Bilan démographique 2017 : la population normande stoppe sa progression

Au 1^er janvier 2018 la population de la Normandie s’élève à 3 342 467 habitants, soit 5,1 % de la population de la France métropolitaine. En nombre d’habitants, la Normandie se situe au 9^e rang des régions métropolitaines, devant la Bretagne, la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val de Loire et la Corse. La Seine-Maritime est le département le plus peuplé de la région, avec 1 257 009 habitants. Il devance le Calvados (695 818), l’Eure (610 152), la Manche (496 972) et l’Orne (282 516).

Depuis 1990, la population normande n’a pas cessé de progresser d’année en année, à un rythme toutefois moins rapide qu’en France métropolitaine. Cette croissance a fortement ralenti ces dernières années (figure 1). Entre 2010 et 2018, la population normande a ainsi progressé de + 0,1 % par an contre + 0,3 % au cours de la période 2000 / 2010 (figure 2).

Alors que la population en France métropolitaine augmente de 217 000 habitants (+ 0,33 %) en 2017, celle de la Normandie ne progresse plus et perd même 155 habitants au cours de l’année. Cette légère perte s’explique par une nette diminution du solde naturel, divisé par deux en un an (de + 2 670 en 2016 à + 1 342), et par un déficit migratoire qui reste stable (- 1 496).

L’Eure (+ 0,4 %) et le Calvados (+ 0,1 %) sont les deux seuls départements normands dont la population augmente en 2017. Cependant, si la croissance de l’Eure provient d’excédents naturel et migratoire élevés, seul le solde migratoire contribue à la croissance du Calvados, qui est confronté à un léger déficit naturel (figure 3).

À l’opposé, le déclin de population est le plus important dans le département de l’Orne (- 0,5 %), celui-ci cumulant déficits naturel et migratoire.

Le déclin de population est moindre pour la Seine-Maritime (- 0,1 %) et la Manche (- 0,2 %). Mais alors que la population baisse en Seine-Maritime du fait de son important déficit migratoire, le déclin pour la Manche est dû à son solde naturel, qui est le plus bas des départements normands.

Le recul du solde naturel dans la région s’explique principalement par la baisse des naissances (figure 4). En 2017, 34 500 bébés sont nés en Normandie, soit une diminution de 3,4 % par rapport à 2016. Au niveau national, la chute est moins marquée (- 2,1 %).

Cette baisse des naissances est constante depuis 2010 dans les cinq départements normands. Elle s’explique par deux phénomènes, un effet taux de fécondité (le nombre moyen d’enfants des femmes en âge de procréer diminue) et un effet démographique (les femmes en âge de procréer sont moins nombreuses).

En 2017, la diminution des naissances résulte davantage de la baisse de la fécondité que de la baisse du nombre de femmes en âge de procréer, une tendance observée depuis 2013. Ainsi, sur une perte de 1 200 naissances entre 2016 et 2017, 850 proviennent du recul de la fécondité et 350 sont le fait de la baisse du nombre de femmes en âge de procréer (figure 5).

Le nombre de mères potentielles, les femmes de 14 à 49 ans, est en baisse constante depuis 20 ans. Celle-ci est plus marquée en Normandie qu’en France métropolitaine. Ainsi, entre 1998 et 2018, le nombre de femmes de 14 à 49 ans a baissé quatre fois plus dans notre région qu’au niveau national (respectivement - 12,8 % et - 3,3 %). Le déficit migratoire élevé chez les jeunes normands de 20-29 ans contribue à l’importance de la baisse du nombre des femmes en âge de procréer dans la région.

Mais la diminution des naissances provient principalement de celle du nombre moyen d’enfants par femme. En 2017, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est de 1,85 enfant par femme en Normandie (1,88 en France métropolitaine) et se situe en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1). Depuis 2011, l’ICF décline de manière continue, plus rapidement en Normandie qu’en France métropolitaine. Ainsi, l’ICF normand, qui avait toujours été supérieur à celui de la France métropolitaine, devient inférieur à partir de 2014.

La fécondité chez les femmes de plus de 35 ans ne diminue que très légèrement (figure 6). Ce sont les jeunes femmes de 15 à 34 ans qui sont les plus touchées par ce recul de la fécondité. Il s’explique par plusieurs facteurs tels que l’allongement de la durée des études, les familles recomposées plus nombreuses et qui donnent des naissances plus tardivement, ou encore, plus globalement, le souhait des futurs parents d’avoir un logement et/ou une stabilité professionnelle avant de donner naissance. En 2017, l’âge moyen des mères à la naissance est de 30 ans pour la Normandie (30,8 au niveau national), contre 29,8 ans en 2014 et 29,4 ans en 2010.

Au niveau départemental, la Manche et la Seine-Maritime ont un ICF assez similaire à celui de la région. Il est en revanche plus élevé dans l’Eure et l’Orne (1,95 et 1,93) et plus faible pour le Calvados (1,69).

En 2017, 33 170 personnes sont décédées en Normandie, soit 100 de plus qu’en 2016 (+ 0,3 %). La hausse des décès est plus forte en France métropolitaine (+ 1,5 %).

Le Calvados et l’Eure sont les départements normands les plus touchés par la hausse des décès (+ 2,5 % et + 1,8 %), leur nombre restant quasiment stable en Seine-Maritime (+ 0,2 %). Dans l’Orne et la Manche, le nombre de décès a diminué respectivement de 1,7 % et de 2,2 %. Cette diminution en 2017 peut s’expliquer par le pic de mortalité que l’Orne et la Manche ont connu l’année précédente, avec une hausse de 2,3 % de leurs décès, une hausse qui n’avait pas touché les autres départements normands.

Le vieillissement de la population, qui est dû en partie à l’arrivée des générations du baby boom à des âges avancés, est la principale cause de l’évolution des décès. Le taux de mortalité dans la région est de 9,9 ‰, légèrement supérieur à celui observé en France métropolitaine (9,1 ‰). Depuis la hausse de 2015 causée par l’épidémie de grippe, ce taux est resté assez stable (figure 7).

En Normandie, les personnes âgées de plus de 65 ans représentent 21 % de la population, une part supérieure de 1,2 point à celle de la France métropolitaine et qui augmente d’année en année du fait de l’avancée en âge des générations du baby boom et de l’allongement de l’espérance de vie. Cette part est particulièrement importante dans les départements ruraux de l’Orne (25,6 %) et la Manche (24,3 %).

La population vieillit également plus rapidement en Normandie qu’en France métropolitaine. Depuis 2000, la part des 65 ans ou plus a ainsi augmenté de 5,1 points dans la région contre 3,8 points en France métropolitaine (figure 8). Depuis 2003, la part des plus de 65 ans parmi la population normande a même dépassé la part nationale et l’écart ne cesse de se creuser.

La part des moins de 20 ans (24,2 %) est, quant à elle, similaire à celle du niveau national (24,1 %). Mais cette part se réduit progressivement et plus rapidement dans la région. En 1990, l’écart entre la part des jeunes en Normandie et celle en France métropolitaine est de 2,1 points en faveur de la région. En 2000, cet écart se réduit à 1,4 point et n’est plus que de 0,5 point en 2010. En 2018, la part des jeunes de moins de 20 ans en Normandie est descendue au niveau de celle de France métropolitaine. Avec des parts de moins de 20 ans de respectivement 25,9 % et 24,7 %, l’Eure et la Seine-Maritime sont les deux départements les plus jeunes de Normandie.

Les migrations de population participent également au vieillissement de la région. Le déficit migratoire est particulièrement important parmi les jeunes de 18 à 29 ans, qu’ils soient étudiants ou actifs. Il s’explique à la fois par le manque d’attractivité de la Normandie pour les jeunes des autre régions et, à l’inverse, par la forte attractivité des régions voisines, en particulier l’Île-de-France, auprès des jeunes Normands. Cette spécificité normande, couplée à un excédent migratoire parmi les seniors de 60 ou plus, accentue la réduction de la part des jeunes et donc le vieillissement de la population normande.

L’âge moyen des normands est désormais de 41,6 ans, soit 0,7 an de plus que l’âge moyen en France métropolitaine. De 1975 à 2005, l’âge moyen des normands était pourtant inférieur à l’âge moyen national, le dépassement intervenant en 2006. Cet âge moyen présente localement quelques disparités, il est en effet plus élevé dans l’Orne (44,5 ans) et la Manche (43,9 ans) que dans les autres départements normands.

En 2017, l’espérance de vie à la naissance en Normandie est de 78,2 ans pour les hommes et 84,8 ans pour les femmes, une espérance plus faible qu’en France métropolitaine (79,5 ans et 85,4 ans), mais stable par rapport à 2016, pour les hommes (+ 0,1 an) ainsi que pour les femmes. À l’exception de quelques déclins conjoncturels comme en 2012 et 2015, suite aux épidémies de grippe ayant entraîné une surmortalité au cours de ces années, l’espérance de vie à la naissance était, depuis plusieurs années, à la hausse (figure 9).

Sur les dix dernières années, le gain d’espérance de vie dans la région s’élève à 1,9 an pour les hommes et 0,9 an pour les femmes, contre + 2,1 ans et + 1,0 an au niveau national. L’espérance de vie à la naissance reste un peu plus faible dans la Seine-Maritime et l’Eure que dans les trois autres départements normands.

En 2016 ¹ , le nombre d’unions décline en Normandie. 11 940 mariages sont célébrés, soit une baisse de 4,3 % par rapport à l’année précédente. Ce déclin des mariages dans la région est nettement supérieur à celui constaté en France métropolitaine (- 1,6 %). Comme en 2015, sept mariages sur dix concernent des couples de primo-mariés, une proportion qui reste identique au niveau national, et 2,7 % des mariages sont célébrés entre personnes de même sexe, une part légèrement inférieure à celle observée au niveau national (3,1 %).

En 2016, les pactes civils de solidarité (Pacs) représentent 43,9 % des unions en Normandie. La même année, 9 360 pactes sont contractualisés dans la région, en baisse de 1,8 % par rapport à 2015. Cette diminution du nombre de Pacs inverse la tendance. En effet, depuis 2001, leur nombre n’a cessé d’augmenter, à l’exception des années 2011 et 2012 au cours desquelles il a décliné, du fait d’un changement de réglementation fiscale.

À l’inverse des unions, les ruptures s’envolent en Normandie (figure 10). Ainsi, après avoir baissé durant quatre années consécutives, le nombre de divorces augmente fortement en 2016, avec 6 124 divorces prononcés, soit une hausse de 8,6 % par rapport à 2015. Cette hausse est nettement plus importante qu’en France métropolitaine (+ 3,3 %).

Les ruptures de Pacs, qui peuvent résulter d’une séparation, d’un décès ou d’un mariage de pacsés, continuent également de progresser. En 2016, 4 300 ruptures de Pacs ont ainsi été comptabilisées en Normandie, soit une hausse de 8,6 %, de deux points supérieure à celle observée en France métropolitaine.

1: Données 2017 non disponibles à ce jour pour les mariages, les Pacs et les divorces.