Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'AzurAlpes-de-Haute-Provence – Ralentissement démographique et disparités des dynamiques économiques

Thibaut Farrouch, Benjamin Méreau (Insee)

Avec 162 600 habitants, les Alpes-de-Haute-Provence figurent parmi les trois départements les moins densément peuplés de France. La croissance de la population, qui était soutenue depuis les années soixante, ralentit nettement entre 2011 et 2016. Seul moteur de l'essor démographique, l'excédent migratoire a été divisé par trois par rapport à la période 2006-2011.

L'économie du territoire est portée par les secteurs tertiaires. Les activités touristiques, plus ou moins saisonnières, sont nettement surreprésentées. Le secteur public est un important pourvoyeur d'emplois.

Les deux principales zones d'emplois du département présentent des dynamiques économiques opposées. La zone de Digne-les-Bains a perdu des emplois plus que toute autre zone d'emploi de la région au cours de la dernière décennie. Celle de Manosque bénéficie au contraire de sa proximité avec la métropole Aix-Marseille-Provence. Sa croissance démographique, quoique ralentie, reste marquée et la création d'emplois vigoureuse.

Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 78
Paru le :Paru le05/11/2019
Thibaut Farrouch, Benjamin Méreau (Insee)
Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur No 78- Novembre 2019

Une population concentrée sur l'axe durancien

En 2016, le département des Alpes-de-Haute-Provence compte 162 600 habitants. Cette population est concentrée le long des axes routiers et en particulier de l'A51 qui suit la Durance en reliant Aix-en-Provence à Manosque et Sisteron (figure 1). Le reste du territoire est peu urbanisé : 80 % des sols sont occupés par des forêts et des milieux semi-naturels. En conséquence, la densité de population moyenne du département s'élève à 24 habitants au km², contre 160 hab/km² pour la région, ce qui le positionne comme le 3e département le moins dense de France métropolitaine.

Figure 1Une population localisée autour de l’axe durancienDensité de la population en 2016 (en nombre d’habitant par km²)

Une population localisée autour de l’axe durancien
Code Commune Densité de population
04001 Aiglun 94,8
04004 Allemagne-en-Provence 16
04005 Allons 3,6
04006 Allos 6,4
04007 Angles 6,7
04008 Annot 35,1
04009 Archail 1,2
04012 Aubenas-les-Alpes 12,7
04013 Aubignosc 39,8
04016 Authon 1,4
04017 Auzet 2,8
04018 Banon 24,4
04019 Barcelonnette 159
04020 Barles 2,3
04021 Barras 6,6
04022 Barrême 11,8
04023 Bayons 1,4
04024 Beaujeu 2,9
04025 Beauvezer 13,9
04026 Bellaffaire 11,3
04027 Bevons 20,9
04028 Beynes 3,1
04030 Blieux 1,1
04031 Bras-d'Asse 22
04032 Braux 10,5
04033 Ubaye-Serre-Ponçon 11,7
04034 La Brillanne 158,2
04035 Brunet 9,4
04036 Le Brusquet 43
04037 Le Caire 3,9
04039 Castellane 13,1
04040 Le Castellard-Mélan 2,5
04041 Le Castellet 15,3
04042 Castellet-lès-Sausses 2,5
04043 Val-de-Chalvagne 2,7
04045 Céreste 36,8
04046 Le Chaffaut-Saint-Jurson 19,2
04047 Champtercier 44,7
04049 Château-Arnoux-Saint-Auban 281,5
04050 Châteaufort 2,1
04051 Châteauneuf-Miravail 3,6
04053 Châteauneuf-Val-Saint-Donat 24
04054 Châteauredon 6,8
04055 Chaudon-Norante 4,9
04057 Clamensane 7,3
04058 Claret 12,7
04059 Clumanc 3,9
04061 Colmars 5,7
04062 La Condamine-Châtelard 2,8
04063 Corbières-en-Provence 61,5
04065 Cruis 17,6
04066 Curbans 19,9
04067 Curel 5,5
04068 Dauphin 84,9
04069 Demandolx 6,6
04070 Digne-les-Bains 138,3
04072 Draix 5,1
04073 Enchastrayes 8,9
04074 Entrages 4,7
04075 Entrepierres 8
04076 Entrevaux 14,4
04077 Entrevennes 5,5
04079 L'Escale 68,7
04081 Esparron-de-Verdon 11,9
04084 Estoublon 14,3
04085 Faucon-du-Caire 2,5
04086 Faucon-de-Barcelonnette 17,5
04087 Fontienne 15,8
04088 Forcalquier 116,1
04090 Le Fugeret 6,9
04091 Ganagobie 8,7
04092 La Garde 4,5
04093 Gigors 4,3
04094 Gréoux-les-Bains 37,6
04095 L'Hospitalet 4,7
04096 Jausiers 10,5
04097 La Javie 10,7
04099 Lambruisse 4,5
04101 Lardiers 4
04102 Le Lauzet-Ubaye 3
04104 Limans 17,4
04106 Lurs 17
04107 Majastres 0,1
04108 Malijai 74,7
04109 Mallefougasse-Augès 16,5
04110 Mallemoisson 174,2
04111 Mane 61,7
04112 Manosque 385,5
04113 Marcoux 15
04115 Méailles 3,4
04116 Les Mées 56,6
04118 Melve 8,2
04120 Val d'Oronaye 1,1
04121 Mézel 30,9
04122 Mirabeau 28
04123 Mison 35,2
04124 Montagnac-Montpezat 12,3
04126 Montclar 17,7
04127 Montfort 27,9
04128 Montfuron 11,4
04129 Montjustin 5,6
04130 Montlaux 9,7
04132 Montsalier 5,7
04133 Moriez 6,2
04134 La Motte-du-Caire 20,5
04135 Moustiers-Sainte-Marie 8
04136 La Mure-Argens 9,5
04137 Nibles 3,5
04138 Niozelles 26,1
04139 Noyers-sur-Jabron 9,1
04140 Les Omergues 3,8
04141 Ongles 11,8
04142 Oppedette 5,9
04143 Oraison 154
04144 La Palud-sur-Verdon 4,2
04145 Peipin 111,6
04148 Peyroules 7
04149 Peyruis 123,4
04150 Piégut 16
04151 Pierrerue 44,1
04152 Pierrevert 134,2
04154 Pontis 6
04155 Prads-Haute-Bléone 1,1
04156 Puimichel 6,3
04157 Puimoisson 20,9
04158 Quinson 15,2
04159 Redortiers 1,7
04160 Reillanne 42,9
04161 Méolans-Revel 2,6
04162 Revest-des-Brousses 11,8
04163 Revest-du-Bion 13,1
04164 Revest-Saint-Martin 10,2
04166 Riez 46,2
04167 La Robine-sur-Galabre 6,7
04169 La Rochegiron 3,2
04170 La Rochette 3,6
04171 Rougon 2,9
04172 Roumoules 28,5
04173 Saint-André-les-Alpes 21,2
04174 Saint-Benoît 7,2
04175 Sainte-Croix-à-Lauze 9,9
04176 Sainte-Croix-du-Verdon 8,7
04177 Hautes-Duyes 1,9
04178 Saint-Étienne-les-Orgues 26,3
04179 Saint-Geniez 2,4
04180 Saint-Jacques 15,2
04181 Saint-Jeannet 2,8
04182 Saint-Julien-d'Asse 8
04183 Saint-Julien-du-Verdon 23,6
04184 Saint-Jurs 4,1
04186 Saint-Laurent-du-Verdon 10,9
04187 Saint-Lions 4,5
04188 Saint-Maime 112,8
04189 Saint-Martin-de-Brômes 27,1
04190 Saint-Martin-les-Eaux 12,6
04191 Saint-Martin-lès-Seyne 1,1
04192 Saint-Michel-l'Observatoire 44,6
04193 Saint-Paul-sur-Ubaye 0,9
04194 Saint-Pierre 17,3
04195 Saint-Pons 20
04197 Sainte-Tulle 199,7
04199 Saint-Vincent-sur-Jabron 6,4
04200 Salignac 43,9
04201 Saumane 35,8
04202 Sausses 8,4
04203 Selonnet 15,3
04204 Senez 2,4
04205 Seyne 16
04206 Sigonce 21,5
04207 Sigoyer 6,9
04208 Simiane-la-Rotonde 8,8
04209 Sisteron 146,1
04210 Soleilhas 3,2
04211 Sourribes 9,1
04214 Tartonne 3
04216 Thèze 20,9
04217 Thoard 16,3
04218 Thorame-Basse 2,3
04219 Thorame-Haute 2,2
04220 Les Thuiles 12
04222 Turriers 16,2
04224 Ubraye 2,5
04226 Uvernet-Fours 4,3
04227 Vachères 11,7
04228 Valavoire 2,5
04229 Valbelle 8,4
04230 Valensole 25
04231 Valernes 8,9
04233 Vaumeilh 10,1
04234 Venterol 10,9
04235 Verdaches 2,7
04236 Vergons 2,4
04237 Le Vernet 5,6
04240 Villars-Colmars 6,2
04241 Villemus 19,3
04242 Villeneuve 161,9
04244 Volonne 67
04245 Volx 161,5
  • Source : Insee, recensements de la population 2016

Figure 1Une population localisée autour de l’axe durancienDensité de la population en 2016 (en nombre d’habitant par km²)

  • Source : Insee, recensement de la population 2016

La croissance démographique ralentit

Depuis plus de cinquante ans et jusqu’au début des années 2000, la population des Alpes-de-Haute-Provence avait crû à un rythme élevé, bien supérieur à celui de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et de la France métropolitaine. Cette tendance s'inverse depuis quelques années. Entre 2011 et 2016, la croissance démographique départementale n'est plus que de 0,2 % par an en moyenne (+ 300 personnes supplémentaires chaque année), contre + 0,4 % dans la région (figure 2).

Le solde migratoire est le moteur de la croissance démographique du département. Entre 2006 et 2011, l'excédent migratoire du département était l'un des plus élevés de France ; il faisait augmenter la population de 0,9 % par an en moyenne. Sur la période 2011-2016, la contribution du solde migratoire à la croissance démographique est divisée par trois. Cette baisse importante freine la croissance démographique des Alpes-de-Haute-Provence.

Dans les échanges migratoires avec le reste de la France, le département reste excédentaire pour toutes les catégories d'âge, à l'exception des 18-24 ans (- 320 personnes en 2016). Une partie de cette population quitte le département pour entamer des études supérieures, phénomène qui concerne tous les territoires dépourvus de pôle universitaire.

Figure 2La forte baisse de l’excédent migratoire freine la croissance démographiqueÉvolution annuelle moyenne de la population entre 2006 et 2016 et contribution des soldes naturel et migratoire (en %)

La forte baisse de l’excédent migratoire freine la croissance démographique
Évolution de la population Solde naturel Solde migratoire
Alpes-de-Haute-Provence 2006-2011 0,8 0,0 0,9
Alpes-de-Haute-Provence 2011-2016 0,2 -0,1 0,3
Zone d’emploi de Manosque 2006-2011 1,2 0,0 1,3
Zone d’emploi de Manosque 2011-2016 0,5 0,0 0,5
Zone d’emploi de Digne-les-Bains 2006-2011 0,3 -0,1 0,4
Zone d’emploi de Digne-les-Bains 2011-2016 0,0 -0,2 0,2
Provence-Alpes-Côte d’Azur 2006-2011 0,4 0,3 0,1
Provence-Alpes-Côte d’Azur 2011-2016 0,4 0,2 0,2
  • Note : la somme des contributions des soldes naturel et migratoire peut légèrement différer du total du fait des arrondis.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016

Figure 2La forte baisse de l’excédent migratoire freine la croissance démographiqueÉvolution annuelle moyenne de la population entre 2006 et 2016 et contribution des soldes naturel et migratoire (en %)

  • Note : la somme des contributions des soldes naturel et migratoire peut légèrement différer du total du fait des arrondis.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016

Un département vieillissant

Les Alpes-de-Haute-Provence présentent la part de seniors la plus élevée des départements de la région. En 2016, 33 % des habitants y sont âgés de 60 ans ou plus, contre 28 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur. En outre, la population départementale vieillit plus vite qu'au niveau régional. La moitié de sa population était agée de plus de 45 ans en 2011, contre 47 ans en 2016 (respectivement 42 et 43 ans en Provence-Alpes-Côte d'Azur).

Le vieillissement de la population entraîne une augmentation du nombre de décès. En parallèle, le nombre de naissances diminue sous l'effet de la baisse du nombre de femmes en âge de procréer et du taux de fécondité depuis 2013. En conséquence, le solde naturel du département se dégrade. Il devient même négatif à partir de 2011.

Une économie départementale portée par le tertiaire

Entre 2006 et 2016, l'emploi total a progressé de 0,6 % en moyenne par an, au même rythme que la moyenne régionale. Cette croissance a été essentiellement soutenue par le secteur tertiaire marchand (+ 1,4 %). À l'inverse, sur cette période, l'activité s'est nettement repliée dans la construction, en partie du fait de la baisse d'attractivité du département. Le nombre de permis de construire délivrés est passé de 3 100 à 1 000 et les effectifs du secteur ont diminué de 2,2 % par an, la plus forte baisse de tous les départements de la région.

Comme pour l'ensemble de la région, le secteur tertiaire marchand emploie près d'un salarié sur deux. Les activités touristiques, plus ou moins saisonnières, sont nettement surreprésentées. Elles représentent 8,5 % du niveau annuel moyen de l'emploi départemental contre 4 % en France.

L'économie touristique départementale s'appuie sur une offre d'hébergements très développée. La part des résidences secondaires dans le parc de logements est de 31 % pour le département contre 17 % pour la région, elle-même déjà bien pourvue dans ce domaine. L'offre d'hébergements en campings est également très importante. En conséquence, le nombre de lits touristiques, offerts par l'ensemble des résidences secondaires, des hôtels et des campings, est supérieur au nombre d'habitants dans les Alpes-de-Haute-Provence. Néanmoins, les activités directement liées au tourisme, en particulier l'hôtellerie-restauration, n'ont pas contribué à l'essor de l'emploi tertiaire marchand entre 2006 et 2016. Son dynamisme provient plutôt des services aux entreprises, en particulier des activités de service administratif et de soutien.

Comme pour la plupart des départements ruraux, la fonction publique est un important pourvoyeur d'emplois : un poste sur trois dans les Alpes-de-Haute-Provence contre un sur quatre dans la région. Avec respectivement 13 % et 7 % des emplois du département, l'administration publique et la santé sont surreprésentées. Ainsi, parmi les 10 premiers employeurs du département, 7 sont des employeurs publics.

Bien que l'industrie soit peu développée dans le département, trois établissements font partie des plus gros employeurs : l'Occitane (cosmétique) à Manosque, Sanofi (pharmacie) à Sisteron ou encore Arkema (chimie) à Château-Arnoux-Saint-Auban. L'industrie a plutôt bien résisté à la crise. Entre 2006 et 2016, ses effectifs se sont accrus à un rythme de 0,6 % par an alors qu'ils diminuaient dans presque tous les départements de la région.

Par ailleurs, deux pôles de compétitivité comptent des entreprises implantées dans le département : Capenergie, dans le domaine des énergies renouvelables, et Terralia-Pass (Parfums, arômes, senteurs, saveurs), dans la filière aromatique et cosmétique, notamment la lavande.

Les emplois qualifiés sont moins représentés

Les postes de cadres et professions intellectuelles supérieures ne représentent que 11,1 % des emplois situés dans le département, contre 16,6 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur. À l'inverse, les postes relevant des catégories socioprofessionnelles des employés et des ouvriers sont surreprésentés dans le département, du fait de l'importance du tourisme et des activités de services. En outre, les conditions d'emploi sont un peu plus précaires : 13 % des salariés sont en contrat à durée déterminée (contre 10 % dans la région) tandis que 22 % sont à temps partiel (18 % au niveau régional).

Moins de disparités de revenus

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le revenu disponible médian des ménages est inférieur à celui de l'ensemble de la région. En outre, la répartition des revenus des ménages des Alpes-de-Haute-Provence est moins inégalitaire qu'au niveau régional. Les ménages à hauts revenus sont moins nombreux et le taux de pauvreté départemental est légèrement inférieur (16,4 % contre 17,2 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur). Ainsi, le du revenu disponible n'est que de 3,3 dans les Alpes-de-Haute-Provence contre 3,7 en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Les Alpes-de-Haute-Provence comptant beaucoup de retraités, 36 % du revenu disponible des habitants provient de pensions, de retraites ou de rentes, contre 31 % dans l'ensemble de la région. La part des revenus disponibles tirés du patrimoine est également plus élevée (18 % dans le département, 12 % en région). À l'inverse, les revenus d'activité ne comptent que pour 62 % des revenus disponibles contre 69 % en région.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, 59 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale, soit 5 points de plus que la moyenne régionale. A contrario, ceux qui occupent un logement social sont proportionnellement moins nombreux (8 % contre 12 %). Cet écart s'est réduit depuis 2012 : le nombre de logements sociaux a ainsi progressé de 31 % (+ 2 000 logements).

Le département des Alpes-de-Haute-Provence présente de grandes disparités géographiques, démographiques et économiques. Les de Digne-les-Bains et Manosque, qui rassemblent 91 % de la population départementale, illustrent ces différences.

La zone d'emploi de Digne-les-Bains n'a pas retrouvé son niveau d'emploi d'avant-crise

La zone d'emploi de Digne-les-Bains recouvre la majeure partie de l'est du département. Elle comprend 40 % de la population des Alpes-de-Haute-Provence, soit 63 500 habitants.

Sa croissance démographique est faible depuis 2006 et exclusivement portée par son excédent migratoire. Celui-ci a faibli au cours de la dernière décennie (de + 0,4 % entre 2006 et 2011 à + 0,2 % entre 2011 et 2016). Le solde naturel est déficitaire : il est passé de - 0,1 % sur la première période à - 0,2 % sur la seconde (figure 2).

Après une période de croissance continue de 1998 à 2006, le nombre total d'emplois, salariés et non salariés, localisés dans la zone d'emploi de Digne-les-Bains a baissé de 0,5 % par an en moyenne entre 2006 et 2016. C'est la plus forte baisse des 18 zones d'emploi que compte la région et la zone de Digne-les-Bains n'a pas encore retrouvé son niveau d'emploi d'avant-crise. Sur cette période, le taux de chômage y a progressé de 3,5 points, hausse que l'amélioration conjoncturelle depuis 2017 n'a que partiellement compensée.

Dans ce contexte d'atonie de l'emploi, le secteur public est le premier employeur de la zone avec 38 % des postes. Parmi les principaux employeurs de la zone d'emploi figurent en effet le centre hospitalier de Digne-les-Bains et le Conseil départemental des Alpes-de-Haute-Provence. Le tourisme généré par les activités de montagne, été comme hiver, est un autre moteur de l'activité économique. Il représente 7,6 % de l'emploi total de la zone.

En raison de son caractère montagneux, certains habitants de la zone d'emploi de Digne-les-Bains sont par ailleurs confrontés à des difficultés d'accès aux services. Digne-les-Bains et Sisteron, deux villes situées en vallée, polarisent l'offre de services et regroupent 55 % de la population de la zone d'emploi. Mais un habitant sur quatre demeure à plus de 15 minutes en moyenne des équipements de la . Un habitant sur cinq se trouve à plus de 30 minutes en moyenne des équipements de la gamme de services supérieurs (figure 3).

Le revenu médian de la zone d'emploi de Digne-les-Bains s'élève à 19 300 euros. Il est légèrement inférieur à celui de l'ensemble du département. Par ailleurs, la rudesse du climat engendre des dépenses énergétiques accrues (1 500 euros en moyenne par an contre 980 euros dans la région). Ainsi, plus d'un ménage sur quatre est en situation de ). Ils sont seulement 7,4 % en région.

Figure 3Une offre de services très concentréeTemps d'accès moyen par la route aux services de la gamme supérieure (en minutes) et statut de pôle de services, par commune

  • Lecture : Les habitants d'Oraison ont en moyenne 25 minutes de trajet par la route pour accéder aux équipements de la gamme supérieure. Manosque, Digne-les-Bains et Sisteron sont trois pôles de .
  • Source : Insee, BPE 2018 - Recensement de la population 2016 exploitation principale.

La zone d'emploi de Manosque bénéficie de sa proximité avec la métropole Aix-Marseille-Provence

La zone d'emploi de Manosque recouvre la partie ouest du département. Elle compte 83 500 habitants, soit 51 % de la population départementale. Sa croissance démographique ralentit, mais reste solide (+ 0,5 % entre 2011 et 2016) sous l'effet de l'excédent migratoire.

À l'inverse de la zone de Digne-les-Bains, l'emploi y est très dynamique : + 2,0 % en moyenne annuelle entre 2006 et 2016, la plus forte de toutes les zones d'emploi de la région. Avec l'accroissement de la population active résidente, le taux de chômage y a néanmoins nettement progressé au cours de cette décennie mais le reflux du chômage est depuis lors très marqué. Le taux de chômage, de 2 points supérieur à celui de la zone d'emploi de Digne-les-Bains avant la crise, est aujourd'hui pratiquement au même niveau.

Cette zone bénéficie de l'influence métropolitaine. Des cadres et professions intellectuelles supérieures s'y installent (+ 150 individus en 2016), profitant de sa qualité de vie moins onéreuse tout en restant proche de la métropole d'Aix-Marseille-Provence. En 2016, 38,5 % des cadres résidant dans la zone d'emploi de Manosque travaillent dans celle d'Aix-en-Provence.

La ville de Manosque est le principal pôle d’échange de navetteurs du département (figure 4). Quelque 7 600 salariés viennent y travailler chaque jour, principalement depuis les communes proches, tandis que 2 700 la quittent, en particulier à destination de Saint-Paul-lès-Durance, commune siège du chantier Iter et du centre de Cadarache, ainsi qu’en direction d’Aix-en-Provence.

Ces déplacements quotidiens, effectués quasi exclusivement en voiture, occasionnent des dépenses de carburant importantes, susceptibles de fragiliser le budget des ménages les moins favorisés.

Le tourisme est également présent dans la zone, qui présente une offre d'activités thermales et de soins. L’hôpital Louis Raffail de Manosque et la Chaîne thermale du soleil de Gréoux-les-Bains comptent parmi les principaux employeurs de la zone.

Figure 4D’importants flux de navetteurs autour de ManosqueFlux de navetteurs supérieurs à 100 personnes (en nombre d’individus pondéré)

D’importants flux de navetteurs autour de Manosque
Lieu de résidence Lieu de travail Flux de navetteurs
04001 04070 370
04019 04226 100
04034 04112 118
04036 04070 297
04046 04070 226
04047 04070 234
04049 04070 156
04049 04209 161
04063 04112 235
04070 04001 158
04079 04049 132
04088 04112 160
04094 04112 200
04096 04019 149
04108 04049 100
04108 04070 160
04110 04070 298
04111 04088 116
04112 04197 169
04112 13001 180
04112 13099 861
04113 04070 156
04116 04070 158
04116 04112 158
04121 04070 150
04122 04070 117
04123 04209 141
04143 04070 100
04143 04112 440
04145 04049 100
04145 04209 165
04149 04049 121
04149 04070 101
04152 04112 726
04152 13099 140
04160 04112 165
04188 04112 103
04192 04112 155
04195 04019 151
04197 04112 471
04197 13099 135
04200 04209 110
04209 04049 121
04230 04112 373
04242 04112 639
04244 04049 110
04244 04209 105
04245 04112 485
05061 04209 109
05070 04209 118
13001 04112 172
83113 04112 116
83150 04112 393
84089 04112 144
  • Source : Insee, recensement de la population 2016

Figure 4D’importants flux de navetteurs autour de ManosqueFlux de navetteurs supérieurs à 100 personnes (en nombre d’individus pondéré)

  • Source : Insee, recensement de la population 2016

Définitions

Le revenu disponible d'un ménage comprend les revenus d'activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d'autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs. Le revenu médian est celui au-dessous duquel se situent 50 % des revenus. De même, les déciles sont les valeurs qui partagent la distribution des revenus disponibles en dix parties égales. Le rapport interdécile entre les 10 % les plus riches et les 10 % les moins riches met en évidence l'écart entre le haut et le bas de la distribution des revenus disponibles ; c'est une des mesures de l'inégalité des revenus.

Une zone d'emploi est un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l'essentiel de la main d'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts.

Les équipements et services sont répertoriés dans la base permanente gérée par l’Insee. Ils sont regroupés en trois gammes selon leur fréquence sur leur territoire et la proximité du service rendu. La gamme de proximité est composée de 27 équipements (boulangerie, pharmacie, école élémentaire, etc.), la gamme intermédiaire de 36 (supermarché, laboratoire d'analyse, collège, etc.) et la gamme supérieure de 47 (hypermarché, médecins spécialistes, services d'urgence, lycée, cinéma, etc.). Un pôle de services est une commune qui possède au moins la moitié des équipements d'une gamme donnée.

Un ménage est en situation de vulnérabilité énergétique lorsque ses dépenses théoriquement nécessaires pour chauffer son logement et disposer d’eau chaude rapportées au revenu du ménage dépasse 8,2 %, seuil fixé par convention.

Pour en savoir plus

Bernard J., « Alpes-de-Haute-Provence : un département attractif et âgé, des populations isolées », Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 8, décembre 2014.

Bonnefoy M., Delage V., Samyn S., Winnicki P.,« L'économie du tourisme en Provence-Alpes-Côte-d'Azur », Insee Dossier Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 8, juin 2018.

Méreau B., Sanzeri O., « Vulnérabilité énergétique liée aux logements - Rigueur climatique dans les Alpes, pauvreté sur le littoral », Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 68, mars 2019.