Recul du nombre d’électeurs en 2018
Au 1er mars 2018, selon les données provisoires, 45,5 millions de Français sont inscrits sur les listes électorales en France. Au cours de l’année, le nombre d’électeurs a diminué en moyenne de 0,7 % ; seuls les départements d’outre-mer de Mayotte, de Guyane et de La Réunion enregistrent une hausse de leur électorat.
Après une forte mobilisation des électeurs, qui avait conduit à une hausse significative du nombre d’électeurs en 2016, l’année 2017 marque donc un recul du nombre d’inscrits sur les listes électorales. Ce constat est similaire à celui enregistré suite au scrutin présidentiel de 2012, mais légèrement plus marqué en 2017. Le nombre d’électeurs radiés à l’initiative des communes est à un haut niveau, probablement dans la perspective de la mise en place du répertoire électoral unique (REU) prévu en 2019.
45,5 millions d’électeurs au 1er mars 2018
Au 1er mars 2018, selon les données provisoires, 45,5 millions de Français sont inscrits sur les listes électorales en France, soit près de 88 % de la population en âge de voter. Au cours de l’année 2017, le nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales françaises a diminué d’environ 300 000 personnes, un recul de 0,7 % (figure 1). Ce recul succède à une augmentation enregistrée lors de la révision électorale annuelle précédente : au 1er mars 2017, le nombre d’électeurs avait en effet augmenté de 1,8 % en un an (+ 824 000 électeurs). Une telle inflexion avait également été enregistrée suite aux élections présidentielle et législatives de 2012, mais elle était un peu plus faible (– 279 000 en 2013 contre – 306 000 en 2018).
La tenue d’élections explique ces retournements. En 2017, deux scrutins nationaux majeurs étaient inscrits au calendrier électoral, à savoir une élection présidentielle et des élections législatives. De part leur nature, ces élections ont eu un effet mobilisateur important sur l’électorat au cours de l’année 2016. En 2018, en revanche, aucun scrutin national n’étant prévu, la mobilisation a été nettement moindre. Cela se concrétise notamment par une chute du nombre d’électeurs ayant changé de lieu d’inscription (408 000 en 2017 contre 2,6 millions en 2016). Les électeurs ayant déménagé sont ainsi parfois radiés des listes par leur commune de résidence antérieure (402 000 radiations à l’initiative des communes en 2017) sans être réinscrits sur une nouvelle liste.
graphiqueFigure 1 – Bilan de la révision électorale 2017-2018
Seuls les départements d’outre-mer enregistrent une progression de leur électorat
Dans toutes les régions métropolitaines, le nombre d’électeurs diminue ou au mieux reste stable (figure 2) ; cette baisse étant plus marqué en Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté (– 1,3 % dans chacune de ces régions). Les seuls territoires qui enregistrent une augmentation du nombre d’électeurs sont les départements ultramarins de Mayotte (+ 2,9 %), de la Guyane (+ 2,4 %) et de La Réunion (+ 1,2 %).
tableauFigure 2 – Évolution du nombre d'électeurs par région entre le 1er mars 2017 et le 1er mars 2018
Évolution du 01/03/2017 au 01/03/2018 en nombre | Évolution du 01/03/2017 au 01/03/2018 en % | Nombre d'électeurs au 1er mars 2018 | |
---|---|---|---|
Auvergne-Rhône-Alpes | - 68 000 | - 1,3 | 5 305 000 |
Bourgogne-Franche-Comté | - 26 000 | - 1,3 | 1 967 000 |
Bretagne | - 16 000 | - 0,7 | 2 436 000 |
Centre-Val de Loire | - 16 000 | - 0,9 | 1 799 000 |
Corse | 0 | 0,0 | 224 000 |
Antilles-Guyane | + 2 000 | + 0,3 | 670 000 |
dont : | |||
Martinique | 0 | 0,0 | 297 000 |
Guadeloupe | 0 | 0,0 | 288 000 |
Guyane | + 2 000 | + 2,4 | 85 000 |
Grand Est | - 22 000 | - 0,6 | 3 856 000 |
Hauts-de-France | - 28 000 | - 0,7 | 4 231 000 |
Île-de-France | - 13 000 | - 0,2 | 7 206 000 |
dont : | |||
Paris | - 5 000 | - 0,4 | 1 352 000 |
Normandie | - 25 000 | - 1,0 | 2 377 000 |
Nouvelle-Aquitaine | - 41 000 | - 0,9 | 4 281 000 |
Occitanie | - 23 000 | - 0,6 | 4 155 000 |
Pays de la Loire | - 8 000 | - 0,3 | 2 687 000 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | - 31 000 | - 0,9 | 3 576 000 |
La Réunion et Mayotte | + 9 000 | + 1,3 | 678 000 |
dont : | |||
Mayotte | + 2 000 | + 2,9 | 70 000 |
La Réunion | + 7 000 | + 1,2 | 608 000 |
- Note : les données de la révision 2017-2018 sont provisoires.
- Champ : France.
- Source : Insee, fichier électoral.
graphiqueFigure 2 – Évolution du nombre d'électeurs par région entre le 1ᵉʳ mars 2017 et le 1ᵉʳ mars 2018
Moins d’inscriptions, plus de radiations en 2017
Courant 2017, beaucoup moins d’inscriptions ont été enregistrées qu’en 2016 (590 000 en 2017 contre 1,6 million en 2016). Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. L’absence d’élections en 2018, déjà évoquée plus haut, n’a pas encouragé les électeurs à s’inscrire pour la première fois ou à se réinscrire après une période de non-inscription : seuls 41 000 électeurs se sont réinscrits en 2017 alors qu’ils étaient 470 000 en 2016. L’année 2017 n’est pas une exception, le constat étant similaire en 2013 : les années succédant un scrutin présidentiel marquent un recul du nombre de ces inscriptions.
Le nombre d’électeurs atteignant l’âge de voter est aussi en recul par rapport à la révision électorale précédente. Cela est dû aux calendriers électoraux. En 2017, tous les jeunes atteignant l’âge de 18 ans la veille du scrutin des législatives, soit le 10 juin 2017, ont ainsi pu être inscrits sur les listes électorales de 2017. En revanche, en 2018, ne pouvaient être nouvellement inscrits que les jeunes atteignant l’âge de 18 ans entre la date du dernier scrutin (11 juin 2017) et le dernier jour de février 2018. La période de référence pour ces nouveaux inscrits n’était donc que de 9 mois pour cette révision (contre 15 mois pour la précédente).
À l’opposé, il y a eu plus de radiations en 2017 qu’en 2016 (896 000 en 2017, contre 782 000 en 2016). Le nombre d’électeurs décédés ou ayant perdu leur droit de vote étant quasiment stable d’une année sur l’autre, c’est le nombre de radiations à l’initiative des communes qui a augmenté. Ce nombre a ainsi doublé entre 2016 et 2017 : 402 000 radiations ont été opérées en 2017, contre 265 000 en 2016. Les communes ont apparemment profité de l’absence de scrutin pour procéder à une actualisation de leurs listes électorales, probablement en prévision de la mise en place du nouveau répertoire électoral unique (encadré), institué par la loi n° 2016-1048 du 1er août 2016 rénovant la gestion du processus électoral, qui sera effectif au 1er janvier 2019.
Le répertoire électoral unique (REU)
La loi n° 2016-1048 du 1er août 2016 rénovant les modalités d'inscription sur les listes électorales modifie le code électoral. En particulier, l’article L16, dans sa version future, précise que « la liste électorale est extraite d’un répertoire électoral unique et permanent. Ce répertoire est tenu par l'Institut national de la statistique et des études économiques aux seules fins de gestion du processus électoral ». C’est lors du scrutin des élections européennes que les listes électorales communales seront extraites pour la première fois du répertoire électoral unique.
Sources
Conformément à la loi n° 46-1889 du 28 août 1946, reprise dans l'article L37 du code électoral, l'Insee est chargé de la tenue du fichier électoral. Ce fichier permet, à partir des informations relatives aux pertes de capacités électorales communiquées par les organismes compétents ainsi que des informations reçues des communes, d'assurer un contrôle des listes électorales et d'en permettre leur mise à jour.
L'étude porte sur les Français inscrits dans le fichier électoral dans une commune française, hors collectivités d'outre-mer. Les électeurs européens qui peuvent participer aux élections municipales et européennes sont exclus de cette étude.
Pour en savoir plus
Durier S., Touré G., « Élections de 2017 : 6,5 % des citoyens ont fait une démarche volontaire pour s'inscrire », Insee Focus n° 80, mars 2017.
Escapa C., Hervy C., Merlen R., « Bilan d'une révision électorale 2015-2016 en deux étapes », Insee Focus n° 57, mars 2016.