Insee Flash Ile-de-France208 000 résidents parisiens en moins dans la capitale pendant le premier confinement

Marie Acs, Emmanuel Mosny (Insee)

Lors du premier confinement au printemps 2020, près de 10 % des habitants de Paris ont quitté la capitale. Être cadre, jeune, habiter en appartement ou posséder une résidence secondaire sont autant de caractéristiques pouvant favoriser les départs. Les trois premières semaines du déconfinement n'ont pas permis de retrouver un niveau habituel de population à Paris, notamment du fait de nouveaux départs.

Insee Flash Ile-de-France
No 51
Paru le :Paru le17/12/2020
Marie Acs, Emmanuel Mosny (Insee)
Insee Flash Ile-de-France No 51- Décembre 2020

Le premier confinement : beaucoup de départs de Paris et sa petite couronne

La mise en place du premier confinement de la population au printemps 2020 pour lutter contre la propagation de la Covid-19 a provoqué de nombreux mouvements de population, notamment en Île-de-France. Pour évaluer ces derniers, cette étude s'appuie sur les activations du réseau téléphonique mobile (pour comprendre).

En Île-de-France, le solde des arrivées et départs pendant le confinement est estimé à - 455 000 personnes. La population présente à Paris et sa petite couronne a diminué de 552 000 alors qu'elle a augmenté en grande couronne : 97 000 personnes supplémentaires dont 30 % de Parisiens (figure 1).

Ces soldes globaux reflètent des mouvements de populations qui résident habituellement soit dans le département (appelés ici résidents) soit dans un autre département (non-résidents). Pour ces derniers, il peut s'agir par exemple de populations de passage pour le travail ou les études.

Avec un solde global négatif de 450 000, Paris enregistre la plus forte baisse : 242 000 non-résidents et 208 000 résidents en moins. En outre, environ 263 000 habitants en dehors de la France métropolitaine auraient également quitté la capitale. Dans la petite couronne aussi, la baisse est importante, notamment dans les Hauts-de-Seine (- 67 000).

Figure 1De nombreux départs de Paris et des Hauts-de-Seine à la mise en place du confinementÉvolution du nombre de métropolitains présents dans les territoires lors du confinement

De nombreux départs de Paris et des Hauts-de-Seine à la mise en place du confinement - Lecture : le nombre de personnes présentes la nuit dans le Val-de-Marne a diminué d’environ 21 000 avec le confinement, soit -1,5 %.
Évolution en nombre Évolution en %
Paris -450 000 -19,9
Hauts-de-Seine -67 000 -4,3
Seine-Saint-Denis -14 000 -0,9
Val-de-Marne -21 000 -1,5
Petite couronne -102 000 -2,3
Seine-et-Marne 23 000 1,6
Yvelines 29 000 2,0
Essonne 23 000 1,8
Val-d'Oise 22 000 1,8
Grande couronne 97 000 1,8
Île-de-France -455 000 -3,7
  • Note : les évolutions en nombre sont arrondies au millier.
  • Lecture : le nombre de personnes présentes la nuit dans le Val-de-Marne a diminué d’environ 21 000 avec le confinement, soit -1,5 %.
  • Champ : période de référence hors confinement du 16 janvier au 17 mars 2020 au matin, période de confinement du 17 mars au soir au 11 mai 2020 au matin.
  • Sources : Bouygues Telecom, Orange, SFR, activations du réseau de téléphonie mobile ; calculs Insee.

Près de 10 % des Parisiens se confinent hors de la capitale

Paris et les Hauts-de-Seine sont les seuls départements de France métropolitaine à voir le nombre de leurs résidents diminuer (respectivement - 208 000 et - 14 000). Les autres départements de la région ont, quant à eux, enregistré 195 000 résidents supplémentaires. Ces mouvements atypiques pour Paris et les Hauts-de-Seine s'expliquent notamment par le fait que leurs habitants possèdent plus souvent une résidence secondaire dans un autre département : respectivement 16 % et 14 % contre 5,7 % en moyenne en France métropolitaine.

Les Parisiens qui ont quitté leur résidence parisienne sont partis à 360 kilomètres en moyenne (distance au chef-lieu du département d'arrivée). Les départements ayant accueilli le plus de Parisiens se situent près des littoraux, dans les départements limitrophes de la région ou tout simplement en grande couronne. C'est dans ces départements que se situent le plus souvent les résidences secondaires des Parisiens (figure 2).

Figure 2Les Parisiens se sont plus souvent confinés dans les départements du littoral ou du Bassin parisienConfinement des Parisiens

Les Parisiens se sont plus souvent confinés dans les départements du littoral ou du Bassin parisien - Lecture : en 2017, 6,7 % des résidences secondaires des Parisiens sont dans le Calvados. Le nombre de Parisiens présents la nuit dans le Calvados a augmenté de 10 000 personnes lors du confinement.
Code Département Distribution des résidences secondaires des Parisiens par département (hors Paris) (en %)* Évolution du nombre de Parisiens lors du confinement**
01 Ain 0,3 1 000
02 Aisne 0,8 2 000
03 Allier 0,6 1 000
04 Alpes-de-Haute-Provence 0,3 1 000
05 Hautes-Alpes 0,6 -1 000
06 Alpes-Maritimes 3,9 2 000
07 Ardèche 0,6 1 000
08 Ardennes 0,0 0
09 Ariège 0,3 0
10 Aube 0,6 1 000
11 Aude 0,6 1 000
12 Aveyron 0,8 1 000
13 Bouches-du-Rhône 1,1 5 000
14 Calvados 6,7 10 000
15 Cantal 0,6 1 000
16 Charente 0,3 1 000
17 Charente-Maritime 2,8 7 000
18 Cher 1,1 2 000
19 Corrèze 0,8 1 000
2A Corse-du-Sud 1,1 1 000
2B Haute-Corse 0,8 0
21 Côte-d'Or 0,8 1 000
22 Côtes-d'Armor 2,5 6 000
23 Creuse 0,6 1 000
24 Dordogne 0,8 2 000
25 Doubs 0,3 0
26 Drôme 0,6 2 000
27 Eure 2,8 7 000
28 Eure-et-Loir 1,9 5 000
29 Finistère 2,5 6 000
30 Gard 0,8 3 000
31 Haute-Garonne 0,3 2 000
32 Gers 0,3 1 000
33 Gironde 1,7 7 000
34 Hérault 1,4 2 000
35 Ille-et-Vilaine 1,7 5 000
36 Indre 0,8 1 000
37 Indre-et-Loire 0,8 3 000
38 Isère 0,6 0
39 Jura 0,3 0
40 Landes 0,8 3 000
41 Loir-et-Cher 1,4 3 000
42 Loire 0,3 1 000
43 Haute-Loire 0,3 1 000
44 Loire-Atlantique 2,2 6 000
45 Loiret 1,9 5 000
46 Lot 0,8 1 000
47 Lot-et-Garonne 0,3 1 000
48 Lozère 0,3 0
49 Maine-et-Loire 0,6 2 000
50 Manche 1,7 4 000
51 Marne 0,6 1 000
52 Haute-Marne 0,3 0
53 Mayenne 0,3 1 000
54 Meurthe-et-Moselle 0,0 1 000
55 Meuse 0,0 0
56 Morbihan 3,1 6 000
57 Moselle 0,0 0
58 Nièvre 1,4 2 000
59 Nord 0,3 0
60 Oise 1,4 4 000
61 Orne 1,9 4 000
62 Pas-de-Calais 0,8 2 000
63 Puy-de-Dôme 0,6 1 000
64 Pyrénées-Atlantiques 1,7 4 000
65 Hautes-Pyrénées 0,3 0
66 Pyrénées-Orientales 0,8 1 000
67 Bas-Rhin 0,3 0
68 Haut-Rhin 0,0 0
69 Rhône 0,3 1 000
70 Haute-Saône 0,3 0
71 Saône-et-Loire 0,6 2 000
72 Sarthe 0,8 2 000
73 Savoie 2,2 -9 000
74 Haute-Savoie 1,9 -3 000
75 Paris - -208 000
76 Seine-Maritime 1,7 5 000
77 Seine-et-Marne 2,5 9 000
78 Yvelines 1,7 11 000
79 Deux-Sèvres 0,3 1 000
80 Somme 0,8 1 000
81 Tarn 0,3 1 000
82 Tarn-et-Garonne 0,3 0
83 Var 3,3 8 000
84 Vaucluse 0,8 4 000
85 Vendée 1,9 5 000
86 Vienne 0,6 2 000
87 Haute-Vienne 0,6 1 000
88 Vosges 0,3 0
89 Yonne 2,8 5 000
90 Territoire de Belfort 0,0 0
91 Essonne 1,1 5 000
92 Hauts-de-Seine 1,7 1 000
93 Seine-Saint-Denis 1,4 -1 000
94 Val-de-Marne 1,1 3 000
95 Val-d'Oise 0,6 4 000
  • * Personnes faisant partie d’un ménage rattaché fiscalement à une résidence secondaire, dont la résidence principale est à Paris et la résidence secondaire dans un département de France métropolitaine autre que Paris.
  • ** Période de référence hors confinement du 16 janvier au 17 mars 2020 au matin, période de confinement du 17 mars 2020 au soir au 11 mai 2020 au matin.
  • Note : évolutions supérieures à 1 000 et arrondies au millier.
  • Lecture : en 2017, 6,7 % des résidences secondaires des Parisiens sont dans le Calvados. Le nombre de Parisiens présents la nuit dans le Calvados a augmenté de 10 000 personnes lors du confinement.
  • Sources : Insee, fichiers démographiques sur les logements et les individus (Fideli) 2017 et Bouygues Telecom, Orange, SFR, activations du réseau de téléphonie mobile ; calculs Insee.

Figure 2Les Parisiens se sont plus souvent confinés dans les départements du littoral ou du Bassin parisienConfinement des Parisiens

  • * Personnes faisant partie d’un ménage rattaché fiscalement à une résidence secondaire, dont la résidence principale est à Paris et la résidence secondaire dans un département de France métropolitaine autre que Paris.
  • ** Période de référence hors confinement du 16 janvier au 17 mars 2020 au matin, période de confinement du 17 mars 2020 au soir au 11 mai 2020 au matin.
  • Note : évolutions supérieures à 1 000 et arrondies au millier.
  • Lecture : en 2017, 6,7 % des résidences secondaires des Parisiens sont dans le Calvados. Le nombre de Parisiens présents la nuit dans le Calvados a augmenté de 10 000 personnes lors du confinement.
  • Sources : Insee, fichiers démographiques sur les logements et les individus (Fideli) 2017 et Bouygues Telecom, Orange, SFR, activations du réseau de téléphonie mobile ; calculs Insee.

Travail, famille ou logement : des situations pouvant inciter à un confinement hors de son domicile habituel

Outre la possession de résidences secondaires, d'autres facteurs tenant aux conditions de vie peuvent expliquer les départs importants de résidents parisiens.

Près de la moitié (45 %) des Parisiens actifs sont cadres (ou exercent des professions intellectuelles supérieures) contre 28 % de l'ensemble des Franciliens et 17 % des Français de métropole. Or, d'après l'enquête Emploi en continu de l'Insee, plus de 80 % des cadres ont travaillé à leur domicile pendant la période de confinement. Les Parisiens sont donc plus nombreux à avoir eu la possibilité de télétravailler, et potentiellement dans un autre lieu de résidence.

La jeunesse de la population parisienne, en lien avec le nombre important d'étudiants, est une autre caractéristique pouvant expliquer une plus grande mobilité. Selon l'Ined, les personnes âgées entre 18 et 24 ans ont été les plus mobiles durant le confinement et, à l'opposé, les couples avec enfant(s) ont été peu mobiles. À Paris, la sous-représentation des couples avec enfant(s) (34 % contre 44 % en France métropolitaine) d'une part, et la surreprésentation des 18-24 ans d'autre part (11 % des Parisiens contre 8 % en France métropolitaine) peuvent ainsi expliquer l’ampleur des mouvements de population observés.

Les Parisiens, plus souvent logés en appartement que dans l’ensemble de la région (97 % en appartement contre 66 % des Franciliens), sont davantage exposés à la suroccupation des logements : 16 % des logements sont suroccupés à Paris contre 13 % en Île-de-France et 3 % en province. Cette situation peut aussi avoir contribué aux départs observés.

Au début du déconfinement, beaucoup de retours mais aussi de nouveaux départs

Durant la première phase du déconfinement, du 11 mai au 2 juin 2020, le solde global des personnes présentes en Île-de-France a peu augmenté (+ 20 000) par rapport au confinement, sans doute en raison du maintien des restrictions de déplacement à plus de 100 kilomètres. Toutefois, on dénombre 153 000 résidents de moins que pendant le confinement et 173 000 non-résidents de plus. Les retours de non-résidents sont donc légèrement plus nombreux que les départs de résidents. Des soldes globaux positifs s'observent uniquement pour Paris et la Seine-et-Marne (respectivement + 56 000 et + 3 000).

Pour autant, Paris n'a pas retrouvé son niveau de population d'avant le confinement. Entre le 11 mai et le 2 juin, 52 000 non-résidents et seulement 4 000 résidents de plus que pendant le confinement sont présents dans la capitale. Paris est le seul département de France métropolitaine à avoir un solde positif de résidents.

Les Parisiens de retour ont parcouru 380 kilomètres en moyenne, tandis que ceux qui ont quitté la capitale au moment du déconfinement sont partis à 42 kilomètres en moyenne, en lien avec la proximité de leurs résidences secondaires : 46 000 Parisiens, soit 2,1 %, possèdent une résidence secondaire dans un rayon de 100 kilomètres à vol d'oiseau autour de la capitale. De plus, la reprise des cours en présentiel dans les universités ne devant pas intervenir avant septembre, beaucoup d'étudiants parisiens ont pu attendre le déconfinement pour rejoindre leurs attaches familiales. En effet, 63 000 étudiants parisiens de 18 à 29 ans sont nés hors de la capitale, n'ont pas d'enfant et ne vivent pas chez leurs parents.

Reprise des départs en week-end

Avec le déconfinement, à Paris et en petite couronne, les populations retrouvent les variations hebdomadaires qui rythment leur répartition sur le territoire. Ainsi, les mardis, y sont dénombrées en moyenne 91 000 personnes de plus que pendant le confinement mais les dimanches, ce sont 81 000 personnes en moins. Les départs en week-end ont repris, dans un rayon de 100 kilomètres. La Seine-et-Marne semble une destination privilégiée : les dimanches, entre mi-mai et début juin, en moyenne 19 000 personnes de plus y ont séjourné par rapport à un dimanche pendant le confinement.

Pour comprendre

Cette étude s'appuie sur les calculs réalisés par l'Insee à partir des données fournies par les opérateurs de téléphonie mobile (Orange Business Services France, Bouygues Telecom et SFR). Ces données comptabilisent les activations des antennes relais pendant la nuit émanant des téléphones mobiles présents sur leurs réseaux en France métropolitaine (sont exclus les mobiles étrangers ou domiens). Les métropolitains présents dans un département sont soit des résidents, soit des non-résidents de passage pour des raisons professionnelles, d'études ou de loisirs.

Cette étude reprend les mêmes définitions, sources et méthodes que l'Insee Analyses n° 54.

Pour en savoir plus

Jauneau Y., Vidalenc J., « Durée travaillée et travail à domicile pendant le confinement : des différences marquées selon les professions », Insee Focus n° 207, octobre 2020.

Coudin É., de Bellefon M.-P., Galiana L., Suarez Castillo M., Sémécurbe F., « Retour partiel des mouvements de population avec le déconfinement », Insee Analyses n° 54, juillet 2020.

Bonvalet C., Cayouette-Remblière J., Girard V., Guéraut É., Lambert A., Langlois L., Le Roux G., « Ouvrir dans un nouvel ongletLogement, travail, voisinage et conditions de vie : ce que le confinement a changé pour les Français », Ined, Note de synthèse n° 10, vague 6, enquête COCONEL, 2020.