Midi-Pyrénées, 3e région métropolitaine pour sa croissance démographique

Christian Bourniquel, Bertrand Decan de Chatouville

Avec une croissance de 0,9 % par an entre 2006 et 2011, Midi-Pyrénées fait partie du trio de tête des régions où la population augmente le plus vite. Le Gers, l'Ariège, le Tarn et le Tarn-et-Garonne profitent davantage de cet essor qu'auparavant. Globalement, le solde naturel s'améliore et l'afflux migratoire s'amplifie par rapport à la tendance de long terme 1982-2011. La contribution de l'excédent migratoire à la croissance est particulièrement élevée dans le Tarn-et-Garonne, le Gers et le Tarn. L'aire urbaine de Toulouse, 4e de France, capte les deux tiers de la croissance démographique régionale récente. En particulier, son espace périurbain est celui des espaces périurbains des grandes aires urbaines françaises qui progresse le plus vite. En revanche, le rythme d'accroissement ralentit ces dernières années dans les banlieues de la région (+ 1,3 %) mais aussi dans les villes-centres des grands pôles urbains (+ 0,3 %), sauf à Montauban et Pamiers. Le vieillissement de la population se poursuit mais est freiné par des arrivées importantes de jeunes.

Insee Analyses Midi-Pyrénées
No 03
Paru le :Paru le09/07/2014
Christian Bourniquel, Bertrand Decan de Chatouville
Insee Analyses Midi-Pyrénées No 03- Juillet 2014

Figure 1Une croissance démographique qui se diffuse - Évolution annuelle moyenne de la population entre 2006 et 2011

  • Sources : Insee, recensements de la population 2006 et 2011

Introduction

Au 1er janvier 2011, Midi-Pyrénées abrite 2 903 400 habitants, soit 126 600 de plus qu'en 2006. Son rythme d'accroissement annuel moyen au cours de cette période récente (+ 0,9 %) est un des plus élevés des régions de France métropolitaine (+ 0,5 %) juste derrière la Corse et le Languedoc-Roussillon. En lien avec la vaste étendue de la région, la densité de population en Midi-Pyrénées (64 habitants au km²) reste l'une des plus faibles de France, avec des disparités relativement fortes au sein de son territoire. En 30 ans, elle a néanmoins augmenté de 25 %.

Grâce à une attractivité toujours aussi forte, les trois quarts de la croissance démographique régionale reposent sur des apports migratoires largement excédentaires. Néanmoins, le solde naturel, autre composante de l'évolution qui traduit la différence entre les naissances et les décès, tend à s'améliorer même s'il reste ténu : + 0,2 % entre 2006 et 2011, + 0,1 % entre 1982 et 2011.

Une contribution plus importante de tous les départements

Entre 2006 et 2011 à l'exception de la Haute-Garonne, tous les départements de Midi-Pyrénées gagnent de la population à des rythmes plus soutenus que sur la tendance de long terme 1982-2011. La population augmente trois fois plus vite dans le Gers entre 2006 et 2011 (+ 0,8 % en moyenne par an) que sur la période de trente ans, deux fois plus vite en Ariège (+ 0,8 % entre 2006 et 2011), dans le Tarn (+ 0,7 %) et le Tarn-et-Garonne (+ 1,5 %). Ce dernier département et celui de la Haute-Garonne affichent un dynamisme démographique particulièrement remarquable avec une croissance annuelle moyenne supérieure à 1,2 %, soit la 1ère et la 8e place des départements français les plus dynamiques. Conséquence de cet accroissement démographique rapide, la Haute-Garonne concentre 43 % de la population régionale en 2011, contre 35 % en 1982. Mais alors qu'entre 1982 et 2011, les trois quarts de la croissance profitaient à la Haute-Garonne, cette part n'est plus que de 58 % sur la période récente

Le regain démographique est plus limité dans les trois autres départements, le Lot (+ 0,6 %) et surtout l'Aveyron (+ 0,2 %) et les Hautes-Pyrénées (+ 0,1 %) (figure 2)..

Figure 2Le solde naturel s'améliore

en %
Le solde naturel s'améliore (en %)
Evolution de la population (1 + 2) Variation due au solde naturel (1) Variation due au solde migratoire (2)
Haute- Garonne 1,2 0,6 0,6
Tarn-et- Garonne 1,5 0,3 1,3
Tarn 0,7 0,0 0,7
Ariège 0,8 -0,1 1,0
Hautes- Pyrénées 0,1 -0,2 0,3
Aveyron 0,2 -0,2 0,4
Gers 0,8 -0,3 1,1
Lot 0,6 -0,3 0,9
Midi- Pyrénées 0,9 0,2 0,7
France métropolitaine 0,5 0,4 0,1
  • Sources : Insee, recensements de la population 2006 et 2011

Figure 2Le solde naturel s'amélioreÉvolution annuelle de la population des départements de Midi-Pyrénées entre 2006 et 2011

  • Sources : Insee, recensements de la population 2006 et 2011

Figure 2bisLe solde naturel s'améliore

en %
Le solde naturel s'améliore (en %)
Evolution de la population (1 + 2) Variation due au solde naturel (1) Variation due au solde migratoire (2)
Haute- Garonne 1,5 0,5 1,0
Tarn-et- Garonne 0,9 0,1 0,8
Tarn 0,4 -0,1 0,4
Ariège 0,4 -0,3 0,7
Hautes- Pyrénées 0,0 -0,2 0,2
Aveyron 0,0 -0,2 0,2
Gers 0,3 -0,3 0,6
Lot 0,4 -0,3 0,7
Midi- Pyrénées 0,8 0,1 0,7
France métropolitaine 0,5 0,4 0,2
  • Sources : Insee, recensements de la population 1982 et 2011

Figure 2bisLe solde naturel s'amélioreÉvolution annuelle de la population des départements de Midi-Pyrénées entre 1982 et 2011

  • Sources : Insee, recensements de la population 1982 et 2011

L'impact du déficit naturel dans les départements se réduit…

Entre 2006 et 2011, seuls deux départements enregistrent plus de naissances que de décès. Le phénomène s'accentue particulièrement dans le Tarn-et-Garonne où le solde naturel contribue à la croissance démographique à hauteur de 0,3 %, contre 0,1 % seulement sur la période 1982-2011 (figure 3). Quant à la Haute-Garonne, l'accroissement due au solde naturel reste supérieur à celui observé en France métropolitaine (+ 0,6 % contre + 0,4 %). Dans le Tarn, le solde naturel, longtemps déficitaire, se retrouve à l'équilibre sur la période 2006-2011. Parmi les 24 départements français ayant un déficit naturel, 5 se situent en Midi-Pyrénées. Si la situation s'améliore en Ariège et en Aveyron sur la période récente, elle reste sensiblement la même que sur longue période dans les trois autres départements (Lot, Gers et Hautes-Pyrénées).

Figure 3Un solde naturel positif en Haute-Garonne et Tarn-et-Garonne - Évolution annuelle moyenne de la population entre 2006 et 2011 due au solde naturel

  • Sources : Insee, recensements de la population 2006 et 2011

… et l'apport migratoire s'amplifie hors Haute-Garonne

En Midi-Pyrénées, l'apport migratoire constitue depuis longtemps un facteur prépondérant de l'évolution de la population (figure 4). Ainsi tous les départements montrent un excédent migratoire. Celui-ci est même plus marqué entre 2006 et 2011 que sur l'ensemble de la période 1982- 2011, hormis en Haute-Garonne.

Figure 4Un apport migratoire qui s’amplifie - Évolution annuelle moyenne de la population entre 2006 et 2011 due au solde migratoire

  • Sources : Insee, recensements de la population 2006 à 2011

Avec six autres départements français particulièrement dynamiques, le Gers et le Tarn-et-Garonne ont un taux d'évolution démographique dû au solde migratoire supérieur à 1 %. Même si la Haute-Garonne continue à capter l'essentiel de l'excédent migratoire, sa part dans le total régional diminue : 58 % sur la période 1982-2011, 39 % sur la période récente. Trois départements en profitent particulièrement : le Tarn-et-Garonne (15 % de l'excédent migratoire régional sur la période 2006-2011 contre 10 % sur l'ensemble de la période de 30 ans), le Gers (10 % contre 6 %) et le Tarn (12 % contre 9 %). La contribution migratoire reste relativement stable pour l'Ariège et le Lot et plus limitée en Aveyron et dans les Hautes-Pyrénées.

Les grandes aires urbaines captent l'essentiel de la croissance…

En 2011, deux habitants sur trois résident dans une des douze grandes aires urbaines de la région. Ces espaces organisés autour de grands pôles d'activité (unités urbaines offrant 10 000 emplois ou plus) attirent toujours les populations. Entre 2006 et 2011, 84 % de l'augmentation de la population régionale s'y concentre encore, contre la quasi-totalité entre 1982 et 2011. Dans les aires urbaines de Montauban, Pamiers, Toulouse et Cahors, la croissance démographique observée sur la période récente 2006-2011 (entre + 1,2 % à + 1,7 % en moyenne par an) est trois fois plus élevée que dans l'ensemble des grandes aires métropolitaines. Elle est aussi plus rapide qu'en moyenne métropolitaine dans ce type de territoires dans les aires de Saint-Gaudens, Rodez, Auch et Albi (entre + 0,6 % et + 0,9 %). En revanche, elle est faible dans les aires de Castelsarrasin, Figeac, Castres et Tarbes : entre + 0,1 % et + 0,2 % (figure 5).

Figure 5Forte croissance de la population dans le périurbain - Évolution annuelle moyenne de la population entre 2006 et 2011 due au solde naturel dans les grandes aires urbaines

  • Sources ; Insee, recensements de la poulation 2006 et 2011

Les deux tiers de la croissance démographique de Midi-Pyrénées s'effectuent dans l'aire urbaine de Toulouse, la 4e de France par sa taille en nombre d'habitants. Elle abrite 43 % de la population régionale sur seulement 12 % de la superficie de Midi-Pyrénées, la densité y atteignant 234 habitants au km². Dans ce territoire où vivent beaucoup de jeunes ménages, la contribution du solde naturel à la croissance démographique est la plus forte de la région : elle est proche de celle du solde migratoire. Dans les autres grandes aires urbaines de Midi-Pyrénées, le solde migratoire contribue majoritairement à l'évolution de la population (80 %). Les moyennes et petites aires, constituées autour de pôles de respectivement 5 000 à 10 000 emplois et 1 500 à moins de 5 000, abritent 13 % de la population de la région. L'accroissement démographique y est très modéré (+ 0,1 % entre 2006 et 2011) alors qu'il était nul entre 1982 et 2011. Comme en moyenne dans ces espaces en métropole, il repose uniquement sur les arrivées de nouvelles populations, plus nombreuses que les départs..

… principalement dans le périurbain

En 2011, un Midi-Pyrénéen sur cinq réside dans les couronnes périurbaines des grands pôles. Cet espace capte une part de plus en plus grande de la croissance démographique régionale : près de la moitié entre 2006 et 2011 contre 37 % entre 1982 et 2011.. La population de la couronne périurbaine toulousaine, qui s'étend sur un rayon de 50 kilomètres autour de Toulouse et déborde dans les départements limitrophes, augmente de 2,4 % par an entre 2006 et 2011, soit le taux le plus élevé des treize très grandes aires urbaines de France, devant celles de Bordeaux et de Nantes (+ 2,1 %). Les couronnes de Pamiers et Montauban ont des taux d'accroissement annuels encore plus forts, proches de 3 %, tandis que celle de Cahors affiche un dynamisme conséquent, de 2 % par an. Celles de Castres, Auch, Albi, Rodez, Tarbes, Figeac et Saint-Gaudens bénéficient également d'une certaine dynamique (de + 1,2 % à + 1,6 %). Enfin seule la couronne de Castelsarrasin, relativement peu peuplée, est en décroissance entre 2006 et 2011 (- 0,5 %).

Les villes-centres moins dynamiques que les banlieues

Au sein des grands pôles urbains de Midi-Pyrénées, 44 % de la population habite dans les banlieues. La population de ces banlieues s'est accrue de 1,3 % entre 2006 et 2011, à un rythme moindre qu'entre 1982 et 2011 (+ 1,8 %). Ce ralentissement est essentiellement dû à un moindre apport migratoire. Les banlieues montalbanaises et cadurciennes font exception avec des taux de croissance assez exceptionnels, oscillant entre + 2,6 % et + 2,3 % par an. La population de la banlieue toulousaine, soit les trois quarts de celle des grandes aires midi-pyrénéennes, augmente à un rythme plus élevé que dans l'ensemble des onze autres banlieues (+ 1,4 % contre + 1,0 % en moyenne par an entre 2006 et 2011). Dans la banlieue toulousaine, l'évolution de la population due au solde migratoire est deux fois moins élevée entre 2006 et 2011 que sur la période de trente ans 1982-2011. En 2011, 26 % des Midi-Pyrénéens vivent dans les villes-centres des grands pôles urbains et 9 % dans les villes-centres des moyens et petits pôles. Dans les grandes villes-centres, la population continue à croître mais de façon modérée (+ 0,3 % en moyenne par an entre 2006 et 2011). Seules Montauban et Pamiers ont des taux de croissance proches de 1 %. Les villes-centres moyennes et petites perdent des habitants, respectivement - 0,3 % et - 0,1 %. Par rapport à la période 1982-2011, la baisse de population ralentit légèrement dans les petites villes-centres sur la période récente, alors que la population des villes-centres moyennes se stabilise. Parmi ces dernières, seules Gaillac, Lavaur et Foix ont des taux de croissance positifs..

Une population de plus en plus qualifiée et diplômée

Entre 2006 et 2011, la part des cadres et des professions intermédiaires augmente de 2 points (40,8 %) en Midi-Pyrénées quand celle des ouvriers et employés perd 1,5 point (49 %). En 2011, la part des seuls cadres atteint 15,7 % dans la région contre 12,7 % dans l'ensemble des régions métropolitaines hors Île-de-France. Le développement des activités à haute technologie en Midi-Pyrénées favorise en effet l'arrivée de professions qualifiées. En 2010, le taux de migration net des personnes possédant un diplôme de niveau BAC+2 et au delà (2e et 3e cycle, grandes écoles) est de 8 pour 1 000. Ceci est à mettre en relation avec le taux de migration net excédentaire des cadres et des professions intermédiaires, de 8 pour 1 000 également.

Forte croissance démographique dans les communes rurales du périurbain

En Midi-Pyrénées, 2 650 communes sont rurales au sens du zonage en unités urbaines. Ce qualificatif leur est attribué car l'habitat y est moins concentré, par opposition aux communes urbaines. Un tiers de la population régionale vit dans l'une de ces communes rurales et la densité y est 2,5 fois moindre qu'en moyenne régionale (25 habitants au km²). Selon qu'elles soient sous l'influence des villes ou non, leur évolution démographique est différente. Ainsi, 44 % de la population des communes rurales réside dans le périurbain, en particulier dans la couronne de l'aire urbaine de Toulouse. Entre 2006 et 2011, le rythme d'accroissement de la population y est relativement élevé : + 1,9 % avec une variation due au solde naturel conséquente (+ 0,4 %). Sur l'ensemble de la période 1982-2011, le taux d'accroissement était moins élevé avec + 1,4 %. Avec un rythme de croissance de + 1,0 % par an, les communes rurales qui sont sous l'influence des moyens et petits pôles d'emploi augmentent deux fois plus vite entre 2006 et 2011 que sur l'ensemble de la période 1982-2011. Cette croissance est toujours portée uniquement par l'apport migratoire, même si le solde naturel tend à s'améliorer ces dernières années (- 0,1 % contre - 0,3 %). En revanche, les communes rurales qui sont hors de l'influence des villes et qui accueillent 30 % de la population des communes rurales de Midi-Pyrénées, ne bénéficient pas du même dynamisme. Entre 2006 et 2011, leur évolution démographique est quasi-stable (+ 0,1 %) et portée exclusivement par les migrations. Sur l'ensemble de la période 1982-2011, ces territoires perdent globalement des habitants (- 0,2 %). Le Gers, fidèle à sa réputation de département rural, abrite un quart de ces communes notamment dans sa partie ouest et sud.

Sources

Depuis la mise en place des enquêtes annuelles de recensement (2004), il est possible, pour la 1ère fois cette année, de comparer directement les résultats de deux millésimes de recensement. Ainsi, dans cette étude, des comparaisons ont pu être faites entre les années 2006 et 2011 pour lesquelles les résultats s'appuient sur deux cycles de cinq années d'enquête disjoints : 2004 à 2008 d'une part, 2009 à 2013 d'autre part (cf. La nouvelle méthode de recensement sur insee.fr).

En réponse au règlement européen, la question sur le lieu de résidence antérieur porte depuis l'enquête annuelle 2011 sur le lieu de résidence un an auparavant, au lieu de cinq ans précédemment lors des collectes antérieures. Pour les résultats du recensement 2011, des données sont disponibles pour la première fois à l'échelle de la région et du département sur la mobilité résidentielle à un an. Ces données sont estimées et fiables à un niveau agrégé car elles combinent trois années de collecte avec la question sur un an et deux années de collecte avec la question sur cinq ans. À partir du recensement 2013, elles porteront sur un cycle complet d'années d'enquête reprenant la question sur le lieu de résidence antérieur un an auparavant et seront disponibles à tous les niveaux géographiques.

Définitions

Le solde migratoire apparent est estimé par différence entre la variation totale de la population et le solde naturel. Il peut être différent du solde migratoire mesuré à partir de la question du bulletin individuel du recensement sur le lieu de résidence antérieur du fait des imprécisions tenant aux défauts de comparabilité entre deux recensements (évolutions de concepts de population et qualité inégale). Il est qualifié de solde migratoire « apparent », afin que l'utilisateur garde en mémoire la marge d'incertitude qui s'y attache.