Insee Flash Normandie ·
Septembre 2022 · n° 120
Le PIB normand au même niveau avant la crise sanitaire de 2020 qu’à la sortie de la
crise financière de 2008
En 2019, la Normandie contribue à 4 % de la richesse nationale, une proportion inférieure à son poids démographique et à son poids en termes d’emploi. La Normandie se situe parmi les régions de France métropolitaine où le produit intérieur brut (PIB) par habitant ou par emploi est le plus faible. Observé depuis 2000, le PIB normand apparaît en stagnation depuis une dizaine d’années et en décrochage par rapport au niveau national, y compris hors Île-de-France. L’industrie conserve un poids important au sein de l’économie régionale mais l’importance de ce secteur, modérément dynamique en Normandie, n’explique pas à elle seule la faible croissance du PIB normand depuis 2008. Sauf exception, l’ensemble des secteurs d’activités sont, en Normandie, concernés par une certaine atonie, du moins par un dynamisme moins marqué qu’au niveau de l’ensemble des régions.
En 2019, le produit intérieur brut (PIB) de la Normandie s’élève à 96 milliards d’euros. En termes de richesse produite, la Normandie se classe ainsi au 10e rang des régions de France métropolitaine, devant la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val de Loire et la Corse (respectivement 80 milliards, 75 milliards et 9 milliards d’euros), et loin derrière l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes (respectivement 759 milliards et 283 milliards d’euros). Le PIB normand représente ainsi 4,0 % de la richesse produite par l’ensemble des résidents de la France métropolitaine. Cette proportion est inférieure au poids démographique de la région (5,1 % de la population de France métropolitaine) mais aussi à son poids dans l’emploi (4,7 % des emplois présents sur le territoire métropolitain).
Depuis 10 ans, le PIB normand stagne
Le PIB par habitant de la Normandie s’élève en 2019 à 29 000 euros, soit 2 000 euros de moins (- 7 % en écart relatif) que la moyenne de France métropolitaine hors Île-de-France (figure 1). La Normandie se situe ainsi au 9e rang des régions (hors Île-de-France) devant les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté et la Corse.
tableauFigure 1 – PIB par habitant et PIB par emploi en 2019
Année | PIB par habitant | PIB par emploi |
---|---|---|
Île-de-France | 200 | 153 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 114 | 106 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 109 | 104 |
Pays de la Loire | 103 | 97 |
Bretagne | 98 | 96 |
Nouvelle-Aquitaine | 98 | 97 |
Occitanie | 97 | 98 |
Centre-Val de Loire | 95 | 98 |
Grand Est | 95 | 99 |
Normandie | 94 | 97 |
Hauts-de-France | 93 | 102 |
Bourgogne-Franche-Comté | 92 | 95 |
Corse | 89 | 94 |
France métropolitaine hors Île-de-France | 100 | 100 |
- Note : les données sont semi-définitives.
- Lecture : en 2019, le PIB par habitant en Normandie ne représente que 94 % de celui de la moyenne de France hors Île-de-France, et le PIB par emploi 97 %.
- Champ : France métropolitaine hors Île-de-France.
- Source : Insee - Comptes régionaux base 2014, Estimations de population en euros par habitant.
graphiqueFigure 1 – PIB par habitant et PIB par emploi en 2019

- Note : les données sont semi-définitives.
- Lecture : en 2019, le PIB par habitant en Normandie ne représente que 94 % de celui de la moyenne de France hors Île-de-France, et le PIB par emploi 97 %.
- Champ : France métropolitaine hors Île-de-France.
- Source : Insee - Comptes régionaux base 2014, Estimations de population en euros par habitant.
En 2000, la Normandie se classait 7e et son PIB par habitant était équivalent à celui de la moyenne des régions hors Île-de-France (21 300 euros). La population normande étant relativement stable durant les deux dernières décennies, c’est la faiblesse de la croissance du PIB normand qui explique ce décrochage (figure 2).
tableauFigure 2 – Évolution annuelle du PIB de 2000 à 2020
Normandie | France métropolitaine hors Île-de-France | France métropolitaine | |
---|---|---|---|
2000 | 92 | 88 | 88 |
2001 | 92 | 90 | 89 |
2002 | 93 | 91 | 90 |
2003 | 94 | 92 | 91 |
2004 | 96 | 95 | 94 |
2005 | 97 | 96 | 95 |
2006 | 98 | 98 | 97 |
2007 | 101 | 100 | 100 |
2008 | 100 | 100 | 100 |
2009 | 96 | 97 | 97 |
2010 | 98 | 98 | 99 |
2011 | 100 | 101 | 101 |
2012 | 99 | 101 | 102 |
2013 | 100 | 101 | 102 |
2014 | 99 | 102 | 103 |
2015 | 100 | 103 | 104 |
2016 | 99 | 104 | 105 |
2017 | 99 | 106 | 108 |
2018 | 100 | 108 | 110 |
2019 | 100 | 109 | 112 |
2020 | 91 | 101 | 103 |
- Lecture : Le PIB normand représente en 2020 91 % de son niveau de 2008.
- Source :Insee, Comptes régionaux base 2014, données semi-définitives pour 2018 et 2019, et provisoires pour 2020.
graphiqueFigure 2 – Évolution annuelle du PIB de 2000 à 2020

- Lecture : Le PIB normand représente en 2020 91 % de son niveau de 2008.
- Source :Insee, Comptes régionaux base 2014, données semi-définitives pour 2018 et 2019, et provisoires pour 2020.
En effet, depuis 20 ans, la Normandie enregistre une très faible évolution de son PIB : + 0,5 % en moyenne chaque année entre 2000 et 2019, contre + 1,1 % pour la moyenne de France hors Île-de-France. En particulier, depuis la crise financière de 2008, la croissance du PIB normand stagne : alors qu’en 2019, le niveau du PIB normand est le même que celui de 2008, celui de la France métropolitaine hors Île-de-France a augmenté de 9,0 % pendant cette même période.
Concernant les évolutions les plus récentes, et sur la base de données provisoires, la crise sanitaire aurait plus durement frappé l’économie normande que l’ensemble de l’économie métropolitaine : entre 2019 et 2020, le PIB normand aurait baissé de 8,7 % contre 7,6 % pour l’ensemble des régions hors Île-de-France, creusant encore un peu plus l’écart de richesse par habitant de la région avec le niveau national.
La croissance du PIB par emploi normand est plus faible qu’à l’échelle nationale
Dans la région, le PIB par emploi s’élève à 74 000 euros en 2019, un niveau également plus faible que celui de la France hors Île-de-France (- 3 % en écart relatif). La Normandie se classe au 8e rang des régions hors Île-de-France en termes de PIB par emploi, alors qu’elle se classait au 4e rang en 2000. Le PIB par emploi en Normandie a progressé de 1,8 % en moyenne par an entre 2000 et 2019, contre 2,0 % pour la France hors Île-de-France.
De 2000 à 2016, le PIB par emploi normand était équivalent – parfois supérieur – à celui de la France hors Île-de-France. Depuis 2017, cet écart de la productivité apparente avec le niveau national ne cesse de se creuser, la région étant davantage spécialisée dans les secteurs industriels à forte valeur ajoutée au sein desquels l’emploi accuse un fort recul.
La valeur ajoutée croît plus faiblement en Normandie qu’au niveau national dans la quasi-totalité des secteurs d’activités
Malgré un recul plus prononcé qu’en France hors Île-de-France de la part de l’industrie dans la valeur ajoutée (- 6,4 points contre - 5,4 points entre 2000 et 2019), la Normandie demeure une région « industrielle ». En 2019, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée de l’ensemble de l’économie reste plus importante en Normandie qu’en France hors Île-de-France (19,8 % contre 16,3 %). La Normandie occupe ainsi le premier rang parmi les régions de France métropolitaine pour la part de l’industrie dans l’ensemble de la valeur ajoutée. En volume toutefois, la valeur ajoutée industrielle de la Normandie (17 milliards d’euros en 2019) ne représente que 7 % de celle de la France métropolitaine hors Île-de-France. Tous les secteurs industriels tiennent une place plus importante dans la région qu’au niveau national (exception faite de la « Fabrication d’équipements électriques, informatiques, fabrication de machines » ; figure 3). Près d’un tiers de la valeur ajoutée industrielle issue de la cokéfaction et du raffinage est créée en Normandie (indice de spécificité de 6,8).
En 2019, seulement 70,8 % de la richesse produite en Normandie est issue des services marchands ou non, contre 74,8 % pour la France métropolitaine hors Île-de-France. Cette part positionne la région au dernier rang dans l’ensemble des régions pour le poids du secteur tertiaire dans la valeur ajoutée. Si le poids des services non marchands est équivalent en Normandie à celui de la France hors Île-de-France, il en est différemment des services principalement marchands (45,2 % contre 50,1 %). Entre 2000 et 2019, la part des services marchands au sein de la valeur ajoutée normande a augmenté de seulement 0,4 point contre + 2,9 points pour l’ensemble des régions hors Île-de-France. Le secteur de l’information et de la communication est particulièrement concerné par cette situation. Son poids dans la valeur ajoutée est deux fois plus faible en Normandie qu'au niveau national et il a diminué dans la région depuis 2008 (- 0,1 point), tandis qu’il a progressé au niveau national (+ 0,3 point en France hors Île-de-France).
tableauFigure 3 – Indice de spécificité sectorielle de la valeur ajoutée de Normandie par rapport à la France métropolitaine hors Île-de-France
Indice de spécificité sectorielle de la VA normande | |
---|---|
Fabrication d'autres produits industriels | 1,331 |
Fabrication de matériels de transport | 1,160 |
Transport et entreposage | 1,138 |
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac | 1,138 |
Agriculture, sylviculture et pêche | 1,124 |
Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution | 1,066 |
Administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale | 1,038 |
Construction | 1,032 |
Autres activités de services | 0,950 |
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles | 0,923 |
Activités immobilières | 0,923 |
Hébergement et restauration | 0,921 |
Fabrication d'équipements électriques, informatiques ; fabrication de machines | 0,907 |
Activités financières et d'assurance | 0,900 |
Activités scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien | 0,874 |
Information et communication | 0,444 |
- Note : le secteur « cokéfaction et raffinage » dont l’indice de spécificité est de 6,8 n’est pas représenté sur le graphique.
- Lecture : en 2019, la part du secteur de l’agriculture, sylviculture et pêche dans la valeur ajoutée de la Normandie est 1,12 fois plus élevée que dans l’ensemble de la France métropolitaine hors Île-de-France.
- Source : Insee, Comptes régionaux 2019 base 2014.
graphiqueFigure 3 – Indice de spécificité sectorielle de la valeur ajoutée de Normandie par rapport à la France métropolitaine hors Île-de-France

- Note : le secteur « cokéfaction et raffinage » dont l’indice de spécificité est de 6,8 n’est pas représenté sur le graphique.
- Lecture : en 2019, la part du secteur de l’agriculture, sylviculture et pêche dans la valeur ajoutée de la Normandie est 1,12 fois plus élevée que dans l’ensemble de la France métropolitaine hors Île-de-France.
- Source : Insee, Comptes régionaux 2019 base 2014.
Si l’économie normande revêt un caractère davantage industriel que dans les autres régions, cela ne suffit pas à expliquer la quasi-stagnation de la richesse normande depuis une dizaine d’années. En effet, entre 2008 et 2019, la valeur ajoutée normande dans son ensemble progresse de seulement 0,7 % en moyenne par an (en valeur), contre 1,5 % au niveau national. L’effet « de structure » du tissu économique normand n’expliquerait qu’un dixième de cet écart. C’est la faible croissance de la valeur ajoutée dans l’ensemble des secteurs d’activités en Normandie − exception faite de l’agriculture et des « Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution » − qui demeure la principale cause du décrochage du PIB normand vis-à-vis de celui du niveau national.
Définitions
Le produit intérieur brut (PIB) mesure la richesse créée par tous les agents, privés et publics, sur un territoire pendant une période donnée. Il représente le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes. Lorsque l’évolution de cette grandeur est exprimée en volume, cette évolution est nette de l’effet de l’évolution des prix.
La valeur ajoutée correspond au solde du compte de production. Elle est égale à la valeur de la production diminuée de celle de la consommation intermédiaire.
L’indice de spécificité sectorielle est le rapport du poids d’un secteur dans une zone d’étude (ici la Normandie) au poids de ce même secteur dans la zone de référence (France métropolitaine hors Île-de-France).
Pour en savoir plus
Gerardin M., « Produits intérieurs bruts régionaux de 2000 à 2020 : d’importantes disparités, de l’outre-mer à l’Île‑de‑France », Insee Première n° 1900, mai 2022
Marajda J., « La Normandie, première région française pour la part de l’industrie dans le PIB », Insee Analyses Normandie n° 14, juillet 2016