Entreprises créées en 2010 dans le Doubs : une pérennité plus faible que dans la région,
mais qui s'améliore
Près de 600 entreprises ont été créées dans le Doubs au cours du premier semestre 2010. Cinq ans après, 57 % d'entre elles sont toujours en activité. Cette pérennité est plus faible que celle observée dans la région Bourgogne-Franche-Comté, mais elle s'est cependant améliorée par rapport à la génération d'entreprises créées en 2006. En cinq ans, l'emploi des entreprises créées en 2010 progresse. Il est principalement soutenu par l'emploi salarié, qui augmente fortement dans les entreprises qui ont réussi à maintenir leur activité.
- Le commerce et les services aux entreprises, moins propices aux nouveaux entrants
- Le maintien de l’activité plus difficile pour les créateurs auparavant inactifs
- Les entreprises industrielles résistent mieux
- L’emploi progresse dans les entreprises qui ont réussi
- La création d’entreprises « classiques » participe au renouvellement du tissu productif
Le démarrage d’une activité entrepreneuriale présente de nombreux challenges à surmonter. Les premières années sont décisives : un investissement de départ à apporter, un marché de clientèle à créer, des frais de gestion et des taxes qui s’alourdissent dès la seconde année d’existence et qui fragilisent les entreprises qui n’ont pas bien évalué leur projet ou qui ne bénéficient pas d’une conjoncture favorable. Dans le Doubs, 57 % des entreprises hors auto-entrepreneurs créées au premier semestre 2010 sont encore en activité cinq ans après leur création (méthodologie). C’est une progression par rapport à la génération précédente des entreprises créées en 2006 : 53 % seulement passaient alors le cap des cinq ans. Cette amélioration s’explique pour partie par des éléments de contexte. Économiques d’abord, puisque les effets de la crise de 2008 s’estompent : les projets comptant parmi les plus fragiles sont moins pénalisés que ceux de la précédente cohorte. Législatifs ensuite, avec la création en 2009 du régime de l’auto-entrepreneur qui attire les projets les plus modestes et donc souvent les plus susceptibles d’échouer : leurs éventuelles cessations ne sont pas identifiées comme faillites d’entreprises « classiques » dans la génération 2010.
Le commerce et les services aux entreprises, moins propices aux nouveaux entrants
Le taux de pérennité reste inférieur dans le Doubs à la moyenne régionale, qui s’élève à 60 %. Les entreprises sont plus ou moins robustes dans le temps en partie en fonction du secteur d’activité investi par le créateur, qui influe sur la durée de vie de l’entreprise. Dans le Doubs, les créations relèvent davantage du commerce, du transport et de l’hébergement-restauration que dans l’ensemble de la région, 41 % contre 38 % (figure 1). Or ces activités sont généralement peu pérennes et particulièrement dans le Doubs, avec 51 % de survie à cinq ans contre 54 % dans l’ensemble de la région (figure2). La pérennité dans le secteur des services aux entreprises est également plus faible dans le département, 54 % de survie à cinq ans contre 63 %.
tableauFigure 1 – Plus de créations dans le commerce, transport, hébergement, restauration que dans la régionRépartition des créations selon leur activité
| Doubs | Bourgogne-Franche-Comté | |||
|---|---|---|---|---|
| nombre | en % | nombre | en % | |
| Commerce, transporthébergement, restauration | 243 | 41 | 1 339 | 38 |
| Services aux entreprises | 134 | 22 | 806 | 23 |
| Services aux particuliers | 100 | 17 | 510 | 14 |
| Construction | 85 | 14 | 627 | 18 |
| Industrie | 36 | 6 | 266 | 7 |
| Sociétés | 338 | 57 | 1 911 | 54 |
- Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogation 2010)
tableauFigure 2 – Des taux de pérennité inférieurs à la moyenne régionaleTaux de pérennité à cinq ans (en %) selon le secteur d'activité de l'entreprise, le profil du créateur et ses objectifs
| À 5 ans | Bourgogne-Franche-Comté 5 ans | ||
|---|---|---|---|
| Industrie | 36 | 72 | 69 |
| Construction | 85 | 56 | 59 |
| Commerce, transport hébergement et restauration | 243 | 51 | 54 |
| Services aux entreprises | 134 | 54 | 63 |
| Services aux particuliers | 100 | 68 | 67 |
| Objectif : Développement de l'entreprise | 187 | 65 | 61 |
| Objectif : Emploi du créateur | 411 | 53 | 59 |
| Créateurs déjà Dans la branche | 355 | 63 | 64 |
| Indépendants ou chefs d'entreprise | 124 | 65 | 65 |
| Chômeurs | 225 | 53 | 54 |
| Sans activité professionnelle | 43 | 44 | 54 |
| Sans diplôme qualifiant | 103 | 48 | 51 |
| Diplômés du supérieur | 234 | 62 | 66 |
| Agés de 50 ans ou plus | 117 | 55 | 59 |
| Femmes | 175 | 58 | 59 |
- Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogations 2010 et 2015)
graphiqueFigure 2 – Des taux de pérennité inférieurs à la moyenne régionaleTaux de pérennité à cinq ans (en %) selon le secteur d'activité de l'entreprise, le profil du créateur et ses objectifs

- Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogations 2010 et 2015)
Le maintien de l’activité plus difficile pour les créateurs auparavant inactifs
Le profil du créateur influe également sur la pérennité de l’entreprise. L’expérience par exemple est un atout. A contrario, les 7 % de nouveaux chefs d‘entreprise sans activité professionnelle ou au chômage avant le lancement de leur activité sont souvent en décalage avec la sphère économique, ce qui limite leurs chances de succès. Ce phénomène est marqué dans le Doubs, où ils ne sont que 44 % à maintenir leur activité après cinq ans contre 54 % sur l’ensemble de la région.
Le motif qui prévaut à la création constitue également un critère important de réussite. Deux tiers des créateurs ont pour objectif de créer leur propre emploi plutôt que de développer leur entreprise. Pour eux, les chances de maintien de leur activité à cinq ans sont moindres. Ici encore, le phénomène est davantage marqué dans le Doubs que sur l’ensemble de la région, avec une pérennité à cinq ans de 53 % contre 59 %.
Les entreprises industrielles résistent mieux
Les entreprises industrielles ont vocation à être plus pérennes : le capital investi au départ est en général plus important que dans les autres secteurs. Dans un contexte conjoncturel qui s’améliore, elles bénéficient qui plus est du tissu économique du département et passent ainsi plus fréquemment le cap des cinq ans d'existence : 72 % de celles créées dans le département en 2010 sont encore actives contre 69 % dans la région. Pour autant elles ne représentent que 6 % des créations : les lourds investissements de départ sont une barrière à l’entrée.
Les entreprises de services aux particuliers se développent dans un contexte de vieillissement de la population. Elles représentent 17 % des créations et leur survie au bout de cinq années d'existence est similaire dans le Doubs au niveau régional : 68 %.
L’emploi progresse dans les entreprises qui ont réussi
Au lancement de leur activité en 2010, les entreprises du Doubs généraient 965 emplois (figure 3). Trois ans après, l’emploi a diminué de 7 %, les emplois créés dans les entreprises pérennes ne compensant que partiellement ceux supprimés lors des cessations d’activité.
La tendance se retourne ensuite à un point tel que cinq années après leur création, ces entreprises totalisent 1 140 emplois, soit 18 % de plus qu'en 2010. Les entreprises pérennes ont développé leur activité et embauché, en particulier des salariés : elles comptent ainsi 85 % d'emplois en plus.
En cinq ans, la structure de l’emploi s’est inversée et la part de l’emploi salarié progresse. Celui-ci représentait 42 % des emplois en 2010, il atteint 74 % en 2015. Les disparitions d’entreprises occasionnent en effet de nombreuses destructions d’emplois non salariés, ceux des créateurs eux-mêmes. Dans le même temps, les entreprises pérennes changent de statut et se développent en embauchant.
tableauFigure 3 – En cinq ans, les embauches dans les entreprises pérennes contribuent à développer l’emploi
| Pérennes 5 ans | Pérennes 3 ans | Non pérennes | |
|---|---|---|---|
| Effectif démarrage | 615 | 64 | 286 |
| Décembre 2013 | 818 | 78 | |
| Décembre 2015 | 1139 | ||
| Évolution démarrage à décembre 2013 | 33 | ||
| Évolution 2013 – 2015 | 39 | évolution démarrage à décembre 2015 | 18 |
- Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogations 2010, 2013 et 2015)
graphiqueFigure 3 – En cinq ans, les embauches dans les entreprises pérennes contribuent à développer l’emploi

- Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogations 2010, 2013 et 2015)
La création d’entreprises « classiques » participe au renouvellement du tissu productif
D’autres mouvements interviennent chaque année : création d’auto-entreprises, reprises, cessations, cessions et transferts d’établissements à l’intérieur ou hors du département, etc. Le Doubs compte 24 700 entreprises, soit 18 % du stock régional. Après deux années en déficit, le solde d'entrées-sorties est à nouveau positif dans le département depuis 2013 (figure 4). Au cours de l’année 2014, le tissu productif du Doubs s’enrichit de 600 entreprises, résultat de 5 200 entrées et de 4 600 sorties. Cela représente 22 % du solde régional.
tableauFigure 4 – Des entrées à nouveau supérieures aux sorties en 2014Entrées et sorties du répertoire Sirene pour les entreprises du Doubs (Base 100 Entrées en 2006)
| Entrées Doubs | Entrées Bourgogne-Franche-Comté | Sorties Doubs | Sorties Bourgogne-Franche-Comté | |
|---|---|---|---|---|
| 2006 | 100 | 100 | 90,5 | 86,3 |
| 2007 | 117,1 | 111,7 | 85,4 | 85,4 |
| 2008 | 113,3 | 111,2 | 96 | 96 |
| 2009 | 164 | 163,6 | 117,7 | 114,2 |
| 2010 | 184,5 | 176,4 | 148,8 | 143,1 |
| 2011 | 161,2 | 159,4 | 164,2 | 162,8 |
| 2012 | 178,2 | 168,3 | 184,1 | 179,6 |
| 2013 | 194,9 | 182,9 | 190,3 | 176,9 |
| 2014 | 189,2 | 180,3 | 166,5 | 161 |
- Source : Insee, Répertoire des entreprises et des établissements
graphiqueFigure 4 – Des entrées à nouveau supérieures aux sorties en 2014Entrées et sorties du répertoire Sirene pour les entreprises du Doubs (Base 100 Entrées en 2006)

- Source : Insee, Répertoire des entreprises et des établissements
Pour comprendre
L’étude de la survie des entreprises créées au premier semestre 2010 est réalisée à partir du système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine). Ces dernières ont été enquêtées à trois reprises, à la fin des années 2010, 2013 et 2015. Le champ de l’enquête Sine couvre l’ensemble des entreprises qui ont vécu plus d’un mois dans l’ensemble des activités économiques marchandes, hors activités agricoles et auto-entreprises. Est considérée comme une création d'entreprise, la mise en œuvre de nouveaux moyens de production : créations pures, réactivations d’entreprise après une interruption de plus d’un an et reprises d’entreprise sans continuité entre la situation du cédant et celle du repreneur, en termes d’activité et de localisation.Dans le cadre d’un partenariat entre la Chambre de commerce et d’industrie de Bourgogne-Franche-Comté et la direction régionale de l’Insee, la totalité des 1 396 entreprises créées en 2010 dans l’ancienne région de Franche-Comté ont été interrogées par le dispositif Sine. Ces résultats concernent uniquement les seules entreprises créées au 1er semestre 2010.
Pour en savoir plus
Lèbre PS., Leseur B., Brion D.,« En Bourgogne-Franche-Comté, six entreprises sur dix passent le cap des cinq ans », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté, n° 24, octobre 2017.
Meyrey F., Vivas E., « Deux tiers des entreprises du Doubs en activité trois ans après leur création en 2010 », Insee Flash Franche-Comté n° 16, octobre 2015.
Béziau J., Bignon N., « Les entreprises créées en 2010 plus pérennes que celles créées en 2006, touchées par la crise », Insee Première n° 1639, mars 2017.