Entre 2008 et 2017, seuls les établissements des entreprises de taille intermédiaire
gagnent des emplois
En 9 ans, entre 2008 et 2017, l’emploi diminue de 44 000 salariés dans les 58 100 établissements employeurs marchands non agricoles de Bourgogne-Franche-Comté. Cette baisse est particulièrement importante dans les établissements des petites et moyennes entreprises (PME) et dans ceux des grandes entreprises. Seuls les établissements des entreprises de taille intermédiaire (ETI) gagnent de l’emploi en raison notamment de la croissance des effectifs de PME devenant des ETI. L’orientation économique industrielle dans la région et la faible croissance démographique expliquent ces tendances.
- Près des deux tiers des établissements appartiennent à une microentreprise
- Près de 44 000 emplois salariés en moins en 9 ans
- Seul l’emploi des établissements des ETI augmente
- La région la plus touchée par la baisse de l’emploi dans les établissements des grandes entreprises
- Des pertes d’emploi dans les PME et les microentreprises
En 2017, 58 100 établissements employeurs des secteurs marchands non agricoles sont implantés en Bourgogne-Franche-Comté. Ils emploient 572 000 salariés (hors intérimaires) sur les 977 800 salariés de la région.
Près des deux tiers des établissements appartiennent à une microentreprise
En fonction du nombre de salariés de l’ensemble de leurs établissements, de leur chiffre d’affaires global et de leur bilan d’activité, les entreprises sont classées en microentreprises (MICRO), petites et moyennes entreprises (PME), entreprises de taille intermédiaire (ETI) et grandes entreprises (GE). Ainsi, la taille moyenne des établissements varie de façon importante selon la catégorie d’entreprise à laquelle ils appartiennent, passant de 3 salariés dans les établissements de microentreprises à 31 dans ceux appartenant à de grandes entreprises. Ceux-ci sont de plus petite taille qu’en moyenne en France de province (35).
Les établissements des microentreprises sont largement majoritaires mais emploient à peine un salarié sur cinq (figure 1).
Dans la région, le nombre d’établissements appartenant à des PME ou des ETI est proportionnellement plus important que dans le reste de la France de province. Si on observe le même phénomène pour les établissements des grandes entreprises de Bourgogne-Franche-Comté, ils sont en revanche plus petits que la moyenne nationale.
tableauFigure 1 – Une structure proche de celle de France de province Nombre et effectifs salariés au 31/12/2017 des établissements selon la catégorie d’entreprise
Catégorie d’entreprise | Bourgogne-Franche-Comté | France de province | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Établissements employeurs | Effectifs salariés | Établissements employeurs | Effectifs salariés | |||||
nombre | % | nombre | % | nombre | % | nombre | % | |
GE | 4 200 | 7,2 | 128 600 | 22,5 | 77 700 | 6,8 | 2 707 000 | 24,1 |
ETI | 5 600 | 9,6 | 150 600 | 26,3 | 103 000 | 9,0 | 2 830 300 | 25,3 |
PME | 11 700 | 20,2 | 185 700 | 32,5 | 225 500 | 19,8 | 3 538 800 | 31,6 |
MICRO | 36 600 | 63,0 | 107 100 | 18,7 | 735 000 | 64,4 | 2 126 500 | 19,0 |
Total | 58 100 | 100,0 | 572 000 | 100,0 | 1 141 200 | 100,0 | 11 202 600 | 100,0 |
- Champ : Établissements marchands non agricoles hors intérimaires
- Sources : Insee, REE, Lifi, Clap, Flores
Près de 44 000 emplois salariés en moins en 9 ans
En neuf ans, l’emploi salarié dans les établissements des entreprises des secteurs marchands non agricoles a diminué de presque 44 000, soit une baisse de plus de 7 % sur la période (figure 2). C’est la plus forte baisse constatée sur l’ensemble des régions de province. Elle est d’un peu moins de 7 % dans la région Grand Est, de 5 % en Normandie et de 4 % dans le Centre-Val de Loire. L’ensemble des entreprises de province n’ont perdu que 0,3 % de salariés sur la période.
En raison notamment du poids important de l’industrie dans l’économie régionale, la baisse de l’emploi salarié est régulière depuis 2008, même si elle se stabilise entre 2015 et 2017. Davantage tournés vers des activités traditionnelles (automobile, métallurgie…), les secteurs industriels de Bourgogne-Franche-Comté ont plus souffert de la crise de 2008 qu’en moyenne en province. Par ailleurs, en raison de la faible évolution démographique et de l’attrait touristique limité de la région, les secteurs dont les emplois sont liés aux besoins des résidents ou des touristes sont peu dynamiques.
tableauFigure 2 – Après une baisse importante, l’emploi salarié se stabilise entre 2015 et 20172008-2017 : évolution des effectifs salariés des établissements par catégorie d’entreprise
Catégorie d’entreprise | GE | ETI | PME | MICRO | Ensemble |
---|---|---|---|---|---|
2008 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 |
2009 | 96,2 | 96,6 | 96,4 | 99,6 | 97,1 |
2010 | 94,9 | 99,1 | 96,8 | 99,3 | 97,4 |
2011 | 95,7 | 100,5 | 94,3 | 96,7 | 96,6 |
2012 | 94,9 | 102,1 | 92,6 | 93,4 | 95,5 |
2013 | 92,7 | 101,4 | 91,9 | 92,0 | 94,4 |
2014 | 90,9 | 100,4 | 91,4 | 89,9 | 93,1 |
2015 | 90,9 | 101,3 | 90,5 | 87,9 | 92,6 |
2016 | 90,9 | 101,5 | 90,1 | 88,1 | 92,6 |
2017 | 91,0 | 103,2 | 90,0 | 87,8 | 92,9 |
- Champ : Établissements marchands non agricoles hors intérimaires
- Sources : Insee, REE, Lifi, Clap, Flores
graphiqueFigure 2 – Après une baisse importante, l’emploi salarié se stabilise entre 2015 et 20172008-2017 : évolution des effectifs salariés des établissements par catégorie d’entreprise

- Champ : Établissements marchands non agricoles hors intérimaires
- Sources : Insee, REE, Lifi, Clap, Flores
Seul l’emploi des établissements des ETI augmente
En Bourgogne-Franche-Comté, toutes les catégories d’entreprises perdent des salariés à l’exception des établissements appartenant aux entreprises de taille intermédiaire (figure 3). L’emploi dans ces établissements augmente de 4 600 salariés par rapport à 2008, soit + 3 % en variation nette. Toutefois, cette hausse est moins marquée qu’en province (+ 7 %). L’ensemble des mouvements de main d’œuvre dans les créations, les cessations, les établissements pérennes, constituent la réallocation des emplois.
Cette progression de l’emploi s’explique en premier lieu par un apport de 23 200 salariés venant d’établissements appartenant à des entreprises qui étaient avant 2017 des PME. Effectivement, ces dernières ont changé de catégorie du fait de la croissance de l’emploi dans un ou plusieurs de leurs établissements ou par le rachat d’établissements. Ces changements impactent plus particulièrement le secteur du commerce et de la réparation d’automobiles. Par ailleurs, 9 000 salariés ont grossi les effectifs des ETI au jeu des créations-cessations d’établissements.
Ces hausses d’emploi ont plus que compensé la baisse de 17 900 emplois salariés des établissements des ETI dits stables, c’est-à-dire qui n’ont pas changé de catégorie d’entreprise, et le transfert d’environ 10 000 salariés d’établissements d’ETI vers de grandes entreprises par rachat ou croissance.
tableauFigure 3 – Les établissements des microentreprises perdent de l’emploi dans toutes les régions de province2008-2017 : variation nette d’effectifs salariés des établissements par catégorie d’entreprise et par région de province
GE | ETI | PME | MICRO | |
---|---|---|---|---|
Provence-Alpes-Côte d'Azur | + 17 190 | + 35 285 | + 1 853 | - 28 333 |
Auvergne-Rhône-Alpes | + 14 308 | + 52 911 | - 1 993 | - 26 146 |
Grand Est | - 328 | - 27 055 | - 29 163 | - 25 543 |
Nouvelle-Aquitaine | + 28 030 | + 24 238 | - 5 340 | - 24 938 |
Hauts-de-France | - 1 581 | + 12 092 | - 32 261 | - 24 288 |
Occitanie | + 39 442 | + 29 879 | + 7 004 | - 21 288 |
Normandie | + 2 222 | - 3 298 | - 20 053 | - 15 337 |
Bourgogne-Franche-Comté | - 12 759 | + 4 627 | - 20 516 | - 14 945 |
Centre-Val de Loire | - 1 411 | + 7 831 | - 16 924 | - 13 969 |
Bretagne | + 11 051 | + 15 821 | + 2 008 | - 13 226 |
Pays de la Loire | + 21 768 | + 24 528 | + 3 122 | - 10 166 |
Corse | - 584 | + 1 949 | + 3 482 | - 837 |
- Note de lecture : La variation nette des effectifs salariés des établissements appartenant à des ETI en Bourgogne-Franche-Comté est de + 4 600.
- Champ : Établissements marchands non agricoles hors intérimaires
- Sources : Insee, REE, Lifi, Clap, Flores
graphiqueFigure 3 – Les établissements des microentreprises perdent de l’emploi dans toutes les régions de province2008-2017 : variation nette d’effectifs salariés des établissements par catégorie d’entreprise et par région de province

- Note de lecture : La variation nette des effectifs salariés des établissements appartenant à des ETI en Bourgogne-Franche-Comté est de + 4 600.
- Champ : Établissements marchands non agricoles hors intérimaires
- Sources : Insee, REE, Lifi, Clap, Flores
La région la plus touchée par la baisse de l’emploi dans les établissements des grandes entreprises
Dans les établissements régionaux des grandes entreprises, le nombre de salariés diminue de près de 13 000, soit une baisse de 9 % en 9 ans. La Bourgogne-Franche-Comté est au dernier rang des régions de province quant à l’évolution de l’emploi pour cette catégorie d’entreprise. Dans les autres régions, l’emploi augmente ou reste stable. Néanmoins, toutes les régions sont concernées par des pertes d’emploi dans les établissements pérennes des grandes entreprises. La différence entre la Bourgogne-Franche-Comté et les autres régions de province provient de l’apport moins important de salariés des établissements des ETI dans ceux des grandes entreprises. Pour développer de nouvelles activités, une grande entreprise a tendance à investir dans des sociétés ayant les compétences attendues, à travers des rachats, acquisitions fusions, et intégrations de ces entreprises. Ces apports externes se traduisent par ce flux ETI - grandes entreprises.
Deux secteurs sont particulièrement touchés par la baisse d’effectifs salariés : la fabrication de matériels de transport et le secteur des transports et de l’entreposage. Ce phénomène peut s’expliquer par des gains de productivité, une externalisation de certaines activités, le recours à la sous-traitance et l’appel important de personnels intérimaires.
Des pertes d’emploi dans les PME et les microentreprises
Les établissements des PME de la région perdent 20 500 salariés soit 10 % en moins sur 9 ans. C’est la plus forte baisse parmi les régions de province. Trois phénomènes se conjuguent : le changement en ETI de certains établissements, l’apport moins important d’emplois des microentreprises devenues des PME et la diminution de salariés dans les entreprises pérennes. Globalement, cette décroissance des effectifs salariés dans les PME est marquée dans les secteurs de la fabrication d’autres produits industriels et de la construction.
Enfin, les établissements des microentreprises ont perdu près de 15 000 salariés, soit une baisse de 12 % en 9 ans. Dans toutes les régions de province, la baisse du nombre de salariés dans ces établissements est assez conséquente. Le changement de catégorie d’entreprise de ces établissements au profit des PME explique principalement la baisse de l’emploi salarié. Dans la région, la construction est le secteur le plus concerné par cette baisse de l’emploi. Par ailleurs, il existe un turn-over important des établissements appartenant aux microentreprises et ainsi des emplois de cette catégorie d’entreprise. Près d’un emploi sur trois est réalloué dans les microentreprises, c’est deux fois plus que dans les autres catégories.
Pour comprendre
Décomposition de l’évolution de l’emploi par catégorie d’entreprise :
Variation de l'emploi entre 2008 et 2017 =
- variation de l'emploi dans les établissements stables (ie qui existent en 2008 et 2017 et restent dans la même catégorie d'entreprise)
- + effectif des établissements créés au cours de la période - effectifs des établissements disparus
- + variation des effectifs (+/-) des établissements d'entreprise changeant de catégorie [effectif_solde_ETI + effectif_solde_GE + effectif_solde_PME + effectif_solde_MICRO]
- + variation des effectifs des établissements qui entrent ou sortent du champ marchand hors agriculture
Soit pour les ETI : 4 600 = - 17 900 (effectifs des stables) + 9 000 (21 000-12 000 : effectifs des créations-disparitions) + 23 200 (effectifs des anciennes PME) - 10 000 (effectifs partis dans les grandes entreprises) + 300 (effectifs des entrées-sorties du champ de l’étude).
Sources
La base est créée à partir des données de démographie des établissements de 2008 à 2017 (stocks, transferts d’établissements, …), enrichies de données sur l’emploi issues des sources Clap (2008 à 2015) et Flores (à partir de 2016) et d’informations sur les entreprises issues de la source Lifi (liaisons financières).
Définitions
Catégorie d’entreprise : quatre catégories d’entreprises sont définies dans le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie (décret n°2008-1354) pour les besoins de l’analyse statistique et économique à partir de l’effectif au 31/12, du chiffre d’affaires et du bilan annuel : les microentreprises (moins de 10 salariés), les petites et moyennes entreprises (de 10 à moins de 250 salariés), les entreprises de taille intermédiaire (250-5 000 salariés) et les grandes entreprises (plus de 5 000 salariés). L’emploi étudié ici influe directement sur la variable qui sert à la catégoriser (la catégorie d’entreprise).
Pour en savoir plus
Bacheré H., Mirouse B., « Une dynamique d’emploi spécifique dans les grandes entreprises », Insee Première n° 1839, février 2021
Volmers G., Leseur B., « Les très petites entreprises de Bourgogne-Franche-Comté : un maillon clé de l’économie », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté n° 29, mars 2018
Bertrand M., Adrover S., « Un tiers des établissements de Bourgogne Franche-Comté se renouvelle chaque année », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté n° 9, mai 2015