300 000 emplois industriels au 1er janvier 2017
Avec 301 700 emplois au 1er janvier 2017, l’industrie est encore très présente dans les Hauts-de-France. Quelques secteurs restent bien représentés tels l’agroalimentaire, la métallurgie et la fabrication de produits métalliques ou encore la fabrication de matériels de transport, la région occupant même une position de leader dans certaines activités. Néanmoins, dans la majorité des espaces et des secteurs, les effectifs employés sont en nette diminution sur les trente dernières années.
Un emploi industriel encore très présent
Dans le Nord de la France, l’industrie a permis le développement économique de nombreux territoires. Le système productif issu de la révolution industrielle s’est toutefois essoufflé dans la plupart de ces espaces à partir des années 1970. Entre 1989 et 2016, le nombre de salariés de l’industrie dans les Hauts-de-France a ainsi chuté de 43 % (figure 1). Pourtant, la région dispose de véritables atouts pour se maintenir à la pointe dans de nombreuses activités.
tableauFigure 1 – Une baisse continue de l'emploi industriel dans les Hauts-de-FranceÉvolution de l'emploi industriel entre 1989 et 2016 (indice base 100 en 1989)
Emploi industriel salarié | Emploi industriel non salarié | |
---|---|---|
1989 | 100 | 100 |
1990 | 98,9 | 97,6 |
1991 | 95,7 | 93,8 |
1992 | 93,1 | 90,7 |
1993 | 88,8 | 85,9 |
1994 | 88,3 | 86,3 |
1995 | 87,8 | 85,7 |
1996 | 86,0 | 82,7 |
1997 | 86,1 | 81,0 |
1998 | 85,8 | 79,6 |
1999 | 84,8 | 78,9 |
2000 | 86,6 | 78,7 |
2001 | 86,1 | 78,3 |
2002 | 84,1 | 77,5 |
2003 | 81,7 | 76,3 |
2004 | 78,8 | 75,6 |
2005 | 76,3 | 77,8 |
2006 | 74,1 | 79,1 |
2007 | 72,6 | 77,0 |
2008 | 70,5 | 77,8 |
2009 | 66,3 | 74,4 |
2010 | 64,1 | 76,6 |
2011 | 63,2 | 78,3 |
2012 | 62,0 | 81,7 |
2013 | 60,9 | 83,3 |
2014 | 59,7 | 82,5 |
2015 (p) | 58,5 | 81,1 |
2016 (p) | 57,4 | 79,1 |
- Source : Insee, estimations d'emploi localisées.
graphiqueFigure 1 – Une baisse continue de l'emploi industriel dans les Hauts-de-FranceÉvolution de l'emploi industriel entre 1989 et 2016 (indice base 100 en 1989)
Au 1er janvier 2017, l’industrie en Hauts-de-France emploie 301 700 personnes, soit 9,5 % de l’emploi industriel de France métropolitaine, plaçant la région au 4e rang derrière Grand Est, Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes se situant en tête. Les effectifs industriels restent surreprésentés dans l’emploi régional total : 13,3 % contre 11,5 % pour la France métropolitaine. L’emploi industriel dans les Hauts-de-France se caractérise surtout par le poids du salariat qui représente 97,1 % des effectifs (1,6 point de plus que la moyenne métropolitaine), soit 293 000 emplois. Cela s’explique par le poids historique et prépondérant des grands établissements dans la région : 42,2 % des salariés sont employés dans un établissement de plus de 100 salariés (soit 2 points de plus qu’en France métropolitaine). Au regard de la valeur ajoutée, l’industrie, qui constituait le principal moteur économique de la région il y a un demi-siècle, ne représente plus qu’une part similaire à celle observée dans l’ensemble des autres régions de province en avoisinant 17 % en 2014. Une large part de l’activité est portée par des géants de l’industrie nationale, voire mondiale, très présents dans la région.
Des secteurs stratégiques pour la région
Certains secteurs demeurent en effet à la pointe de la production nationale. Au 1er janvier 2017, l’industrie agroalimentaire emploie ainsi 51 000 actifs. Elle bénéficie de l’implantation de leaders tels que Roquette Frères (Lestrem), Bonduelle (Estrée-Mons) ou Mc Cain (Harnes). Les Hauts-de-France possèdent en effet des atouts susceptibles d’attirer les investisseurs : spécificités agricoles de la région (avec le premier port de pêche national, Boulogne-sur-Mer), savoir-faire reconnu (dans la transformation et la conservation de fruits et légumes par exemple) ainsi que trois pôles de compétitivité visant à renforcer les entreprises de la filière (Aquimer, Agro-ressources et Nutrition Santé Longévité).
De la même manière, la métallurgie et la fabrication de produits métalliques demeurent, malgré la crise, un secteur stratégique pour la région qui y emploie près de 41 000 salariés, soit 10,9 % des salariés nationaux. Aux côtés des grands établissements de la sidérurgie, le secteur est marqué par la prépondérance des PME. Néanmoins, EJ Picardie et Le Creuset emploient chacun plus de 500 salariés.
La fabrication de produits en caoutchouc, en plastique ainsi que des autres produits minéraux non métalliques place la région au 2e rang de province avec ses 35 100 salariés, et en première ligne pour la fabrication de verre creux (avec Arc International à Arques mais également le flaconnage de luxe avec Saverglass dans l’Oise).
Le positionnement est identique pour la fabrication de matériels de transports (filière automobile, ferroviaire, aéronautique, etc.) qui constitue également un levier de l’industrie régionale. Elle mobilise 33 100 salariés, soit près de 9,6 % des salariés nationaux. De surcroît, la région reste le leader incontesté dans la construction ferroviaire en employant près de 30 % des salariés nationaux.
L’industrie chimique n’est pas en reste, avec 17 500 salariés, soit 12,6 % du total national. La fabrication de peinture, vernis, encres et mastics offre à la région une position de leader national. Son implantation concerne surtout le sud de l’Oise où BASF Coatings, AkzoNobel et Flint Group se sont installés.
Enfin, en dépit d’une crise majeure, le secteur du textile (à la dimension historique dans la région mais désormais tourné vers les fibres textiles de pointe), de l’habillement, du cuir et de la chaussure, continue d’employer plus de 12 900 salariés.
Des effectifs en recul dans une majorité de secteurs et d’espaces
La désindustrialisation des Hauts-de-France revêt un caractère géographique et structurel. En effet, toutes les zones d’emploi et la plupart des secteurs industriels (exception faite des industries pharmaceutique et extractive) sont touchés. Entre 1989 et 2016, la région est passée de 510 300 salariés (29 % des salariés) dans l’industrie à 293 000 (14,5 %). Les secteurs les plus affectés sont la fabrication de textiles, les industries de l’habillement, du cuir et de la chaussure (- 70 500 salariés, soit - 85 %), le travail du bois, les industries du papier et l’imprimerie (- 22 400 salariés, soit - 58 %) ainsi que la fabrication de machines et d’équipements (- 17 500 salariés, soit - 55 %). Les pertes sont plus limitées dans d’autres secteurs tels que la fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac (- 15 100 salariés, soit - 23 %). Au regard des zones d’emploi, les pertes d’emploi industriel entre 2006 et 2015 paraissent tout aussi contrastées : - 35 % pour la zone d’emploi de Roissy-Sud Picardie, - 34 % pour celle de Soissons, - 28 % pour celle de Lens-Hénin contre - 1 % en Thiérache ou dans la zone d’emploi de Berck-Montreuil (figure 2).
tableauFigure 2 – Aucune zone d'emploi n'est épargnée par le recul des effectifs industrielsÉvolution des emplois salariés de l'industrie entre 2006 et 2015 par zone d'emploi
Zone d'emploi | Évolution de l'emploi salarié |
---|---|
Abbeville | -16,5 |
Amiens | -22,0 |
Arras | -16,0 |
Beauvais | -18,5 |
Berck-Montreuil | -1,2 |
Béthune-Bruay | -24,0 |
Boulogne-sur-Mer | -12,8 |
Calais | -30,9 |
Cambrai | -24,0 |
Château-Thierry | -12,4 |
Compiègne | -27,6 |
Douai | -25,0 |
Dunkerque | -14,8 |
La Flandre-Lys | -23,5 |
La Thiérache | -1,4 |
La Vallée de la Bresle-Vimeu | -21,2 |
Laon | -27,1 |
Lens-Hénin | -28,1 |
Lille | -24,8 |
Maubeuge | -16,5 |
Péronne | -26,8 |
Roissy-Sud Picardie | -35,2 |
Roubaix-Tourcoing | -28,5 |
Saint-Omer | -29,1 |
Saint-Quentin | -26,4 |
Soissons | -33,8 |
Tergnier | -26,4 |
Valenciennes | -13,4 |
- Champ : établissements employeurs dont l'activité principale est dans l'industrie manufacturière.
- Source : Insee, Clap (Connaissance locale de l'appareil productif).
graphiqueFigure 2 – Aucune zone d'emploi n'est épargnée par le recul des effectifs industrielsÉvolution des emplois salariés de l'industrie entre 2006 et 2015 par zone d'emploi
La région doit composer avec la mutation d’une économie jadis tournée vers la fabrication pour se concentrer sur la conception et investir dans l’innovation. Les enjeux environnementaux sont également de plus en plus prégnants à la faveur de la transition écologique. Enfin, un renouvellement de la main-d’œuvre est à prévoir dans les prochaines années, cette dernière se trouvant aujourd’hui composée pour plus du quart par des salariés de plus de 50 ans. Néanmoins, la jeunesse de la population des Hauts-de-France constitue un atout, la formation devenant alors un enjeu majeur.
Sources
Les données d’emploi par secteur d’activité sont issues du dispositif des estimations d’emploi localisées, qui réalise une synthèse de plusieurs sources d’origine administrative. Les secteurs d’activité sont définis en fonction de l’activité principale des établissements en fin d’année. Au niveau régional et départemental, les estimations sont données au niveau A38 pour les salariés et A5 pour les non salariés.
Les effectifs par zone d’emploi dans cette étude sont des effectifs salariés en fin d’année (au 31 décembre), provenant du système d’information « Connaissance locale de l’appareil productif » (Clap), qui combine des données issues des déclarations annuelles des données sociales (DADS) et du dispositif « Extension du projet Urssaf sur les revenus et l’emploi » (Epure).
Pour en savoir plus
« L’industrie manufacturière de 2006 à 2015 : l’agroalimentaire et la construction aéronautique et spatiale résistent au repli du secteur », Insee Première n° 1689, février 2018.
« La création d’emploi s’accélère en 2016 », Insee Flash Hauts-de-France, n° 34, décembre 2017.