Près de 13 000 Britanniques ont choisi de vivre en Poitou-Charentes

Yves Dumont

La population de nationalité étrangère est peu présente en Poitou-Charentes, comparativement à d’autres régions. Les Britanniques sont les plus nombreux, ils représentent près du tiers des étrangers vivant dans la région. Arrivés souvent depuis peu, ils se sont installés principalement en zone rurale et participent de ce fait au renouveau démographique observé dans certains territoires. Cette attraction pourrait se poursuivre dans les prochaines années, si elle n'est pas freinée par la crise économique mondiale et ses effets sur l’économie britannique. D’autres nationalités sont présentes depuis plus longtemps. C’est le cas notamment des Portugais, des Algériens et des Marocains.

e.décim@l
No 003
Paru le :Paru le11/12/2009
Yves Dumont
e.décim@l No 003- Décembre 2009

Le Poitou-Charentes compte 41 300 étrangers, soit 2,4 % de la population régionale, contre 5,8 % en France métropolitaine. Traditionnellement la région héberge moins d’étrangers que d’autres régions françaises, mais depuis une décennie de nombreux nouveaux habitants sont de nationalité étrangère. Si les Britanniques sont de loin les plus nombreux, les Néerlandais, les Belges et les Chinois sont maintenant aussi présents dans la région. Selon les nationalités leurs caractéristiques diffèrent. Les Britanniques sont plutôt âgés de 50 ans et plus et se sont installés en zone rurale, les Chinois sont des jeunes, essentiellement des étudiants.

Avec près de 13 000 représentants, les Britanniques sont les plus nombreux à habiter en Poitou-Charentes; ils devancent les Portugais (6 600), les Marocains (2 900) et les Algériens (2 200). Les Belges, les Guinéens et les Espagnols sont les autres nationalités à dépasser 1 000 ressortissants habitant en Poitou-Charentes. Au total, plus de 150 nationalités sont présentes dans la région, mais le plus souvent avec moins de 100 représentants.

Ces dernières années, l’arrivée des étrangers a contribué à la croissance démographique du Poitou-Charentes. Sur l’ensemble des étrangers résidant dans la région en 2006, 15 500, soit 37 % habitaient hors de France 5 ans auparavant. Parmi les 165 000 personnes nouvellement arrivées ces cinq dernières années en Poitou-Charentes, les étrangers représentent donc près d’une personne sur dix.

Arrivée récente des Britanniques

Outre leur nombre, ce qui caractérise les Britanniques, c’est leur arrivée récente. Ainsi, plus de la moitié est installée dans la région depuis moins de 5 ans et la quasi-totalité depuis moins de 20 ans. Mais ces Britanniques ont d’autres caractéristiques spécifiques : 55 % d’entre eux ont entre 50 et 74 ans, ce sont donc le plus souvent des retraités ou des futurs retraités. Néanmoins, près de 1 800 jeunes de moins de 15 ans sont aussi recensés. Venus avec leurs parents, ils sont donc scolarisés dans les établissements picto-charentais, et souvent dans des écoles primaires de petites communes rurales. En effet, les Britanniques se sont installés très majoritairement (85 %) dans l’espace rural et notamment dans les arrondissements de Confolens et de Montmorillon.

Le Poitou-Charentes héberge un peu moins de 10 % des Britanniques vivant en France. C’est l’Île-de-France qui en accueille le plus (plus de 20 000), devant Midi-Pyrénées, Aquitaine et Poitou-Charentes. Ces trois dernières régions accueillant chacune environ 13 000 ressortissants du Royaume-Uni. Puis suivent la Bretagne, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes. Par département c’est Paris qui accueille le plus de Britanniques devant la Dordogne et les Alpes-Maritimes. La Charente figure au 4e rang, la Charente-Maritime est 12e, les Deux-Sèvres 16e et la Vienne 21e.

D’autres européens sont également présents...

Les Néerlandais sont environ 840 en Poitou-Charentes. Comme les Britanniques, la moitié d’entre eux a entre 50 et 74 ans. Toutefois, leur date d’arrivée en France est plus étalée dans le temps, même si près de la moitié d’entre eux y sont depuis moins de 10 ans. Eux aussi sont surtout présents dans l’espace rural (71 %).

Les Belges (1 180 personnes) et les Allemands (780 personnes) ont des caractéristiques différentes de celles des Britanniques et des Néerlandais. Leur pyramide des âges est beaucoup plus équilibrée, avec notamment un tiers âgé de 30 à 49 ans et un autre tiers de 50 à 74 ans, ils sont donc plus souvent actifs que les Britanniques. Belges et Allemands se partagent pour moitié entre espace rural et espace urbain.

Les Portugais sont le deuxième contingent étranger en Poitou-Charentes avec près de 6 600 personnes, ils étaient à la première place en 1999. Ils sont présents depuis longtemps dans la région. Plus de la moitié d’entre eux sont arrivés en France, il y a plus de 30 ans et notamment dans les années 1960-1970. Ce qui n’empêche pas la présence de toutes les générations grâce à des naissances en France et des arrivées récentes. Ils vivent plutôt dans l’espace urbain (67 %).

Les Espagnols sont un peu moins de 1 100. Leur date d’arrivée en France est souvent encore plus ancienne que celle des Portugais. Mais eux aussi enregistrent des arrivées récentes. Eux aussi privilégient l’espace urbain (73 %). Les Italiens sont également dans la région depuis longtemps. Près de la moitié d’entre eux a plus de 60 ans et est donc retraité. Bien que majoritairement ils vivent dans l’espace urbain, un tiers est installé dans l’espace rural.

..et aussi des non européens

Les Marocains (2 860 personnes) et les Algériens (2 200 personnes) sont les 3e et 4e nationalités les plus présentes en Poitou-Charentes. Présents dans la région depuis plusieurs décennies, leur pyramide des âges est aussi relativement équilibrée grâce aux naissances et aux arrivées récentes. Ils habitent très majoritairement dans l’espace urbain (environ 90 %). En dehors des ressortissants d’Afrique du Nord, les Guinéens sont les Africains les plus présents en Poitou-Charentes (plus de 1 100), dont la moitié est âgée de moins de 15 ans. Ces derniers sont, en majorité, nés en France. Ils sont quasiment tous habitants de l’espace urbain. Les autres nationalités africaines les plus représentées sont les Camerounais et les Sénégalais (entre 450 et 500 ressortissants).

Les Turcs sont près de 900, la majorité d’entre eux a entre 25 et 54 ans, et sont donc en âge d’activité. Ils sont localisés à 92 % dans l’espace urbain. Les Chinois sont un peu plus de 600 en Poitou-Charentes. Dans leur très grande majorité, ils sont âgés de 15 à 29 ans, étudiants et habitent dans les espaces urbains de Poitiers et de La Rochelle. Ils sont aussi majoritairement célibataires..

Une contribution à l’essor démographique

Le prix de l’immobilier et du foncier, un cours des changes favorable, la possibilité de télétravail, l’ouverture de lignes aériennes à bas coûts en plus du soleil et de l’espace disponible ont été des facteurs favorables ces dernières années à l’installation des Britanniques sur le territoire picto-charentais. La crise depuis l’an passé, un cours des changes moins favorable peuvent-ils remettre en cause cette tendance ? Par ailleurs, l’attraction exercée sur les Britanniques peut-elle se reproduire pour les Belges et les Néerlandais (ce qui est déjà un peu le cas) mais pourquoi pas aussi pour les Allemands et les Scandinaves, eux aussi, souvent à la recherche d’un climat plus chaud et d’espace rural ? Sans doute aussi la question se pose-t-elle pour toutes les nationalités de la concurrence entre les régions françaises et, au-delà, avec les autres pays aux prix moins élevés (foncier, immobilier, produits de consommation) tels les pays de l’Europe de l’Est ou du Maghreb.

C’est grace aux migrations que la population du Poitou-Charentes croît. L’arrivée de ces Britanniques et plus largement de tous les étrangers n’est pas négligeable, entre 5 et 12 % de la population totale pour une quinzaine de cantons dont une grande majorité de cantons ruraux. Ces arrivées sont-elles définitives dans la majorité des cas et alors la région verra augmenter son nombre de futurs retraités, mais aussi d’actifs et de jeunes ? Ou bien sont-ce simplement des installations passagères d’une dizaine d’années avant un retour dans le pays d’origine ?

Dans une étude récente, la Direction régionale de l’équipement indique que sur la période 2002 à 2006, 10 % des acheteurs de maisons anciennes sont étrangers, et que ce taux monte à 19 % en Charente. Ces proportions sont toutefois en baisse en 2006. Ces achats sont destinés à la résidence principale, mais aussi à la résidence secondaire que les Britanniques possèdent effectivement en nombre en Poitou-Charentes. Une partie de ces résidences a sans doute vocation à devenir des résidences principales dans les prochaines années.

Autre fait, fin des années 1990 - début des années 2000, la région a connu une augmentation du nombre d’étudiants de nationalité étrangère, nombre qui s’est stabilisé depuis. Les échanges internationaux se font de plus en plus, que ce soit au niveau de l’Europe, avec notamment le système Erasmus, mais aussi au niveau mondial, comme le prouvent l’arrivée des étudiants chinois.

Figure 1Étrangers résidant en Poitou-Charentes par nationalité

Étrangers résidant en Poitou-Charentes par nationalité
Charente Charente-Maritime Deux-Sèvres Vienne Poitou-Charentes
Britanniques 5 083 3 044 2 595 2 251 12 972
Portugais 1 531 1 796 2 210 1 055 6 592
Marocains 684 877 369 930 2 860
Algériens 604 468 238 884 2 195
Belges 224 509 193 249 1 176
Guinéens 110 151 10 871 1 142
Espagnols 312 354 111 315 1 092
Turcs 149 333 156 244 882
Néerlandais 347 213 121 162 843
Allemands 193 329 100 154 776
Chinois 29 164 16 417 626
Italiens 64 248 99 200 611
Tunisiens 187 168 43 97 495
Camerounais 91 92 61 220 464
Russes 56 164 47 172 440
Sénégalais 85 119 23 209 436
  • Source : Insee (recensement de la population 2006, exploitation principale)

Figure 2Population étrangère par arrondissement

Population étrangère par arrondissement
Britanniques Ensemble des étrangers Population totale
Angoulême 1 361 5 511 191 609
Cognac 991 1 982 91 004
Confolens 2 732 3 511 64 424
Jonzac 710 1 207 53 637
Rochefort 302 2 057 175 782
La Rochelle 193 4 343 197 940
Saintes 766 1 995 119 875
Saint-Jean-d'Angély 1 073 1 450 51 681
Bressuire 401 1 905 93 538
Niort 1 487 4 189 202 943
Parthenay 707 1 405 63 230
Châtellerault 316 2 117 112 024
Montmorillon 1 693 2 261 74 249
Poitiers 242 7 346 232 187
Poitou-Charentes 12 972 41 279 1 724 123
  • Source : Insee (recensement de la population 2006, exploitation principale)

Définitions

Étrangers : un étranger est une personne qui ne possède pas la nationalité française, soit qu'elle possède une autre nationalité (à titre exclusif), soit qu'elle n'en ait aucune (c'est le cas des personnes apatrides). Les personnes de nationalité française possédant une autre nationalité sont considérées en France comme françaises. Un étranger n'est pas forcément immigré, il peut être né en France (les enfants mineurs notamment).

À la différence de celle d'immigré, la qualité d'étranger ne perdure pas toujours tout au long de la vie : on peut devenir français par acquisition selon des conditions qui dépendent de la législation en vigueur.

Parmi les étrangers se trouvant en France au moment du recensement, seuls ont été recensés ceux qui ont leur résidence permanente en France, notamment ceux qui y travaillent ou y étudient (travailleurs permanents, stagiaires, étudiants, ainsi que leur famille le cas échéant), à l'exception des travailleurs saisonniers et des travailleurs frontaliers. En outre, n'ont pas été recensés les étrangers membres du corps diplomatique, mais le personnel étranger (administratif, technique ou de service) des ambassades résidant de façon permanente en France l'a été. Ne sont recensés ni les touristes ni toute personne faisant en France un séjour de courte durée.

Un jeune mineur né en France de deux parents étrangers est de nationalité étrangère jusqu’à l’âge de 13 ans minimum. De 13 à 15 ans, ses parents peuvent demander pour lui la nationalité française par anticipation. À 16 ou 17 ans, le mineur peut faire lui-même cette démarche.

Immigré : selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l'Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l'étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. À l'inverse, certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers. Les populations étrangère et immigrée ne se confondent pas : un immigré n'est pas nécessairement étranger et réciproquement, certains étrangers sont nés en France (essentiellement des mineurs). La qualité d'immigré est permanente : un individu continue à appartenir à la population immigrée même s'il devient français par acquisition. C'est le pays de naissance, et non la nationalité à la naissance, qui définit l'origine géographique d'un immigré. En 2006, le Poitou-Charentes compte un peu moins de 58 300 immigrés.