Insee FocusEn 2019, l’emploi progresse le plus fortement depuis 2007

Thomas Cohadon (division Synthèse et conjoncture du marché du travail, Insee), Noël Koenigsecker, Julie Le Gac (mission Estimations d’emploi localisées, Insee)

En 2019, l’emploi en France progresse fortement : + 405 000 (soit + 1,4 %) après + 232 000 en 2018 (+ 0,8 %). C’est la plus forte hausse depuis 2007. L’accélération concerne à la fois l’emploi salarié et l’emploi non salarié. La croissance de l’emploi est principalement portée par le tertiaire marchand, et dans une moindre mesure par la construction et le tertiaire non marchand. Contrairement à 2018, l’emploi augmente dans toutes les régions et particulièrement dans les régions ultramarines, notamment à La Réunion, en Guyane et en Guadeloupe.

Insee Focus
No 216
Paru le :Paru le01/12/2020
Thomas Cohadon (division Synthèse et conjoncture du marché du travail, Insee), Noël Koenigsecker, Julie Le Gac (mission Estimations d’emploi localisées, Insee)
Insee Focus No 216- Décembre 2020

En France, l’emploi progresse fortement en 2019

Fin 2019, 28,5 millions de personnes occupent un emploi en France hors Mayotte (sources). L’emploi progresse de 1,4 % avec la création nette de 405 000 emplois en 2019 (figure 1), soit la croissance la plus élevée depuis 2007 (+ 1,4 %, + 368 000 emplois). Il faut remonter à 2000 pour observer une progression du nombre d’emplois plus importante (+ 653 000 emplois).

Figure 1 - Évolution de l'emploi en France entre 2007 et 2019

 en nombre d'emplois
Figure 1 - Évolution de l'emploi en France entre 2007 et 2019 ( en nombre d'emplois ) - Lecture : en 2019, l'emploi salarié a progressé de 284 000 personnes et l'emploi non salarié de 121 000. Au total, l'emploi a augmenté de 405 000 personnes en France.
Salarié Non salarié Ensemble
2007 345 327 22 722 368 049
2008 –161 354 15 827 –145 527
2009 –228 858 12 561 –216 297
2010 51 604 119 838 171 442
2011 66 414 75 648 142 062
2012 –70 110 101 530 31 420
2013 78 265 112 046 190 311
2014 11 656 –6 061 5 595
2015 102 211 9 722 111 933
2016 193 950 8 859 202 809
2017 332 752 18 897 351 649
2018p 161 014 70 705 231 719
2019p 284 458 120 803 405 261
  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2019, l'emploi salarié a progressé de 284 000 personnes et l'emploi non salarié de 121 000. Au total, l'emploi a augmenté de 405 000 personnes en France.
  • Champ : emploi salarié et non salarié, en fin d’année ; France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Estimations d'emploi.

Figure 1 - Évolution de l'emploi en France entre 2007 et 2019

  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2019, l'emploi salarié a progressé de 284 000 personnes et l'emploi non salarié de 121 000. Au total, l'emploi a augmenté de 405 000 personnes en France.
  • Champ : emploi salarié et non salarié, en fin d’année ; France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Estimations d'emploi.

Pourtant l’activité économique ralentit : le produit intérieur brut augmente de 1,5 % en 2019, après + 1,8 % en 2018 et + 2,3 % en 2017. Au-delà du ralentissement tendanciel de la , observable depuis les années soixante-dix et accentué depuis la crise économique de 2008-2009, la mise en œuvre de mesures de baisse du coût du travail depuis 2013, complétée par la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en une réduction de cotisations sociales patronales en janvier 2019, contribuent à une quasi-stagnation de la productivité apparente du travail par tête en 2019.

L’emploi salarié, qui constitue près de 90 % de l’emploi total, augmente de 1,1 % en 2019, soit 284 000 emplois supplémentaires, nettement plus qu’en 2018 (+ 161 000). Dans le même temps, l’emploi non salarié accélère pour la deuxième année consécutive : + 4,1 % en 2019, après + 2,5 % en 2018 et + 0,7 % en 2017 (soit 121 000 non-salariés supplémentaires, après + 71 000 en 2018). Cette forte hausse, inédite depuis 2010, s’explique principalement par des mesures favorables aux qui se sont renforcées en 2019 : au 1er janvier 2019, l’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise (Acre) a remplacé l’aide aux chômeurs créateurs et repreneurs d’entreprise (Accre), ce qui a permis d’élargir cette aide à tous les créateurs et repreneurs d’entreprises, au lieu des seuls demandeurs d’emploi. En 2018, le plafond du chiffre d’affaires permettant de bénéficier de ce régime simplifié avait doublé.

Une augmentation de l’emploi dans tous les secteurs non agricoles

En 2019, le tertiaire marchand porte de nouveau la croissance de l’emploi. Avec une hausse de 287 000 emplois (+ 2,1 % en un an), il représente plus de 70 % des créations nettes d’emploi tous confondus (figure 2). Cette forte progression est particulièrement marquée pour l’emploi non salarié : + 87 000 en 2019, après déjà + 55 000 en 2018. L’emploi salarié accélère également dans ce secteur : + 200 000 en 2019, après + 125 000 en 2018.

Figure 2a - Niveaux d'emploi par secteur d'activité en France

en nombre d’emplois
Figure 2a - Niveaux d'emploi par secteur d'activité en France (en nombre d’emplois)
Agriculture, sylviculture, pêche Industrie Construction Tertiaire marchand Tertiaire non marchand Total
2000 819 988 4 194 641 1 473 789 11 260 270 7 355 527 25 104 215
2001 805 516 4 187 067 1 507 391 11 484 224 7 392 475 25 376 673
2002 788 163 4 104 575 1 511 234 11 613 205 7 526 152 25 543 329
2003 774 963 4 004 674 1 522 671 11 643 637 7 556 823 25 502 768
2004 770 068 3 913 432 1 553 100 11 765 310 7 622 704 25 624 614
2005 747 280 3 827 677 1 615 326 11 919 751 7 705 296 25 815 330
2006 726 047 3 772 350 1 692 551 12 123 699 7 813 307 26 127 954
2007 696 513 3 725 298 1 764 719 12 405 431 7 891 507 26 483 468
2008 680 894 3 649 754 1 776 066 12 299 963 7 931 082 26 337 759
2009 667 811 3 482 387 1 737 263 12 237 165 8 002 126 26 126 752
2010 656 959 3 401 907 1 735 474 12 470 968 8 019 992 26 285 300
2011* 656 826 3 387 255 1 734 818 12 618 105 8 028 087 26 425 091
2011* 677 912 3 427 353 1 770 354 12 862 728 8 258 669 26 997 016
2012 677 599 3 410 230 1 766 965 12 852 472 8 321 170 27 028 436
2013 681 664 3 378 203 1 753 347 12 952 365 8 453 168 27 218 747
2014 671 221 3 344 585 1 701 288 12 985 024 8 522 224 27 224 342
2015 666 348 3 308 257 1 659 826 13 134 682 8 567 162 27 336 275
2016 662 829 3 279 302 1 643 674 13 334 369 8 618 910 27 539 084
2017 660 694 3 283 550 1 660 097 13 660 334 8 626 058 27 890 733
2018p 653 460 3 298 182 1 690 763 13 840 685 8 639 362 28 122 452
2019p 653 012 3 314 860 1 745 336 14 127 964 8 686 541 28 527 713
  • p : données provisoires.
  • * Avant 2011, les données d'emploi salarié et non salarié par secteur d'activité ne sont disponibles qu'au niveau France métropolitaine.
  • Champ : emploi salarié et non salarié, en fin d’année ; France métropolitaine jusqu'en 2011, France hors Mayotte à partir de 2011.
  • Source : Insee, Estimations d'emploi.

Figure 2a - Niveaux d'emploi par secteur d'activité en France

  • p : données provisoires.
  • * Avant 2011, les données d'emploi salarié et non salarié par secteur d'activité ne sont disponibles qu'au niveau France métropolitaine.
  • Champ : emploi salarié et non salarié, en fin d’année ; France métropolitaine jusqu'en 2011 (courbes en pointillés), France hors Mayotte à partir de 2011 (courbes en trait plein).
  • Source : Insee, Estimations d'emploi.

La bonne santé dans la construction, amorcée depuis 2017, s’accentue en 2019. Avec 55 000 créations nettes d’emploi, ce secteur bénéficie de la plus forte progression (+ 3,2 %) des cinq grands secteurs composant l’économie. La hausse concerne essentiellement l’emploi salarié (+ 46 000).

La progression de l’emploi s’est également intensifiée en 2019 dans le tertiaire non marchand (+ 47 000, soit + 0,5 %, hausse la plus forte depuis 2016). Contrairement aux deux années précédentes, l’emploi salarié croît dans ce secteur (+ 0,3 % après une quasi-stabilité en 2018 et – 0,1 % en 2017). L’emploi non salarié, principale composante du dynamisme de ce secteur, continue de nettement augmenter (+ 26 000, soit + 4,6 % après + 3,0 % en 2018).

Dans l’industrie, après une longue période de recul entamée en 2001, 2019 est la troisième année consécutive de création nette d’emplois : + 17 000 après + 15 000 en 2018 et + 4 000 en 2017. L’emploi salarié ralentit à peine : + 11 000 en 2019 après + 13 000. A contrario, pour l’emploi non salarié, 2019 marque la plus forte hausse depuis 2013 (+ 6 000 en 2019, comme en 2013).

Le secteur agricole est le seul où l’emploi se contracte modérément (– 400, soit – 0,1 %), mais ce recul est le moins marqué depuis 2013. L’emploi salarié y progresse nettement (+ 7 000) mais sans tout à fait compenser la baisse tendancielle de l’emploi non salarié (– 7 400).

L’emploi est en hausse dans l’ensemble des régions

En 2019, pour la troisième fois en quatre ans, l’emploi augmente dans la totalité des régions.

Cette hausse est particulièrement marquée dans les régions ultramarines de La Réunion (+ 4,4 %), la Guyane (+ 3,8 %) et la Guadeloupe (+ 3,1 %, figure 3). La croissance de l’emploi y est plus forte qu’au niveau national dans presque tous les secteurs, surtout dans la construction et le tertiaire marchand. À La Réunion et en Guyane, l’emploi progresse aussi de plus de 3,0 % dans le tertiaire non marchand, qui pèse plus dans les DOM qu’en moyenne nationale.

Figure 3a - Évolution de l'emploi par région entre 2018 et 2019

en %
Figure 3a - Évolution de l'emploi par région entre 2018 et 2019 (en %)
La Réunion 4,4
Guyane 3,8
Guadeloupe 3,1
Martinique 2,5
Occitanie 2,0
Île-de-France 1,9
Bretagne 1,7
Provence-Alpes-Côte d'Azur 1,7
Corse 1,7
Pays de la Loire 1,6
Auvergne-Rhône-Alpes 1,4
Nouvelle-Aquitaine 1,3
Hauts-de-France 0,9
Centre-Val de Loire 0,8
Normandie 0,8
Grand Est 0,4
Bourgogne-Franche-Comté 0,3
Ensemble 1,4
  • Note : données provisoires.
  • Champ : emploi salarié et non salarié, en fin d’année ; France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Estimations d'emploi.

Figure 3a - Évolution de l'emploi par région entre 2018 et 2019

  • Note : données provisoires.
  • Champ : emploi salarié et non salarié, en fin d’année ; France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Estimations d'emploi.

La croissance de l’emploi atteint ou dépasse 2,0 % en Martinique et en Occitanie. Le dynamisme du tertiaire non marchand y est plus important qu’en moyenne nationale et l’emploi dans la construction augmente de plus de 3,0 %. En Martinique, le tertiaire marchand (+ 3,8 %) contribue également à cet élan.

En Nouvelle-Aquitaine, en Auvergne-Rhône-Alpes, dans les Pays de la Loire, en Bretagne, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Corse et en Île-de-France, l’emploi augmente de 1,3 % à 1,9 %, hausses proches de la moyenne nationale (+ 1,4 %). L’emploi tertiaire marchand, qui croît dans ces régions d’au moins 2,0 %, contribue largement à ce dynamisme.

Les régions où l’emploi progresse le moins se situent dans la moitié nord de la France. En Bourgogne-Franche-Comté, dans le Grand Est, en Centre-Val de Loire, en Normandie et dans les Hauts-de-France, la hausse de l’emploi est nettement plus faible qu’ailleurs (de + 0,3 % à + 0,9 %). Dans ces régions, l’emploi augmente plus modérément dans le tertiaire marchand (+ 1,7 % ou moins). Par ailleurs, le Grand Est, les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté, régions où l’industrie est surreprésentée, sont les seules de France où l’emploi industriel recule.

Sources

Les Estimations d’emploi constituent la source de référence pour le suivi conjoncturel de l’emploi. Elles comptabilisent, annuellement et trimestriellement, le nombre de personnes en emploi en France hors Mayotte.

Les Estimations annuelles mesurent l’emploi total (salarié et non salarié) sur la dernière semaine de l’année par secteur d’activité (jusqu’au niveau A88 de la NAF rév. 2) et par échelon géographique (jusqu’à la zone d’emploi).

Depuis le millésime 2007, les Estimations annuelles d’emploi sont issues du dispositif Estel (Estimations d’emploi localisées), qui se fonde sur l’utilisation de sources administratives. Pour les salariés, il s’agit principalement de la Déclaration sociale nominative (DSN) et des Déclarations annuelles de données sociales (DADS), des données du fichier de paye des agents de l’État et de déclarations spécifiques pour les salariés des particuliers employeurs. Pour les non-salariés agricoles, les sources mobilisées sont les fichiers de la Mutualité sociale agricole (MSA) et pour les non-salariés non agricoles, les fichiers de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss). Estel mesure l’emploi répertorié dans l’ensemble de ces sources administratives sur la dernière semaine de l’année, avec prise en compte de la multi-activité.

Les Estimations annuelles provisoires, ici pour les années 2018 et 2019, reposent principalement sur les déclarations des entreprises auprès des organismes de recouvrement (source Epure), les données sur l’emploi intérimaire de la Dares et les données relatives aux particuliers employeurs.

Dans les Estimations annuelles d’emploi, les secteurs d’activité sont définis en fonction de l’activité principale des établissements en fin d’année.

Dans les Estimations d’emploi, les multi-actifs, c’est-à-dire les personnes qui occupent plusieurs emplois à une même date (soit parce qu’elles sont salariées et ont plusieurs employeurs, soit parce qu’elles sont à la fois non-salariées et salariées), ne sont comptés qu’une seule fois, au titre de leur emploi principal, qui correspond à celui qui leur procure la plus forte rémunération sur l’année.

Définitions

Productivité apparente du travail : la productivité « apparente du travail » ne tient compte que du seul facteur travail comme ressource mise en œuvre. Le terme « apparente » rappelle que la productivité dépend de l'ensemble des facteurs de production et de la façon dont ils sont combinés.
La productivité apparente du travail est usuellement mesurée en rapportant la richesse créée au facteur travail :

  • la richesse créée est mesurée par la valeur ajoutée (évaluée en volume) ;
  • seul le volume de travail mis en œuvre dans le processus de production est pris en compte et il peut être quantifié de plusieurs manières :
    • si le volume de travail est mesuré par le nombre d'heures travaillées, on parle de « productivité horaire apparente du travail » ;
    • si le volume de travail est mesuré par le nombre de personnes en emploi (personnes physiques), on parle de « productivité par tête ».

Micro-entrepreneur : un micro-entrepreneur bénéficie du régime de même nom (appelé auto-entrepreneur jusque 2014), qui offre des formalités de création d’entreprise allégées et un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu. Il s’applique aux entrepreneurs individuels qui en font la demande, sous certaines conditions.

Secteur d'activité / Secteur : un secteur regroupe des entreprises de fabrication, de commerce ou de service qui ont la même activité principale (au regard de la nomenclature d'activité économique considérée).
L'activité d'un secteur n'est donc pas tout à fait homogène et comprend des productions ou services secondaires qui relèveraient d'autres items de la nomenclature que celui du secteur considéré.
Au contraire, une branche regroupe des unités de production homogènes.

Pour en savoir plus

« Estimations d’emploi en 2019 », Insee Résultats, décembre 2020.

Emploi, chômage, revenus du travail, coll. « Insee Références », édition 2020.

Cohadon T., Planchais É., « L’emploi reste dynamique en 2018 malgré un repli dans quatre régions, Insee Focus n° 172, décembre 2019.

La France et ses territoires, coll. « Insee Références », édition 2015.