Insee Flash Nouvelle-Aquitaine ·
Février 2022 · n° 73Confinement du printemps 2020 : quatre Néo-Aquitains sur dix pratiquent le télétravail
Entre le 17 mars et le 11 mai 2020, quatre Néo-Aquitains sur dix en emploi déclarent travailler à distance. Si les cadres télétravaillent pour la plupart pendant ce premier confinement, les ouvriers et les agriculteurs sont peu concernés. En Gironde, une personne sur deux en emploi le pratique dans cette période. Le télétravail freine en partie la détérioration de la situation financière des ménages. Cependant les artisans, les commerçants et les ménages modestes sont les plus affectés.
- Le télétravail permet de maintenir l’activité économique pour de nombreux actifs
- En Nouvelle-Aquitaine, le confinement multiplie par 2,5 la pratique du télétravail
- Le télétravail plus fréquent chez les cadres
- Le télétravail plus fréquent en Gironde
- Le télétravail freine en partie la détérioration de la situation financière des ménages
- La dégradation de la situation financière surtout ressentie par les ménages les plus modestes
Le premier confinement du printemps 2020, entre le 17 mars et le 11 mai 2020, modifie profondément l’organisation et l’activité des salariés au sein des entreprises. La plupart des commerces, hors alimentaire, sont alors fermés. Ainsi, neuf entreprises de la restauration sur dix en France sont à l’arrêt. Le tourisme, la culture et les loisirs aussi subissent des fermetures. Néanmoins, deux entreprises sur trois poursuivent leur activité en province.
Le télétravail permet de maintenir l’activité économique pour de nombreux actifs
En Nouvelle-Aquitaine, quatre personnes sur dix en emploi déclarent travailler à distance au moins un jour par semaine, comme en France métropolitaine et en Bretagne ou dans les Pays de la Loire, contre, cependant, six sur dix en Île-de-France. Parmi les Néo-Aquitains travaillant à distance, 56 % l’exercent pendant la totalité de leur temps de travail.
Suite aux arrêts ou aux baisses d’activité des entreprises, une personne sur trois en emploi bénéficie des aides sociales liées au chômage au moins un jour par semaine, un niveau équivalent à la moyenne nationale. Parmi ces personnes, 56 % sont au chômage technique total.
Pendant le confinement, certains actifs en emploi sont sur site, notamment les professions les plus mobilisées par la crise. Les personnels de santé, les employés de service des supermarchés et les routiers doivent travailler en « première ligne » pour fournir des biens et des services de première nécessité à la population.
En Nouvelle-Aquitaine, le confinement multiplie par 2,5 la pratique du télétravail
Avant la pandémie, le télétravail est encore peu répandu. En 2017, seuls 3 % des salariés le pratiquent au moins un jour par semaine. Signe d’un essor de ce mode de travail ces dernières années, 17 % des personnes en emploi en France déclarent télétravailler au moins un jour par semaine avant le confinement. Ce dernier multiplie néanmoins par 2,5 son utilisation. Par ailleurs, les entreprises assouplissent aussi les conditions de recours au télétravail, encouragées par les pouvoirs publics. À l’issue de ce premier confinement, un quart des entreprises françaises envisagent à l’avenir de l’utiliser plus souvent.
Le télétravail plus fréquent chez les cadres
La pratique du travail à distance concerne surtout les travailleurs qualifiés : 73 % des cadres dans la région pendant cette période, contre 6 % des ouvriers et quasiment pas d’agriculteurs (figure 1). De plus, 46 % des cadres et 23 % des actifs exerçant une profession intermédiaire télétravaillent exclusivement, et seulement 2 % des ouvriers.
tableauFigure 1 – Part de télétravailleurs selon la catégorie socioprofessionnelle
Télétravail partiel | Télétravail exclusif | |
---|---|---|
Cadres | 26,3 | 46,4 |
Professions intermédiaires | 22,9 | 22,9 |
Employés | 14,5 | 17,2 |
Artisans ou commerçants | 9,6 | 8,8 |
Ouvriers | 4,7 | 1,6 |
Agriculteurs | 2,4 | 0,0 |
Ensemble | 17,2 | 21,8 |
- Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)
graphiqueFigure 1 – Part de télétravailleurs selon la catégorie socioprofessionnelle
La possibilité de télétravailler dépend du secteur d’activité, mais encore davantage du métier pratiqué. Au-delà de l’équipement en outils de communication et d’informatique, ce mode d’organisation n’est pas adaptable à toutes les configurations de travail. Les activités de production, les métiers de la santé, de l’hôtellerie, restauration, alimentation ou des services aux particuliers et aux collectivités ne sont pas adaptés au télétravail.
Le télétravail plus fréquent en Gironde
Le recours au télétravail diffère selon les départements car la répartition des métiers n’y est pas la même. En Gironde, la moitié des personnes en emploi le pratique au moins un jour par semaine durant le premier confinement contre un cinquième dans le Lot-et-Garonne et la Creuse (figure 2). Comparativement aux autres départements, la Gironde accueille beaucoup d’emplois de cadres, de professions intermédiaires et d’administrations. C’est également le cas des Pyrénées-Atlantiques et de la Vienne, où 37 % des personnes en emploi déclarent télétravailler au moins un jour par semaine. Dans le Lot-et-Garonne, comme dans la Creuse, l’économie est davantage tournée vers l’agriculture et l’industrie, secteurs où les professions sont moins souvent télétravaillables.
tableauFigure 2 – Part de télétravailleurs selon le département
Département | Part de télétravailleurs |
---|---|
Charente | 26 |
Charente-Maritime | 34 |
Corrèze | 27 |
Creuse | 22 |
Deux-Sèvres | 32 |
Dordogne | 30 |
Gironde | 51 |
Haute-Vienne | 34 |
Landes | 31 |
Lot-et-Garonne | 22 |
Pyrénées-Atlantiques | 37 |
Vienne | 37 |
Rhône | 57 |
Haute-Garonne | 56 |
Loire-Atlantique | 50 |
Hérault | 47 |
Isère | 45 |
Loiret | 43 |
Indre-et-Loire | 42 |
Ain | 41 |
Puy-de-Dôme | 39 |
Haute-Savoie | 39 |
Drôme | 38 |
Savoie | 37 |
Loire | 36 |
Pyrénées-Orientales | 36 |
Maine-et-Loire | 36 |
Gers | 35 |
Hautes-Pyrénées | 35 |
Gard | 33 |
Tarn | 33 |
Loir-et-Cher | 33 |
Ardèche | 32 |
Lot | 32 |
Cher | 32 |
Eure-et-Loire | 32 |
Haute-Loire | 32 |
Aude | 31 |
Sarthe | 31 |
Lozère | 30 |
Tarn-et-Garonne | 30 |
Allier | 29 |
Aveyron | 28 |
Vendée | 28 |
Indre | 28 |
Ariège | 26 |
Mayenne | 26 |
Cantal | 23 |
- Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)
graphiqueFigure 2 – Part de télétravailleurs selon le département
Le télétravail freine en partie la détérioration de la situation financière des ménages
Le télétravail permet à certains actifs de maintenir leurs revenus. Parmi les actifs en emploi qui télétravaillent alors, 21 % déclarent une détérioration de leur situation financière, contre 31 % pour l’ensemble des actifs en emploi.
Les artisans et les commerçants, suivis des ouvriers, sont les plus touchés financièrement par le premier confinement. Le recours au télétravail étant moins souvent possible pour ces catégories d’actifs, ils reconnaissent plus fréquemment des périodes de chômage ou d’arrêt de leur activité. Leurs revenus se sont réduits en dépit du dispositif d’activité partielle. Ces aides sociales permettent cependant de freiner la détérioration des conditions de vie des ménages. Ainsi, un ouvrier sur deux déclare en mai 2020 être passé par le chômage technique total ou partiel (figure 3).
tableauFigure 3 – Part des actifs concernés par le chômage partiel ou total selon la catégorie socioprofessionnelle
Chômage partiel | Chômage total | |
---|---|---|
Ouvriers | 26,2 | 22,9 |
Artisans ou commerçants | 14,0 | 22,1 |
Employés | 17,4 | 16,9 |
Professions intermédiaires | 21,0 | 10,8 |
Cadres | 17,4 | 7,5 |
Agriculteurs | 3,4 | 0,0 |
Ensemble | 19,1 | 14,9 |
- Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)
graphiqueFigure 3 – Part des actifs concernés par le chômage partiel ou total selon la catégorie socioprofessionnelle
La dégradation de la situation financière surtout ressentie par les ménages les plus modestes
Un Néo-Aquitain sur quatre estime que ses finances se sont dégradées lors du confinement, tandis qu’elles sont restées stables pour 69 % d’entre eux. Ces chiffres sont proches de ceux de la France métropolitaine. Les conséquences financières sont d’autant plus fortes que le niveau de vie des ménages est faible. Ainsi, les ménages les plus modestes déclarent avoir davantage subi la pandémie. Parmi les 10 % de ménages les plus modestes (ceux dont le niveau de vie est inférieur au premier décile), 35 % percevraient une dégradation de leur situation financière. En revanche, les cadres ayant pu pour la plupart télétravailler, et surtout les retraités, non concernés par la restriction d’activité professionnelle, déclarent avoir été peu concernés.
En Gironde, les personnes déclarent le plus fréquemment une dégradation de leur budget (25 % contre 22 % au niveau régional). Le département abrite une part plus élevée que la moyenne régionale de jeunes actifs et d’étudiants, et concentre beaucoup d’emplois dans les cafés, hôtels et restaurants. À l’inverse, les habitants des départements des Deux-Sèvres et de la Vienne déclarent moins fréquemment une baisse de leurs revenus (respectivement 17 % et 18 %). Parmi d’autres caractéristiques, la structure des emplois facilement télétravaillables a pu protéger ces départements : les banques et les assurances emploient beaucoup de personnes dans les Deux-Sèvres et la Vienne concentre de nombreux salariés de la fonction publique.
Sources
L’enquête Épidémiologie et Conditions de vie (EpiCov) a été élaborée par l’Inserm et la Drees, en collaboration avec Santé publique France et l’Insee dans le contexte de la pandémie de la Covid-19. La première vague de l’enquête s’est déroulée entre le 2 mai et le 2 juin 2020, une période couvrant en partie le confinement et les premières mesures de déconfinement. Cette étude se focalise sur les personnes de 15 ans ou plus, en emploi avant le début du confinement et résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
Pour en savoir plus
Firlej A., Pawlowski E., « Des conséquences financières du premier confinement plus ou moins marquées selon les territoires », Insee Première n° 1850, avril 2021
Hallépée S., Mauroux A., « Ouvrir dans un nouvel ongletQuels sont les salariés concernés par le télétravail ? », Dares Analyses n° 51, novembre 2019