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Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Février 2022 · n° 73
Insee Flash Nouvelle-AquitaineConfinement du printemps 2020 : quatre Néo-Aquitains sur dix pratiquent le télétravail

Grégory Bodeau, Nicolas Kempf (Insee)

Entre le 17 mars et le 11 mai 2020, quatre Néo-Aquitains sur dix en emploi déclarent travailler à distance. Si les cadres télétravaillent pour la plupart pendant ce premier confinement, les ouvriers et les agriculteurs sont peu concernés. En Gironde, une personne sur deux en emploi le pratique dans cette période. Le télétravail freine en partie la détérioration de la situation financière des ménages. Cependant les artisans, les commerçants et les ménages modestes sont les plus affectés.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine
No 73
Paru le :Paru le08/02/2022
Publication rédigée par :Grégory Bodeau, Nicolas Kempf (Insee)

Le premier confinement du printemps 2020, entre le 17 mars et le 11 mai 2020, modifie profondément l’organisation et l’activité des salariés au sein des entreprises. La plupart des commerces, hors alimentaire, sont alors fermés. Ainsi, neuf entreprises de la restauration sur dix en France sont à l’arrêt. Le tourisme, la culture et les loisirs aussi subissent des fermetures. Néanmoins, deux entreprises sur trois poursuivent leur activité en province.

Le télétravail permet de maintenir l’activité économique pour de nombreux actifs

En Nouvelle-Aquitaine, quatre personnes sur dix en emploi déclarent travailler à distance au moins un jour par semaine, comme en France métropolitaine et en Bretagne ou dans les Pays de la Loire, contre, cependant, six sur dix en Île-de-France. Parmi les Néo-Aquitains travaillant à distance, 56 % l’exercent pendant la totalité de leur temps de travail.

Suite aux arrêts ou aux baisses d’activité des entreprises, une personne sur trois en emploi bénéficie des aides sociales liées au chômage au moins un jour par semaine, un niveau équivalent à la moyenne nationale. Parmi ces personnes, 56 % sont au chômage technique total.

Pendant le confinement, certains actifs en emploi sont sur site, notamment les professions les plus mobilisées par la crise. Les personnels de santé, les employés de service des supermarchés et les routiers doivent travailler en « première ligne » pour fournir des biens et des services de première nécessité à la population.

En Nouvelle-Aquitaine, le confinement multiplie par 2,5 la pratique du télétravail

Avant la pandémie, le télétravail est encore peu répandu. En 2017, seuls 3 % des salariés le pratiquent au moins un jour par semaine. Signe d’un essor de ce mode de travail ces dernières années, 17 % des personnes en emploi en France déclarent télétravailler au moins un jour par semaine avant le confinement. Ce dernier multiplie néanmoins par 2,5 son utilisation. Par ailleurs, les entreprises assouplissent aussi les conditions de recours au télétravail, encouragées par les pouvoirs publics. À l’issue de ce premier confinement, un quart des entreprises françaises envisagent à l’avenir de l’utiliser plus souvent.

Le télétravail plus fréquent chez les cadres

La pratique du travail à distance concerne surtout les travailleurs qualifiés : 73 % des cadres dans la région pendant cette période, contre 6 % des ouvriers et quasiment pas d’agriculteurs (figure 1). De plus, 46 % des cadres et 23 % des actifs exerçant une profession intermédiaire télétravaillent exclusivement, et seulement 2 % des ouvriers.

Figure 1Part de télétravailleurs selon la catégorie socioprofessionnelle

(en %)
Part de télétravailleurs selon la catégorie socioprofessionnelle ((en %))
Télétravail partiel Télétravail exclusif
Cadres 26,3 46,4
Professions intermédiaires 22,9 22,9
Employés 14,5 17,2
Artisans ou commerçants 9,6 8,8
Ouvriers 4,7 1,6
Agriculteurs 2,4 0,0
Ensemble 17,2 21,8
  • Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)

Figure 1Part de télétravailleurs selon la catégorie socioprofessionnelle

  • Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)

La possibilité de télétravailler dépend du secteur d’activité, mais encore davantage du métier pratiqué. Au-delà de l’équipement en outils de communication et d’informatique, ce mode d’organisation n’est pas adaptable à toutes les configurations de travail. Les activités de production, les métiers de la santé, de l’hôtellerie, restauration, alimentation ou des services aux particuliers et aux collectivités ne sont pas adaptés au télétravail.

Le télétravail plus fréquent en Gironde

Le recours au télétravail diffère selon les départements car la répartition des métiers n’y est pas la même. En Gironde, la moitié des personnes en emploi le pratique au moins un jour par semaine durant le premier confinement contre un cinquième dans le Lot-et-Garonne et la Creuse (figure 2). Comparativement aux autres départements, la Gironde accueille beaucoup d’emplois de cadres, de professions intermédiaires et d’administrations. C’est également le cas des Pyrénées-Atlantiques et de la Vienne, où 37 % des personnes en emploi déclarent télétravailler au moins un jour par semaine. Dans le Lot-et-Garonne, comme dans la Creuse, l’économie est davantage tournée vers l’agriculture et l’industrie, secteurs où les professions sont moins souvent télétravaillables.

Figure 2Part de télétravailleurs selon le département

(en %)
Part de télétravailleurs selon le département ((en %))
Département Part de télétravailleurs
Charente 26
Charente-Maritime 34
Corrèze 27
Creuse 22
Deux-Sèvres 32
Dordogne 30
Gironde 51
Haute-Vienne 34
Landes 31
Lot-et-Garonne 22
Pyrénées-Atlantiques 37
Vienne 37
Rhône 57
Haute-Garonne 56
Loire-Atlantique 50
Hérault 47
Isère 45
Loiret 43
Indre-et-Loire 42
Ain 41
Puy-de-Dôme 39
Haute-Savoie 39
Drôme 38
Savoie 37
Loire 36
Pyrénées-Orientales 36
Maine-et-Loire 36
Gers 35
Hautes-Pyrénées 35
Gard 33
Tarn 33
Loir-et-Cher 33
Ardèche 32
Lot 32
Cher 32
Eure-et-Loire 32
Haute-Loire 32
Aude 31
Sarthe 31
Lozère 30
Tarn-et-Garonne 30
Allier 29
Aveyron 28
Vendée 28
Indre 28
Ariège 26
Mayenne 26
Cantal 23
  • Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)

Figure 2Part de télétravailleurs selon le département

  • Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)

Le télétravail freine en partie la détérioration de la situation financière des ménages

Le télétravail permet à certains actifs de maintenir leurs revenus. Parmi les actifs en emploi qui télétravaillent alors, 21 % déclarent une détérioration de leur situation financière, contre 31 % pour l’ensemble des actifs en emploi.

Les artisans et les commerçants, suivis des ouvriers, sont les plus touchés financièrement par le premier confinement. Le recours au télétravail étant moins souvent possible pour ces catégories d’actifs, ils reconnaissent plus fréquemment des périodes de chômage ou d’arrêt de leur activité. Leurs revenus se sont réduits en dépit du dispositif d’activité partielle. Ces aides sociales permettent cependant de freiner la détérioration des conditions de vie des ménages. Ainsi, un ouvrier sur deux déclare en mai 2020 être passé par le chômage technique total ou partiel (figure 3).

Figure 3Part des actifs concernés par le chômage partiel ou total selon la catégorie socioprofessionnelle

(en %)
Part des actifs concernés par le chômage partiel ou total selon la catégorie socioprofessionnelle ((en %))
Chômage partiel Chômage total
Ouvriers 26,2 22,9
Artisans ou commerçants 14,0 22,1
Employés 17,4 16,9
Professions intermédiaires 21,0 10,8
Cadres 17,4 7,5
Agriculteurs 3,4 0,0
Ensemble 19,1 14,9
  • Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)

Figure 3Part des actifs concernés par le chômage partiel ou total selon la catégorie socioprofessionnelle

  • Source : Inserm, Drees, enquête EpiCov (vague 1)

La dégradation de la situation financière surtout ressentie par les ménages les plus modestes

Un Néo-Aquitain sur quatre estime que ses finances se sont dégradées lors du confinement, tandis qu’elles sont restées stables pour 69 % d’entre eux. Ces chiffres sont proches de ceux de la France métropolitaine. Les conséquences financières sont d’autant plus fortes que le niveau de vie des ménages est faible. Ainsi, les ménages les plus modestes déclarent avoir davantage subi la pandémie. Parmi les 10 % de ménages les plus modestes (ceux dont le niveau de vie est inférieur au premier décile), 35 % percevraient une dégradation de leur situation financière. En revanche, les cadres ayant pu pour la plupart télétravailler, et surtout les retraités, non concernés par la restriction d’activité professionnelle, déclarent avoir été peu concernés.

En Gironde, les personnes déclarent le plus fréquemment une dégradation de leur budget (25 % contre 22 % au niveau régional). Le département abrite une part plus élevée que la moyenne régionale de jeunes actifs et d’étudiants, et concentre beaucoup d’emplois dans les cafés, hôtels et restaurants. À l’inverse, les habitants des départements des Deux-Sèvres et de la Vienne déclarent moins fréquemment une baisse de leurs revenus (respectivement 17 % et 18 %). Parmi d’autres caractéristiques, la structure des emplois facilement télétravaillables a pu protéger ces départements : les banques et les assurances emploient beaucoup de personnes dans les Deux-Sèvres et la Vienne concentre de nombreux salariés de la fonction publique.

Publication rédigée par :Grégory Bodeau, Nicolas Kempf (Insee)
Publication rédigée par :Grégory Bodeau, Nicolas Kempf (Insee)

Sources

L’enquête Épidémiologie et Conditions de vie (EpiCov) a été élaborée par l’Inserm et la Drees, en collaboration avec Santé publique France et l’Insee dans le contexte de la pandémie de la Covid-19. La première vague de l’enquête s’est déroulée entre le 2 mai et le 2 juin 2020, une période couvrant en partie le confinement et les premières mesures de déconfinement. Cette étude se focalise sur les personnes de 15 ans ou plus, en emploi avant le début du confinement et résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.

Pour en savoir plus

Firlej A., Pawlowski E., « Des conséquences financières du premier confinement plus ou moins marquées selon les territoires », Insee Première n° 1850, avril 2021

Hallépée S., Mauroux A., « Ouvrir dans un nouvel ongletQuels sont les salariés concernés par le télétravail ? », Dares Analyses n° 51, novembre 2019