En 2006, un ménage du Poitou-Charentes sur quatre habitait dans une autre commune 5 ans auparavant

Alexandre Giraud

Alexandre Giraud
e.décim@l No 002- Novembre 2009

Parmi les habitant en Poitou-Charentes en 2006, 204 000 habitaient dans une autre commune 5 ans auparavant. 77 000 ménages résidaient dans une autre région française ou à l'étranger et 127 000 ont changé de communes au sein de la région. Au total, c'est plus d'un ménage sur quatre (27 %) qui a changé de communes en 5 ans.

77 000 ménages sont arrivés dans la région en 5 ans

Le Poitou-Charentes est attractif : 10 % des ménages s’y sont installés ces 5 dernières années, c’est 2 points de plus que la moyenne des autres régions de métropole. La région attire des ménages du reste de la France mais aussi de l’étranger, notamment des Britanniques. Elle est ainsi la 2e région d’accueil des Britanniques après l’Île-de-France. Avec 4 000 ménages arrivés au cours des 5 dernières années, les Britanniques représentent 44 % des arrivées de l’étranger.

Figure 1Migrations de ménages sur 5 ans

  • Source : Insee, recensement de la population 2006

Les ménages britanniques en milieu rural

Ces ménages britanniques ont leur spécificité. Contrairement aux autres ménages étrangers qui s’installent dans les aires urbaines et leur ville centre, les Britanniques s’installent surtout en milieu rural : au sud de la Vienne, au sud-est des Deux-Sèvres, au nord de la Charente et dans la zone non littorale de la Charente-Maritime (Figure 2). Les ménages britanniques installés depuis moins de 5 ans sont le plus souvent retraités (55 %). Lorsqu’ils occupent un emploi, ils sont artisans-commerçants dans 30 % des cas. Ce sont plutôt des couples sans enfant. 9 fois sur 10, ils sont propriétaires de leur logement. Ils occupent presque exclusivement des maisons (à 96 %), plutôt spacieuses, et 3 fois sur 4 construites avant 1949.

Figure 2Densité des Britanniques arrivés il y a moins de 5 ans

  • Source : Insee, recensement de la population 2006

Les autres ménages plutôt en milieu urbain

Dans leur majorité, les ménages arrivés ces 5 dernières années dans la région s’installent le long du littoral atlantique et dans les grandes agglomérations de la région, en particulier leur ville centre (Figure 3). Leur part dans l’ensemble des ménages est supérieure à la moyenne régionale (10 %) dans celles de Poitiers, Rochefort et Saintes et dépasse les 14 % dans les aires urbaines de La Rochelle et Royan.

Figure 3Part des ménages arrivés dans la région il y a moins de 5 ans

  • Source : Insee, recensement de la population 2006

Les ménages arrivés dans la région en 5 ans peuvent être classés en trois grands groupes à partir des caractéristiques de la personne de référence :

Dans 56 % des cas, la personne de référence du ménage occupe un emploi, principalement de cadre ou de profession intermédiaire. Quand le ménage est en couple, la femme est plus fréquemment sans emploi. Ces 43 000 ménages sont particulièrement nombreux dans les aires urbaines de Poitiers et La Rochelle. Dans les aires urbaines de Cognac et de Niort, plus de 70 % des ménages qui viennent d’une autre région ou de l’étranger occupent un emploi (Figure 4).

- Les retraités constituent 21 % des nouveaux ménages arrivés. La région a ainsi accueilli 16 000 ménages de retraités ou pré-retraités. Ils s’installent plutôt en milieu rural ou sur le littoral. Dans l’aire urbaine de Royan, plus d’un ménage sur deux, habitant hors de la région il y a 5 ans, est retraité.

- 10 % sont étudiants ou en apprentissage. Leur part est de 30 % dans l’aire urbaine de Poitiers, 20 % dans celle de La Rochelle. Il s’agit essentiellement de personnes seules.

- Les 13 % restant sont soit chômeurs (8 %), soit inactifs (5 %), au moment où ils ont été recensés.

Figure 4Ménages arrivés depuis moins de 5 ans dans la région

Ménages arrivés depuis moins de 5 ans dans la région
Nombre de ménages arrivés en Poitou-Charentes depuis moins de 5 ans Répartition par type d'activité de la personne de référence (en %)
Actifs ayant un emploi Retraités ou pré-retraités Elèves, étudiants, stagiaires Chômeurs Autres inactifs
Aires urbaines 50 187 57,8 15,1 15,3 8 3,8
Poitiers 12 779 53,7 5,7 29,9 7,2 3,5
La Rochelle 11 833 53,8 16,4 20,1 7 2,7
Angoulême 6 014 64,9 11,6 9,9 9,1 4,5
Niort 5 357 70 10,3 8,4 8,1 3,2
Royan 3 093 34,1 53,4 0,1 7,2 5,2
Châtellerault 2 568 59,5 17,5 6,5 10 6,5
Saintes 2 519 58,9 23,3 3,1 9,8 4,8
Rochefort 2 496 67,5 17,4 1,8 9,5 3,8
Cognac 1 499 72,7 14,9 0,6 7,8 3,9
Thouars 870 60,1 17,3 7,6 10,4 4,6
Bressuire 635 67,4 10,7 9,4 8,8 3,8
Parthenay 522 68,3 19,3 0 7,9 4,5
Communes multipolarisées 1 470 56,3 30,9 0,5 8,2 4,2
Espace à dominante rurale 25 392 51,3 32,6 0,7 9,2 6,3
Total 77 049 55,7 21,2 10,2 8,4 4,6
  • Source : Insee, Recensement de la population 2006

Les ménages qui n’habitaient pas dans la région 5 ans auparavant sont moins souvent propriétaires que l’ensemble de la population (39 % contre 65 %) et ce, quel que soit l’âge. Cependant, après 50 ans, les ménages s’installant sont majoritairement propriétaires (69 %).

Ainsi 30 000 ménages venant d’une autre région ou de l’étranger ont fait l’acquisition de leur résidence principale. Plus de la moitié d’entre eux ont acheté sur le littoral ou dans l’espace rural.

Les logements occupés par les ménages arrivés dans la région au cours des 5 dernières années sont plus souvent des appartements : 37 % contre 20 % pour l’ensemble des ménages. Ce sont également des logements plus récents que ceux occupés par l’ensemble des ménages.

127 000 ménages ont changé de communes tout en restant dans la région

En 2006, en 5 ans, 17 % des ménages ont changé de communes au sein de la région. Il s’agit principalement d’actifs en emploi (71 % des cas), surtout des ouvriers et des employés, ou de retraités (12 %). Ces ménages s’installent essentiellement dans une commune proche de leur ancien domicile : 50 % habitent à moins de 15 km de leur précédent logement, 75 % à moins de 36 km. Seuls 10 % ont parcouru plus de 80 km, principalement des étudiants.

Ils sont nombreux à l’intérieur et autour des aires urbaines (Figure 5). Leur proportion est plus faible sur le littoral, où la pression foncière est forte, ainsi que dans les villes centres des aires urbaines, notamment Niort, La Rochelle, Royan et Rochefort.

Figure 5Part des ménages ayant migré au sein de la région il y a moins de 5 ans

  • Source : Insee, recensement de la population 2006

Certaines de ces migrations infrarégionales résultent d’un choix de logement : les ménages veulent un logement plus grand et, contraints par les prix, s’éloignent de la ville-centre de l’aire urbaine. C’est le phénomène de périurbanisation. Il s’agit principalement de couples, avec ou sans enfant. Au sein d’une même aire urbaine, les couples sont deux fois plus nombreux à s’éloigner de la ville-centre qu’à s’en rapprocher.

Les personnes seules ont une logique différente, la moitié d’entre elles concerne des jeunes de moins de 30 ans. Elles sont plus nombreuses à quitter le rural pour une aire urbaine ou changer d’aire urbaine et, lorsqu’elles restent dans la même aire urbaine, elles ont plutôt tendance à se rapprocher du centre.

La mobilité des familles monoparentales est moindre. Souvent, le déménagement fait suite à la séparation et le nouveau domicile est très proche de l’ancien, moins de 23 km dans 75 % des cas. Celles qui vivaient en milieu rural ont plutôt tendance à y rester tandis que celles qui habitaient dans une aire urbaine y restent, tout en étant plus nombreuses à se rapprocher de la ville centre qu’à s’en éloigner. La proximité de la ville et de ses équipements permet de réduire les temps de trajet, et dans bien des cas, faciliter la vie du parent isolé.

Migrer à l’intérieur de la région, ce n’est pas forcément devenir propriétaire. Seuls 38 % des ménages ayant changé de commune au sein de la région sont propriétaires. Cependant, après 30 ans, certaines de ces migrations correspondent bien au désir de devenir propriétaire et vont de pair avec la périurbanisation. Parmi les ménages restés dans la même aire urbaine, 57 % des ménages qui se sont éloignés de la ville-centre sont propriétaires, contre moins de 33 % pour ceux qui s’en sont rapprochés.

Ces migrations ont lieu dans un contexte où la demande en logements est forte. Le dynamisme démographique accroît la demande. Plus de population, c’est plus de ménages, donc de résidences principales. En même temps, la taille moyenne des ménages ne cesse de diminuer, passant de 2,8 personnes par ménage en 1982 à 2,2 en 2006. Cette baisse de la taille moyenne des ménages est à l’origine de 58 % de l’augmentation du nombre de ménages. Cette tendance est commune aux autres régions et résulte du vieillissement de la population et d’une décohabitation marquée à tous les âges. Par ailleurs, le nombre de résidences secondaires en Poitou-Charentes explose : +24,9 % entre 1999 et 2006, soit la plus forte augmentation des régions françaises, avec une hausse focalisée sur le littoral, notamment sur la côte royannaise, ainsi que dans les îles d’Oléron et de Ré.

Définitions

De manière générale, un ménage, au sens statistique du terme, désigne l'ensemble des occupants d'un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté (en cas de cohabitation, par exemple). Un ménage peut être composé d'une seule personne.

Dans cet article, pour un certain nombre de variables, les caractéristiques des ménages sont celles de la personne de référence au moment du recensement de 2006. Seul son lieu de résidence est connu 5 ans auparavant, contrairement à ses situations familiale et professionnelle. L’analyse de manière fine des raisons de la migration n’est donc pas possible. Par ailleurs, les migrations sont analysées en tenant compte de la situation de 2006 sans qu’on puisse savoir si les personnes ont déménagé plusieurs fois pendant la période.