Insee FocusL'industrie nautique de plaisance en France : une spécialisation dans les voiliers

David Cayla, Service de statistiques nationales d’entreprises, Insee

En 2015, la production française de bateaux de plaisance représente 40 % de la construction navale, comme dans l’Union européenne (UE). La France est spécialisée dans les voiliers ; l’UE dans son ensemble est plutôt positionnée sur les yachts à moteur. Ainsi, la production française de bateaux de plaisance s'élève à 873 millions d'euros, soit 13 % de la production européenne ; la seule fabrication de voiliers atteint 573 millions d'euros, soit 34 % de la production européenne. La maintenance et l'entretien des bateaux de plaisance représentent un tiers des activités de production.

Insee Focus
No 82
Paru le :Paru le29/03/2017
David Cayla, Service de statistiques nationales d’entreprises, Insee
Insee Focus No 82- Mars 2017

Des emplois localisés sur la façade atlantique

En 2015, la production de bateaux de plaisance représente 40 % de la construction navale, aussi bien en France qu'en Europe. La construction navale comprend aussi des paquebots et autres navires de croisière, des pétroliers, bateaux de pêche, porte-conteneurs et autres navires de transports de marchandises.

En France, 120  assurent la production de bateaux de plaisance. À elles seules, 6 entreprises réalisent près de 80 % de la production telle qu'appréhendée par les facturations. Les établissements dont c'est l'activité principale sont essentiellement localisés dans l'ouest de la France (figure 1). Les deux tiers sont implantés le long du littoral atlantique, depuis la Bretagne jusqu'à la côte aquitaine (132 des 196 établissements recensés en 2015). Ces établissements concentrent près de 90 % de l'emploi, avec 6 300 personnes employées sur un total de 7 000. La région Pays de la Loire est dominante, avec 3 800 personnes, suivie par la région Nouvelle-Aquitaine avec 1 900 personnes, 600 personnes étant employées dans la région Bretagne.

Figure 1 - Les 9/10 de l'emploi dans l'industrie nautique de plaisance sont concentrés dans les trois régions de la façade atlantique

Figure 1 - Les 9/10 de l'emploi dans l'industrie nautique de plaisance sont concentrés dans les trois régions de la façade atlantique ( ) -
Effectifs salariés au 31/12/2014
Pays de la Loire 3 785
Nouvelle-Aquitaine 1 948
Bretagne 570
Occitanie 288
Normandie 101
Provence-Alpes-Côte d'Azur 94
Hauts-de-France 56
Bourgogne-Franche-Comté 51
Centre-Val de Loire 39
Île-de-France n.s.
Auvergne-Rhône-Alpes n.s.
Corse n.s.
Grand Est n.s.
Ensemble 6 976
  • Note : les données des régions Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Corse et des DOM ne sont pas significatives.
  • Champ : effectifs salariés au 31/12/2014 des établissements employeurs actifs en 2015, dont l'activité principale est la fabrication de bateaux de plaisance (code NAF 3012Z).
  • Source : Insee, Sirus.

Figure 1 - Les 9/10 de l'emploi dans l'industrie nautique de plaisance sont concentrés dans les trois régions de la façade atlantique

  • Note : les données des régions Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Corse et des DOM ne sont pas significatives.
  • Champ : effectifs salariés au 31/12/2014 des établissements employeurs actifs en 2015, dont l'activité principale est la fabrication de bateaux de plaisance (code NAF 3012Z).
  • Source : Insee, Sirus.

La France, premier producteur européen de voiliers

En 2015, la production française de bateaux de plaisance s’élève à 873 millions d'euros. C'est 13 % de la production de l'Union européenne (UE). La France se démarque par sa spécialisation dans les voiliers, alors que l’UE dans son ensemble est plutôt positionnée sur les yachts à moteur. En effet, les voiliers représentent 66 % de la production française (573 millions d'euros), les yachts à moteur 27 % (239 millions d'euros) et les autres bateaux de plaisance (bateaux pneumatiques, hors-bord, bateaux à rames…) 7 % (62 millions d'euros) (figure 2).

Figure 2 - La production de la construction nautique de plaisance en France et en Europe en 2015

en %
Figure 2 - La production de la construction nautique de plaisance en France et en Europe en 2015 (en % ) -
Autres bateaux de plaisance Yachts à moteur Voiliers
UE 9,6 65,9 24,5
France 7,1 27,3 65,6
  • Note : la production est mesurée par les facturations des produits fabriqués sur le territoire.
  • Source : Eurostat (liste Prodcom).

Figure 2 - La production de la construction nautique de plaisance en France et en Europe en 2015

  • Note : la production est mesurée par les facturations des produits fabriqués sur le territoire.
  • Source : Eurostat (liste Prodcom).

Dans l’UE, la production de l'industrie nautique de plaisance s'élève à 6,9 milliards d'euros. En valeur, les yachts à moteur représentent 66 % de cette production (4,6 milliards d'euros), les voiliers 25 % (environ 1,7 milliard d'euros). Les autres bateaux de plaisance en représentent moins de 10 %. La production de yachts à moteur est dominée par l'Italie, l'Allemagne et les Pays-Bas. Ces trois pays assurent à eux seuls 80 % de la production européenne avec des parts respectives de 40 %, 20 %, et 20 %.

La France, elle, domine la construction de voiliers, assurant 34 % de la production européenne. Elle est suivie par le Royaume-Uni (25 %). Elle est assez peu présente dans la production de yachts à moteur (5 % de la production européenne en valeur).

De 2010 à 2015, la production de voiliers et yachts à moteur croît fortement

Entre 2010 et 2015, la production française de voiliers et de yachts à moteur a crû de 8 % . Après un bref rebond en 2011, elle s'est repliée de 10 % jusqu'en 2013. Elle a ensuite augmenté de 20 % sur les deux années suivantes.

Les autres pays européens n'ont pas bénéficié d'une telle reprise de leurs ventes, qui sont demeurées stables après avoir lourdement chuté entre 2010 et 2012 : la production européenne en 2015 est en retrait de 18 % par rapport à celle de 2010.

Entre 2010 et 2015, la production française de voiliers a progressé de 8 % et celle de yachts à moteur de 9 %, alors que les productions européennes ont diminué de 14 % pour les voiliers et de 20 % pour les yachts à moteur. Ainsi, la part française de ces productions au sein de l'Union européenne a crû notablement de 10 % en 2010 à 13 % en 2015 (figure 3).

Figure 3 - Part de la production française dans la production européenne de voiliers et de yachts à moteur en 2010 et 2015

en %
Figure 3 - Part de la production française dans la production européenne de voiliers et de yachts à moteur en 2010 et 2015 (en %) -
2010 2015
Voiliers 26,8 33,7
Yachts à moteur 3,8 5,2
  • Note : la production est mesurée par les facturations des produits fabriqués sur le territoire.
  • Sources : Insee, enquête annuelle de production (EAP), Eurostat (liste Prodcom).

Figure 3 - Part de la production française dans la production européenne de voiliers et de yachts à moteur en 2010 et 2015

  • Note : la production est mesurée par les facturations des produits fabriqués sur le territoire.
  • Sources : Insee, enquête annuelle de production (EAP), Eurostat (liste Prodcom).

Une industrie très largement tournée vers l'exportation

En France, comme dans l’UE, les flux d'exportations de bateaux de plaisance sont très importants relativement à la production. Ils intègrent en effet les navires d’occasion, sachant que la durée de vie d'un voilier ou d'un yacht à moteur peut atteindre couramment quarante ans. Ainsi, en France, le montant des exportations dépasse depuis quelques années d'environ 10 % la production sortant des entreprises. Pour l'Union européenne dans son ensemble, le montant des exportations représente 90 % du montant de la production. Les importations sont moins importantes. Pour la France, elles représentent 24 % de la production, et pour l'UE 35 %.

En 2015, les exportations françaises de voiliers et de yachts à moteur s’élèvent à 16 % des exportations des pays membres de l'Union européenne (figure 4). Elles sont représentatives en cela du poids de la France au sein de la production de l'UE. C'est aussi le cas pour les autres pays grands producteurs de navires de plaisance, ainsi de l'Italie avec 29 % des exportations ou de l'Allemagne avec 21 %.

Les exportations françaises de ces navires vont d'abord vers l'Europe, étendue au bassin méditerranéen : 58 % des exportations contre 43 % pour l'UE. Puis, elles s'orientent vers les pays de l'espace Amérique Caraïbes (29 % contre 47 % pour l'UE) et, plus marginalement vers l'espace Asie Pacifique (12 % pour la France et 10 % pour l'UE).

Figure 4 - Part des principaux pays dans les exportations européennes de voiliers et de yachts à moteur

en %
Figure 4 - Part des principaux pays dans les exportations européennes de voiliers et de yachts à moteur (en %)
2010 2011 2012 2013 2014 2015
France 13,0 16,7 12,3 13,7 12,6 15,8
Allemagne 19,9 14,5 24,2 15,0 20,0 21,1
Italie 26,1 28,3 21,3 31,2 37,2 28,8
Pays-Bas 11,0 8,7 10,1 11,7 7,8 8,3
Royaume-Uni 14,8 16,4 17,1 15,2 13,2 12,8
Autres pays 15,2 15,4 15,0 13,1 9,1 13,2
Union Européenne à 28 pays 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
  • Note : les exportations comprennent les occasions.
  • Source : Eurostat (données du commerce international).

Figure 4 - Part des principaux pays dans les exportations européennes de voiliers et de yachts à moteur

  • Note : les exportations comprennent les occasions.
  • Source : Eurostat (données du commerce international).

Le développement soutenu des activités de maintenance et de réparation navale

La maintenance et l'entretien des bateaux de plaisance représentent un budget important pour leurs propriétaires. En 2015, elles atteignent un volume d'activité de 322 millions d’euros pour la France, soit un peu plus du tiers des activités de production. Au sein de l'Union européenne, leurs facturations s'élèvent à 1,5 milliard d'euros, soit un peu plus de 20 % de la construction nautique de plaisance.

Si tous les pays présents dans la construction navale ont aussi une activité de maintenance et de réparation navale, la France sort du lot avec 21 % des facturations de la branche, derrière l'Italie (27 %). Viennent ensuite l'Espagne (17 %) – qui n'a quasiment plus d'activité de construction navale de plaisance – le Royaume-Uni (14 %) et l'Allemagne (10 %). La présence des Pays-Bas est faible avec 4 % des facturations.

Depuis 2010, les activités de maintenance et de réparation de bateaux de plaisance ont progressé en volume de 22 % dans les chantiers français, soit un rythme moyen de 3,8 % par an (figure 5). Au sein de l'Union européenne, elles ont progressé un peu moins vite avec une croissance de 16 %, soit un rythme annuel moyen de 3 % par an.

Figure 5 - L'évolution des activités de construction navale de plaisance en France et en Europe depuis 2010

indice base 100 en 2010
Figure 5 - L'évolution des activités de construction navale de plaisance en France et en Europe depuis 2010 (indice base 100 en 2010 )
2010 2011 2012 2013 2014 2015
Construction de voiliers et de yachts à moteur dans l'UE 100,0 85,4 78,2 82,2 79,0 81,5
Construction de voiliers et de yachts à moteur en France 100,0 113,6 94,9 90,4 93,6 108,3
Maintenance et réparation navale de plaisance dans l'UE 100,0 105,0 102,7 111,9 112,6 115,6
Maintenance et réparation navale de plaisance en France 100,0 104,9 112,2 115,9 115,6 120,8
  • Note : les facturations ont été déflatées de l'indice des prix dans la construction nautique de plaisance au sein de l'UE.
  • Sources : Insee, enquête annuelle de production (EAP), Eurostat (liste Prodcom).

Figure 5 - L'évolution des activités de construction navale de plaisance en France et en Europe depuis 2010

  • Note : les facturations ont été déflatées de l'indice des prix dans la construction nautique de plaisance au sein de l'UE.
  • Sources : Insee, enquête annuelle de production (EAP), Eurostat (liste Prodcom).

Sources

Cette étude a été réalisée principalement à partir des résultats issus de l'Ouvrir dans un nouvel ongletenquête européenne Prodcom. Elle est alimentée en France par l'enquête annuelle de production (EAP), dont les résultats ont servi à enrichir les données relatives à la France.

La liste Prodcom est une liste détaillée d'environ 4 000 produits manufacturés. Les facturations Prodcom de chaque pays se restreignent aux produits réellement fabriqués sur leur territoire, sans double compte. Aussi les donneurs d'ordre ne sont pas pris en compte dans cette étude ; seuls figurent les fabricants pour compte propre et les sous-traitants.

Le champ de l'étude couvre pour la France les entreprises qui contribuent à la production de bateaux de plaisance (APE 30.12.Z) ou à leur maintenance (partie du 33.15.Z), que ce soit leur activité principale exercée ou une activité secondaire.

Le détail des produits suivis par Prodcom en 2015 dans l'industrie nautique de plaisance est fourni dans le fichier des données complémentaires joint à cette publication.

Les données sur l’implantation des établissements producteurs sont issues du répertoire Sirus (Système d’identification au répertoire des unités statistiques).

Définitions

L’entreprise désigne ici l'unité légale. Le règlement européen Prodcom nécessite en effet de suivre l'ensemble du processus de transformation et donc d'interroger en unité légale pour prendre en compte la production intégrée au sein d'une même entreprise.

Les indicateurs de croissance sont calculés en volume, i. e. déflatés de l'évolution des prix de production dans la construction nautique de plaisance (indice des prix de production Eurostat pour l'UE28).

Établissement / Siret :

L'établissement est une unité de production géographiquement individualisée, mais juridiquement dépendante de l'unité légale. Il produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie, un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel informatique...

L'établissement, unité de production, constitue le niveau le mieux adapté à une approche géographique de l'économie.

Remarque :

La population des établissements est relativement stable dans le temps et est moins affectée par les mouvements de restructuration juridique et financière que celle des entreprises.

Unité légale / Entreprise-unité légale / Siren :

L'unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être :

  • une personne morale, dont l'existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ;
  • une personne physique, qui, en tant qu'indépendant, peut exercer une activité économique.

Elle est obligatoirement déclarée aux administrations compétentes (greffes des tribunaux de commerce, Sécurité sociale, DGFiP...) pour exister. L'existence d'une telle unité dépend du choix des propriétaires ou de ses créateurs (pour des raisons organisationnelles, juridiques ou fiscales). L'unité légale est l'unité principale enregistrée dans Sirene.

Remarque :

Cette définition de l'unité légale ne doit pas être confondue avec celle de l'entreprise, considérée comme unité statistique.