Deux aires d’attraction particulièrement étendues et peuplées au Nord et au Sud Aires d’attraction des villes 2020 à La Réunion

L’aire d’attraction d’une ville définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Une aire est composée d’un pôle, défini à partir de critères de population et d’emploi, et d’une couronne constituée des communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. Au sein du pôle, la commune la plus peuplée est appelée commune-centre. Cette approche fonctionnelle de la ville permet d’étudier les disparités territoriales selon deux dimensions : la taille de l’aire et la distinction entre centre et périphérie (encadré 1 et encadré 2).

Les aires d’attraction des villes sont des entités économiques cohérentes. Une politique publique ciblée sur un pôle, telle que la décision de construction d’une infrastructure de transport, pourra avoir des conséquences sur l’ensemble de son aire d’attraction. La majorité des plus grandes aires coïncident avec les cities et « aires urbaines fonctionnelles » définies par Eurostat et l’OCDE. Le zonage facilite ainsi les comparaisons internationales.

À La Réunion, les sept aires d’attraction des villes regroupent 22 des 24 communes et 99 % de la population de l’île (figure 1).

Dans la partie nord de l’île, l’aire d’attraction de Saint-Denis est logiquement celle qui comprend le plus de communes. Elle est la plus peuplée (307 400 habitants, figure 2) et concentre le plus d’emplois (101 700). Elle se situe au 20e rang national en termes de nombre d’habitants. Elle couvre six communes, de l’Ouest (La Possession) à l’Est (Saint-André et Bras-Panon, figure 3). Pour autant, les actifs en emploi résidant à La Possession travaillent trois fois plus souvent au Port ou à Saint-Paul qu’à Saint-Denis. Le chef-lieu concentre la moitié des habitants de l’aire et six emplois sur dix. L’influence de Saint-Denis diminue progressivement quand on s’éloigne à l’est. Les contours de cette aire sont les mêmes que dix ans plus tôt : l’influence de Saint-Denis s’étendait déjà jusqu’à La Possession et Bras-Panon à la fin des années 2000.

Le deuxième centre d’attraction en termes de nombre d’habitants se situe au sud de l’île. Il comprend deux aires d’attraction, constituées autour des pôles de Saint-Pierre - Le Tampon et Saint-Louis. Au total, 272 900 personnes habitent dans l’ensemble de ces deux aires. La très grande majorité des actifs qui y vivent y travaillent aussi (figure 4). La commune de Saint-Louis constitue une aire à elle seule, du fait de sa densité de population plus élevée.

L’influence du pôle de Saint-Pierre - Le Tampon s’étend sur les communes de Petite-Île, Entre-Deux et Saint-Joseph. Dans ce pôle, travaillent quatre actifs en emploi sur dix habitant à Petite-Île ou à Entre-Deux et deux sur dix résidant à Saint-Joseph. Dans les faits, l’influence du pôle de Saint-Pierre - Le Tampon s’étend même un peu plus loin aux communes de l’Étang-Salé et des Avirons : plus de 15 % des actifs en emploi de ces communes y travaillent. Cependant, la discontinuité géographique liée à la présence de l’aire de Saint-Louis entre les deux ne permet pas par convention de les considérer comme appartenant à la couronne de Saint-Pierre – Le Tampon.

Dans l’ouest de l’île, l’emploi est très concentré dans les villes de Saint-Paul et du Port. Ensemble, ces pôles regroupent les trois quarts des emplois de la microrégion, en particulier autour du complexe industrialo-portuaire (4 800 emplois générés) et en lien avec les besoins de la population présente, qu’elle soit permanente ou en séjour de courte durée. Les activités touristiques y sont aussi plus développées qu’ailleurs.

La ville du Port constitue une aire à elle seule, du fait de sa densité de population sensiblement plus élevée que celle de Saint-Paul. Elle ne comprend pas de couronne même si elle attire des actifs résidant dans des communes voisines, notamment à Saint-Paul et La Possession. En effet, elle offre 2,5 fois plus d’emplois qu’elle ne compte d’actifs en emploi y résidant.

L’aire d’attraction de Saint-Paul s’étend jusqu’aux Avirons, en passant par Trois-Bassins, Saint-Leu et l’Étang-Salé (figure 5). Ces quatre dernières communes sont multipolarisées et moins de la moitié des actifs en emploi y résidant travaillent dans leur commune de résidence. En outre, les communes des Avirons et de l’Étang-Salé sont nettement plus tournées vers les pôles d’emploi du Sud que vers Saint-Paul et Le Port. À l’inverse, les villes du Port et de Saint-Paul étendent leur influence, au-delà de leur aire d’attraction, à La Possession au nord-ouest. Au final, le bi-pôle constitué de Saint-Paul et du Port attire donc moins les emplois de l’île, une aire de taille moyenne est située à l’Est. Elle comprend un pôle constitué de Saint-Benoît (dont le statut de sous-préfecture permet l’existence d’un socle d’emplois administratifs ou hospitaliers) et de La Plaine-des-Palmistes. Ce pôle attire, dans des proportions toutefois assez limitées, des personnes en emploi qui vivent à Sainte-Rose. Même si elle ne fait pas partie de son aire d’attraction car sous influence de Saint-Denis, une part substantielle des personnes en emploi qui résident à Bras-Panon travaillent en outre à Saint-Benoît, soit autant qu’à Saint-Denis.

Caractérisées par leur isolement géographique, trois communes de l’île - Cilaos, Saint-Philippe et Salazie - ne sont pas sous l’influence des grandes villes. Seule Salazie émerge comme pôle du fait qu’elle offre plus de 1 500 emplois à ses habitants, au contraire des deux autres. La très grande majorité des habitants de ces communes qui ont un emploi y travaillent : c’est le cas de neuf actifs en emploi sur dix à Cilaos et de deux sur trois à Salazie et Saint-Philippe. Ces trois communes isolées, dans un environnement rural, ne regroupent que 2 % de la population et 1,5 % des emplois de l’île.

Sur la décennie 2007-2017, les écarts de dynamisme démographique entre les aires d’attraction sont essentiellement liés à l’intensité des soldes migratoires, le solde naturel étant assez proche dans chaque aire d’attraction. L’aire d’attraction de Saint-Benoît est la plus dynamique sur le plan démographique. En effet, les départs et les arrivées s’y équilibrent, au contraire de la plupart des autres aires : la population y augmente ainsi deux fois plus vite qu’en moyenne sur la région (+ 1,2 % par an contre + 0,7 %, figure 6). La hausse de la population est également soutenue et assez homogène sur l’ensemble des aires d’attraction de Saint-Pierre - Le Tampon et Saint-Louis (+ 1,0 % par an). C’est dans cet ensemble constitué de deux aires que l’emploi a le plus augmenté : + 1,7 % par an, contre + 1,2 % par an en moyenne régionale. A contrario, la population a peu augmenté sur la décennie dans l’ensemble constitué des aires d’attraction du Port et de Saint-Paul (+ 0,3 % par an). Dans les trois communes de l’île les plus éloignées des grandes villes - Salazie, Cilaos et Saint-Philippe -, le nombre d’habitants est stable.

Dans l’aire de Saint-Denis, la population a crû à un rythme proche de la moyenne régionale. Mais la population a davantage augmenté sur la décennie passée à la périphérie de cette aire que dans la ville-centre. En effet, il peut être de plus en plus difficile de se loger au coeur des agglomérations et les familles à la recherche d’une maison individuelle se sont davantage tournées vers des communes où les prix sont moins élevés et le foncier davantage disponible. Ainsi, la population a crû le plus fortement à La Possession côté Ouest et à Bras-Panon côté Est. De même, dans l’est de l’île, des familles à la recherche de foncier peu cher se sont tournées vers La Plaine-des-Palmistes, qui est la commune dont la population a le plus augmenté sur la décennie ( + 3,9 % par an). Ce phénomène de périurbanisation est en revanche moins flagrant au sud de l’île, même si la croissance de la population a été très dynamique à Entre-Deux.