Insee Flash GuadeloupeDémographie des établissements En Guadeloupe, 29 % des établissements se renouvellent chaque année

Emmanuel Thioux, Insee

Entre 2008 et 2013, le nombre d’établissements guadeloupéens a augmenté de 3,7 % par an en moyenne. C’est une hausse supérieure à la moyenne nationale (+ 3,5 %). Derrière ces évolutions modestes, une part importante du parc des établissements (29 %) s’est renouvelée chaque année. Le renouvellement est plus modéré qu’en France métropolitaine (38 %). C’est le résultat d’un moindre renouvellement des établissements dans les secteurs importants du système productif comme la construction ou le commerce. Dans le même temps, 35 % des emplois régionaux sont créés, supprimés ou transférés. Dans cette période marquée par la crise, l’emploi n’augmente finalement que de 0,7 % par an.

Insee Flash Guadeloupe
No 20
Paru le :Paru le27/07/2015
Emmanuel Thioux, Insee
Insee Flash Guadeloupe No 20- Juillet 2015

Usines, magasins, bureaux, boulangeries, etc. : les établissements () sont autant de lieux qui constituent le tissu productif d’un territoire. En Guadeloupe, entre 2008 et 2013 leur nombre est passé de 37 800 à 45 100 dans les activités marchandes hors agriculture, soit une hausse moyenne de 3,7 % par an. Cette croissance s’accompagne d’un important renouvellement des établissements : chaque année, pendant cette période, l’ensemble des mouvements, sous forme de créations, cessations, transferts, reprises, cessions représente 29 % des établissements présents en début d’année. 16 % des établissements sont nouveaux, alors que 13 % disparaissent.

Une augmentation modérée du stock d’établissements qui masque un fort renouvellement

L’augmentation du nombre d’établissements guadeloupéens (+ 3,7 % par an) cache une forte dynamique de créations/destructions d’établissements : les créations-reprises-entrées augmentent de 16,5 % alors que les destructions-cessations-sorties diminuent de 12,8 %. Ces dynamiques globalement fortes varient selon les secteurs. Les activités de services participent pour près de la moitié à l’augmentation des établissements guadeloupéens. Il s’agit des activités scientifiques et techniques, des services administratifs et de soutien, mais aussi de la santé humaine, de l’action sociale et des autres activités de service. Le secteur de l’industrie extractive, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution est le plus dynamique en proportion avec + 21 % d’établissements par an en moyenne entre 2008 et 2013. Les secteurs de la construction et du commerce participent significativement à la hausse avec + 3,2 % et + 1,5 % en moyenne chaque année.

Figure 1Le renouvellement résulte surtout des créations et cessations - Renouvellement des établissements entre le 1er janvier 2008 et 2013

Le renouvellement résulte surtout des créations et cessations - Renouvellement des établissements entre le 1er janvier 2008 et 2013
Nombre d’établissements par an Part dans le total des établissements en début d’année (en %)
Créations 5 910 14
Réactivations 5 0
Reprises 50 0
Transferts (emménagements) 820 2
Total des entrées (1) 6 785 16
Cessations 4 460 11
Cessions 50 0
Transferts (déménagements) 790 2
Total des sorties (2) 5 300 13
Renouvellement total (1)+(2) 12 085 29
  • Note : Les transferts entrants et sortants ne sont pas égaux. Cela provient essentiellement des entrées-sorties de champ (avec le non marchand ou l'agriculture) et d'établissements qui sont transférés et cessés dans la même année.
  • Champ : établissements ayant une activité marchande, hors agriculture.
  • Source : Insee, REE et Clap.

Fort taux d’entrée et fort taux de sortie d’établissements sont étroitement liés, à l’exception du secteur de l’énergie, gestion des déchets où les créations sont plus nombreuses que les disparitions. Les secteurs où le renouvellement est le plus important sont ceux de l’administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale. Viennent ensuite, les autres activités de services, les activités de l’information et de la communication. Les secteurs au faible renouvellement sont globalement ceux de l’industrie manufacturière (matériels électriques, matériels de transport), ainsi que ceux des transports et entreposage et des activités financières et d’assurance.

Le renouvellement est moins élevé qu’en France métropolitaine

Par rapport à la France métropolitaine, le renouvellement est plus conséquent dans le secteur de l’administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale. En revanche, le dynamisme est moins élevé dans les secteurs où le nombre d‘établissements est important dans le système productif local. C’est le cas des activités scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien, et des autres activités de services. D’autres secteurs importants comme le commerce et la construction se renouvellent également moins qu’en France métropolitaine. Au total, le renouvellement du tissu productif est donc moins considérable en Guadeloupe qu’en moyenne nationale.

Sur le territoire guadeloupéen, le dynamisme des établissements est plus élevé dans la zone d’emploi Est-Grande-Terre avec une augmentation annuelle moyenne des établissements de 4,8 % et dans la zone d’emploi de Pointe-à-Pitre (+ 3,8 %). Les zones d’emploi de Basse-Terre (+ 1,6 %) et de Marie-Galante (+ 2,2 %) sont un peu moins dynamiques.

Une quasi-stabilité de l’emploi qui cache aussi des forts mouvements

Les réallocations d’emplois salariés () sont plus fréquentes au niveau de la région qu’au plan national. Elles représentent chaque année 35 % du volume total d’emplois régionaux contre 28 % en France métropolitaine. Cela constitue un volume annuel moyen de 20 040 emplois. Comme au niveau national les réallocations sont plus importantes dans les établissements pérennes : 7 130 emplois sont créés dans les établissements en croissance et 6 610 sont détruits dans les établissements « en déclin ». Les mouvements relatifs à des créations d’établissements représentent 1 900 emplois, ceux liés à des cessations en concernent 2 030. Les transferts entrants et sortants touchent chacun près de 1 000 emplois. Enfin, 200 mouvements d’emplois sont le fait des reprises et, de manière symétrique, le même volume est généré par les cessions. Les secteurs de la construction et des services ont les réallocations d’emploi les plus fortes.

Malgré un renouvellement important des établissements et une rotation forte des emplois, l’effectif salarié global varie peu. Entre 2008 et 2013, l’emploi augmente de 420 salariés par an dans les établissements, soit une hausse annuelle moyenne de 0,7 %. Les emplois progressent surtout dans les secteurs de l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale avec un gain moyen de 9 % chaque année sur la période. L’industrie et la construction gagnent en moyenne 1 % d’emplois supplémentaires chaque année. En revanche, les emplois du commerce diminuent en moyenne de 1,2 % par an.

Figure 233 % des emplois salariés sont réalloués chaque année en Guadeloupe - Réallocation des emplois salariés entre le 1er janvier 2008 et 2013

33 % des emplois salariés sont réalloués chaque année en Guadeloupe - Réallocation des emplois salariés entre le 1er janvier 2008 et 2013
Nombre d’emplois salariés par an Part dans le total des emplois salariés en début d’année (en %)
Créations, réactivations 1 900 3
Reprises 200 0
Transferts (emménagements) 1 000 2
Total des entrées (1) 3 100 5
Cessations 2 030 4
Cessions 200 0
Transferts (déménagements) 970 2
Total des sorties (2) 3 200 6
Augmentation dans les établissements en croissance 7 130 12
Diminution dans les établissements perdant des emplois 6 610 11
Total des évolutions dans les établissements pérennes (3) 13 740 24
Réallocation totale (1)+(2)+(3) 20 040 35
  • Champ : établissements ayant une activité marchande, hors agriculture.
  • Source : Insee, REE et Clap.

Sources

L’étude porte sur les établissements, c’est-à-dire les unités de production géographiquement localisées. Un établissement produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie, un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel informatique.

Dans le cadre de cette publication, l’emploi étudié est l’emploi salarié des établissements, au 31 décembre ou au 1er janvier selon les cas. Il se mesure en « personnes physiques » au sens où un salarié compte pour un emploi, même s’il est à temps partiel.

Définitions

Le renouvellement des établissements mesure l’ensemble des mouvements sur le territoire, en sommant l’ensemble des entrées et sorties (créations, disparitions, transferts, cessions, reprises).

La réallocation des emplois somme l’ensemble des effectifs des établissements entrants ou sortants sur le territoire. Sont également ajoutées les augmentations d’effectifs dans les établissements pérennes en croissance et les diminutions d’effectifs dans les établissements pérennes en déclin. Seules les variations d’emplois sont prises en compte, et non les mouvements des salariés (retraites, embauches remplaçant un départ…).

Pour en savoir plus

Doisneau L., « Un tiers du tissu productif local se renouvelle chaque année », Insee Première n°1551, mai 2015.

Batto V., Rousseau S., « Hausse des créations d’entreprises en 2014, notamment des sociétés », Insee Première n°1534, janvier 2015.