Insee Analyses NormandieDans les produits de la mer, un salarié sur dix en situation de fragilité

Auteur : Isabelle Bigot, Insee

Les produits de la mer regroupent un ensemble d’activités, pêche en mer, aquaculture, transformation, conservation et commercialisation du poisson qui emploient 5500 personnes en Normandie. Ces activités contribuent à l’économie des bassins de vie situés sur le littoral normand tout en étant présentes dans les bassins de Caen et de Rouen. Les conditions d’emploi des salariés des produits de la mer sont moins favorables que celles prévalant dans les autres domaines d’activité maritime. Les rémunérations y sont plus faibles, l’exposition au risque de chômage plus importante. Un salarié sur dix ayant travaillé dans le secteur des produits de la mer en 2012 se trouve en situation de fragilité, proportion deux fois plus forte que dans le transport maritime.

Auteur : Isabelle Bigot, Insee
Insee Analyses Normandie No 20- Décembre 2016

De la pêche en mer à la commercialisation du poisson, le secteur des produits de la mer (définitions) emploie 5 500 personnes en Normandie, soit 11 % des emplois du secteur recensés en France métropolitaine. Dans la région, ces emplois sont principalement localisés dans les 33 bassins de vie du littoral normand ainsi que dans ceux de Rouen et de Caen. Le poids du secteur dans l’emploi de ces bassins ainsi que le degré d’exposition de ces territoires au chômage permettent d’identifier 4 types de territoires (méthodologie).

Figure 1Les produits de la mer contribuent à l’économie du littoral normandPart des activités des produits de la mer, construction navale et transport maritime dans l'emploi total

  • Source : Insee, Clap 2012, recensement de la population 2012, DADS 2012

Des activités très implantées dans des bassins à dominante rurale, peu exposés au chômage

Un premier groupe rassemble 22 bassins de vie à dominante rurale où résident 448 000 personnes. Sur ces territoires, la densité de population est faible (93 hab/km²), le taux de chômage est peu élevé et la proportion d’emplois non salariés est plus forte qu’ailleurs.

Avec près de 3 400 emplois, les produits de la mer y représentent en moyenne 2,2 % de l’emploi total. Cette proportion dépasse 20 % dans le bassin d’Agon-Coutainville et avoisine 10 % dans ceux d’Isigny-sur-Mer et Saint-Vaast-la-Hougue, des territoires de taille réduite dont l’économie est tournée vers la pêche en mer et l’aquaculture. Dans ces 22 bassins, les autres activités maritimes traditionnelles que sont le transport maritime et la construction et réparation navale sont peu présentes tandis que les activités touristiques représentent en moyenne 8 % de l’emploi. Un grand nombre de  bassins de ce groupe abritent un port de pêche (Port en Bessin-Huppain, Courseulles sur Mer, Honfleur ou Granville).

Figure 2Quatre types de bassins accueillent les activités en lien avec la merTypologie des bassins

  • Source : Insee, recensement de la population 2012, DADS 2012

Des activités présentes dans les bassins aux activités maritimes développées, plutôt exposés au chômage

Six territoires à dominante urbaine ou centrés autour d’un pôle urbain de taille moyenne  (Cherbourg-Octeville, Dieppe, Eu et Fécamp notamment) forment un deuxième groupe, où les  activités maritimes  sont développées. Dans ces bassins de vie résident 254 000 habitants. Le marché du travail est dégradé et la précarité relativement forte. Moins souvent titulaires de CDI et plus souvent à temps partiel, les salariés sont plus exposés au chômage, notamment les femmes et les moins de 30 ans. Corollaire de ces difficultés,  les rémunérations horaires sont plus faibles. Sur ces territoires, les produits de la mer représentent 1,4 % de l’emploi, soit environ 1300 emplois. Le bassin de Cherbourg-Octeville se démarque par l’éventail de ses activités en lien avec la mer. La construction navale, le transport maritime et les produits de la mer y sont en effet implantés et y représentent 3 800 emplois. Quant au bassin de Dieppe, il possède également un caractère maritime affirmé avec près de 1 300 emplois en lien avec la mer,  essentiellement dans le transport maritime et les produits de la mer.

Des activités peu présentes dans des bassins à dominante industrielle moins exposés au chômage

Quatre  bassins industriels dont celui de Beaumont-Hague ou Les Pieux dans la Manche, rassemblent près de 55 000 habitants. Sur ces territoires, le secteur de l’énergie  est particulièrement présent. Très rémunérateur, il explique en grande partie le niveau élevé des salaires horaires observés. La proportion d’emplois stables est élevée tandis que le taux de chômage est faible. Les produits de la mer y représentent une faible part de l’emploi  (0,8 %), de même que les activités touristiques.

Des activités marginales dans des bassins très urbanisés plutôt exposés au chômage

Enfin, trois bassins de vie centrés sur les grandes villes de Normandie  (Rouen, Le Havre et Caen) constituent un groupe spécifique où résident plus d’un million d’habitants. Dans ces territoires très urbanisés, denses en population comme en emplois,   les salariés bénéficient plus fréquemment d’un Contrat à Durée Indéterminée et perçoivent  des rémunérations horaires élevées. Les emplois de ces pôles urbains sont nombreux mais ne profitent pas toujours à la population résidente. Le chômage est  élevé, notamment celui des moins de 30 ans.

Pêche, aquaculture, transformation et commercialisation du poisson ne représentent qu’une faible part de l’emploi (0,1 %) de ces bassins dotés d’autres activités maritimes. Celui du Havre se distingue par sa très forte spécialisation dans le transport maritime. Les activités présentes dans le bassin de Rouen appartiennent surtout au transport maritime et à la réparation navale. Quant au bassin de Caen, il compte autant d’emplois dans les produits de la mer que dans le transport maritime.

Figure 3Les produits de la mer très présents dans les bassins à dominante rurale peu exposés au chômageCaractéristiques des 4 classes de bassins de vie maritimes

Les produits de la mer très présents dans les bassins à dominante rurale peu exposés au chômage ( ) -
Bassins de vie Bassins de vie Nb bassins Population Taux de chômage (en %) Part des produits de la mer dans l'emploi (en %) Part des non salariés dans l'emploi (en %) Salaire horaire net (en euros) Part de l'emploi touristique dans l'emploi (en %) Part de l'industrie dans l'emploi (en %)
Groupe 1 Bassins à dominante rurale, chômage faible 22 448000 11,9 2,2 17,3 10,7 8,5 14,3
Groupe 2 Bassins à caractère maritime, chômage élevé 6 254000 15,6 1,4 10,3 11,3 3,5 17,9
Groupe 3 Bassins à dominante industrielle, chômage faible 4 55000 10,4 0,8 7,7 15,4 1,2 40,2
Groupe 4 Bassins très urbanisés, chômage élevé 3 1061000 15,8 0,1 8,2 13,2 2,0 12,2
  • Source: Insee, RP2012, DADS 2012

Des salariés confrontés à un contexte global de repli de l’emploi

Les produits de la mer rassemblent des secteurs d’activité dont l’emploi évolue tendanciellement à la baisse. Les effectifs reculent de 2,1 % par an entre 1999 et 2012. L’ensemble des activités sont touchées. Le repli est de 1,8 % par an chez les pêcheurs en mer et les aquaculteurs. La diminution des ressources halieutiques, la mise en œuvre des quotas de pêche et les divers épisodes de hausse des prix du pétrole ont entraîné la réduction de la flotille de pêche. Le déclin de l'emploi est plus rapide dans les activités de transformation de poisson et dans le commerce de détail tandis que l’aquaculture réussit à préserver ses emplois sur la période récente.

Cette érosion de l'emploi accompagne celle constatée dans les autres activités maritimes. (transport maritime et construction navale).

Figure 4Près de 20 500 emplois en lien avec la mer en NormandieL'emploi au sein des domaines d'activités en lien avec la mer en Normandie

Près de 20 500 emplois en lien avec la mer en Normandie ( ) -
Activités en lien avec la mer Nombre d'emplois en Normandie Taux d'évolution annuel moyen entre 1999 et 2012 (*) Part / emplois en lien avec la mer(en %) Part des ouvriers (en %) Salaire horaire net médian (en euross)
Produits de la mer  5500 -2,1 26,9% 75,0% 9,5
dont:
Pêche en mer 1700 -1,8 8,3% 95,0% 9,8
Aquaculture en mer 1000 4,9% 92,3% 8,2
Transformation et conservation de poisson, de crustacés et de mollusques 1400 -2,5 6,8% 76,3% 10
Commerce de gros (commerce interentreprises) de poissons, crustacés et mollusques 770 -1,5 3,8% 57,1% 9,5
Commerce de détail de poissons, crustacés et mollusques en magasin spécialisé 550 -3,1 2,7% 8,3% 8,5
Transport maritime et fluvial 10600 -1,8 51,8% 36,0% 14
Construction et réparation navales 4420 -3,0 21,6% 55,0% 15
Ensemble des emplois en lien avec la mer 20450 -2,2 100,0% 50,5% 13,1
  • (*) Evolution calculée sur le champs des activités 100% maritimes et sur la population des 25-54 ans
  • Source : Insee, Clap 2012, RP 2012, DADS 2012.

Un tiers des salariés des produits de la mer en dessous de 80 % du SMIC

Les salariés travaillant dans les produits de la mer perçoivent des rémunérations relativement faibles, aussi bien par rapport à la moyenne des salariés du secteur marchand régional que comparativement à celle des salariés des autres activités maritimes. En moyenne, le salaire horaire net s’établit à 10,7 euros, soit un tiers de moins que celui observé dans les autres secteurs d’activité maritimes et 16 % de moins que dans l'économie marchande normande. La moitié des salariés des produits de la mer perçoit un salaire horaire net inférieur à 9,5 euros. C'est 27 % de moins que dans les autres activités maritimes et 12 % de moins que dans l’ensemble du secteur marchand normand. Les salaires horaires les plus faibles se rencontrent dans le commerce de poissons et l'aquaculture.

Les rémunérations annuelles moyennes perçues par les salariés des produits de la mer sont elles aussi plus faibles que dans les autres activités maritimes traditionnelles. Les salariés ayant travaillé dans ce secteur au cours de l'année 2012 perçoivent en moyenne un salaire net annuel de 14 800 euros pour l’ensemble de leurs activités. Les hommes, qui occupent deux emplois sur trois dans les produits de la mer, perçoivent 16 000 euros annuels, soit 3 400 euros de plus que les femmes. Cette différence s’explique en grande partie par le nombre d’heures travaillées, les hommes travaillant en moyenne 20 % de plus que les femmes. Près d’un tiers des salariés des produits de la mer perçoivent une rémunération qui n’excède pas 0,8 fois le montant annuel du SMIC.

Le faible niveau de salaire horaire s'explique par le profil des professions concernées. Le secteur des produits de la mer est en effet constitué en grande partie d'ouvriers et ne comprend que très peu de cadres et professions intermédiaires. Les ouvriers représentent 75 % des salariés du secteur et constituent presque l'intégralité des effectifs dans la pêche et l'aquaculture en mer. Dans le commerce, ce sont les employés qui dominent. Cette relative modicité du salaire horaire a bien sûr un impact sur la rémunération annuelle, impact auquel s'ajoute l'effet de la discontinuité d'activité qui concerne un certain nombre de salariés.

Des salariés qui alternent chômage et périodes de travail

Le fait d'avoir occupé plusieurs postes au cours de l’année constitue un indicateur des difficultés rencontrées par les salariés des produits de la mer. Près d’un quart d'entre eux sont dans ce cas, cette proportion n’étant que de 20 % dans le transport maritime et de 16 % dans la construction navale. Occuper plusieurs postes dans l’année est plus fréquent chez les salariés à faible niveau de rémunération. Ainsi, un salarié sur trois parmi ceux ayant perçu moins de 0,8 SMIC a occupé plus d’un poste. Avoir travaillé sur trois postes ou plus reste peu fréquent mais l’est davantage chez les salariés les moins rémunérés.

Lorsqu’il change de poste, le salarié peut être conduit à travailler dans un autre domaine. Ainsi 20 % des salariés des produits de la mer ont effectué au moins un contrat dans une activité n’appartenant pas au domaine des produits de la mer. Seuls 14 % des salariés de la construction navale et du transport maritime sont dans ce cas. Le travail intérimaire est peu présent dans les activités des produits de la mer, seuls 7,5 % des salariés ayant effectué au moins une mission d’intérim au cours de l’année. Ces salariés, majoritairement des hommes, sont en moyenne âgés de 30 ans. Ils ont gagné en moyenne entre 10 000 et 15 000 euros nets, dont environ un quart au titre de leurs missions d’intérim.

Au sein des activités traditionnelles, les salariés des produits de la mer apparaissent comme les plus exposés au chômage. Près de 17 % d’entre eux ont connu au moins une période de chômage indemnisé, contre 9,4 % des salariés du transport maritime et 6 % des salariés de la construction navale. Lorsqu’ils ont subi au moins une période de non activité, ces salariés perçoivent une rémunération inférieure de 20 % à celle de l’ensemble des salariés des produits de la mer.

Figure 5Un quart des salariés des produits de la mer a occupé plus d'un poste

en %
Un quart des salariés des produits de la mer a occupé plus d'un poste (en %) -
1 poste 2 postes 3 postes 4 postes et +
Produits de la mer 76,2 16,0 5,0 2,8
Transports maritimes 80,7 12,0 3,2 4,1
Construction navale 84,4 12,8 1,8 1,0
  • Source: Insee, DADS 2012

Figure 5Un quart des salariés des produits de la mer a occupé plus d'un posteRépartition des salariés selon le domaine et le nombre de postes

  • Source: Insee, DADS 2012

Un salarié des produits de la mer sur dix en situation de fragilité

Parmi les 5 500 salariés normands ayant travaillé dans le secteur des produits de la mer, un sur dix est en situation de fragilité professionnelle, une proportion deux fois plus forte que dans le transport maritime. Ces salariés  fragiles ont connu au moins une période de chômage et ont occupé des emplois faiblement rémunérés en 2012. Le cumul de leurs revenus issus du travail et de leurs indemnités chômage n’excède pas 10 000 euros annuels, soit environ 50 % du salaire brut annuel médian. Les allocations chômage  représentent quant à elles  40 % des ressources de ces salariés  contre 30 % pour les salariés du secteur ayant connu une période de chômage. Les salariés en situation de fragilité ont occupé trois emplois différents au cours de l’année, soit 2 fois plus que l’ensemble des salariés des produits de la mer. Cette succession de contrats génère de réelles situations de précarité lorsque les emplois ne se suivent pas immédiatement.

Ainsi, parmi les salariés fragiles ou non ayant connu une période de chômage, 30 % sont dans des situations très délicates sur le plan de l’insertion professionnelle. Ils ont en effet très peu travaillé et le chômage indemnisé représente plus de la moitié de leurs revenus. Ils ont effectué des missions dont la durée moyenne est trois fois plus courte que celle des autres salariés. Ils ont en moyenne 35 ans soit 3 ans de moins que les salariés des produits de la mer.  Plus de la moitié de ces salariés précaires sont des hommes.

Figure 6Les salariés en situation de fragilité sont faiblement rémunérés et fortement dépendants des allocations chômageCaractéristiques des salariés des produits de la mer les plus fragiles

  • Source : Insee, Clap 2012, recensement de la population 2012, DADS 2012

Mieux cerner les populations fragiles

Une connaissance plus fine des populations touchées par la pauvreté constitue un enjeu important pour la déclinaison des politiques publiques sur le territoire normand. Elle est un des fondamentaux du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. Elle permet d’assurer au mieux le pilotage, l’animation et la coordination des acteurs sur les territoires.

Des études se sont intéressées à la pauvreté sur notre territoire mais bien souvent avec une approche large. Or, parmi les spécificités du territoire normand, il doit être mis en avant une caractéristique géographique particulière : l’importance de sa façade maritime.

En l’état actuel du système statistique, la pauvreté reste encore difficilement observable et donc quantifiable pour des populations spécifiques telles que les personnes vivant des activités maritimes. Ainsi, c’est une approche de la précarité en termes de conditions d’emploi et de rémunération qui a été retenue pour apprécier des situations probables de pauvreté concernant cette population.

Pour comprendre

Les bassins de vie sont des découpages géographiques correspondant aux plus petits territoires sur lesquels les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants. Pour enrichir l’analyse de la répartition géographique des activités des produits de la mer, une typologie des 33  bassins de vie du littoral normand ainsi que des bassins de  Caen et Rouen a été élaborée. 15 variables ont été retenues. Une analyse en composantes principales suivie d’une classification ascendante hiérarchique a permis de distinguer 4 classes de bassins de vie.

L’étude des caractéristiques professionnelles des salariés des produits de la mer est appréhendée à partir de la source DADS. A été retenu dans le champ de cette étude, l’ensemble des personnes qui ont travaillé au moins une fois dans le secteur des produits de la mer en 2012 en Normandie (et non pas seulement les personnes y ayant travaillé à titre principal). Pour l’analyse des caractéristiques des salariés, on a retenu l’ensemble des contrats effectués par ces personnes, dans le domaine des produits de la mer et/ou dans d’autres domaines. Les salaires bruts supérieurs à 60 000 e par an ont été écartés (Il s’agit dans la plupart des cas de chefs d’entreprises ayant un statut de salarié). Au final, un ensemble de 5 550 salariés ayant travaillé dans les produits de la mer a été étudié. Ces salariés  ont effectué 8 600 contrats pendant l’année 2012. Près de 550 d’entre eux ont perçu moins de 10 000 euros bruts au cours de l’année et ont connu au moins une période de chômage indemnisé. Ils constituent la population des salariés en situation de fragilité. Ces salariés ont réalisé 1 500 contrats.

Définitions

Les termes "activités maritimes" ou "activités en lien avec la mer" désignent dans cette étude les activités appartenant aux trois domaines suivants : les produits de la mer, la construction et réparation navale et le transport maritime et fluvial. Ce champ correspond donc à un sous-ensemble des activités retenues par l’Ifremer pour décrire l’économie maritime et comportant 11 domaines.

Les produits de la mer désignent les activités suivantes : pêche en mer (0311Z), aquaculture en mer (0321Z),transformation et conservation du poisson (1020Z), commerce de gros de poissons (4638A), commerce de détail de poissons (4723Z).

Pour en savoir plus

Bayardin (Vinciane), Caritg (Jean-Philippe), "Ports, pêche, tourisme, énergie ou activités navales : 46 500 emplois maritimes façonnent le littoral normand", Insee Analyse Normandie, Insee Normandie, n°12, Juin 2016

Colas (Sébastien), Neveu-Cheramy (ludivine), Rouxel (Michel) "L’économie maritime : des activités diverses et localisées", Insee Première, Insee, n°1573, novembre 2015