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Insee Flash Bretagne · Mai 2021 · n° 73
Insee Flash BretagneEn 30 ans, de profonds changements démographiques et sociaux pour les quartiers rennais

Nicolas Birot, Lola Lercari (Insee)

Depuis 1990, la population rennaise a augmenté de 20 000 habitants, avec des évolutions différentes selon les grands quartiers. La composition sociale de certains quartiers est restée stable, que ce soient les quartiers historiquement aisés proches du centre-ville, ou moins favorisés au sud de la ville. D’autres quartiers, comme ceux de Sud gare ou Cleunay-Arsenal-Redon ont attiré de nouvelles populations, notamment les cadres. Comme toutes les métropoles, Rennes abrite une part importante de ménages de chaque extrémité du spectre des revenus, avec des disparités importantes de niveau de vie selon les quartiers.

Insee Flash Bretagne
No 73
Paru le :Paru le11/05/2021

Entre 1990 et 2017, la population augmente à Rennes, mais moins qu’à Rennes Métropole

Rennes a connu une forte croissance démographique entre 1990 et 2017. Sa population est passée de 197 494 habitants en 1990 à 216 815 en 2017, soit une augmentation de 0,6 % par an en moyenne. Néanmoins, la hausse a été moins importante que sur le territoire de Rennes Métropole (encadré), en Ille-et-Vilaine (+ 1,7 %), en Bretagne (+ 1,0 %) et en France (+ 0,8 %).

Cette hausse de la population n’est pas homogène dans les rennais. Cinq quartiers perdent même des habitants entre 1990 et 2017 (figure 1). Ceux du sud de Rennes, Le Blosne et Bréquigny, sont à ce titre les plus concernés avec un recul de leur population respectivement de 1,5 % et 1,0 % par an en moyenne. À l’opposé, les quartiers de Cleunay-Arsenal-Redon et Thabor-Saint Hélier-Alphonse Guérin bénéficient le plus de l’essor démographique avec une croissance respective de leur population de 3,7 % et de 1,7 % en moyenne par an.

Figure 1Taux de croissance annuel moyen de la population des grands quartiers rennais entre 1990 et 2017

en %
Taux de croissance annuel moyen de la population des grands quartiers rennais entre 1990 et 2017 (en %)
Centre -0,3
Thabor – Saint Hélier – Alphonse Guérin 1,7
Bourg l’Evesque – La Touche – Moulin du Comte 1,2
Saint Martin 1,2
Maurepas – Bellangerais -0,1
Jeanne d’Arc – Longs Champs – Beaulieu 1,0
Francisco Ferrer – Landry – Poterie 1,0
Sud gare 0,0
Cleunay – Arsenal – Redon 3,7
Villejean – Beauregard 1,4
Le Blosne -1,5
Bréquigny -1,0
  • Source : Insee, recensements de la population 1990 et 2017.

Figure 1Taux de croissance annuel moyen de la population des grands quartiers rennais entre 1990 et 2017

en %
  • Source : Insee, recensements de la population 1990 et 2017.

La taille des ménages diminue ainsi sur la période, passant de 2,3 individus par ménage en 1990 à 1,7 en 2017. Elle varie selon les quartiers : par exemple, les ménages sont en 2017 composés de 1,6 personne en moyenne dans le Centre et de 2,2 au Blosne. Cette réduction de la taille des ménages entre 1990 et 2017 n’est pas un effet spécifiquement rennais, on le retrouve en Ille-et-Vilaine et plus généralement en France.

Le nombre de résidences principales progresse plus vite que la population : elles sont au nombre de 113 400 à Rennes en 2017, à comparer à 84 700 en 1990. Cela correspond à une hausse annuelle moyenne de 1,7 %. Seul le quartier du Blosne perd des résidences principales sur la période (– 0,3 % en moyenne par an). À l’opposé, Cleunay-Arsenal-Redon et Villejean-Beauregard sont les deux quartiers avec l’essor le plus important du nombre de leurs résidences principales (respectivement + 5,1 % et + 3,1 % par an), notamment du fait de la réalisation de grands projets urbains dans ces quartiers, comme La Courrouze ou Beauregard.

La part des cadres et des professions intellectuelles supérieures est en hausse

En 2017, 15,0 % des 15 ans ou plus sont des cadres et professions intellectuelles supérieures à Rennes. C’est plus qu’en Ille-et-Vilaine (10,1 %), en Bretagne (7,4 %) et au niveau national (9,4 %). La part des cadres a fortement augmenté à Rennes depuis 1990.

À l’inverse des cadres, la part des employés et des ouvriers est plus faible à Rennes (22,5 %) que dans les territoires englobants. Elle a beaucoup diminué depuis 1990. À l’époque, la part de cette catégorie socioprofessionnelle était de 30,3 % à Rennes.

Dans les quartiers Centre et Thabor, la part des cadres est la plus élevée en 2017 (respectivement 18,7 % et 22,9 %) (figure 2). C’était déjà le cas en 1990 (respectivement 15,9 % et 14,1 %). La part des ouvriers et employés y est la plus faible des quartiers rennais.

Figure 2Évolution de la part des cadres et professions intellectuelles supérieures parmi la population de 15 ans ou plus pour une sélection de quartiers rennais

en %
Évolution de la part des cadres et professions intellectuelles supérieures parmi la population de 15 ans ou plus pour une sélection de quartiers rennais (en %)
1990 1999 2007 2012 2017
Centre 15,9 15,1 18,0 18,4 18,7
Thabor – Saint Hélier – Alphonse Guérin 14,1 15,6 20,1 21,6 22,9
Sud gare 6,8 7,9 12,0 15,3 17,6
Cleunay – Arsenal – Redon 6,5 10,9 14,6 17,7 18,2
Le Blosne 4,4 4,1 3,8 4,1 5,2
Bréquigny 5,5 4,8 4,9 6,2 7,2
Rennes 8,8 9,6 12,1 13,7 15,0
  • Source : Insee, recensements de la population 1990 à 2017.

Figure 2Évolution de la part des cadres et professions intellectuelles supérieures parmi la population de 15 ans ou plus pour une sélection de quartiers rennais

  • Source : Insee, recensements de la population 1990 à 2017.

À l’inverse, les quartiers du sud de Rennes (le Blosne et Bréquigny) abritent historiquement une part importante d’ouvriers et d’employés. Cette catégorie socioprofessionnelle y reste plus représentée que dans les autres quartiers en 2017 (respectivement 33,9 % et 33,5 %). La part des cadres y est plus faible : ces derniers représentent 5,2 % et 7,2 % de leur population respective en 2017, et cette part a peu augmenté depuis 1990.

D’autres quartiers ont vu leur composition sociale varier fortement pendant la période. C’est en particulier vrai pour ceux de Sud Gare et Cleunay-Arsenal-Redon qui ont connu la plus grande augmentation de la part de cadres dans leur population avec respectivement une hausse de 10,8 et 11,7 points. Sur ce point, ces deux quartiers sont désormais très proches de la composition sociale du centre de Rennes.

Les bas comme les hauts revenus sont fortement représentés

Le annuel médian à Rennes en 2018 est de 21 410 euros. En comparaison, il s’élève à 22 230 euros en Ille-et-Vilaine, 21 750 euros en Bretagne et 21 730 euros en France métropolitaine (figure 3). Comme toutes les métropoles, Rennes abrite des ménages aisés et des ménages à faibles revenus, notamment des jeunes, étudiants ou non. La répartition sur le territoire des hauts et des faibles revenus est cohérente avec celle des catégories socioprofessionnelles : les quartiers abritant la plus grande part d’ouvriers et d’employés ont le niveau de vie médian le plus faible. À l’opposé, les quartiers Centre et Thabor, qui abritent la plus grande part de cadres et professions intellectuelles supérieures ont les niveaux de vie médians les plus élevés parmi ceux de Rennes.

Figure 3Taux de pauvreté et niveau de vie médian en 2018

Taux de pauvreté et niveau de vie médian en 2018
Taux de pauvreté (en %) Niveau de vie médian (en euros)
Centre 14,7 25 390
Thabor – Saint Hélier – Alphonse Guérin 11,1 26 575
Bourg l’Evesque – La Touche – Moulin du Comte 14,4 23 350
Saint Martin 12,4 23 968
Maurepas – Bellangerais 24,9 19 266
Jeanne d’Arc – Longs Champs – Beaulieu 17,6 22 231
Francisco Ferrer – Landry – Poterie 13,9 22 937
Sud gare 12,6 24 677
Cleunay – Arsenal – Redon 15,7 22 140
Villejean – Beauregard 32,9 16 342
Le Blosne 37,7 15 334
Bréquigny 24,8 18 778
Rennes 20,0 21 410
Ille-et-Vilaine 10,5 22 230
Bretagne 10,9 21 750
France métropolitaine 14,6 21 730
  • Source : Insee-DGFIP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2018.

Le à Rennes est deux fois plus élevé qu’en Ille-et-Vilaine. Les quartiers où le taux de pauvreté est le plus élevé sont ceux où se situent les quartiers prioritaires de la politique de la ville, notamment Bréquigny, Le Blosne, Maurepas-Bellangerais et Villejean-Beauregard.

Encadré - Un boom démographique à Rennes Métropole

La démographie rennaise ne peut être totalement appréhendée sans prendre en compte celle de la métropole dans son ensemble. La population de Rennes Métropole hors Rennes est passée de 136 995 habitants en 1990 à 230 614 en 2017, soit une augmentation de 3,1 % par an en moyenne, bien plus importante que celle de Rennes (+ 0,6 %).

Le nombre de résidences principales a augmenté plus rapidement. Il a plus que doublé entre 1990 et 2017, passant de 44 000 à 98 000. Comme à Rennes, la taille des ménages a diminué sur la période, mais ces derniers restent en moyenne de bien plus grande taille qu’à Rennes (2,4 personnes par ménage dans la métropole hors Rennes contre 1,7 à Rennes).

La part des cadres et professions intellectuelles supérieures est un peu plus faible dans le reste de la métropole (13,7 %) qu’à Rennes (15,0 %) en 2017. De manière symétrique, la part des ouvriers et employés est plus importante dans la métropole hors Rennes (25,7 % contre 22,5 %).

Le niveau de vie médian est plus élevé dans la métropole hors Rennes puisqu’il y est de 24 120 euros. Ce niveau de vie varie fortement parmi les communes de ce territoire, de 19 640 euros à Bécherel à 29 420 euros à Saint-Grégoire.

Publication rédigée par :Nicolas Birot, Lola Lercari (Insee)

Sources

Les résultats sont issus de l’exploitation historique des recensements de la population. La base Saphir (Système d’analyse de la population par l’historique des recensements) est un fichier de données harmonisées des recensements passés, permettant leur comparaison sur des longues périodes.

Le dispositif Filosofi (Fichier localisé social et fiscal) permet de rapprocher les données fiscales et les données des prestataires sociaux pour obtenir un niveau de vie de chaque ménage.

Définitions

Les grands quartiers sont le groupement de plusieurs IRIS contigus à l’intérieur de la commune de Rennes.

Le niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation.

Le taux de pauvreté est le pourcentage de la population dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian pour la France.

Pour en savoir plus

« Les arrondissements de Lyon : de profondes mutations socio-économiques en 40 ans », Serge Maury, Axel Gilbert – Dans : Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes, n° 29 (2016, déc.)

« En 50 ans, de profondes mutations sociales et démographiques dans les quartiers de Caen », Claude Boniou, Camille Hurard – Dans : Insee Analyses Normandie, n° 72 (2019, déc.)

« Un niveau de vie et des disparités de revenus plus élevés en Île-de-France et dans les communes denses », Valérie Molina – Dans : Insee Focus, n° 196 (2020, juin)