Le coût de la main-d'œuvre en France en 2016 : 34,3 euros par heure en moyenne
En 2016, le coût moyen de la main-d'œuvre en France est de 34,3 euros par heure travaillée. Les salaires et traitements bruts en constituent les deux tiers, tandis que le tiers restant correspond principalement aux cotisations sociales à la charge des employeurs, minorées des éventuelles subventions perçues par ces derniers.
Le coût horaire de la main-d'œuvre varie sensiblement selon le secteur d’activité, l’implantation géographique ou encore la taille de la société : il est le plus élevé dans le secteur des activités financières et d'assurance (57,9 euros), dans les grandes sociétés (38,9 euros) et en Île-de-France (42,5 euros).
Dans le secteur marchand, la France se situe au 5e rang des pays de l’Union européenne à 15 présentant les coûts horaires les plus élevés.
Le coût de la main-d'œuvre en France est de 34,3 euros de l’heure en 2016
En 2016, le coût de la main-d'œuvre annuel en équivalent temps plein (EQTP) d'un salarié s'élève en moyenne à 53 271 euros, soit 34,3 euros de l’heure (figure 1). Le coût horaire représente l'ensemble des dépenses encourues par les sociétés pour l'emploi des salariés, rapportées au volume total d’heures effectivement travaillées dans l’année (c'est-à-dire hors congés, RTT, absences quelle qu'en soit la raison).
tableauFigure 1 - Coût horaire de la main-d'œuvre selon le secteur d'activité en 2016
Coût horaire du travail | Salaires et traitements | Cotisations employeurs | Autres charges1 | Subventions (dont CICE) | |
---|---|---|---|---|---|
Hébergement et restauration | 21,75 | 15,36 | 6,08 | 1,02 | – 0,71 |
Activités de services administratifs et de soutien | 24,89 | 17,66 | 7,05 | 0,92 | – 0,72 |
Autres activités de service | 28,81 | 19,36 | 8,65 | 1,62 | – 0,81 |
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles | 29,56 | 20,63 | 9,01 | 0,97 | – 1,05 |
Santé humaine et action sociale | 29,66 | 19,45 | 8,41 | 2,27 | – 0,46 |
Eau ; assainissement, déchets et dépollution | 30,67 | 21,23 | 9,43 | 0,91 | – 0,89 |
Construction | 31,06 | 21,89 | 9,05 | 1,02 | – 0,89 |
Transports et entreposage | 31,39 | 22,37 | 8,83 | 0,93 | – 0,74 |
Administration publique2 | 32,25 | 20,57 | 11,11 | 0,82 | – 0,25 |
Ensemble des secteurs d'activité | 34,33 | 22,91 | 10,70 | 1,37 | – 0,65 |
Arts, spectacles et activités récréatives | 35,31 | 24,26 | 10,32 | 1,53 | – 0,80 |
Industries extractives | 35,74 | 23,34 | 11,71 | 1,47 | – 0,77 |
Industrie manufacturière | 36,37 | 24,67 | 11,47 | 1,04 | – 0,82 |
Activités immobilières | 37,56 | 24,61 | 11,30 | 2,25 | – 0,60 |
Enseignement2 | 41,46 | 23,62 | 17,24 | 0,67 | – 0,06 |
Information et communication | 45,56 | 31,23 | 13,50 | 1,51 | – 0,67 |
Activités scientifiques et techniques | 45,66 | 30,68 | 14,02 | 1,71 | – 0,75 |
Production/distribution d'énergies | 49,01 | 35,60 | 12,88 | 1,24 | – 0,71 |
Activités financières et d'assurance | 57,90 | 37,29 | 16,32 | 5,10 | – 0,81 |
- 1. Les autres charges se composent essentiellement de frais de formation, de frais de recrutement et de taxes et impôts sur l'emploi ou les salaires.
- 2. Pour la fonction publique de l'État, les cotisations sociales à la charge de l'employeur couvrent notamment les contributions patronales imputées au titre de la retraite.
- Lecture : dans le secteur des activités financières et d'assurance, le coût horaire de la main-d'œuvre en 2016 atteint 57,9 euros, dont 37,3 euros de salaires et traitements.
- Champ : sociétés de 10 salariés ou plus en France hors Mayotte, hors agriculture, activités des ménages en tant qu’employeurs, activités extraterritoriales et défense, y compris apprentis.
- Source : Insee, Labour Cost Survey 2016 (LCS 2016).
graphiqueFigure 1 - Coût horaire de la main-d'œuvre selon le secteur d'activité en 2016
Sur ces 34,3 euros, 66,7 % (soit 22,9 euros) correspondent à des rémunérations assimilables à du salaire : salaires et traitements bruts, primes, épargne salariale, avantages en nature (figure 2). La grande majorité (90,7 %) de ces 22,9 euros est versée aux salariés lors de chaque paie sous forme de rémunération directe, de primes ou encore d'indemnités. Les autres composantes des salaires et traitements bruts ne sont pas versées lors de chaque paie mais peuvent être de périodicité fixe. Elles sont notamment constituées de primes et indemnités (5,1 %) ou encore d'épargne salariale (2,7 %).
tableauFigure 2 - Principales composantes du coût horaire de la main-d'œuvre en 2016
Salaires et traitements | 66,7 |
---|---|
Rémunérations directes, primes et indemnités versées lors de chaque paie* | 90,7 |
Rémunérations directes, primes et indemnités non versées lors de chaque paie* | 5,1 |
Épargne salariale* | 2,7 |
Autres (salaires des apprentis, avantages en nature, jours non ouvrés, etc.) | 1,5 |
Cotisations sociales employeurs | 31,2 |
Formation professionnelle | 1,4 |
Autres dépenses, taxes et impôts, nets de subventions | 0,7 |
- * Hors apprentis.
- Lecture : les dépenses de formation professionnelle représentent 1,4 % de l'ensemble du coût horaire de la main-d'œuvre. Les rémunérations versées lors de chaque paie (hors celles des apprentis) représentent 90,7 % des salaires et traitements.
- Champ : sociétés de 10 salariés ou plus en France hors Mayotte, hors agriculture, activités des ménages en tant qu’employeurs, activités extraterritoriales et défense.
- Source : Insee, Labour Cost Survey 2016 (LCS 2016).
Les cotisations de protection sociale à la charge des employeurs, qu’elles soient légales, conventionnelles ou facultatives, représentent 31,2 % du coût (10,7 euros). Le taux de cotisations, qui rapporte les cotisations sociales patronales aux salaires et traitements, est ainsi de 46,7 %.
Hors salaire et cotisations, le reste du coût annuel s'élève à 0,7 euro, soit 2,1 % du total, et concerne les frais de formation professionnelle, les autres dépenses comme les frais de recrutement, les différentes taxes et impôts sur la masse salariale ou l’emploi de salariés, déduction faite des subventions. Ces subventions allègent le coût horaire de la main-d'œuvre de 1,9 % en 2016. Elles ont fortement augmenté depuis le début de la décennie, avec la mise en place en 2013 du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) pour les rémunérations n’excédant pas 2,5 Smic. Le CICE est en effet comptabilisé comme subvention au bénéfice de l’employeur jusqu'en 2018 (il est transformé en allègement de cotisations à compter de janvier 2019).
Des écarts de coût importants selon le secteur d'activité
Le secteur de l'hébergement et de la restauration (21,8 euros) et celui des activités de services administratifs et de soutien (24,9 euros) présentent des coûts horaires de la main-d'œuvre très inférieurs à la moyenne. À l'inverse, le coût horaire est le plus élevé dans les activités financières et d'assurance (57,9 euros) et la production et distribution d'énergies (49,0 euros).
Ces écarts reflètent notamment des différences de qualification de la main-d'œuvre entre secteurs d'activité qui se retrouvent aussi sur les salaires horaires. Le salaire horaire moyen est ainsi le moins élevé dans l'hébergement et la restauration avec 15,4 euros, tandis qu’il atteint 37,3 euros dans les activités financières et d'assurance.
Cependant, les écarts de coût total sont plus importants que les écarts de salaire du fait notamment de la progressivité globale des cotisations sociales patronales (allègements sur les bas salaires, taux différenciés selon la catégorie du salarié, etc.) et des subventions plus massives dans certains secteurs. Ainsi, les cotisations s'échelonnent de 6,1 euros par heure travaillée dans le secteur de l'hébergement et la restauration à 16,3 euros dans celui des activités financières et d'assurance, ce qui correspond à des taux de cotisation respectifs de 39,6 % et 43,8 %.
Un coût plus élevé dans les grandes sociétés et en Île-de-France
Le coût horaire moyen s’élève à 38,9 euros dans les sociétés de 1 000 salariés ou plus, soit 12,0 euros de plus que dans celles employant 10 à 49 salariés (figure 3). Cet écart de coût horaire moyen selon la taille de la société est très marqué dans l'industrie manufacturière (19,7 euros entre les sociétés de 1 000 salariés ou plus et celles de 10 à 49 salariés) et le transport et entreposage (16,3 euros). Il est plus faible dans les services, notamment dans les activités financières et d'assurance, les activités immobilières ou encore les services administratifs et de soutien (moins de 4 euros). Cet écart est aussi lié aux différences de composition de la main-d'œuvre employée dans les grandes et les plus petites sociétés.
tableauFigure 3 - Coût horaire de la main-d'œuvre selon la taille de la société et les principaux secteurs d'activité en 2016
Coût horaire du travail | Salaires et traitements | Cotisations employeurs | Autres charges* | Subventions (dont CICE) |
|
---|---|---|---|---|---|
10 à 49 salariés | |||||
Industrie | 26,60 | 18,65 | 8,22 | 0,57 | – 0,84 |
Construction | 27,15 | 19,41 | 7,61 | 1,00 | – 0,90 |
Services | 27,21 | 19,26 | 8,17 | 0,84 | – 1,06 |
Ensemble | 26,89 | 19,02 | 8,06 | 0,80 | -0,98 |
50 à 249 salariés | |||||
Industrie | 32,73 | 22,21 | 10,43 | 0,96 | – 0,88 |
Construction | 31,77 | 22,33 | 9,45 | 0,84 | – 0,86 |
Services | 31,91 | 21,52 | 9,64 | 1,50 | – 0,75 |
Ensemble | 31,52 | 21,34 | 9,66 | 1,28 | – 0,76 |
250 à 499 salariés | |||||
Industrie | 36,50 | 24,22 | 12,05 | 1,06 | – 0,84 |
Construction | 39,07 | 27,08 | 11,96 | 1,13 | – 1,09 |
Services | 34,73 | 23,13 | 10,45 | 1,85 | – 0,69 |
Ensemble | 34,44 | 22,98 | 10,63 | 1,54 | – 0,71 |
500 à 999 salariés | |||||
Industrie | 39,62 | 26,49 | 12,61 | 1,33 | – 0,81 |
Construction | 38,87 | 27,07 | 11,40 | 1,27 | – 0,86 |
Services | 37,71 | 24,77 | 11,11 | 2,46 | – 0,64 |
Ensemble | 36,79 | 24,31 | 11,11 | 1,98 | – 0,62 |
1 000 salariés ou plus | |||||
Industrie | 46,12 | 31,67 | 13,84 | 1,35 | – 0,73 |
Construction | 36,53 | 25,23 | 11,07 | 1,15 | – 0,92 |
Services | 38,48 | 24,99 | 12,10 | 1,83 | – 0,44 |
Ensemble | 38,89 | 25,31 | 12,44 | 1,57 | – 0,43 |
- * Les autres charges se composent essentiellement de frais de formation, de frais de recrutement et de taxes et impôts sur l'emploi ou les salaires.
- Lecture : dans les sociétés du secteur de l'industrie de 1 000 salariés ou plus, le coût horaire de la main-d'œuvre en 2016 atteint 46,1 euros, dont 31,7 euros de salaires et traitements.
- Champ : sociétés de 10 salariés ou plus en France hors Mayotte, hors agriculture, activités des ménages en tant qu’employeurs, activités extraterritoriales et défense, y compris apprentis.
- Source : Insee, Labour Cost Survey 2016 (LCS 2016)
graphiqueFigure 3 - Coût horaire de la main-d'œuvre selon la taille de la société et les principaux secteurs d'activité en 2016
En Île-de-France, le coût de la main-d'œuvre est nettement supérieur à celui des autres régions. En moyenne, l'heure de travail y coûte 42,5 euros contre 31,6 euros sur le reste du territoire. Les salaires y sont en effet plus élevés, avec notamment une surreprésentation de postes très qualifiés (implantation des sièges sociaux où travaillent cadres et dirigeants) et de secteurs d'activité où le coût de la main-d'œuvre est généralement élevé.
Dans le secteur marchand, des disparités marquées de coût horaire de la main-d’œuvre en Europe
En 2016, dans les pays de l’Union européenne (UE) à 15 pays, le coût horaire de la main-d’œuvre dans le secteur marchand s’avère très hétérogène, s’échelonnant de 12,8 euros au Portugal à 42,8 euros au Danemark (figure 4). En France, il s’élève à 35,2 euros en 2016, ce qui la place au 5e rang des pays présentant les coûts horaires les plus élevés après le Luxembourg, la Belgique, la Suède et le Danemark mais avant l’Allemagne.
tableauFigure 4 - Coût horaire de la main-d’œuvre dans le secteur marchand en Europe en 2016
Coût horaire | Salaires et traitements bruts |
Autres* | |
---|---|---|---|
Portugal | 12,76 | 10,11 | 2,65 |
Grèce | 15,34 | 11,79 | 3,55 |
Espagne | 20,73 | 15,35 | 5,38 |
UE 28 | 25,62 | 19,66 | 5,96 |
Italie | 26,66 | 19,20 | 7,46 |
Royaume-Uni | 26,66 | 22,39 | 4,27 |
Irlande | 28,95 | 24,52 | 4,43 |
UE 15 | 29,96 | 22,94 | 7,02 |
Autriche | 32,78 | 23,99 | 8,79 |
Allemagne | 33,07 | 26,01 | 7,06 |
Pays-Bas | 33,33 | 25,76 | 7,57 |
Finlande | 34,31 | 26,84 | 7,47 |
France | 35,15 | 24,13 | 11,02 |
Luxembourg | 38,71 | 33,59 | 5,12 |
Belgique | 38,85 | 28,01 | 10,84 |
Suède | 40,77 | 27,58 | 13,19 |
Danemark | 42,84 | 37,16 | 5,68 |
- * Les autres éléments de coût incluent les cotisations sociales patronales, les frais de formation et autres dépenses à la charge de l’employeur ainsi que les impôts et taxes sur l’emploi ou les salaires, nets des subventions.
- Champ : France hors Mayotte, sociétés de 10 salariés ou plus du secteur marchand (sections B à N de la NACE rev. 2), y compris apprentis.
- Source : Insee, Eurostat, Labour Cost Survey (LCS) 2016.
graphiqueFigure 4 - Coût horaire de la main-d’œuvre dans le secteur marchand en Europe en 2016
La part des salaires et traitements bruts dans le coût de la main d’œuvre varie sensiblement selon les pays en fonction de la législation sociale et fiscale mais aussi du mode de financement de la protection sociale. Ainsi, dans l’UE à 15, le coût total de la main-d’œuvre danoise est le plus élevé mais les éléments de coûts s’ajoutant aux salaires et traitements bruts y sont réduits (13,3 % du coût total). Inversement, la part des autres éléments de coûts est élevée en Italie (28,0 %) ou en Espagne (26,0 %) alors que le coût total de la main-d’œuvre y est relativement modéré. Pour la France, ces autres éléments de coût représentent 31,4 % du coût total en 2016, soit un des niveaux les plus forts en Europe après la Suède. Ce niveau a néanmoins diminué depuis 2013 avec la mise en place du CICE puis du Pacte de responsabilité et de solidarité (PRS).
Sources
Les données utilisées sont issues de l’enquête Labour Cost Survey 2016 (LCS 2016), enquête européenne sur le coût de la main-d'œuvre réalisée tous les quatre ans dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. Le champ couvre les établissements appartenant aux sociétés de dix salariés ou plus (au sens unité légale) des secteurs d’activité B à S de la NAF rév. 2, hors défense, en France hors Mayotte.
Définitions
Le coût de la main-d'œuvre comprend l’ensemble des dépenses directement liées à l’emploi de salariés. Il s’agit en premier lieu de la rémunération assimilable à du salaire (salaire brut, primes, avantages en nature, indemnités), y compris l’épargne salariale. Les autres composantes sont principalement les cotisations sociales - obligatoires, conventionnelles ou facultatives - nettes d’exonération à la charge de l’employeur (sécurité sociale, chômage, retraite, prévoyance, indemnités de départ), et les autres charges assises sur les salaires et l’emploi (dépenses de formation professionnelle, taxes et impôts sur l'emploi ou les salaires, frais de recrutement, etc.), nettes de subventions. Pour la fonction publique de l'État, et notamment dans les secteurs de l’enseignement et de l'administration publique, les cotisations sociales à la charge de l'employeur comprennent aussi les contributions patronales imputées au titre de la retraite, qui couvrent conventionnellement les pensions versées aux anciens fonctionnaires (celles-ci n’étant que partiellement financées par les cotisations des fonctionnaires actifs), alors que dans le privé et les autres versants de la fonction publique, seules les cotisations sociales retraite effectives sont prises en compte.
Le coût horaire moyen de la main-d'œuvre est le rapport entre le coût de la main d’œuvre et le total des heures effectivement travaillées (hors congés et absences quelle qu’en soit la raison).
Les effectifs retenus sont constitués des salariés ayant eu un contrat de travail durant l’année, permanent, occasionnel ou saisonnier, à temps partiel ou à temps complet, y compris apprentis. Ces effectifs sont comptés en équivalent temps plein (EQTP) sur l’année, c’est-à-dire au prorata de leur durée d’emploi dans l’année et de leur quotité d’emploi lorsqu’ils sont à temps partiel : un salarié ayant travaillé six mois à mi-temps compte ainsi pour un quart dans les effectifs.
Pour en savoir plus
« Le coût de la main-d’œuvre en 2016 », Insee Résultats, février 2020.
Borey G., Coudin É., Luciani A., « Une comparaison du coût de la main-d'œuvre en Europe : quelle évolution depuis la crise ? », in Les entreprises en France, coll. « Insee Références », édition 2015.