Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Mai 2022 · n° 75

En Nouvelle-Aquitaine, davantage de jeunes diplômés qu’en Europe mais une insertion professionnelle plus difficile

En 2020, en Nouvelle-Aquitaine comme dans l’Union européenne à 27 pays (UE27), les jeunes âgés de 15 à 24 ans représentent un habitant sur dix. Le poids des jeunes de cette tranche d’âge est comparable à d’autres régions européennes comme, au sud, la Catalogne en Espagne, la Sicile en Italie ou la Thessalie en Grèce. Il en va de même à l’est, avec les régions Bayern et Basse-Saxe en Allemagne ou au nord, avec Stockholm en Suède et la Finlande méridionale (figure 1) (Sources). En revanche, la part de leurs aînés âgés de 25 à 34 ans est moins élevée dans la région (10,2 % contre 12,3 % en Europe), un signe de leur émigration vers d’autres régions dans lesquelles la poursuite de leurs études supérieures ou leur intégration sur le marché du travail seraient plus favorables. Par ailleurs, la Nouvelle-Aquitaine se distingue par une plus forte présence relative de la population âgée de 65 ans ou plus (un habitant sur quatre contre un sur cinq en Europe) en lien avec la forte attractivité de la région pour des actifs proches de la retraite ou des retraités récents. Si l’on considère ces trois tranches d’âge, la structure de la population néo-aquitaine se rapproche des régions Centre au Portugal, Pohjois-ja Itä-Suomi en Finlande, Zeeland aux Pays-Bas et Bourgogne-Franche-Comté.

En Nouvelle-Aquitaine, comme partout en France, tous les enfants sont scolarisés dès 3 ans. En effet, depuis la rentrée scolaire de 2019, l’instruction obligatoire a été, en France, fixée à cet âge au lieu de 6 ans auparavant, ce qui n’est pas le cas dans toute l’Europe. Au sein du cadre stratégique « Éducation et formation 2030 », l’Union européenne a fixé à 96 % le seuil minimal objectif au-delà duquel les enfants doivent, dès l’âge de 3 ans, participer à l’enseignement formel. En 2019, 92,8 % des enfants de 3 ans et plus résidant dans l’UE à 27 pays sont scolarisés (figure 2).

À l’issue du collège, les jeunes néo-aquitains s’orientent moins vers les filières professionnelles (41 % des jeunes lycéens) que leurs homologues européens (48 %), ces formations étant davantage développées et valorisées dans certains pays européens comme l’Autriche, les Pays-Bas ou l’Allemagne.

À 17 ans, peu de jeunes ont quitté le système scolaire mais, entre 18 et 24 ans, 7,3 % des jeunes le quittent prématurément, c’est-à-dire sans diplôme ou avec le brevet des collèges, contre 9,9 % au sein de l’UE27 (figure 3a) ; l’objectif fixé par le conseil de l’Union européenne est une cible inférieure à 9 %. Entre 20 et 24 ans, un peu plus de jeunes ne sont plus scolarisés dans la région qu’au sein de l’UE27 (respectivement 61,9 % contre 55,9 %).

Les jeunes néo-aquitains âgés de 20 à 24 ans sont plus fréquemment titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur du type cycle court (DEUG, BTS, IUT), licence, master ou doctorat qu’en Europe (respectivement 33,1 % contre 17,5 % en UE 27). En Nouvelle-Aquitaine comme en Europe, les jeunes femmes sont plus souvent diplômées de l’enseignement supérieur que les hommes.

En outre, l’un des objectifs européens pour 2030 concerne les jeunes âgés de 25 à 34 ans avec une cible à atteindre d’au moins 45 % de diplômés du supérieur. Actuellement, ce critère s’établit à 41,9 % dans la région contre 40,5 % au sein de l’UE27 (figure 3b).

La Nouvelle-Aquitaine atteint déjà deux objectifs du cadre stratégique « Éducation et formation pour 2030 », ceux relatifs à l’éducation des enfants en bas âge et aux faibles sorties précoces de l’éducation. De plus, elle obtient de bons résultats concernant les diplômés de l’enseignement supérieur. Sous cet angle, elle apparaît proche d’autres régions comme la Principauté des Asturies et la Cantabrie au nord de l’Espagne, le Centre au Portugal, Bade-Wurtemberg en Allemagne, la Wallonie en Belgique, le Danemark du Nord, le Sud de la Suède et la Suède centrale orientale.

Les régions dans lesquelles se situent les capitales européennes sont les mieux positionnées en matière d’éducation avec quasiment tous les indicateurs déjà atteints comme l’Île-de-France, les régions de Madrid en Espagne, Lisbonne au Portugal, Amsterdam aux Pays-Bas, Copenhague au Danemark et Stockholm en Suède.

Enfin, certaines régions sont plus éloignées des cibles à atteindre notamment au sud et à l’est de l’Europe : l’Andalousie et la Castille en Espagne, la Sicile et la Calabre en Italie et plusieurs régions de Roumanie et de Bulgarie.

En 2020, les jeunes néo-aquitains âgés de 15 à 24 ans sont plus souvent actifs qu’en Europe mais davantage en situation de chômage (8,9 % contre 6,3 % des jeunes européens). Ils représentent 28,5 % des chômeurs de la région contre 19,6 % en Europe. Dans la région comme en Europe, les jeunes femmes, scolarisées plus longtemps, sont davantage inactives. Quand elles sont actives, elles sont cependant plus touchées par le chômage que les hommes.

Les jeunes néo-aquitains éprouvent davantage de difficultés à occuper un emploi. Le taux d’emploi des jeunes de 15 à 34 ans, ni scolarisés ni en formation, est moindre en Nouvelle-Aquitaine qu’en Europe (70,9 % contre 74,5 %). Élément déterminant lors du recrutement, la moindre expérience des jeunes accentuée par la faible fréquence de situations de cumul emploi/études en France par rapport aux pays du Nord est souvent mise en avant pour expliquer cet écart. D’autre part, leur insertion sur le marché du travail suppose parfois de devoir effectuer une mobilité géographique : dès lors, ceux qui restent sont davantage confrontés à l’étroitesse du marché local. Si les taux d’emploi des jeunes femmes et des jeunes hommes sont proches dans la région, l’écart est important en Europe (plus de 10 points).

En outre, parmi les jeunes de 20 à 34 ans, ayant au moins le baccalauréat et sortis du système d’éducation et de formation depuis au moins 3 ans, 66,8 % sont en emploi en Nouvelle-Aquitaine, 77,4 % en Europe. La cible à atteindre pour cet indicateur du conseil de l’UE était d’au moins 82 % pour 2020.

En 2019, la part des jeunes néo-aquitains âgés de 15 à 29 ans, ni en emploi, ni en études ou formation (NEET), est proche de celle observée en Europe : 12,1 % contre 12,6 %.

En dépit d’une scolarisation plus longue, la proportion de NEET est plus élevée parmi les jeunes femmes néo-aquitaines et européennes (respectivement 13,9 % et 14,6 %) que chez leurs homologues masculins (10,3 % et 10,8 %), du fait d’une inactivité plus marquée avec l’arrivée des premiers enfants.

Au sein de l’Europe, les parts de jeunes NEET sont plus élevées dans les régions du sud de l’Espagne et de l’Italie, à l’opposé de quasiment toutes les régions allemandes.