En Poitou-Charentes, un immigré sur quatre est originaire du Royaume-Uni

Nadège Pradines

En 2009, le Poitou-Charentes compte 66 350 immigrés. Avec 3,8 % de population immigrée, la région est l'une des régions de France métropolitaine les moins concernées par l'immigration. 35 % d'entre eux ont acquis la nationalité française. Le plus fort contingent d'immigrés dans notre région est d'origine britannique (25 %) devant les originaires des trois pays du Maghreb et les Portugais (environ 15 % chacun).

e.décim@l
No 024
Paru le :Paru le05/10/2012
Nadège Pradines
e.décim@l No 024- Octobre 2012

3,8 % d´immigrés en Poitou-Charentes

En 2009, le Poitou-Charentes compte 66 350 immigrés. Il s´agit des habitants de la région nés étrangers à l´étranger. Parmi ces immigrés, 23 240 - soit 35 % - ont acquis la et 43 110 ont conservé leur nationalité d´origine. Outre ces 43 110 étrangers immigrés, la région compte 4 900 étrangers nés en France, qui n´ont donc pas le statut d´immigrés. Ils ne sont pas pris en compte dans la présente étude. Avec 3,8 % de population immigrée, le Poitou-Charentes est l´une des régions de France métropolitaine les moins concernées par l´immigration.

Figure 1Répartition de la population immigrée par région

La localisation des immigrés en France est largement déterminée par la proximité avec le pays d´origine et la répartition de l´activité économique (industrie, agriculture, tertiaire). Au total, 66 % des immigrés en France résident dans des unités urbaines d´au moins 100 000 habitants, contre 42 % des non-immigrés. Alors que 4 % des habitants des communes rurales sont immigrés, 19 % des habitants de l´agglomération parisienne le sont. Entre ces extrêmes, la part de la population immigrée augmente avec la taille de l´unité urbaine. Cependant, la répartition des immigrés au sein des différentes catégories de commune varie selon leurs origines. Les immigrés originaires d´un pays de l´Union européenne (UE) ont une répartition assez proche de celle de l´ensemble de la population. En revanche, les immigrés venus d´un pays hors de l´UE sont concentrés aux trois quarts dans les unités urbaines d´au moins 100 000 habitants. Ainsi, en Poitou-Charentes, région principalement rurale et peu industrialisée et éloignée des principales zones frontalières de la France, la présence de population immigrée est moindre. Par ailleurs, en proportion, les immigrés venus d´un pays de l´UE sont davantage représentés.

Figure 2Immigrés et étrangers en Poitou-Charentes enn 2009

Comme à l´échelle nationale, on note une part légèrement supérieure de femmes (51 % dans la région) que d´hommes (49 %) dans la population immigrée. Celles-ci prennent plus souvent la nationalité française (37 % d´entre elles dans la région contre 33 % pour les hommes immigrés).

Plus de grands ménages dans les populations immigrées

La population adulte immigrée des ménages picto-charentais vit majoritairement en couple (73 %), davantage que les non-immigrés de la région (66 %). Ces couples peuvent être composés de deux immigrés ou d´un immigré et d´un non-immigré. Les femmes immigrées vivent moins souvent en couple que les hommes (71 % contre 75 %). Elles sont par contre, comme dans la population non-immigrée, bien plus concernées par la monoparentalité (près d´1 sur 12). Les populations immigrées comportent plus de grandes familles que les populations non-immigrées. Ainsi, 19 % des immigrés résidant en couple vivent avec au moins 3 enfants, alors que les non-immigrés en couple ne sont que 9 % à vivre avec 3 enfants ou plus. La structure par âge joue vraisemblablement. L´ensemble de ces spécificités sont conformes aux tendances nationales.

L´origine géographique des immigrés a une grande influence sur le type de ménage dans lequel vivent les adultes immigrés. Par exemple, les immigrés d´Europe sont plus souvent en couple (79 %) que les immigrés d´Afrique (65 %). En revanche, plus de la moitié des immigrés d´Europe en couple ne vivent pas - ou plus - avec des enfants. Au contraire, plus des trois-quarts des immigrés d´Afrique en couple vivent avec au moins un enfant, avec un nombre important de grandes familles (plus de 3 enfants). De plus, 8 % des adultes immigrés d´Afrique sont à la tête d´une famille monoparentale. La moindre parentalité des immigrés d´Europe s´explique par l´âge. En effet, pour une part importante, ils sont issus de vagues de migrations plus anciennes que les immigrés originaires d´Afrique et ont ainsi passé l´âge de vivre avec leurs enfants.

+70 % d´immigrés dans la région en 10 ans

En moyenne un immigré de la région est arrivé en 1990 et a 45 ans en 2009. Cependant, ces normes masquent des vagues d´immigration bien distinctes : d´un côté, les immigrés d´origine espagnole ou italienne sont arrivés jeunes dans les années 1960 et sont désormais majoritairement sexagénaires. De l´autre, dans les années 2000, un important afflux d´immigrés d´origine britannique arrive dans la région, à un âge déjà avancé puisqu´ils ont en 2009 en moyenne 51 ans. La structure de la population immigrée en Poitou-Charentes s´est ainsi sensiblement modifiée en dix ans.

Figure 3Année d'arrivée des immigrés résidant en POoitou-Charentes en 2009

  • Note de lecture : en 2009, en Poitou-Charentes, on recense environ 3 000 immigrés arrivés en France en 2003.
  • Sources : recensement de la population 2009

En 1999, la région comptait 39 030 immigrés, dont 16 420 avaient acquis la nationalité française. Ils représentaient seulement 2,4 % de la population régionale. La principale population immigrée était celle d´origine portugaise, représentant un immigré sur cinq.

En dix ans, la région Poitou-Charentes a gagné 27 320 immigrés, et ce, malgré les décès des immigrés issus des plus anciennes vagues de migration ou les déménagements. Ainsi, alors que les populations immigrées d´origine italienne ou espagnole, arrivées en moyenne dans les années 60, sont en diminution entre 1999 et 2009, les populations immigrées d´origine chinoise, camerounaise, turque, algérienne, ont augmenté de plus de 50 %, et se situent en 2009 parmi les 15 nationalités les plus représentées dans la région. L´évolution la plus remarquable est toutefois celle de la population immigrée d´origine britannique. En dix ans, cette population a été multipliée par près de cinq en effectifs. Alors qu´elle représentait à peine 9 % des immigrés de la région en 1999, elle en représente désormais 25 %.

Figure 4Évolution de la pouplation immigée entre 1999 et 2009

16 760 immigrés d´origine britannique, installés principalement dans les zones à faible densité

En 2009, la région Poitou-Charentes abrite 16 760 immigrés d´origine britannique, soit 10,3 % des immigrés d´origine britannique résidant sur le sol français. S´ils étaient uniformément répartis au sein de la population métropolitaine, les immigrés d´origine britannique en Poitou-Charentes ne devraient représenter que 2,8 % des immigrés britanniques en France.

Les immigrés d´origine britannique sont nettement surreprésentés dans le département de Charente. Ce département, qui ne représente que 20 % de la population régionale, concentre 39 % des immigrés d´origine britannique de la région. Ils sont également légèrement surreprésentés dans le département des Deux-Sèvres. Les Britanniques privilégient les espaces ruraux et de faible densité, au contraire de la plupart des autres flux migratoires, qui s´installent essentiellement dans l´espace d´influence des villes.

Figure 5Localisation des immigrés d'origine non britanique en Poitou-Charentes en 2009

Figure 6Localisation des immigrés d'origine britanique en Poitou-Charentes en 2009

35 % des immigrés ont acquis la nationalité française

Les immigrés de la région acquièrent moins la nationalité française que l´ensemble des immigrés de France métropolitaine. À l´échelle nationale, 40 % des immigrés ont acquis la nationalité française contre seulement 35 % en Poitou-Charentes. On l´explique aisément : l´acquisition de la nationalité française relève à la fois d´un choix de la part des immigrés et de contraintes administratives. Notamment, le temps passé en France avant la demande d´acquisition de la nationalité française est déterminant. Par ailleurs, selon leur origine, les immigrés ont, pour diverses raisons, plus ou moins tendance à acquérir la nationalité française. On constate par exemple, à l´échelle nationale, que les immigrés d´origine portugaise ont beaucoup moins acquis la nationalité française que les immigrés d´origine espagnole ou italienne, par exemple. Cela peut en partie être expliqué par le fait que le Portugal interdisait à ses ressortissants la double nationalité, jusqu´en 1982. Les quelques 9 300 immigrés d´origine portugaise de la région ne sont donc que 34 % à avoir acquis la nationalité française, alors que 63 % des 2 500 immigrés d´origine espagnole l´ont acquise.

Le moindre taux d´acquisition de la nationalité française par les immigrés résidant en Poitou-Charentes, par rapport à ceux résidant en France métropolitaine, s´explique par la prédominance de populations immigrées récentes, qui n´ont pas encore le droit de requérir la nationalité française, ou de populations immigrées moins récentes mais peu enclines à acquérir la nationalité française, notamment s´ils sont d´une nationalité européenne.

Les Britanniques acquièrent peu la nationalité française

Seuls 7,3 % des immigrés d´origine britannique ont acquis la nationalité française. À titre de comparaison, la part des immigrés non Britanniques vivant en Poitou-Charentes ayant acquis la nationalité française est de 44,4 %. Les Britanniques ont donc un comportement tout à fait atypique en ce domaine que leur arrivée relativement récente ne suffit pas à expliquer. Les immigrés d´origine britanniques sont arrivés en moyenne en 2002. Mais les immigrés d´origine chinoise sont arrivés en moyenne en 2003 et sont pourtant 19,8 % à avoir acquis la nationalité française. L´âge auquel ces immigrés arrivent peut être un facteur déterminant, tout comme le fait qu´ils possèdent déjà une citoyenneté européenne. Enfin, l´acquisition de la nationalité française résulte d´une démarche volontaire et témoigne d´un attachement durable à la France. Les immigrés d´origine britanniques, dont peu sont devenus français, attirés dans les campagnes picto-charentaises pour des raisons économiques et de confort, pourraient n´être qu´un phénomène migratoire éphémère, ralenti par la crise.

Définitions

La nationalité française : La nationalité est le lien juridique qui relie un individu à un État déterminé. La nationalité française peut résulter soit de filiation soit d'une acquisition.

l'attribution de la nationalité française

- Par filiation (droit du sang) : Est Français l'enfant, dont l'un des parents au moins est Français au moment de sa naissance.

- Par la double naissance en France (double droit du sol) : Est Français l'enfant, né en France lorsque l'un de ses parents au moins y est lui-même né. L'enfant né en France avant le 1er janvier 1994, d'un parent né sur un ancien territoire français avant son accession à l'indépendance, est Français de plein droit. Il en est de même de l'enfant né en France d'un parent né en Algérie avant le 3 juillet 1962.

L´acquisition de la nationalité française

- De plein droit, à raison de la naissance et de la résidence en France : Depuis le 1er septembre 1998, tout enfant né en France de parents étrangers acquiert automatiquement la nationalité française à sa majorité si, à cette date, il a en France sa résidence et s´il a eu sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d´au moins cinq ans, depuis l´âge de onze ans. L´acquisition de façon anticipée par déclaration est possible à partir de l´âge de treize ans.

- Par déclaration : mariage avec un(e) Français(e) : la déclaration peut être souscrite après un délai de 4 ans à compter de la date du mariage à condition que la communauté de vie tant affective que matérielle n´ait pas cessé entre les époux depuis le mariage. Le déclarant doit justifier d´une connaissance suffisante, selon sa condition, de la langue française. Le gouvernement peut s´opposer à l´acquisition de la nationalité française pour indignité ou défaut d´assimilation à la communauté française autre que linguistique ;

adoption simple ou recueil en France : l´enfant qui a fait l´objet d´une adoption simple par une personne de nationalité française peut, jusqu´à sa majorité, déclarer qu´il réclame la nationalité française, à condition de résider en France à l´époque de sa déclaration.

- Par naturalisation (décret) : la naturalisation ne peut être accordée qu´à l´étranger justifiant d´une résidence habituelle en France pendant les cinq années qui précèdent le dépôt de sa demande, sauf cas prévus par le Code civil. Le candidat à la nationalité française doit prouver par un diplôme ou par une attestation délivrée à la suite d´un test auprès d´un organisme agréé qu´il a atteint le niveau requis en français et justifier de sa " connaissance de l´histoire, de la culture et de la société françaises " en répondant à un questionnaire ;

effet collectif de l´acquisition de la nationalité française : sous réserve que son nom soit mentionné dans le décret de naturalisation ou dans la déclaration de nationalité, l´enfant mineur, dont l´un des deux parents acquiert la nationalité française, devient Français de plein droit s´il a la même résidence habituelle que ce parent. Cet enfant mineur peut ou non être né en France.

La réintégration dans la nationalité française, sous certaines conditions, permet aux personnes qui ont perdu la nationalité française de la recouvrer. La réintégration dans la nationalité française par déclaration concerne les personnes qui ont perdu la nationalité française en raison du mariage avec un étranger ou qui ont volontairement acquis une nationalité étrangère. Ces dernières doivent avoir conservé ou acquis des liens manifestes avec la France, notamment d´ordre culturel, professionnel, économique ou familial.

Origine des immigrés : Il y a deux façons de définir l´origine d´un immigré : soit l´on considère sa nationalité (ou sa nationalité de naissance pour ceux devenus français), soit l´on considère son pays de naissance.

Considérer la nationalité peut masquer certaines trajectoires migratoires. Ainsi, un Turc (nationalité) né en Allemagne et ayant migré vers la France sera mentionné comme dans cette étude comme " d´origine turque ", bien qu´il ait passé toute sa vie en Europe.

Considérer le pays de naissance peut en revanche modifier l´analyse socio-culturelle de l´immigration. Dans ce cas, le Turc né en Allemagne et ayant migré vers la France sera mentionné dans cette étude comme " immigré d´Allemagne".

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