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Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté · Novembre 2021 · n° 92
Insee Analyses Bourgogne-Franche-ComtéLa dorsale : un système urbain discontinu

Florent Ovieve, Hélène Ville (Insee)

La dorsale urbaine qui s’étend de Mâcon à Belfort constitue l’un des 27 réseaux d’aires d’attraction des villes (AAV) de province. Cette dorsale relie dix AAV entre elles par les déplacements domicile-travail. Elle se caractérise par une continuité de densité de population, d’infrastructures et d’équipements. L’intensité des relations entre les AAV qui la composent y est globalement plus faible que dans les autres systèmes urbains de province. La distance plus importante, les spécificités sectorielles moins marquées et l’absence de continuité entre Dijon et Besançon, ne favorisent pas les échanges d’actifs. Finalement, seules Delle, Belfort et Montbéliard forment un sous-système urbain, avec des liens très forts.

Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté
No 92
Paru le :Paru le24/11/2021

L’organisation en réseau d’un territoire et les relations entre ses pôles urbains peuvent se mesurer au travers des déplacements domicile-travail entre les . En province, les trois quarts de ces déplacements s’effectuent dans un rayon de moins de 40 kilomètres et 90 % dans un rayon de moins de 100 kilomètres. Ces déplacements de moyenne distance définissent 27 systèmes urbains qui se caractérisent par une continuité de densité de population et des échanges privilégiés d’actifs entre les aires qui les composent (figure 1). Ces liens entre AAV sont d’autant plus favorisés qu’elles sont proches les unes des autres, et qu’elles ont des spécificités sectorielles complémentaires  (Pour comprendre).

Figure 1Échanges domicile-travail privilégiés au sein des systèmes urbains

  • Les données de densité de population sont des données lissées et ne peuvent être diffusées.
  • Champ : France de province
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

De Mâcon à Belfort, un système urbain en corridor

En Bourgogne-Franche-Comté, la dorsale urbaine s’étend de Mâcon à Belfort. Elle intègre les six plus grandes AAV de la région (Dijon, Besançon, Montbéliard, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Belfort), ainsi que quatre aires plus petites : Dole, Beaune, Delle et Tournus. Elle est structurée en corridor, construite en amont et en aval de Dijon et Besançon, les deux AAV de plus de 200 000 habitants de la région. Aucune de ces deux aires ne dispose des caractéristiques pour être le point de départ d’un système en étoile (encadré). Elles sont entourées d’AAV dont la structure de l’emploi n’est pas suffisamment différente, pour assurer une complémentarité entre elles, et ainsi favoriser des échanges d’actifs.

La dorsale concentre la majorité de l’emploi et de la population de la région

La dorsale s’étend sur un quart de la superficie régionale, mais regroupe plus de la moitié des habitants de Bourgogne-Franche-Comté. Elle concentre plus de la moitié des emplois, et les deux tiers des emplois de cadres, en partie des fonctions de décision, de conception et d’intermédiation (gestion, conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter-entreprises, culture-loisirs). C’est un territoire où la croissance démographique est la plus dynamique, derrière la bande frontalière avec la Suisse. La population augmente de 2,5 % entre 2007 et 2017. Cependant, en 10 ans, l’emploi diminue de 3 %, mais à un rythme deux fois moins rapide que dans le reste de la région. La dorsale se distingue par une continuité d’équipements et d’infrastructures, notamment ferroviaires et autoroutiers. Située sur l’axe Rhin-Rhône, elle est traversée par l’A6 et par l’A36. Que ce soit par la route ou par les voies ferrées, les AAV qui la composent sont bien reliées entre elles, ce qui pourrait faciliter les déplacements, en particulier domicile-travail. Au total, 48 000 actifs (soit 8 % des actifs travaillant dans la dorsale) quittent quotidiennement leur aire de résidence pour aller travailler dans une autre aire de la dorsale. Parmi eux, dans un sens ou dans l’autre, environ 16 000  se déplacent entre Belfort et Montbéliard, et près de 6 000 entre Dijon et Beaune.

Les relations entre les aires sont peu intenses

Malgré d’importantes infrastructures de déplacement, les caractéristiques des AAV de la dorsale et leurs localisations ne favorisent pas particulièrement le développement des relations entre elles. Les déplacements domicile-travail y sont moins privilégiés et moins nombreux que dans les autres systèmes urbains. Les AAV de la dorsale sont relativement éloignées les unes des autres, et ont un profil d’emploi souvent semblable (figure 2). De plus, la dorsale est peu dense au regard des autres réseaux de province. La population y augmente moins que dans les autres systèmes urbains, et l’emploi diminue alors qu’il croît en moyenne ailleurs. La taille des AAV qui la composent, relativement petites à l’échelle de la province, ne correspond pas au profil habituel des AAV en croissance. La dynamique de l’emploi est particulièrement portée par les grandes aires de plus de 500 000 habitants. Or, dans la dorsale, aucune n’atteint ce seuil de population.

Figure 2Distance parcourue par les actifs et spécificité de la structure de l’emploi par rapport au reste du réseau

Distance parcourue par les actifs et spécificité de la structure de l’emploi par rapport au reste du réseau - Lecture : les actifs habitant l'AAV de Delle parcourent peu de km lorsqu’ils vont travailler dans une autre AAV de la dorsale. De plus, l'AAV de Delle a une structure d’emplois très différente des autres AAV du système.
Aire d’attraction des villes (AAV) Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau Distance moyenne parcourue par les actifs dans le réseau (en km) Différence de structure avec les autres AAV du réseau
Charmes 24,1 76,6
Farébersviller 13,0 79,7
Haguenau 21,9 79,4
Reichshoffen 18,7 106,0
Saint-Venant 15,2 109,2
Aire-sur-la-Lys 17,9 65,3
Amnéville - Rombas 10,5 60,5
Auchel - Lillers 18,3 53,8
Avesnes-sur-Helpe 19,8 57,0
Berck 14,0 67,9
Béthune 17,5 51,9
Bouchain 17,1 73,1
Bruay-la-Buissière 14,8 53,5
Caudry 20,2 59,8
Châtellerault 24,5 52,7
Épernay 24,5 54,7
Étaples - Le Touquet-Paris-Plage 16,5 60,3
Faulquemont 18,8 77,2
Forbach (partie française) 16,6 52,5
Freyming-Merlebach (partie française) 14,9 65,8
Hazebrouck 24,7 62,5
Landivisiau 21,2 64,0
Lausanne (partie française) 11,2 59,0
Le Grau-du-Roi 22,3 63,0
Le Pont-de-Beauvoisin 17,1 63,9
Lourdes 19,8 51,4
Merville 17,0 77,4
Miramas 18,0 61,1
Montreuil 10,3 72,2
Mourenx 14,2 69,8
Noeux-les-Mines 14,2 60,4
Pluvigner 19,5 70,9
Port-Saint-Louis-du-Rhône 17,3 87,2
Roscoff - Saint-Pol-de-Léon 20,8 69,5
Rouffach 16,8 75,5
Saint-Avold (partie française) 20,6 56,8
Saint-Chamas 17,0 75,5
Saint-Martin-de-Crau 23,2 72,7
Saint-Rémy-de-Provence 22,6 50,5
Sarrebruck (partie française) 9,2 58,8
Sarreguemines (partie française) 23,9 58,2
Solesmes 18,5 73,3
Val de Briey 15,2 57,3
Belfort 15,7 61,2
Delle 13,2 73,4
Montbéliard 18,8 58,1
Bayonne (partie française) 59,9 41,7
Mont-de-Marsan 42,2 40,8
Montargis 57,4 44,9
Moulins 57,9 37,5
Narbonne 36,7 26,0
Niort 52,6 42,9
Tours 48,5 42,5
Blois 36,6 32,1
Brest 37,9 52,1
Carcassonne 37,9 27,8
Colmar 35,4 45,5
Dax 37,3 35,5
Dunkerque 37,5 51,6
Nancy 38,2 47,8
Orléans 38,9 40,3
Quimper 39,5 38,6
Vichy 38,2 41,5
Besançon 55,0 39,4
Chalon-sur-Saône 39,8 38,8
Dijon 47,0 39,2
Dole 44,3 43,9
Mâcon 47,8 40,9
Annecy 23,8 29,1
Nice 17,3 28,4
Steenvoorde 25,9 86,4
Agde 22,8 45,7
Angoulême 31,9 53,0
Arles 34,8 47,3
Arras 26,8 43,2
Avignon 31,0 36,0
Bagnères-de-Bigorre 24,5 48,9
Bâle - Saint-Louis (partie française) 17,3 48,3
Bar-le-Duc 20,5 39,6
Beaucaire 25,3 47,5
Bellac 27,6 48,3
Béziers 31,9 31,2
Boulogne-sur-Mer 33,9 48,3
Brignoles 32,9 37,3
Brioude 26,7 52,2
Brive-la-Gaillarde 28,7 46,9
Calais 31,2 42,0
Cambrai 26,1 50,9
Cannes - Antibes 19,9 39,3
Cavaillon 23,8 45,8
Châlons-en-Champagne 32,9 46,0
Chambéry 30,2 37,2
Charleville-Mézières 29,8 40,8
Chinon 36,6 63,8
Clermont-Ferrand 23,8 46,4
Cognac 29,0 54,2
Douai 21,7 42,3
Draguignan 24,9 43,3
Épinal 30,5 51,8
Fréjus 26,8 35,6
Genève - Annemasse (partie française) 19,0 42,1
Grenoble 28,7 49,6
Issoire 27,0 54,6
La Rochelle 30,7 36,3
Lannemezan 27,5 51,6
Lens - Liévin 18,5 39,5
Lille (partie française) 25,1 53,8
Limoges 33,7 47,3
Lorient 32,8 38,8
Luxembourg (partie française) 18,7 48,1
Marseille - Aix-en-Provence 29,8 51,0
Maubeuge (partie française) 34,9 44,4
Metz 25,1 50,2
Monaco - Menton (partie française) 18,5 32,0
Montpellier 29,3 39,1
Morlaix 26,8 56,4
Mulhouse 33,2 45,3
Nîmes 33,0 37,7
Orthez 25,3 49,2
Pau 25,6 45,4
Pézenas 21,3 42,2
Pithiviers 29,4 44,2
Pleyben - Châteaulin 25,0 63,4
Poitiers 30,5 47,5
Pont-à-Mousson 22,6 49,3
Quimperlé 21,6 38,6
Reims 34,3 44,2
Remiremont 18,9 47,2
Rochefort 26,2 36,7
Saint-Dizier 24,1 39,7
Saint-Omer 28,8 59,0
Saint-Yrieix-la-Perche 33,4 61,4
Saintes 29,1 43,4
Salies-de-Béarn 28,4 60,1
Salon-de-Provence 26,3 50,3
Sedan 19,3 39,2
Sélestat 28,8 37,6
Sète 21,8 41,3
Somain 16,8 46,1
Strasbourg (partie française) 31,1 54,8
Tarbes 24,3 41,8
Thiers 27,5 50,8
Thonon-les-Bains 12,8 44,8
Toulon 33,3 33,7
Tulle 26,3 51,8
Valenciennes (partie française) 28,7 47,0
Vannes 34,4 44,4
Vendôme 31,9 47,2
Vidauban 17,4 49,4
Vitry-le-François 30,6 47,3
Beaune 33,2 52,1
Tournus 27,6 50,8
  • Lecture : les actifs habitant l'AAV de Delle parcourent peu de km lorsqu’ils vont travailler dans une autre AAV de la dorsale. De plus, l'AAV de Delle a une structure d’emplois très différente des autres AAV du système.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Figure 2Distance parcourue par les actifs et spécificité de la structure de l’emploi par rapport au reste du réseau

  • Lecture : les actifs habitant l'AAV de Delle parcourent peu de km lorsqu’ils vont travailler dans une autre AAV de la dorsale. De plus, l'AAV de Delle a une structure d’emplois très différente des autres AAV du système.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Une rupture dans le système urbain entre Dijon et Besançon

Le faible dynamisme du système pénalise les liens entre Dijon et Besançon. Ils sont d’autant moins intenses que ces deux AAV sont relativement éloignées l’une de l’autre, 90 kilomètres les séparent. Ancienne ou actuelle capitale régionale, elles ont en outre une structure d’emploi et des fonctions qui se ressemblent. Ces éléments expliquent la rupture entre ces deux aires, amplifiée par les frontières des anciennes régions entre lesquelles il n’existe pas d’échanges privilégiés d’actifs. Ainsi, Dijon et Besançon se distinguent des grandes AAV des autres systèmes du nord-est de la France, qui sont également en perte d’emploi. Dans les systèmes de Reims, de Nancy-Metz, ou encore de Strasbourg, les grandes aires tertiarisées, souvent peu spécialisées, relient entre elles plusieurs sous-systèmes et jouent un rôle de pivot. Faire système permet alors des échanges au sein d’activités complémentaires et garantit une diversité d’emplois. C’est un atout pour des aires situées dans un environnement en perte d’emploi, et souvent elles-mêmes en perte d’emploi. Or, cette fonction de pivot n’existe pas dans la dorsale, ce qui limite son développement. Dans la dorsale, Dijon a des liens privilégiés avec Beaune et Chalon-sur-Saône, alors que Besançon en a avec Montbéliard. En dehors de ces échanges, au sein du système, les flux d’actifs depuis et vers Dijon et Besançon sont peu intenses (figure 3).

Figure 3Spécificité de l’emploi entre les aires d’attraction des villes de la dorsale

Spécificité de l’emploi entre les aires d’attraction des villes de la dorsale - Lecture : Mâcon et Chalon-sur-Saône ont une structure d’emploi très similaire. En revanche, Delle a une structure d’emploi très différente des autres AAV de la dorsale.
Aire d’attraction des villes en abscisse Aire d’attraction des villes en ordonnée Indice de spécificité de la structure de l’emploi
Beaune Beaune -
Belfort Belfort -
Besançon Besançon -
Chalon-sur-Saône Chalon-sur-Saône -
Delle (partie française) Delle (partie française) -
Dijon Dijon -
Dole Dole -
Mâcon Mâcon -
Montbéliard Montbéliard -
Tournus Tournus -
Besançon Dijon très similaire
Chalon-sur-Saône Mâcon très similaire
Dijon Chalon-sur-Saône très similaire
Dijon Mâcon très similaire
Belfort Besançon très similaire
Besançon Chalon-sur-Saône très similaire
Belfort Dijon très similaire
Dole Chalon-sur-Saône très similaire
Dole Mâcon très similaire
Besançon Mâcon très similaire
Besançon Dole relativement similaire
Belfort Chalon-sur-Saône relativement similaire
Belfort Mâcon relativement similaire
Beaune Mâcon relativement similaire
Dole Dijon relativement similaire
Montbéliard Belfort légèrement similaire
Chalon-sur-Saône Tournus légèrement similaire
Beaune Chalon-sur-Saône légèrement similaire
Montbéliard Chalon-sur-Saône légèrement similaire
Belfort Dole légèrement différente
Tournus Mâcon légèrement différente
Montbéliard Besançon légèrement différente
Besançon Tournus légèrement différente
Dole Tournus légèrement différente
Dijon Beaune légèrement différente
Dole Beaune légèrement différente
Montbéliard Dijon légèrement différente
Dijon Tournus légèrement différente
Belfort Tournus légèrement différente
Montbéliard Mâcon relativement différente
Beaune Tournus relativement différente
Montbéliard Dole relativement différente
Besançon Beaune relativement différente
Delle (partie française) Chalon-sur-Saône relativement différente
Montbéliard Tournus relativement différente
Delle (partie française) Besançon relativement différente
Belfort Beaune relativement différente
Delle (partie française) Montbéliard très différente
Montbéliard Beaune très différente
Delle (partie française) Dijon très différente
Delle (partie française) Mâcon très différente
Delle (partie française) Belfort très différente
Delle (partie française) Tournus très différente
Delle (partie française) Dole très différente
Delle (partie française) Beaune très différente
  • Lecture : Mâcon et Chalon-sur-Saône ont une structure d’emploi très similaire. En revanche, Delle a une structure d’emploi très différente des autres AAV de la dorsale.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Figure 3Spécificité de l’emploi entre les aires d’attraction des villes de la dorsale

  • Lecture : Mâcon et Chalon-sur-Saône ont une structure d’emploi très similaire. En revanche, Delle a une structure d’emploi très différente des autres AAV de la dorsale.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Seule Dijon a un effet d’entraînement sur les aires extérieures à la dorsale

Besançon possède globalement peu de liens privilégiés avec les autres AAV, qu’elles fassent partie de la dorsale ou non. C’est vers Morteau et Pontarlier qu’ils sont les plus développés. Le coût de l’immobilier, très élevé dans ces deux AAV, ainsi que le tissu économique industriel très spécialisé, favorisent les déplacements domicile-travail. Dijon est davantage tournée vers l’extérieur, et entretient des liens plus privilégiés avec Châtillon-sur-Seine, Montbard, Venarey-les-Laumes et Semur-en-Auxois, même si avec cette dernière, le nombre de déplacements reste plus limité. La métropole est géographiquement plus éloignée de ces petites AAV que de celles du sud de la dorsale, mais elles sont plus complémentaires du point de vue de l’emploi. Elles attirent des actifs qui habitent à Dijon grâce à leurs spécialisations très marquées : le textile à Châtillon-sur-Seine, la métallurgie à Montbard, ou encore le domaine de la santé à Semur-en-Auxois. En parallèle, les actifs qui vivent dans les AAV de Châtillon-sur-Seine ou Semur-en-Auxois sont attirés par les emplois tertiaires de Dijon, notamment dans l’administration ou le secteur des transports. Globalement, il existe davantage de liens privilégiés entre la dorsale et les AAV environnantes qu’ailleurs en France.

Bien que centrale, l’aire de Dole n’assure pas la continuité du système

L’aire de Dole, située à mi-distance de Dijon et Besançon, pourrait être un point de jonction entre ces deux villes et les relier. Plus de 3 600 actifs résidant à Dole vont quotidiennement travailler à Dijon ou Besançon. Seuls les flux de Dole vers Dijon sont légèrement supérieurs à l’attendu. Si les flux sont équilibrés entre Dole et Besançon, les actifs qui habitent Dole et travaillent à Dijon sont presque deux fois plus nombreux que ceux qui habitent à Dijon et exercent leur emploi à Dole. Dole a pourtant une forte spécialisation dans l’industrie chimique, qui pourrait générer des échanges d’actifs plus intenses. Mais le territoire est également de plus en plus résidentiel. En 2017, le nombre d’emplois y est inférieur au nombre d’actifs qui y réside. Même s’ils ont beaucoup augmenté en dix ans, les échanges avec Dijon et Besançon se stabilisent entre 2012 et 2017. Durant la même période, les déplacements avec Lons-le-Saunier et Poligny se sont davantage développés. Dole entretient des liens plus forts avec ces AAV situées également dans le Jura.

Pas de liens privilégiés entre Beaune et Chalon-sur-Saône, malgré leur proximité géographique

Les quatre AAV du sud de la dorsale entretiennent peu de liens privilégiés entre elles. Il n’y a pas d’échanges privilégiés d’actifs entre Beaune en Côte-d’Or d’une part, et Mâcon, Tournus, ou Chalon-sur-Saône en Saône-et-Loire d’autre part. Beaune possède pourtant des caractéristiques qui pourraient favoriser les mobilités domicile-travail. Elle est située à seulement 35 kilomètres de Chalon-sur-Saône, et a une structure d’emploi très spécifique. De plus, avec Mâcon, c’est la seule AAV de la dorsale à gagner des emplois.

La spécificité de Beaune repose toutefois sur des secteurs qui occasionnent peu de déplacements domicile-travail. Elle est en partie liée à sa dimension touristique, et au développement important de l’hébergement et de la restauration. Ces activités fréquentes génèrent surtout des flux d’actifs de proximité, et peu de flux de moyenne distance entre pôles urbains. De la même façon, la viticulture, très implantée, engendre peu de déplacements. L’entreposage, activité annexe qui découle de cette orientation viticole, pourrait attirer davantage d’actifs venant de Chalon-sur-Saône, mais ce secteur y est également très présent.

Chalon-sur-Saône et Mâcon : des villes qui se ressemblent, avec des liens pourtant importants

Bien qu’elles soient polarisées par Lyon et Dijon, les AAV de Mâcon et Chalon-sur-Saône bénéficient d’échanges d’actifs privilégiés. Ces deux aires sont pourtant relativement éloignées l’une de l’autre (46 kilomètres). Cependant, elles se situent dans le même département et entretiennent des relations de préfecture à sous-préfecture. Elles ont un profil d’emploi très proche, sans complémentarité ni spécificité très marquée. Les quelques activités qui les différencient, l’entreposage et la métallurgie à Chalon-sur-Saône, l’administration à Mâcon, nourrissent des déplacements d’actifs entre ces deux aires.

Delle, Belfort, Montbéliard : trois aires qui font système entre elles

Dans la dorsale, le réseau formé par Delle, Belfort et Montbéliard se démarque. Il recouvre une large partie du Pôle métropolitain Nord-Franche-Comté. Il a une organisation et des caractéristiques comparables aux autres sous-systèmes du nord-est de la France. Comme eux, il a un fonctionnement en triangle, avec des échanges réciproques entre les trois aires (figure 4).

Bien qu’elles soient en perte d’emploi, elles ont des liens très privilégiés. Les flux entre ces AAV s’intensifient même en dix ans, en particulier vers Belfort et Delle depuis Montbéliard. Leur proximité, 25 kilomètres au plus, facilite les échanges d’actifs. Ces trois AAV ont également un profil d’emploi complémentaire qui favorise les déplacements domicile-travail. Elles ont des spécificités très marquées, qui attirent les navetteurs.

Lorsqu’ils vont travailler à Montbéliard, près de 10 % des actifs habitant à Delle et près d’un quart de ceux habitant à Belfort exercent leur emploi dans l’industrie automobile. De la même façon, lorsqu’ils font le trajet vers Delle, 21 % des actifs habitant à Belfort et 28 % de ceux habitant à Montbéliard vont travailler dans le secteur de la finance ou de la métallurgie. Belfort, moins spécialisée que Delle et Montbéliard, est un relais d’emplois tertiaires pour ces deux aires, au sein desquelles, le secteur non marchand est peu implanté et en baisse.

Figure 4Échanges d’actifs entre les aires d’attraction des villes de la dorsale par grand type d’activité

Échanges d’actifs entre les aires d’attraction des villes de la dorsale par grand type d’activité
Aire d’attraction des villes de résidence Aire d’attraction des villes de travail Activités les plus représentées parmi les flux privilégiés entre AAV Spécificité de la structure de l’emploi de l’AAV de travail
Dijon Beaune activités rares liées à la demande extérieure*** assez spécifique
Chalon-sur-Saône Beaune flux inférieurs à l’attendu assez spécifique
Delle (partie française) Belfort activités courantes liées à la demande extérieure** peu spécifique
Montbéliard Belfort emplois liés aux besoins de la population* peu spécifique
Montbéliard Besançon emplois liés aux besoins de la population* très peu spécifique
Dole Besançon flux inférieurs à l’attendu très peu spécifique
Dijon Besançon flux inférieurs à l’attendu très peu spécifique
Dijon Chalon-sur-Saône activités rares liées à la demande extérieure*** très peu spécifique
Beaune Chalon-sur-Saône flux inférieurs à l’attendu très peu spécifique
Tournus Chalon-sur-Saône flux inférieurs à l’attendu très peu spécifique
Mâcon Chalon-sur-Saône emplois liés aux besoins de la population* très peu spécifique
Belfort Delle (partie française) activités rares liées à la demande extérieure*** très spécifique
Montbéliard Delle (partie française) emplois liés aux besoins de la population* très spécifique
Besançon Dijon flux inférieurs à l’attendu très peu spécifique
Dole Dijon activités courantes liées à la demande extérieure** très peu spécifique
Beaune Dijon emplois liés aux besoins de la population* très peu spécifique
Chalon-sur-Saône Dijon emplois liés aux besoins de la population* très peu spécifique
Besançon Dole flux inférieurs à l’attendu peu spécifique
Dijon Dole flux inférieurs à l’attendu peu spécifique
Chalon-sur-Saône Mâcon emplois liés aux besoins de la population* très peu spécifique
Tournus Mâcon flux inférieurs à l’attendu très peu spécifique
Belfort Montbéliard activités rares liées à la demande extérieure*** très spécifique
Delle (partie française) Montbéliard flux inférieurs à l’attendu très spécifique
Besançon Montbéliard activités rares liées à la demande extérieure*** très spécifique
Chalon-sur-Saône Tournus flux inférieurs à l’attendu assez spécifique
Mâcon Tournus flux inférieurs à l’attendu assez spécifique
  • * Les emplois liés aux besoins de la population regroupent notamment la fonction publique générale, les activités de commerce de détail, de service, d’enseignement, de santé, d’action sociale, d’hébergement, de restauration.
  • ** Les activités courantes liées à la demande extérieure regroupent notamment les activités d’élevage de bovins et de volaille, la culture céréalière, l’industrie du bois, du textile et du cuir, l’industrie pharmaceutique.
  • *** Les activités rares liées à la demande extérieure regroupent notamment la viticulture, la sidérurgie, la fabrication de boissons et la construction de véhicules automobiles.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

Figure 4Échanges d’actifs entre les aires d’attraction des villes de la dorsale par grand type d’activité

  • * Les emplois liés aux besoins de la population regroupent notamment la fonction publique générale, les activités de commerce de détail, de service, d’enseignement, de santé, d’action sociale, d’hébergement, de restauration.
  • ** Les activités courantes liées à la demande extérieure regroupent notamment les activités d’élevage de bovins et de volaille, la culture céréalière, l’industrie du bois, du textile et du cuir, l’industrie pharmaceutique.
  • *** Les activités rares liées à la demande extérieure regroupent notamment la viticulture, la sidérurgie, la fabrication de boissons et la construction de véhicules automobiles.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017

 Encadré - 27 systèmes urbains « en étoile » ou « en corridor » maillent la province

En province, les 27 systèmes urbains définis par les déplacements domicile-travail sont présents dans toutes les régions à l’exception de la Corse. Ils s’organisent autour d’au moins une AAV de plus de 100 000 habitants et regroupent 70 % de la population, des emplois et des actifs de province.

Deux grands types de systèmes urbains se distinguent selon l’environnement, la dynamique de l’emploi et la topographie.

Les systèmes urbains en étoile sont composés d’une AAV centrale, généralement en croissance d’emploi et dans un environnement également en croissance. Il y a des échanges d’actifs réciproques entre cette AAV et les petites aires qui l’entourent, avec lesquelles elle est très complémentaire du point de vue de l’emploi. Ces systèmes se situent principalement dans le nord-ouest de la France, mais également autour de Toulouse, Bordeaux et Lyon.

Les autres systèmes sont en corridor. Ils se composent soit d’AAV qui sont peu différentes les unes des autres, comme dans le système de Poitiers ou de Genève-Grenoble, soit d’AAV dont la structure de l’emploi est complémentaire, mais qui sont en perte d’emploi, ou dans un environnement en perte d’emploi. C’est particulièrement le cas des systèmes du nord-est de la France.

Publication rédigée par :Florent Ovieve, Hélène Ville (Insee)

Pour comprendre

Les relations entre les aires d’attraction de la ville sont étudiées à l’aide d’un modèle gravitaire.

Pour la dorsale comme pour les autres systèmes urbains, il est basé sur l’ensemble des déplacements domicile-travail qui ont pour origine ou destination une AAV de ce territoire, dans un rayon de 40 kilomètres.

Les liens entre deux AAV sont qualifiés de « privilégiés » ou « préférentiels » s’ils sont supérieurs à ce qui est attendu, en fonction du volume des lieux observés (population active de l’AAV d’origine, emploi au lieu de travail de l’AAV de destination) et les distances qui les séparent.

Seuls les déplacements dont le flux dépasse 40 actifs sont conservés pour des raisons de robustesse.

Définitions

L’aire d’attraction d’une ville (AAV) est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi et d’une couronne qui rassemble les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle.

Pour en savoir plus

Ville H., « Une structure de l’emploi fortement dépendante de la taille des aires d’attraction des villes », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n°141, octobre 2021.

Chassard M., « Emploi en Bourgogne-Franche-Comté, de grandes agglomérations dépendantes de la demande locale et de petits territoires spécialisés très exposés à la demande extérieure », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté n°77, octobre 2020.

Desnoyers C., Ville H., « Les aires d’attraction des villes en Bourgogne-Franche-Comté : des aires de petite taille et peu dynamiques démographiquement », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n°111, novembre 2020.

Bouriez M., Brion D., « Liens entre aires urbaines de Bourgogne-Franche-Comté », Insee Dossier Bourgogne-Franche-Comté n°1, avril 2016.