Forte longévité et forte mortalité en Midi-Pyrénées : un paradoxe ?
Midi-Pyrénées détient le record de longévité parmi les régions de province, tant pour les femmes que les hommes. En 2013, l’espérance de vie à la naissance atteint respectivement 85,6 ans et 79,9 ans et cette longévité ne cesse de s’accroître depuis dix ans. Pourtant, la mortalité progresse rapidement, marquée notamment par la mortalité prématurée.
En Midi-Pyrénées, on vit plus longtemps. En effet, l’espérance de vie y bat des records et cette longévité ne cesse de s’accroître. Pourtant, depuis quelques années, le nombre de décès s’envole. Ce paradoxe n’est qu’apparent. En effet, l’arrivée en fin de vie des générations nombreuses nées entre les deux guerres, conjuguée à une forte longévité, entraîne une mortalité soutenue.
Records de longévité
Parmi les régions de province, Midi-Pyrénées détient le record de longévité, pour les femmes comme pour les hommes.
L’espérance de vie des femmes à la naissance atteint 85,6 ans en 2013, ce qui classe la région au 1er rang, ex æquo avec Rhône-Alpes et les Pays-de-la-Loire (85 ans en métropole) (figure 1).
graphiqueFigure_1 – Midi-Pyrénées, la région de province où l’on vit le plus longtemps

Cette longévité ne cesse de s’accroître : en dix ans, les femmes gagnent deux années supplémentaires. Les hommes vivent 5,7 ans de moins que les femmes en Midi-Pyrénées (79,9 ans). Cette espérance de vie à la naissance classe la région juste derrière l’Île-de-France. Elle progresse de 2,7 ans en dix ans et se rapproche doucement de celle des femmes.
À 65 ans, l’espérance de vie reste très élevée dans la région et l’écart se réduit entre les sexes : 19,6 ans pour les hommes et 23,2 ans pour les femmes.
Les départements de la Haute-Garonne du Tarn et du Lot, font partie du top 10 des département français où l’on vit le plus longtemps en 2013, autant pour les hommes (entre 80,1 ans et 80,5 ans) que pour les femmes (entre 85,8 ans et 86 ans).
La barre des 27 000 décès franchie en 2012
Le nombre de décès augmente nettement à partir de 2012, où la barre des 27 000 décès est franchie, pour se maintenir à un niveau jamais atteint depuis 1975. En 2014, 27 400 décès sont enregistrés en Midi-Pyrénées.
Ce phénomène est semblable en France métropolitaine. Il s’explique par la forte hausse du nombre de décès des personnes de 80 ans ou plus entre 2004 et 2014, tandis que dans la tranche d’âge 65-79 ans, le nombre de décès se stabilise depuis 2011 après plusieurs années de baisse. En Midi-Pyrénées, le nombre de personnes de 80 ans ou plus augmente fortement en dix ans (+ 44 %). Près des deux-tiers des décès en 2014 concernent ces générations nombreuses nées entre les deux guerres mondiales. En dix ans, le nombre de décès dans cette tranche d’âge augmente de 23 % (+ 3 000 décès). Parallèlement, la population des 65-79 ans progresse modérément entre 2004 et 2014 (+ 17 %), une majeure partie correspondant aux générations creuses nées pendant la guerre de 39-45. De ce fait, le nombre de décès dans cette tranche d’âge diminue de 16 % entre 2004 et 2014 : après une baisse régulière jusqu’en 2011, il se stabilise ensuite avec l’arrivée des premières générations très nombreuses de baby-boomers. En 2014, 20 % des défunts étaient âgés de 65 à 79 ans, soit un peu plus de 1 000 décès supplémentaires par rapport à 2004.
Hausse marquée de la mortalité
Au total, en dix ans, le nombre de décès en Midi-Pyrénées augmente de 9 % et de 7 % en métropole. Cette différence n’est pas imputable aux âges avancés : le nombre de personnes décédées de 80 ans ou plus augmente moins dans la région qu’en métropole (- 3 points) (figure 2) et celui des 65 à 75 ans baisse plus fortement (+ 2 points). Elle est due à la mortalité prématurée, soit des décès survenant entre 15 et 64 ans. En 2014, cette mortalité prématurée touche 4 200 personnes en Midi-Pyrénées, soit 4 % de plus qu’en 2004 ; dans le même temps, la mortalité de ces générations baisse de 5 % en métropole.
Cette évolution de la mortalité prématurée en Midi-Pyrénées est d'origine structurelle. En effet, si la population de Midi-Pyrénées avait la même structure d'âge que la population de métropole, la mortalité prématurée serait plus faible dans la région : 223 décès pour 100 000 habitants en 2014 contre 236 en métropole. Néanmoins, la mortalité des jeunes midi-pyrénéens (15 à 29 ans) est plus élevée qu'en métropole (43 décès pour 100 000 jeunes en 2014 contre 37 en métropole), une mortalité due surtout aux accidents de la route, qui touche davantage les hommes.
graphiqueFigure_2 – Forte progression de la mortalité prématurée en Tarn-et-Garonne
Dans le Tarn-et-Garonne, la mortalité prématurée augmente cinq fois plus vite (+ 21 %) qu’en moyenne dans la région entre 2004 et 2014 (figure 3). Même constat, plus modéré, en Aveyron, avec une hausse de 16 % sur les dix dernières années. La mortalité précoce régresse seulement dans le Tarn, l’Ariège et les Hautes-Pyrénées.
L’évolution du nombre total de décès est particulièrement importante dans le Tarn-et-Garonne (+ 13 % en dix ans), tirée par la mortalité prématurée. Dans le Lot aussi, la hausse est soutenue (+ 11 %) : les personnes de 80 ans ou plus y sont nombreuses et la mortalité de ces générations progresse de 26 % par rapport à 2004. C’est la hausse la plus élevée de la région. A contrario, en Ariège, le nombre de décès augmente peu en dix ans (+ 1,4 %).
tableauFigure 3 – Mortalité selon les départements de Midi-Pyrénées
Nombre de décès en 2014 | Évolution du nombre de décès entre 2004 et 2014 (%) | ||||
---|---|---|---|---|---|
de 15 à 64 ans | de 65 à 79 ans | 80 ans ou plus | Ensemble | ||
Ariège | 1 776 | -2,6 | -28,0 | 17,7 | 1,4 |
Aveyron | 3 267 | 16,3 | -20,7 | 20,4 | 8,5 |
Haute-Garonne | 8 812 | 1,2 | -12,6 | 24,6 | 9,2 |
Gers | 2 239 | 3,6 | -16,5 | 22,4 | 9,8 |
Lot | 2 161 | 8,1 | -15,1 | 26,4 | 11,3 |
Hautes-Pyrénées | 2 678 | -5,2 | -18,3 | 23,6 | 6,9 |
Tarn | 4 015 | -1,8 | -16,9 | 24,8 | 9,3 |
Tarn-et-Garonne | 2 440 | 21,4 | -10,2 | 23,4 | 13,3 |
Midi-Pyrénées | 27 388 | 3,5 | -16,1 | 23,4 | 8,9 |
France métropolitaine | 545 023 | -5,1 | -14,7 | 26,1 | 7,4 |
- Source : Insee, statistiques de l'état-civil
Pour en savoir plus
« Vers une cellule familiale moins traditionnelle en Midi-Pyrénées », Insee Analyses Midi-Pyrénées n° 32 , décembre 2015
« Bilan démographique 2012 : faible fécondité et espérance de vie élevée », 6 pages Insee Midi-Pyrénées n°159, mai 2014
« Des décès moins nombreux », Insee Première n° 1532, janvier 2015