente une saisonnalité estivale plus forte mais qui reste toujours moins marquée qu’au niveau national (34 % des réservations en juillet et août). En effet, les touristes résidents fréquentent peu les Hauts-de-France en juillet et août, n’y réservant que 26 % de leurs nuitées annuelles (figure 3). Les non-résident sont quant à eux plus présents durant cette période (36 % de leurs nuitées annuelles).

Dans la région, six nuitées sur dix réservées chez des particuliers via des plateformes concernent des personnes résidant en France, contre quatre sur dix pour les non-résidents. Les Hauts-de-France attirent pourtant davantage les étrangers que d’autres régions de province, en lien avec la situation géographique et les facilités de déplacements depuis le Royaume-Uni. En comparaison, les non-résidents ne pèsent que 20 % des nuitées dans les Pays-de-la-Loire, et 30 % en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie. Par ailleurs, les touristes non-résidents des Hauts-de-France sont bien plus fréquemment qu’en France métropolitaine originaires de l’Union européenne (69 % contre 47 %) (figure 4), probablement du fait de la proximité de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne. En revanche, la région attire peu de touristes extra-européens, notamment les Américains (seulement 7 % des non-résidents en Hauts-de-France contre 20 % en France métropolitaine).

Bénéficiant d’un littoral touristique, le Pas-de-Calais accueille 1,119 million de nuitées réservées chez des particuliers via des plateformes, soit 38 % du total régional. C’est en proportion davantage que sa population (24 %). Ce département est également celui où la proportion de non-résidents est la plus élevée (50 %), ce qui s’explique certainement par les liaisons ferroviaires et maritimes avec le Royaume-uni. Sa position géographique peut donc en faire un lieu de villégiature comme d’escale.

Avec 968 000 nuitées, le Nord concentre 33 % des nuitées des Hauts-de-France, soit moins que son poids dans la population régionale (43 %). Un touriste sur trois est non-résident. Si l’on exclut la city de Lille, le département accueille seulement 10 % des nuitées de la région alors que 28 % de la population y vit. En dehors de Lille, ce type d’hébergement est donc très peu développé dans le Nord.

Troisième destination régionale en volume avec 535 000 nuitées, la Somme est néanmoins le département où la densité touristique est la plus élevée. Elle représente 18 % des nuitées des Hauts-de-France, soit près du double de son poids dans la population régionale (10 %), grâce à l’attractivité de la baie de Somme ou d’Amiens. À la différence du Pas-de-Calais, la clientèle est essentiellement composée de résidents français.

Moins touristiques, l’Oise et l’Aisne ne concentrent à eux deux que 300 000 nuitées, soit 11 % des nuitées régionales contre 23 % de la population.

En 2019, 648 000 nuitées réservées chez des particuliers via des plateformes ont été enregistrées dans la city de Lille. À l’échelle européenne, ce nombre est comparable à celui de cities telles que Saint-Sébastien, Syracuse ou encore Düsseldorf. En France métropolitaine, Lille se place au dixième rang (figure 5). Elle est devancée par des cities bien moins peuplées comme Strasbourg, Montpellier ou Bayonne. Au regard de sa population, l’attractivité de Lille est parmi les plus faibles de France, proche de celles de Nancy ou Orléans.

En Hauts-de-France, le nombre réduit de nuitées au regard de la population régionale, les faibles durées des séjours, taille des groupes ou saisonnalité laissent présumer que les hébergements proposés par des particuliers via des plateformes en Hauts-de-France sont davantage qu’ailleurs fréquentés pour des motifs professionnels. Ce profil touristique (méthodologie) est partagé en France et en Europe par de nombreux territoires du Nord de la France (Normandie, Grand Est...) et de l’Allemagne (Rhénanie-Palatinat, Mecklembourg-Poméranie-Occidentale…), de la Belgique hors Bruxelles, des Pays-Bas ou de la Pologne (figure 6). Cet ensemble géographique forme les destinations peu touristiques ou de tourisme d’affaires à rayonnement européen (encadré 2).