Insee Flash Pays de la Loire ·
Juin 2022 · n° 124
City d’Angers : concilier population jeune et enjeux d’emplois
Cities européennes
Parmi les cities européennes, Angers se classe dans le groupe des métropoles de réseau, caractérisé par une moindre présence d’emplois qualifiés ou liés à la polarisation régionale. La population est plus jeune que dans le référentiel composé de 19 métropoles de réseau. Le chômage est plus répandu, l’emploi ne présente pas de spécificité sectorielle marquée. Les ménages sont plus souvent constitués d’une personne seule, particulièrement pour les retraités. Les maisons individuelles sont moins fréquentes et les logements plus petits. L’usage de la voiture pour aller travailler est plus marqué et le taux d’ozone dans l’air élevé.
Cette étude fait partie d'une série de publications sur les cities des Pays de la Loire.
Depuis trente ans, la métropolisation s’accentue et soulève des enjeux en matière de logements, transports, environnement et qualité de vie. La communauté urbaine (CU) d’Angers Loire Métropole a été créée en janvier 2016. Dans leur définition administrative, les métropoles françaises ne sont pas comparables à leurs homologues européennes. Pour y remédier, Eurostat a défini le concept harmonisé de city (Pour comprendre) basé sur des critères de densité et de contiguïté de l’urbain.
La city d’Angers, une métropole de réseau
La city d’Angers regroupe Angers, Les Ponts-de-Cé et Trélazé, soit 3 communes parmi les 29 de la CU d’Angers (figure 1). Elle se classe dans le groupe des métropoles de réseau qui comprend 19 cities européennes.
Les métropoles de réseau se caractérisent, d’une part, par un fonctionnement qui repose sur des échanges avec les métropoles voisines. Il se traduit par une moindre présence d’emplois qualifiés mais davantage d’échanges internationaux. D’autre part, elles se distinguent par une forte présence de population étrangère et d’emplois dans le commerce mais moins d’emplois liés à la polarisation régionale. Néanmoins, des disparités entre les métropoles de réseau sont notables. Dans cette étude, la city d’Angers est comparée au référentiel composé des 19 cities de la famille des métropoles de réseau.
tableauFigure 1 – La city d’Angers et les autres métropoles de réseau en Europe
Code city | Libellé city | Population 2018 | Évolution annuelle moyenne de la population 2013-2018 (en %) |
---|---|---|---|
DE004C1 | Cologne | 1 080 394 | 1,1 |
UK003C1 | Leeds | 787 020 | 0,7 |
DE007C1 | Stuttgart | 632 743 | 1,1 |
UK010C1 | Sheffield | 580 148 | 0,8 |
UK008C1 | Manchester | 546 564 | 1,3 |
DE013C1 | Hanovre | 535 061 | 0,8 |
DE014C1 | Nuremberg | 515 201 | 0,8 |
FR006C2 | Strasbourg | 411 360 | 0,7 |
IT009C1 | Bologne | 389 261 | 0,4 |
UK029C1 | Nottingham | 330 139 | 1,3 |
DE035C1 | Karlsruhe | 311 919 | 1,1 |
FR035C2 | Tours | 243 507 | 0,3 |
FR019C1 | Orléans | 208 967 | 0,6 |
FR036C2 | Angers | 182 078 | 0,8 |
DE040C1 | Sarrebruck | 180 966 | 0,4 |
FR017C2 | Metz | 166 170 | -0,1 |
FR038C2 | Le Mans | 150 852 | -0,1 |
NL001C2 | Greater's-Gravenhage | ND | ND |
EL002C1 | Thessalonique | ND | ND |
- ND : Données non disponibles.
- Note : les données sur l’évolution de la population ne tiennent pas compte des cities de Greater's-Gravenhage et Thessalonique, en raison de l’absence de données disponibles.
- Lecture : en 2018, la city d’Angers regroupe 182 100 habitants. De 2013 à 2018, sa population croît de 0,8 % par an.
- Sources : Insee, Eurostat, Audit urbain.
graphiqueFigure 1 – La city d’Angers et les autres métropoles de réseau en Europe
Une population particulièrement jeune
En 2018, la city d’Angers concentre 182 100 habitants, soit 6 sur 10 de la CU d’Angers. Elle figure au 4e rang des cities les moins peuplées du référentiel, après celles du Mans, Metz et Sarrebruck. De 2013 à 2018, la population augmente au même rythme que dans l’ensemble des métropoles de réseau : + 0,8 % par an. Les habitants sont plus jeunes, avec un âge moyen de 33 ans contre 38 ans dans le référentiel. La part des jeunes de moins de 25 ans est plus élevée : 37 %, soit 8 points de plus que dans le référentiel. Cette particularité est à mettre en lien avec la forte présence estudiantine : 21 % des habitants contre 12 % dans le référentiel. Par ailleurs, la part des personnes de 65 ans ou plus est comparable : 16 % contre 17 % dans le référentiel. En revanche, la présence de population étrangère est deux fois plus faible : 6 % contre 14 % dans l’ensemble des métropoles de réseau.
Plus de chômage et peu de spécificités sectorielles
Dans la city d'Angers, le chômage est plus répandu et concerne 18 % des habitants contre 11 % dans l’ensemble des métropoles de réseau. Cette part est la 2e plus élevée du référentiel après la city de Thessalonique et au même niveau que la city du Mans. Ce taux de chômage élevé est à mettre notamment en lien avec une moindre croissance de l’emploi : + 0,4 % par an comparé à + 0,9 % dans le référentiel. Cette hausse place la city d’Angers en fin de classement, juste avant les cities de Tours, Stuttgart et Strasbourg. À l’inverse, l’emploi diminue dans les cities de Metz, Sarrebruck, Karlsruhe, Le Mans, Orléans et Nuremberg.
Dans la city d'Angers, l’emploi ne présente pas de spécificité sectorielle marquée par rapport au référentiel. Les finances et assurances (6 %) et les autres activités de services (7 %) se démarquent légèrement avec des parts d’emplois supérieures d’un point par rapport à celles observées dans le référentiel (figure 2). Quatre secteurs d’activité sont particulièrement en retrait et concentrent des parts d’emplois plus faibles que dans l’ensemble des métropoles de réseau. Ainsi, les activités scientifiques et techniques regroupent 11 % des emplois contre 17 % dans le référentiel. Cette part est la 2e plus faible après la city de Tours.
A contrario, elle est la plus élevée dans la city de Nottingham (27 %). Pourtant, dans la city d'Angers, la part des diplômés du supérieur est un peu plus élevée que dans le référentiel : 39 % contre 38 %. Le commerce, les transports, l’hôtellerie et la restauration concentrent 18 % des emplois contre 23 % dans l’ensemble des métropoles de réseau. Cette part place la city d’Angers en fin de classement, juste avant Stuttgart, Greater's-Gravenhage et Hanovre. À l’inverse, la city de Bologne détient la part la plus élevée (34 %). L’industrie représente 6 % des emplois contre 10 % dans le référentiel. Cette part est l’une des plus faibles du référentiel, après les cities de Greater's-Gravenhage et Manchester. Elle est la plus élevée à Sarrebruck et Nuremberg (15 %). Enfin, le secteur de l’information et communication pèse 2 % des emplois contre 5 % dans le référentiel. Cette part est la plus faible du référentiel, avec la city du Mans. Elle est la plus élevée dans la city de Karlsruhe (8 %).
tableauFigure 2 – Part des emplois par secteur d’activité
Secteur d'activité | City d’Angers | Moyenne du référentiel | Valeur minimale du référentiel | Valeur maximale du référentiel |
---|---|---|---|---|
Commerce, transports, hôtellerie et restauration | 18 | 23 | 16 | 34 |
Activités scientifiques et techniques | 11 | 17 | 10 | 27 |
Autres activités de services | 7 | 6 | 4 | 12 |
Finances et assurances | 6 | 5 | 2 | 7 |
Industrie | 6 | 10 | 3 | 15 |
Construction | 4 | 4 | 2 | 6 |
Information et communication | 2 | 5 | 2 | 8 |
Activités immobilières | 2 | 2 | 0 | 3 |
- Note : les parts d’emplois dans l’administration publique et l’agriculture ne sont pas présentées, en raison de l’absence de données disponibles.
- Source : Eurostat, Audit urbain.
graphiqueFigure 2 – Part des emplois par secteur d’activité
Plus de retraités vivant seuls et moins de maisons
Les retraités vivant seuls sont plus présents dans la city d’Angers que dans l’ensemble des métropoles de réseau : 15 % contre 12 %. Plus généralement, la city d'Angers se caractérise par une plus forte présence de ménages d’une personne : 50 % contre 44 % (figure 3). Les familles monoparentales sont autant représentées et constituent 6 % des ménages. La part de ménages qui vivent dans un logement social est de 30 %, soit deux fois plus élevée que dans l’ensemble des métropoles de réseau. Les ménages propriétaires de leur logement sont moins fréquents : 34 % contre 39 %.
Dans la city d’Angers, les logements sont moins souvent des maisons individuelles : 28 % contre 38 %. Et la part des logements vacants est identique (7 %). La superficie habitable moyenne des logements est proche de celle du référentiel : 41 m² par personne contre 43 m².
tableauFigure 3 – Indicateurs sur le logement et les modes de déplacement
Part des maisons | Part des trajets domicile-travail en voiture | Part des trajets domicile-travail en transports en commun | Part des ménages en logement social nombre | Part des ménages propriétaires | Part des ménages d'une personne | |
---|---|---|---|---|---|---|
City d’Angers | 28 | 65 | 15 | 15 | 34 | 50 |
Référentiel | 38 | 57 | 24 | 30 | 39 | 44 |
- Lecture : dans la city d’Angers, 65 % des déplacements domicile-travail se font en voiture contre 57 % dans le référentiel.
- Source : Eurostat, Audit urbain.
graphiqueFigure 3 – Indicateurs sur le logement et les modes de déplacement
La voiture plébiscitée pour aller travailler aux dépens des transports en commun
Dans la city d’Angers, la voiture est privilégiée pour se rendre au travail et constitue 65 % des trajets contre 57 % dans le référentiel. Les ménages sont davantage équipés en voitures : 0,96 véhicule par ménage contre 0,80. Le recours aux transports en commun est moins répandu : 15 % des trajets contre 24 % dans l’ensemble des métropoles de réseau. Cette part est la plus faible parmi les 19 cities du référentiel. Les modes doux (vélo, marche) sont utilisés à une fréquence identique dans la city d'Angers et le référentiel : le vélo représente 6 % des trajets, la marche 11 %.
Le fort usage de la voiture influe sur la qualité de l’air. Dans la city d'Angers, le nombre annuel de jours où la concentration en ozone dépasse le seuil recommandé est plus élevé que dans l’ensemble des métropoles de réseau : 20 contre 16. Ce nombre est le 5e plus élevé, après les cities de Bologne, Karlsruhe, Strasbourg et Thessalonique. Le nombre de jours où la concentration en particules fines PM10 dans l’air est supérieure au seuil recommandé est plus faible que dans le référentiel : 11 contre 16.
Pour comprendre
Le concept de city est issu d’une méthodologie commune à Eurostat et l’OCDE. Une city se compose des communes dont la majorité de la population vit dans un centre urbain d’au moins 50 000 habitants, sélectionné à partir de carreaux d’au moins 1 500 habitants par km². Les contours des cities sont ceux de l’année 2019.
Le groupe des métropoles de réseau est l’une des 14 classes issues d’une typologie de 103 cities européennes réalisée à partir d’indicateurs de l’Audit urbain d’Eurostat. L’audit urbain s’efforce d’homogénéiser les données pour les rendre comparables entre les pays. Cette comparabilité peut occasionner des différences de concept sur certains indicateurs par rapport à ceux utilisés usuellement, comme le taux de chômage par exemple. Des moyennes 2010-2018 ont été utilisées pour la plupart des indicateurs.
Les données sur l’évolution de la population ne tiennent pas compte des cities de Greater's-Gravenhage et Thessalonique et celles sur l’évolution de l’emploi de la city de Thessalonique, en raison de l’absence de données disponibles.
Pour en savoir plus
Eurostat, Ouvrir dans un nouvel ongletAudit urbain.
Composition communale des cities françaises.
Hamzaoui L., Rodrigues A., « City du Mans : concilier population en baisse et enjeux d’emplois », Insee Flash Pays de la Loire n° 125, juin 2022.
Clerzeau A., Lapeyre, H., « Une qualité de vie plutôt appréciable dans les « cities » du Centre-Val de Loire », Insee Analyses Centre-Val de Loire, n° 12, avril 2015.