Versailles-Saclay : un emploi sur dix dans la conception-recherche, deux fois plus qu’en Île-de-France

Le bassin de Versailles-Saclay comprend 420 000 emplois et englobe la plupart des grands pôles d’emploi du sud-ouest francilien : Saint-Quentin-en-Yvelines, Massy, Versailles, Vélizy-Villacoublay et le plateau de Saclay (Les politiques régionales de l'emploi s’appuient sur un maillage en bassins). Ce territoire, polarisé autour du plateau de Saclay, joue un rôle stratégique pour la Région. Il a vocation à devenir un campus scientifique et technologique de rayonnement international grâce aux synergies entre la recherche publique, le monde économique et l’université. Une première analyse a permis de mettre en évidence la forte spécialisation de son tissu productif dans les activités techniques et de recherche. Ce deuxième volet propose en complément une analyse fonctionnelle des métiers présents sur ce territoire (pour comprendre).

En effet, croiser les fonctions remplies par les métiers et les secteurs d’activité dans lesquels ils s’exercent, permet d’approfondir la connaissance du profil économique d’un territoire et de mieux cerner les emplois liés à la recherche et l’innovation. Dans l’industrie automobile par exemple, l’analyse fonctionnelle montre que les emplois du secteur sont fortement orientés vers la conception-recherche, avec la présence des centres R&D de PSA et Renault, alors qu’ils relèvent davantage de la fabrication à Seine Aval, autre territoire francilien spécialisé dans l’industrie automobile.

Pour mieux illustrer ses spécificités, le bassin est comparé à un référentiel composé de six grands territoires également spécialisés dans la conception-recherche : les métropoles de Toulouse et Grenoble, la communauté d’agglomération de Sophia-Antipolis et trois établissements publics territoriaux (EPT) de la métropole du Grand Paris : Paris Ouest La Défense, Grand Paris Seine Ouest et Vallée Sud Grand Paris.

Les emplois de conception-recherche sont une spécificité du bassin de Versailles-Saclay : de l’ordre de 45 000 en 2014, ils représentent 10,5 % des emplois du territoire (figure 1). La part de la conception-recherche dans l’ensemble des emplois y est quatre fois plus importante qu’en France métropolitaine, contre trois fois plus dans le référentiel. Les prestations intellectuelles (7,4 % des emplois) et le commerce interentreprises (6,4 %) constituent également des fonctions spécifiques au territoire.

En 1982, ce territoire était déjà fortement spécialisé dans la fonction conception-recherche (avec une part de ces emplois cinq fois plus élevée qu’en France métropolitaine) et, dans une moindre mesure, dans les prestations intellectuelles, le commerce interentreprises et l’administration publique (figure 2). Ses spécificités ont donc relativement peu évolué entre 1982 et 2014. La conception-recherche a perdu un peu de terrain, en se maintenant toutefois à un niveau important, tandis que la spécificité dans l’administration publique a disparu.

Entre 1982 et 2014, les emplois des prestations intellectuelles s’y sont fortement développés (+ 4 % en moyenne par an), sans toutefois se différencier du référentiel. La part de ces emplois y a plus que doublé en trente ans, en lien avec les mutations économiques affectant une partie des informaticiens passant de la conception-recherche aux prestations intellectuelles (pour comprendre).

Enfin, les emplois de la conception-recherche ont augmenté moins rapidement sur cette période que dans le référentiel (+ 1,9 % par an contre + 2,5 %). Cette plus faible progression s’explique en partie par une implantation antérieure à 1982 de grands centres de recherche.

Du fait de sa spécialisation dans la conception-recherche, le bassin de Versailles-Saclay représente un pôle important de l’Île-de-France (figure 3) dans ce domaine, dans le prolongement du cœur métropolitain (Paris, La Défense, Issy-Boulogne). Il forme en effet le premier pôle francilien de conception-recherche en grande couronne, loin devant les bassins d’emploi de Porte Sud du Grand Paris (Évry-Sénart) et de Seine Aval, qui comptent chacun près de 9 000 emplois de cette fonction.

Alors qu’au cœur de la métropole, les emplois de conception-recherche sont principalement présents dans le secteur de la programmation, conseil et autres activités informatiques, ils sont plus diversifiés dans le bassin de Versailles-Saclay : un emploi sur deux du bassin relève de la recherche et développement (R&D) scientifique, de l’industrie automobile ou encore de la « fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques » incluant les systèmes embarqués (Données complémentaires).

Dans le bassin, les emplois de conception-recherche se trouvent d'abord dans le secteur de la R&D scientifique dont ils représentent six emplois sur dix, soit 9 000 emplois (cinq emplois sur dix dans le référentiel). La R&D scientifique est prépondérante à Saclay, Gif-sur-Yvette, Palaiseau et Orsay, où sont localisés de grands établissements comme le CEA, le CNRS, l’Onera, les centres R&D de Danone et d’EDF... Elle est également bien implantée à Jouy-en-Josas, Chilly-Mazarin, Saint-Aubin et Versailles.

Le territoire se démarque encore plus dans le secteur automobile où un emploi sur deux relève de la conception-recherche (plus de 6 000 emplois) contre trois sur dix en Île-de-France, comme dans le territoire de référence. L’implantation des deux principaux centres de recherche automobile français à Guyancourt (Technocentre Renault) et Vélizy-Villacoublay (centre R&D de PSA) font de l’industrie automobile le secteur dominant dans l’emploi de conception-recherche de ces deux communes. Ce constat est plus marqué à Guyancourt (60 %) qu’à Vélizy-Villacoublay (22 %) où le tissu productif est plus diversifié.

Les emplois de conception-recherche relèvent également de la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques dans huit communes, situées à l’est (Safran et Thales à Massy), mais aussi à l’ouest (Thales et Airbus à Élancourt, Zodiac à Plaisir). Plus de 6 000 emplois sont concernés.

En dehors de ces trois secteurs majeurs, les activités « d’architecture et d’ingénierie ; contrôle et analyses techniques » (Assystem, Areva, Segula Technologies) et de « la programmation, conseil et autres activités informatiques » participent à hauteur de 20 % à la conception-recherche du territoire. Ce deuxième secteur emploie 4 500 personnes en conception-recherche, mais en moindre proportion que dans le territoire de référence.

Les professionnels de la construction et du génie civil participent également du potentiel d’innovation. Ainsi, 13 % des actifs de la construction de bâtiment et 22 % de ceux du génie civil occupent des métiers de prestations intellectuelles tels qu’ingénieur d’études.

Dans le bassin de Versailles-Saclay, le profil des actifs travaillant dans la conception-recherche se démarque de celui de l’Île-de-France ou du référentiel. En lien avec une plus grande diversité sectorielle, les métiers de conception-recherche exercés dans ce territoire sont plus variés. Ils concernent, outre les informaticiens, les professions de la mécanique et travail des métaux, de la recherche publique et de l’électricité-électronique alors que les ingénieurs et cadres d’étude, recherche et développement en informatique représentent, à eux seuls, un emploi sur deux dans le référentiel comme en Île-de-France (figure 4).

Parmi les métiers de conception-recherche, les cadres sont un peu moins nombreux (85 %) qu’en Île-de-France ou dans le référentiel (90 %). En effet, les professions intermédiaires comme les dessinateurs, les techniciens dans la mécanique ou le travail des métaux ou les techniciens de laboratoire dans la recherche publique y sont davantage représentés en lien avec les activités du territoire (Données complémentaires).

Ensuite, ces actifs sont un peu moins jeunes. Ainsi, 65 % d’entre eux ont moins de 45 ans contre 70 % dans l’ensemble de la région, alors que dans l’emploi total cette proportion est la même dans le bassin et en Île-de-France.

Enfin, les actifs étrangers travaillant dans la conception-recherche, comme dans l’ensemble de l’emploi, sont moins présents dans le bassin qu’en Île-de-France (7 % contre 9 %). Contrairement à la région, ils viennent plus souvent des pays de l’Union européenne que du continent africain.

Le potentiel d’innovation du bassin de Versailles-Saclay est aussi porté par ses habitants. Entre 2013 et 2015, 3 200 inventeurs résidant dans ce territoire ont signé ou co-signé une demande de brevet, soit 0,9 % des actifs occupés contre 0,4 % en Île-de-France.

Le plus souvent, ces brevets ne sont pas déposés directement par des particuliers, mais par des entreprises ou des organismes publics qui disposent de grands sites R&D sur le territoire (Renault, PSA, Nokia, Valeo, Thales, Air Liquide, CNRS, CEA...). La majorité de ces entreprises figure régulièrement parmi les dix principaux déposants de brevets en France auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Une minorité des brevets ont été déposés par des acteurs publics, dont un tiers dans le cadre d’un partenariat public-privé. Une part importante des inventions relève des domaines dit « émergents » : les dépôts de brevets sont dominants dans le secteur des technologies de l’information et de la communication et, dans une moindre mesure, dans la lutte contre le changement climatique et les transports.

Pour participer à la course mondiale de l’innovation, les centres de recherche implantés sur le territoire travaillent en synergie avec les universités et les grandes écoles. La COMUE Université Paris-Saclay, qui rayonne au-delà du bassin de Versailles-Saclay, est le deuxième pôle de recherche universitaire francilienne avec 5 000 doctorants, soit 18 % du total francilien en 2016-2017, derrière Paris qui en regroupe 65 %. Dans le paysage de la recherche francilienne, le bassin se distingue par un poids élevé dans trois disciplines : les sciences agronomiques et écologiques (49 % des doctorants franciliens inscrits dans cette discipline), la physique (48 %) et les sciences et technologies de l’information et de la communication (41 %). Dans le cadre du programme « Smart Région Initiative », la Région continue de soutenir à Paris-Saclay des pôles de recherche sur l’intelligence artificielle, des projets sur l'usine de demain (smart manufacturing) et dans le domaine de la santé.