Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur · Février 2022 · n° 79

« Cities » européennes – À Marseille, une population jeune face aux défis de l’emploi

La Métropole d’Aix-Marseille-Provence a été créée en janvier 2016 suite à la loi de 2014 sur la modernisation de l’action publique territoriale. Dans leur définition administrative, les métropoles françaises ne sont pas comparables aux métropoles européennes de taille équivalente. La notion harmonisée de city , qui correspond à la principale zone urbaine densément peuplée d’une métropole, permet une telle comparaison, notamment avec les villes de taille équivalente. Avec 900 618 habitants en 2018, la city de Marseille, qui comprend les communes de Marseille, Allauch et Plan-de-Cuques (figure 1), se classe au 25ᵉ rang des 1 075 cities européennes. La métropole administrative, qui intègre Aix-en-Provence, Aubagne, Martigues et Salon-de-Provence, compte deux fois plus d’habitants.

Un habitant de la city de Marseille sur quatre a moins de 20 ans, contre un sur cinq en moyenne dans les cities de comparaison. Marseille est au 5^e rang sur ce critère. Si la population comprend beaucoup d’enfants, les jeunes de 20 à 24 ans ne sont que légèrement surreprésentés. À l’inverse, les 25-54 et les 65-74 ans sont sous-représentés. En haut de la pyramide des âges, les personnes âgées de 75 ans ou plus sont aussi présentes que dans la moyenne des cities de comparaison. Parmi ces dernières, on compte 1,7 femme pour chaque homme. Les ménages de retraités vivant seuls y sont proportionnellement plus nombreux qu’ailleurs (16 % contre 13 % dans les cities européennes comparables).

La population marseillaise progresse de 0,3 % par an en moyenne entre 2013 et 2018, deux fois plus lentement que la moyenne des cities de comparaison (figure 2). Le solde naturel y contribue pour 0,6 point. La city de Marseille est la 1^re sur le critère de la natalité des femmes en âge de procréer (73 naissances pour 1 000 femmes de 15 à 44 ans, contre 53 dans les cities comparables). La croissance démographique est toutefois freinée par un déficit migratoire, qui perdure de façon atténuée sur la période récente. Celui-ci s’explique en partie par un phénomène de périurbanisation, de nombreuses personnes quittant Marseille pour s’établir à proximité.

L’emploi progresse nettement moins vite dans la city marseillaise que dans les cities de taille équivalente (+ 0,3 % par an en moyenne contre + 1,6 %). Ce faible dynamisme s’explique en partie par un « effet pays » : après la crise de 2008-2009, l’emploi a davantage rebondi dans les pays voisins qu’en France, où il avait reculé plus modérément. La dynamique de l’emploi est toutefois moins favorable que celle des cities de Lyon ou de Lille.

Marseille se caractérise par un taux de chômage relativement élevé. Sur la zone d’emploi de Marseille, le taux de chômage localisé est de 12,4 % en moyenne sur la période 2010-2018, contre 10,4 % pour les cities comparables.

Dans la city de Marseille, une personne sur quatre vit sous le seuil de pauvreté national. La pauvreté concerne particulièrement les familles monoparentales, davantage représentées dans le centre urbain de Marseille que dans les cities comparables (8 % contre 5 %).

Marseille est la 1^re city du référentiel pour la part de la santé et de l’administration publique dans l’emploi total. En termes de spécificités sectorielles, l’emploi marchand y est assez similaire à celui des cities de Valence, Gênes, Liverpool et Naples, d’autres grands ports européens. Parmi les secteurs marchands non agricoles, 36 % des emplois relèvent du commerce, du transport et de l’hôtellerie-restauration. C’est davantage que dans les villes européennes comparables mais moins que dans les cities méditerranéennes (figure 3). D’autres secteurs sont surreprésentés comme la construction (9 %), les activités immobilières (4 %) et les services de spectacles, loisirs et services aux particuliers (10 %). À l’inverse, des secteurs à forte valeur ajoutée, tels que l’information et communication, les activités financières et d’assurance, les activités scientifiques et techniques ou les services administratifs et de soutien y sont sous-représentés, alors qu’ils sont plus fréquents dans les cities de Stockholm, Munich, Bruxelles, Milan et Cologne. La part des emplois de cadres dans les fonctions « métropolitaines » (prestations intellectuelles, conception-recherche, commerce inter-entreprises, etc.), exercés par une main d’œuvre particulièrement qualifiée, progresse mais reste encore modérée (12,0 % en 2018 contre 9,9 % en 2008).

Les non-diplômés représentent 28 % des 25-64 ans en moyenne sur la période, davantage que dans les cities de taille comparable (21 %) mais moins que dans les cities méditerranéennes (34 %). Néanmoins le niveau de qualification évolue rapidement : la part de diplômés du supérieur augmente fortement sur la période récente. Les étudiants restent relativement peu nombreux à Marseille (6 % de la population contre 9 % dans le référentiel), car le grand pôle d’enseignement supérieur d’Aix-Marseille Université est majoritairement localisé à Aix-en-Provence, hors de la city elle-même.

Dans la city de Marseille, l’usage des transports publics pour se rendre sur son lieu de travail est moins répandu qu’ailleurs. 26 % des navetteurs y ont recours contre 34 % dans les cities européennes comparables. L’usage des véhicules motorisés (voiture, moto ou autre) est dominant ; or ces déplacements participent à la pollution atmosphérique. La concentration annuelle moyenne de particules PM10 est de 32,2 µg/m³, contre 27,0 µg/m³ en moyenne dans les cities européennes comparables.