1.10 Pauvreté monétaire en France depuis 1970

Insee Références
Paru le :Paru le27/05/2021
Les revenus et le patrimoine des ménages- Mai 2021

En 2018, le s’établit à 14,8 % de la population de France métropolitaine vivant en ménage ordinaire. 9,3 millions de personnes sont pauvres, au sens où elles ont un inférieur au fixé à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 063 euros par mois. Ce seuil correspond à un de 1 063 euros pour une personne seule, 1 594 euros pour un couple sans enfant et 2 231 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. À titre de comparaison, le montant de base du s’élève au 1ᵉʳ avril à 551 euros mensuels pour une personne seule sans enfant et l’allocation de solidarité aux personnes âgées (, ou minimum vieillesse) à 833 euros pour une personne seule à la même date. En 2018, 66 % des personnes vivant dans un ménage bénéficiaire du RSA et 48 % de celles vivant dans un ménage percevant le minimum vieillesse vivent au dessous du seuil de pauvreté.

La mesure de la pauvreté dépend du seuil retenu : avec un seuil à 50 % du niveau de vie médian, soit 885 euros par mois, le taux de pauvreté en 2018 est de 8,3 %. Les seuils de pauvreté relatifs suivent l’évolution du niveau de vie médian. En 2018, les personnes pauvres au seuil de 60 % ont un niveau de vie mensuel inférieur à 1 063 euros, contre 889 euros en 1996 en euros constants. Au seuil de 50 %, leur niveau de vie mensuel est inférieur à 885 euros en 2018, contre 740 euros en 1996.

Entre 1975 et 1984, le taux de pauvreté à 60 % décroît fortement (14,3 % en 1984 contre 17,9 % en 1975, figure 1a). Cette baisse concerne particulièrement les retraités, qui bénéficient de revalorisations du minimum vieillesse et de meilleures retraites grâce à des durées de cotisation plus longues que les générations précédentes. Il augmente ensuite progressivement jusqu’en 1996 et atteint 16,2 %. Pour assurer une comparaison temporelle entre 1975 et 2018, les taux de pauvreté sont ici calculés sur un périmètre de revenus constant mais incomplet, celui de 1975.

Figure 1a - Taux de pauvreté depuis 1970

en %
Figure 1a - Taux de pauvreté depuis 1970 (en %) - Lecture : avec la définition retenue depuis 1996, le taux de pauvreté (au seuil à 60 %) s’élevait cette année-là à 14,6 % (soit 8,3 millions de personnes pauvres), contre 16,2 % (soit 9,2 millions de personnes pauvres) avec le périmètre des revenus incomplet disponible sur la période 1975-1996.
Y compris revenus financiers et prestations hors champ Hors revenus financiers et prestations hors champ
Seuil de 60 % Seuil de 50 % Seuil de 60 % Seuil de 50 %
1970 18,2 12,4
1975 17,9 11,41
1979 15,3 9,1
1984 14,3 8,6
1990 15,2 8
1996 14,6 8,3 16,2 9,2
1997 14,3 8,1 15,9 9
1998 13,9 7,7 15,9 8,9
1999 13,6 7,4 15,4 8,6
2000 13,7 7,5 15,7 8,9
2001 13,5 7,1 15,5 8,7
2002 13,1 6,7 15,3 8,2
2003 13,1 7,2 15 8,8
2004 12,7 6,9 14,9 8,4
2005 13,2 7,5 15 8,8
2006 13,3 7,3 15 8,9
2007 13,6 7,4 15,2 8,9
2008 13,2 7,3 15,1 8,7
2009 13,6 7,7 15,1 9,1
2010 14,3 8,1 15,9 9,7
2011 14,6 8,3 16,2 9,8
2012 14,2 8,5 15,8 9,9
2013 13,8 7,9 15,4 9,3
2014 14 8 15,6 9,7
2015 14,2 8 15,8 9,8
2016 14 8 15,9 9,9
2017 14,1 8 15,7 9,8
2018 14,8 8,3 16,3 10
  • Note : pour assurer une comparabilité temporelle sur longue période, les taux de pauvreté sont calculés sur un périmètre de revenus constant mais incomplet, celui de 1975. Ne sont en effet pas pris en compte les revenus financiers et certaines prestations sociales (allocation aux adultes handicapés, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation d’éducation de l’enfant handicapé et allocation de soutien familial). En 1970, le périmètre de revenus est plus restreint que sur la période 1975-2018 car l’enquête Revenus fiscaux de 1970 ne contient pas de données relatives à la taxe d’habitation (intitulée alors « contribution mobilière ») et à l’allocation de logement familiale (ALF). Pour assurer une comparaison temporelle sans ruptures de série (en 1996, 2010 et 2012), les nombres de personnes pauvres ont par ailleurs été rétropolés de 1975 à 2011.
  • Lecture : avec la définition retenue depuis 1996, le taux de pauvreté (au seuil à 60 %) s’élevait cette année-là à 14,6 % (soit 8,3 millions de personnes pauvres), contre 16,2 % (soit 9,2 millions de personnes pauvres) avec le périmètre des revenus incomplet disponible sur la période 1975-1996.
  • Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes revenus fiscaux 1970 à 1990 ; Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2018.

Figure 1a - Taux de pauvreté depuis 1970

  • Note : pour assurer une comparabilité temporelle sur longue période, les taux de pauvreté sont calculés sur un périmètre de revenus constant mais incomplet, celui de 1975. Ne sont en effet pas pris en compte les revenus financiers et certaines prestations sociales (allocation aux adultes handicapés, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation d’éducation de l’enfant handicapé et allocation de soutien familial). En 1970, le périmètre de revenus est plus restreint que sur la période 1975-2018 car l’enquête Revenus fiscaux de 1970 ne contient pas de données relatives à la taxe d’habitation (intitulée alors « contribution mobilière ») et à l’allocation de logement familiale (ALF). Pour assurer une comparaison temporelle sans ruptures de série (en 1996, 2010 et 2012), les nombres de personnes pauvres ont par ailleurs été rétropolés de 1975 à 2011.
  • Lecture : avec la définition retenue depuis 1996, le taux de pauvreté (au seuil à 60 %) s’élevait cette année-là à 14,6 % (soit 8,3 millions de personnes pauvres), contre 16,2 % (soit 9,2 millions de personnes pauvres) avec le périmètre des revenus incomplet disponible sur la période 1975-1996.
  • Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes revenus fiscaux 1970 à 1990 ; Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2018.

Depuis 1996, les taux de pauvreté sont calculés sur un périmètre de revenus plus complet incluant les revenus financiers et certaines prestations non disponibles précédemment. De 1996 à 2004, le taux de pauvreté diminue à nouveau. Le nombre de personnes pauvres se réduit alors de près de 10 %, soit environ de 800 000 personnes. La bonne conjoncture économique pendant cette période, marquée notamment par une baisse du chômage de 1997 à 2001, y contribue. De 2004 à 2008, le taux de pauvreté se stabilise autour de 13 %. Entre 2008 et 2011, sous l’effet de la crise, il augmente significativement. Il est alors stable autour de 14 % jusqu’en 2017. En 2018, il augmente de 0,7 point et s’établit à 14,8 %, soit 9,3 millions de personnes (figure 1b). La baisse des allocations induite par la réforme de la réduction du loyer de solidarité explique en partie cette hausse.

En 2018, la moitié des personnes pauvres ont un niveau de vie mensuel inférieur à 855 euros. En comparant ce niveau de vie médian des personnes pauvres au seuil de pauvreté à 60 %, on en déduit une égale à 19,6 % (figure 2). Au cours de la période 1996 2002, quel que soit le seuil retenu, l’intensité de la pauvreté s’est atténuée (baissant de 2,6 points au seuil à 60 %), le niveau de vie médian des personnes pauvres augmentant plus vite que le seuil de pauvreté. Entre 2003 et 2011, l’intensité de la pauvreté au seuil de 60 % a peu fluctué. En 2012, elle a augmenté de 1,4 point puis a diminué d’autant en 2013. Depuis, elle reste stable autour de 20 %.

En 2019, selon des estimations provisoires obtenues à partir de , le taux de pauvreté diminuerait de 0,3 point.

Figure 2 - Intensité de la pauvreté depuis 1996

en %
Figure 2 - Intensité de la pauvreté depuis 1996 (en %) - Lecture : en 2018, la moitié des personnes pauvres ont un niveau de vie inférieur de plus de 19,6 % au seuil de pauvreté à 60 %.
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Intensité de la pauvreté Seuil de 60 % 20,2 19,7 19,3 18,8 19,0 18,2 17,6 19,4 18,9 19,8 18,9 19,1 19,6 20,0 19,9 20,0 21,4 19,9 20,2 19,6 19,7 19,6 19,6
Seuil de 50 % 17,7 18,0 15,9 15,7 14,9 15,5 14,7 14,8 15,1 17,9 17,8 17,4 18,0 17,8 18,2 17,9 18,8 17,2 18,1 16,6 17,3 17,6 16,5
  • Note : pour assurer une comparaison temporelle sans ruptures de série (en 2010 et 2012), les données ont été rétropolées de 1996 à 2011.
  • Lecture : en 2018, la moitié des personnes pauvres ont un niveau de vie inférieur de plus de 19,6 % au seuil de pauvreté à 60 %.
  • Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2018.

Figure 2 - Intensité de la pauvreté depuis 1996

  • Note : pour assurer une comparaison temporelle sans ruptures de série (en 2010 et 2012), les données ont été rétropolées de 1996 à 2011.
  • Lecture : en 2018, la moitié des personnes pauvres ont un niveau de vie inférieur de plus de 19,6 % au seuil de pauvreté à 60 %.
  • Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2018.

Définitions

Taux de pauvreté : pourcentage de la population considérée comme pauvre, cela pouvant être entendu au sens de la pauvreté monétaire.

Niveau de vie : revenu disponible du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage.

Seuil de pauvreté : l’Insee, comme Eurostat et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative alors que d’autres pays (comme les États‑Unis ou le Canada) ont une approche absolue. Dans l’approche en termes relatifs, on détermine un seuil de pauvreté en fonction de la distribution des niveaux de vie de l’ensemble de la population et une personne est considérée comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur à ce seuil. Le seuil de pauvreté qui fait référence pour Eurostat est fixé au niveau national à 60 % du niveau de vie médian de chaque pays. Dans cet ouvrage, il s’agit du seuil retenu quand aucune note ne précise un autre seuil. De façon secondaire, d’autres seuils sont calculés, notamment celui à 50 % du niveau de vie médian.
Le taux de pauvreté calculé pour effectuer des comparaisons européennes diffère légèrement du taux national publié dans le reste de l’ouvrage. Il est calculé à partir d’une autre source statistique, SRCV, et sur un champ différent, de manière à disposer de statistiques comparables entre pays européens (voir Sources et méthodes, Statistiques sur les revenus et les conditions de vie).

Revenu disponible : revenu à la disposition du ménage pour consommer et épargner. Il comprend les revenus d’activité nets des cotisations sociales, les indemnités de chômage, les retraites et pensions, les revenus du patrimoine (fonciers et financiers) et les autres prestations sociales perçues, nets des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, contribution sociale généralisée – CSG –, contribution à la réduction de la dette sociale – CRDS – et prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine). Il comprend de façon plus ou moins large selon les sources le solde des transferts interménages. Cette mesure correspond au concept microéconomique. En parallèle, l’Insee publie des données macroéconomiques relatives au revenu disponible brut dans la comptabilité nationale, qui font référence pour les évolutions globales. Ces évaluations ne sont pas directement comparables, ni en niveau ni en évolution (voir Sources et méthodes).

Revenu de solidarité active (RSA) : Prestation sociale en aveur des foyers ayant de faibles ressources. Depuis la mi‑2009, il remplace le revenu minimum d’insertion (RMI) et l’allocation de parent isolé (API) en métropole (depuis le 1ᵉʳ janvier 2011 pour les DOM et le 1ᵉʳ janvier 2012 pour Mayotte). Ce dispositif réforme et réorganise l’ensemble des mécanismes visant à orienter et à accompagner les personnes en difficulté dans un processus d’insertion. Depuis le 1ᵉʳ septembre 2010, le RSA a été étendu aux moins de 25 ans (RSA jeune) sous certaines conditions d’activité professionnelle minimale.
Jusqu’au 1ᵉʳ janvier 2016, il a joué un double rôle de minimum social (RSA socle) et de complément de revenus d’activité pour les travailleurs pauvres (RSA activité) – le dispositif global étant alors sous la double responsabilité de l’État et des départements.
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2016, la prime d’activité se substitue au RSA activité. Avec la disparition de ce dernier, le RSA ne comporte plus que son volet minimum social, le RSA socle.

Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) : Allocation différentielle unique versée aux personnes âgées de 65 ans ou plus (ou à l’âge minimal de départ à la retraite en cas d’inaptitude au travail) disposant de faibles ressources, quel que soit le nombre de trimestres validés auprès de régimes de retraite. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2007, elle remplace pour les nouveaux bénéficiaires les anciennes prestations du minimum vieillesse (premier et second étages).

Intensité de la pauvreté : indicateur qui permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Comme Eurostat, l'Insee mesure cet indicateur comme l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté, rapporté au seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite « intense », au sens où le niveau de vie des plus pauvres est très inférieur au seuil de pauvreté.

Microsimulation : Simulation sur barème des prélèvements et prestations sociales permettant de recalculer le revenu disponible des ménages à partir d’un échantillon de micro‑données comprenant les revenus déclarés et des informations socio‑démographiques. C’est l’objet du modèle de microsimulation Ines (Insee‑Drees) à partir duquel est réalisée chaque année une estimation avancée de la pauvreté monétaire et des inégalités de niveau de vie.

Pauvreté monétaire : l’Insee, comme Eurostat et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire de manière relative alors que d’autres pays (comme les États‑Unis ou le Canada) ont une approche absolue. Dans l’approche en termes relatifs, on détermine un seuil de pauvreté en fonction de la distribution des niveaux de vie de l’ensemble de la population et une personne est considérée comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur à ce seuil. Le seuil de pauvreté qui fait référence pour Eurostat est fixé au niveau national à 60 % du niveau de vie médian de chaque pays. Dans cet ouvrage, il s’agit du seuil retenu quand aucune note ne précise un autre seuil. De façon secondaire, d’autres seuils sont calculés, notamment celui à 50 % du niveau de vie médian.
Le taux de pauvreté calculé pour effectuer des comparaisons européennes diffère légèrement du taux national publié dans le reste de l’ouvrage. Il est calculé à partir d’une autre source statistique, SRCV, et sur un champ différent, de manière à disposer de statistiques comparables entre pays européens (voir Sources et méthodes, Statistiques sur les revenus et les conditions de vie).