Insee Flash BretagneEn 2013, le PIB breton n'a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise

Fatima Le Strat et Valérie Molina, Insee

Le PIB breton s’élève en volume à 84,5 milliards d’euros en 2013. La croissance du PIB breton est continue depuis 1990, hormis en 2008 et 2009, années de récession qui ont touché presque toutes les régions métropolitaines. En 2013, le niveau du PIB se rapproche de celui d’avant-crise mais reste encore légèrement inférieur au point haut atteint en 2007. Le PIB par habitant est égal à 26 630 €. Il se situe parmi les plus faibles des régions de France métropolitaine en raison du niveau peu élevé du PIB par emploi. Ce dernier dépend en effet de la structure productive de la région qui comporte une surreprésentation de secteurs à faible valeur ajoutée.

Fatima Le Strat et Valérie Molina, Insee
Insee Flash Bretagne No 18- Juillet 2016

En 2013, le produit intérieur brut (PIB) de la Bretagne, exprimé en volume, c’est-à-dire corrigé de l’évolution générale des prix, s’élève à 84,5 milliards d’euros. Depuis 1990, il a augmenté de 49 %, soit une croissance moyenne de 1,7 % par an. Ce rythme est supérieur à celui de la France métropolitaine (+ 1,5 %) et de la France de province (+ 1,4 %) et place la région au 6e rang des 13 régions métropolitaines.

Ces 25 dernières années ont été marquées en France par deux périodes de récession (figure 1). Tout d’abord lors de la crise économique de 1993, le recul de l’activité a été d’ampleur moindre en Bretagne qu’en France de province (0,0 % contre – 0,9 %). Ensuite, entre 2007 et 2010, période marquée par la plus profonde récession depuis l’après-guerre, l’évolution du PIB a été nettement plus défavorable en Bretagne que dans la plupart des autres régions (– 6,4 % contre – 3,9 % en moyenne en province).

Figure 1En 2013, le PIB breton reste inférieur à celui de 2007

En 2013, le PIB breton reste inférieur à celui de 2007
Bretagne France de province
1990 100 100
1991 101,432023 101,092138
1992 103,976862 102,743778
1993 104,003316 101,768281
1994 107,777366 104,242629
1995 110,325732 107,195195
1996 111,874151 108,544615
1997 116,26369 110,915063
1998 121,095886 115,265148
1999 124,677707 117,915495
2000 131,806077 122,671601
2001 134,507874 125,275627
2002 135,671834 126,346729
2003 137,807523 127,639557
2004 145,071689 131,662632
2005 148,254942 133,324445
2006 151,849109 136,787525
2007 153,244096 138,858321
2008 147,835212 136,261011
2009 143,373366 132,698475
2010 143,376894 133,506566
2011 148,521242 137,552753
2012 148,79636 137,145448
2013 149,01328 137,65369
  • Source : Insee, comptes régionaux

Figure 1En 2013, le PIB breton reste inférieur à celui de 2007Évolution du PIB depuis 1990 (base 100 en 1990)

  • Source : Insee, comptes régionaux

En dehors de ces périodes de crise, la croissance du PIB breton a été continue, même si le rythme n’a pas été homogène. En 2013, la Bretagne n’a pas retrouvé le niveau de PIB en volume qu’elle avait atteint en 2007 (86,9 milliards d’euros).

1990 – 2000 : forte croissance du PIB breton

Entre 1990 et 2000, le PIB breton connaît une forte croissance. En effet, il augmente en moyenne de 2,8 % par an et la région réalise ainsi la 2e plus forte progression de toutes les régions derrière les Pays de la Loire. En France métropolitaine, la croissance moyenne annuelle est de 2,1 %. La contribution de la Bretagne au PIB national passe ainsi de 4 % en 1990 à 4,3 % en 2000.

Pour mesurer le potentiel de richesse à la disposition de chaque habitant, le PIB régional est rapporté à la population résidente. L’indicateur de PIB par habitant ainsi obtenu s’affranchit des disparités démographiques et autorise les comparaisons entre régions. Entre 1990 et 2000, le PIB par habitant augmente de 14 900 € à 21 300 € (figure 2), alors même que la population bretonne croît fortement. La Bretagne connaît une période d’expansion, si bien que l’écart entre le PIB par habitant breton et celui de province se réduit fortement (de – 1 300 € à – 400 €). Cette amélioration s’explique par une attractivité et une situation sur le marché du travail meilleures en Bretagne qu’en moyenne de province (encadré). En particulier le chômage baisse en Bretagne alors qu’il augmente en moyennes nationale et provinciale.

Figure 2Un PIB par habitant moins élevé en Bretagne quelque soit la période

Un PIB par habitant moins élevé en Bretagne quelque soit la période
Bretagne Province Métropole
1990 14 893 16 167 18 407
1999 20 017 20 667 23 627
2008 26 199 26 945 31 459
2013 26 630 27 679 32 550
  • Source : Insee, comptes régionaux et recensements de la population

Figure 2Un PIB par habitant moins élevé en Bretagne quelque soit la périodeÉvolution du PIB par habitant (en €)

  • Source : Insee, comptes régionaux et recensements de la population

La dynamique se retrouve dans l’emploi régional, en progression de 12,8 % entre 1990 et 2000, soit 136 000 postes supplémentaires. Le PIB par emploi croît plus fortement en Bretagne (+ 35,3 % contre + 30,0 % en métropole et + 31,1 % en province).

En 1990, la Bretagne possède le plus faible PIB par emploi (39 100 € contre 42 000 € en France de province et 45 000 € en France métropolitaine). La Bretagne dispose en effet d’une surreprésentation de secteurs d’activité où la productivité apparente est faible, principalement l’agriculture et les industries agroalimentaires. Durant la période 1990-2000, la croissance régionale a été portée par une dynamique de rattrapage économique liée au développement des secteurs à plus forte productivité apparente du capital, comme les activités immobilières et l’information-communication.

2000 – 2008 : maintien d’une bonne dynamique

Entre 2000 et 2003, la croissance bretonne est parallèle à celle de France de province et la contribution de la Bretagne au PIB national se maintient à 4,3 %. De 2004 à 2006 la progression est plus forte en Bretagne et sa contribution au PIB national augmente pour se situer à 4,5 %. Avec deux années de récession en 2008 et 2009, plus marquées en Bretagne, la contribution redescend à 4,2 % en 2009.

En 2008, le PIB par habitant breton se situe à 26 200 € et l’écart avec la moyenne de province est quasiment équivalent à celui de 1999 (– 750 €). Durant la période 2000 – 2008, le PIB par habitant progresse de 23,0 % en Bretagne, contre 24,2 % pour la France de province. Le taux d’activité augmente plus qu’ailleurs mais l’effet démographique pèse plus fortement. En lien avec le vieillissement de la population, la part de la population en âge de travailler diminue. L’attractivité régionale baisse également légèrement.

Le PIB par emploi augmente un peu moins en Bretagne (+ 21,4 %) qu’en province (+ 22,6 %) et l’écart en défaveur de la Bretagne s’accentue (– 2 700 € en 2008 contre – 1 700 € en 2000).

2008 – 2013 : les PIB par habitant et par emploi en Bretagne de nouveau éloignés des moyennes nationales

Entre 2008 et 2013, la croissance moyenne du PIB breton est de 0,2 % par an, comme en province mais inférieure au niveau de la métropole (+ 0,4 %). La contribution de la Bretagne au PIB national se maintient à 4,2 %.

Le PIB par habitant augmente toutefois de façon moins marquée en Bretagne (+ 1,6 % contre + 2,7 % en province et + 3,5 % en métropole). La Bretagne se classe ainsi 10e sur 13 régions métropolitaines. L’écart entre le PIB par habitant breton et de province en défaveur de la Bretagne s’accentue et se situe en 2013 à – 1 100 €.

En 2013, la faiblesse du PIB par habitant breton s’explique essentiellement par le bas niveau du PIB par emploi. Ce dernier se situe en effet à 66 400 € (figure 3) contre 70 200 € pour la province et 78 300 € pour la métropole. L’écart observé avec la province en défaveur de la Bretagne (– 3 800 €) est le plus important depuis 1990. Le niveau relativement faible de la valeur ajoutée créée par emploi en Bretagne s’explique par son orientation économique, notamment au sein des secteurs agricoles et industriels. Par rapport aux autres régions, la Bretagne attire moins d’entreprises industrielles à haute valeur ajoutée, à forte qualification et bénéficiant d’un fort potentiel de développement.

Figure 3Les PIB par habitant et par emploi peu élevés en Bretagne

Décomposition du PIB par habitant en 2013
Les PIB par habitant et par emploi peu élevés en Bretagne (Décomposition du PIB par habitant en 2013)
PIB par habitant PIB par emploi Attractivité Situation du marché du travail Taux d'activité Effet démographique
EMPLOI/PAO PAO/PA PA/PEAT PEAT/HAB
Province 27 700 70 200 96,8 87,9 73,7 63,9
Métropole 32 600 78 300 98,5 88,4 74,5 64,8
Bretagne 26 600 66 400 99,1 89,1 73,1 62,1
  • Source : Insee, comptes régionaux et recensements de la population

Le PIB par habitant breton est en revanche soutenu par la situation du marché de travail, meilleure en Bretagne qu’en moyenne nationale et de province. La région a en effet un taux de chômage parmi les plus faibles et le taux d’activité breton est équivalent à la moyenne de province. L’effet démographique contribue quant à lui à affaiblir légèrement le PIB par habitant en raison du vieillissement de la population.

Décomposition du PIB par habitant

Au niveau régional, le PIB par habitant est calculé en rapportant le PIB de la région à la population résidant dans la région. Les différences régionales de PIB par habitant peuvent s’éclairer en prenant en compte deux indicateurs, le PIB par emploi et l’emploi par habitant. En effet :

(1)

Dans les deux cas, il s’agit de l’emploi au lieu de travail.

L‘emploi par habitant peut lui-même se décomposer en quatre facteurs de la manière suivante :

(2)

Au total, le PIB par habitant peut être décomposé en cinq facteurs : les 4 premiers sont des facteurs économiques, le dernier un facteur démographique.

(3)

Le ratio Emploi/Population active occupée (PAO) est un indicateur d’attractivité de la région. Si ce rapport est supérieur à 1, cela signifie qu’il y a plus de personnes venant d’autres régions qui y travaillent que l’inverse.

Le ratio PAO/Population active (PA) est un indicateur de situation du marché du travail. Il rapporte la population active occupée de la région à sa population active. C’est le complémentaire du taux de chômage au sens du recensement de la population. Plus il est élevé, meilleure est la situation du marché du travail local car la part des chômeurs dans la population active est plus faible.

Le ratio PA/Population en âge de travailler (PEAT) correspond au taux d'activité. Il rapporte le nombre d'actifs de la région (actifs occupés et chômeurs) à l'ensemble de la population en âge de travailler (personnes âgées de 15 à 64 ans).

Le ratio PEAT/Habitant est un indicateur d’un effet démographique. Il rapporte la population en âge de travailler de la région (15-64 ans) à son nombre d’habitants. Ainsi, si la population locale est très jeune (Mayotte et Guyane) ou si elle est vieillissante (Corse), le ratio est faible.

(1)

(2)

(3)

Pour en savoir plus

Les produits intérieurs bruts régionaux de 1990 à 2013 / Benoit Hurpeau ; Insee. - Dans : Insee Focus n° 60 (2016, juillet). 4 p.

Le PIB en Bretagne depuis 1990 : une croissance plus forte qu'en moyenne nationale jusque 2006, mais généralement plus faible ensuite / Miche Rouxel ; Insee. - Dans : Octant Analyses n° 66 (2014, juin). 4 p.