La population de la Guadeloupe devrait continuer à baisser à l’horizon 2030
Si l'on prolonge les tendances récentes observées nationalement, la population de la Guadeloupe continuerait de diminuer pour atteindre 372 000 habitants en 2030. Cette décroissance démographique (– 8 %) résulterait de l'amenuisement de son accroissement naturel et d'un déficit migratoire toujours présent malgré une contraction sensible. Autre région touchée par la décroissance démographique, la Martinique perdrait 12 % de sa population. La vigueur démographique guyanaise se poursuivrait. Au niveau national, la France verrait sa population augmenter de 7 %.
À l'horizon 2030, la Guadeloupe compterait 372 000 habitants, soit une baisse de 8 % par rapport à 2013. Au niveau national, seules les régions Guadeloupe et Martinique perdraient des habitants. Concernant la Martinique, la décroissance démographique serait plus prononcée que celle de la Guadeloupe puisqu'elle atteindrait une baisse de 12 % sur la période 2013-2030. Seule la Guyane afficherait un dynamisme démographique avec un gain de près de 30 % sur la période.
Les trois composantes de la variation du nombre d’habitants sont la fécondité, l’espérance de vie et les migrations. Si l’on modifie les hypothèses d’évolution du nombre de naissances, de décès et de migrations, cela produit des scénarios alternatifs qui permettent de nuancer les projections de la population (méthodologie). Ainsi, si l’on applique le scenario dit « population jeune » et celui dit « population âgée », la population guadeloupéenne serait comprise entre 389 000 et 355 000 habitants. Quel que soit le scénario, la décroissance démographique perdurerait jusqu'en 2030.
Amenuisement de l'accroissement naturel
L’évolution d’une population résulte de l’écart entre le nombre de naissances et le nombre de décès (solde naturel) et de l’écart entre les entrées et les sorties du territoire (solde migratoire). La décroissance de la démographie guadeloupéenne s'expliquerait par l'atonie de son solde naturel et l'augmentation de son déficit migratoire.
En 2013, on compte près de deux naissances pour un décès. En 2030, le nombre de naissances compenserait à peine le nombre de décès. Outre le recul du taux de fécondité guadeloupéen observé depuis plusieurs années, le départ des jeunes et de couples de jeunes actifs hors de la région abaisse de façon mécanique le nombre de femmes en âge de procréer. Cette situation devrait se poursuivre dans les années à venir. Parallèlement, au vu du vieillissement de la population, le nombre de décès augmenterait.
tableauFigure 1 – Décroissance démographiqueÉvolution de la population entre 2013 et 2030 en Guadeloupe
Scénario central | Scénario population jeune | Scénario population âgée | |
---|---|---|---|
2013 | 385 543 | 385 543 | 385 543 |
2014 | 382 743 | 384 327 | 381 670 |
2015 | 380 005 | 383 093 | 377 919 |
2016 | 377 307 | 381 829 | 374 254 |
2017 | 374 554 | 380 512 | 370 584 |
2018 | 371 808 | 379 224 | 366 859 |
2019 | 369 067 | 377 988 | 363 131 |
2020 | 366 311 | 376 784 | 359 353 |
2021 | 363 556 | 375 630 | 355 509 |
2022 | 360 790 | 374 457 | 351 712 |
2023 | 358 022 | 373 284 | 347 926 |
2024 | 355 245 | 372 090 | 344 171 |
2025 | 352 481 | 370 871 | 340 435 |
2026 | 349 701 | 369 643 | 336 710 |
2027 | 346 897 | 368 394 | 333 013 |
2028 | 344 119 | 367 144 | 329 325 |
2029 | 341 324 | 365 880 | 325 673 |
2030 | 338 529 | 364 590 | 322 033 |
- Source : Insee, Omphale 2017.
graphiqueFigure 1 – Décroissance démographiqueÉvolution de la population entre 2013 et 2030 en Guadeloupe
Vieillissement de la population
En 2030, les personnes âgées de 65 ans et plus représenteraient plus de 28 % de la population totale guadeloupéenne. En 2013, la Guadeloupe comptent 54 seniors pour 100 jeunes. En 2030, cette proportion serait de 134 seniors pour 100 jeunes. Pour la France hexagonale, cette part passerait de 73 seniors à 104 seniors pour 100 jeunes. La baisse des naissances et les départs des jeunes hors de la région sont les principaux facteurs explicatifs de ce phénomène. En 2013, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 15 % de la population guadeloupéenne.
tableauFigure 2 – Recul démographique dû à un solde naturel quasi nul et à un déséquilibre migratoire plus importantContribution des soldes naturel et migratoire au taux de croissance annuelle moyen entre 2013 et 2030
Contribution du solde naturel | Croissance annuelle moyenne | Contribution du solde migratoire | |
---|---|---|---|
Guadeloupe | 0,04 | -0,21 | -0,25 |
Martinique | -0,23 | -0,35 | -0,12 |
Guyane | 2,29 | 0,70 | -1,58 |
- Source : Insee, Omphale 2017
graphiqueFigure 2 – Recul démographique dû à un solde naturel quasi nul et à un déséquilibre migratoire plus importantContribution des soldes naturel et migratoire au taux de croissance annuelle moyen entre 2013 et 2030
Contraction du déficit migratoire d’ici 2030
Depuis le début des années 2000, le solde migratoire guadeloupéen est de nouveau déficitaire. Cette tendance devrait se poursuivre jusqu'en 2030. Toutefois, ce déficit migratoire se contracterait avec la diminution du nombre de départs et une stabilité des entrées. Les échanges migratoires s’effectuent majoritairement avec l’Île-de-France, l'Occitanie, la Nouvelle Aquitaine, l'Auvergne-Rhône-Alpes et la Martinique. Ces destinations seraient toujours des régions d'échanges privilégiés jusqu'en 2030 mais avec un recul notable du nombre de départs dû essentiellement à des départs des jeunes guadeloupéens moins importants.
Pour comprendre
Le modèle Omphale et les scénarios démographiques
Ces projections démographiques locales 2013-2030 présentées dans cette étude représentent une déclinaison des projections France entière diffusées par l’Insee (Pour en savoir plus).
Le modèle Omphale permet de réaliser des projections infra nationales en projetant d’année en année les pyramides des âges des différents territoires. L’évolution de la population par sexe et âge repose sur des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations (flux internes à la France et solde migratoire avec l’étranger). Ces hypothèses d’évolution sont appliquées aux quotients observés initialement sur la zone d’étude. Les hypothèses d’évolution formulées sont réunies au sein d’un scénario démographique. Le scénario central reproduit les différentes tendances observées sur le passé récent : solde migratoire national avec l’étranger de + 70 000 par an, fécondité stable et évolution de la mortalité parallèle à la tendance nationale.
Les scénarios « population jeune » et « population âgée » se conçoivent comme des modulations appliquées aux dernières tendances observées, en modifiant l’hypothèse d’évolution d’une ou de plusieurs composantes :
- le scénario « population jeune » combine les hypothèses hautes de fécondité et de migrations avec l’étranger à l’hypothèse basse d’espérance de vie. La population serait mécaniquement plus jeune.
- le scénario « population âgée» combine les hypothèses basses de fécondité et de migrations avec l’étranger à l’hypothèse haute d’espérance de vie. L’accroissement de population serait moins marqué que dans le scénario central et conformément aux hypothèses, le vieillissement serait accentué.
Les projections ne doivent pas être assimilées à des prévisions : les hypothèses retenues ne sont pas probabilisées. Omphale est un modèle déterministe qui n’a pas prétention à prévoir les évolutions futures ou à anticiper d'éventuelles ruptures de tendance liées à des changements de comportement. Il met simplement en évidence une évolution future possible parmi d’autres, conditionnée par la réalisation d’un scénario donné. Aucune probabilité n’est affectée à ce scénario spécifique. Il convient donc toujours d’interpréter les résultats en terme de simulation : « Si les hypothèses du scénario démographique se réalisaient à l’avenir, l’évolution démographique pourrait être envisagée de cette manière ».
Définitions
Le solde naturel (ou accroissement naturel ou excédent naturel de population) est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d'une période. Les mots « excédent » ou « accroissement » sont justifiés par le fait, qu'en général, le nombre de naissances est supérieur à celui des décès. Mais l'inverse peut se produire, et le solde naturel est alors négatif.
Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de l'année. Un solde migratoire négatif est appelé déficit migratoire.
Pour en savoir plus
« Une croissance démographique particulièrement vigoureuse en Guyane à l’horizon 2030 », Insee Flash Guyane n° 65, juin 2017.
« La décroissance démographique martiniquaise s’amplifierait jusqu’en 2030 », Insee Flash Martinique n° 66, juin 2017.
« Projections de population à l’horizon 2070 : deux fois plus de personnes de 75 ans ou plus qu’en 2013 », Insee Première n° 1619, novembre 2016.
« D’ici 2050, la population augmenterait dans toutes les régions de métropole », Insee Première n° 1652, juin 2017.