Évolutions de population 2006-2011 : les Franciliens plus âgés mais plus actifs
Au 1er janvier 2011, 11,9 millions de personnes vivent en Ile-de-France. C’est 320 500 de plus qu’en 2006. La population francilienne augmente essentiellement chez les 60 ans ou plus sous l’impact d’un double effet : le vieillissement de la population et les départs plus tardifs de la région. Les générations nombreuses de baby-boomers arrivent à l’âge de la retraite et, mécaniquement, les 60 ans ou plus sont plus nombreux en 2011 qu’en 2006. En grande couronne, le vieillissement de la population est plus accentué que dans le centre de l’agglomération. D’autre part, les réformes des retraites conduisent les seniors à prolonger leur activité professionnelle et à quitter la région plus tard. La croissance de la population active âgée de 15 à 64 ans est plus soutenue que celle de la population, spécifiquement chez les seniors et les femmes à tout âge. Cette progression est particulièrement forte pour les femmes de 50 ans ou plus. Les comportements d’activité des femmes se rapprochent toujours davantage de ceux des hommes.
- Un vieillissement plus rapide de la grande couronne
- La population active augmente plus vite que la population
- Forte augmentation de l’activité des seniors
- Baisse du taux d’emploi des moins de 30 ans dans l’ensemble de la région
- Rapprochement des comportements d’activité des femmes et des hommes
- Une homogénéisation des comportements d’activité professionnelle dans la région
Entre 2006 et 2011, la population francilienne augmente de 320 500 personnes, soit + 0, 5 % par an (figure 1). C’est toujours l’excédent des naissances sur les décès qui dynamise la croissance démographique de la région. En effet, le solde naturel contribue pour + 0,9 % par an à l’augmentation de la population. En revanche, le solde migratoire apparent est négatif et participe à - 0,4 % par an à l’évolution de la population depuis 2006. Les départs de la région sont plus nombreux que les arrivées. Cependant, 32 % des étrangers qui arrivent en France s’installent en Ile-de-France, dont une grande majorité à Paris et en petite couronne.
tableauFigure_1 – En Ile-de-France, la population active augmente plus vite que la population
2006 | 2011 | Évolution 2006-2011 | Taux d'évolution annuel moyen (en %) | |
---|---|---|---|---|
Population | 11 532 400 | 11 852 900 | 320 500 | 0,5 |
Population de 15 à 64 ans | 7 856 600 | 7 989 800 | 133 200 | 0,3 |
Population active de 15 à 64 ans | 5 868 800 | 6 042 800 | 174 000 | 0,6 |
- Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011, exploitations principales
Un vieillissement plus rapide de la grande couronne
L’Ile-de-France, comme toutes les grandes métropoles occidentales, est très attractive pour les populations jeunes, étudiantes ou actives. Il y a un pic massif d’arrivées autour de l’âge de 20 ans, puis des départs vers 30 ans, puis 60 ans. Le vieillissement de l’Ile-de-France est donc modéré par rapport aux autres régions : les personnes âgées quittent la région, alors que les jeunes actifs y arrivent.
La grande couronne vieillit plus rapidement que le centre de la région. Elle était légèrement moins âgée que le centre de l’agglomération en 2006, ce n’est plus le cas cinq ans plus tard. La part des 60 ans ou plus dans la population y passe de 15,8 % en 2006 à 18,0 % en 2011. Sur la même période, elle progresse de 16,3 % à 17,6 % en petite couronne. Cette part reste néanmoins la plus élevée à Paris avec 20,3 % en 2011, mais elle augmente moins vite qu’en grande couronne (18,6 % en 2006).
L’âge moyen progresse moins rapidement à Paris et dans ses départements limitrophes qu’en grande couronne (figure 2). À Paris, il passe de 38,7 ans à 39,1 ans entre 2006 et 2011, en petite couronne, de 36,3 ans à 36,7 ans, et dans la grande couronne, de 36,1 ans à 36,9 ans.
graphiqueFigure_2 – La population vieillit moins vite dans le centre de la région
La population active augmente plus vite que la population
Entre 2006 et 2011, la population des Franciliens de moins de 15 ans augmente un peu. Elle progresse plus nettement chez les 60 ans ou plus. La population diminue aux autres âges (figure 3).
graphiqueFigure_3 – Les baby-boomers franciliens arrivent aux âges de la retraite
L’augmentation de la population des 60 ans ou plus est le résultat du vieillissement de la population. Des générations nombreuses arrivent massivement aux âges de la retraite. Mais surtout, le pic des départs de la région observé auparavant à 60 ans est retardé. Sous l’influence des réformes des retraites, les seniors prolongent leur activité professionnelle au-delà de 60 ans.
Et en effet, avec 0,6 % de croissance par an entre 2006 et 2011, la population active augmente à un rythme plus soutenu que la population totale (+ 0,5 % par an) et surtout plus que la population des 15-64 ans (+ 0,3 %). Le nombre d’actifs progresse tout particulièrement chez les 50 ans ou plus.
Forte augmentation de l’activité des seniors
Entre 2006 et 2011, le taux d’activité des Franciliens (Source et définitions) augmente de près d’un point, quel que soit l’âge (figure 4). Il a augmenté de façon moindre qu’en province (+ 1,1 point), car les taux d’activité franciliens étaient déjà plus élevés dans la région capitale en 2006. Plus les générations sont récentes, plus le taux d’activité en début de vie professionnelle est élevé. En 2011, avec l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom, les Franciliens âgés de 50 à 64 ans représentent 24 % de la population en âge de travailler. De plus, leur taux d’activité progresse très fortement : + 4,2 points en cinq ans pour les personnes âgées de 50 à 59 ans et + 5,8 points pour celles de 60 à 64 ans.
tableauFigure_4 – Après 50 ans, forte augmentation des taux d'activité et d'emploi
Taux d'activité | Taux d'emploi | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Ile-de-France | Province | Ile-de-France | Province | |||||
2011 (en %) | Évolution 2006-2011 (en points) | 2011 (en %) | Évolution 2006-2011 (en points) | 2011 (en %) | Évolution 2006-2011 (en points) | 2011 (en %) | Évolution 2006-2011 (en points) | |
15 à 29 ans | 59,2 | 0,9 | 59,4 | 1,9 | 48,0 | -1,3 | 46,2 | -0,9 |
30 à 39 ans | 92,0 | 0,6 | 91,6 | 1,0 | 82,1 | 0,5 | 81,2 | 0,2 |
40 à 49 ans | 91,9 | 0,6 | 91,0 | 1,4 | 83,9 | 0,6 | 82,9 | 0,8 |
50 à 59 ans | 83,4 | 4,2 | 76,4 | 5,9 | 76,2 | 4,2 | 69,9 | 5,1 |
60 à 64 ans | 31,8 | 5,8 | 17,3 | 4,2 | 29,0 | 5,4 | 15,9 | 3,4 |
15 à 64 ans | 75,7 | 1,0 | 71,8 | 1,1 | 66,8 | 0,3 | 62,9 | 0,0 |
- Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011, exploitations principales
Pour la plupart des âges et pour les hommes comme pour les femmes, les taux d’activité projetés à l’horizon 2030, basés sur les données du recensement de 2007, sont déjà atteints en 2011. Jusqu’à 45 ans pour les femmes et 55 ans pour les hommes, les taux d’activité ont déjà dépassé les projections à 2030. Pour les actifs plus âgés, les taux d’activité devraient encore progresser. Ainsi, pour les actifs de 60 à 64 ans, le taux d’activité des femmes devrait atteindre 50,9 % (contre 28,1 % en 2011) et 55,8 % pour les hommes (contre 35,7 % en 2011). Cette progression s’explique notamment par les effets des récentes réformes des retraites.
En 2011 comme en 2006, le taux d’activité des actifs franciliens de 50 à 64 ans est nettement supérieur à celui de leurs homologues de province. En 2011, le taux d’activité des Franciliens entre 50 et 59 ans est supérieur de 7 points à celui des provinciaux et, entre 60 et 64 ans, cet écart est presque le double (14,5 points). La principale explication réside dans la présence plus forte de cadres en Ile-de-France : parmi les actifs de 60 à 64 ans, il y a 11,5 % de cadres dans la région capitale, contre 4,1 % en province.
Entre 2006 et 2011, le taux d’emploi des Franciliens âgés de 50 ans ou plus augmente dans la même proportion que leur taux d’activité. En 2011, il est, comme le taux d’activité, supérieur à celui observé en province (62,1 % en Ile-de-France et 52,4 % en province). La cible des 50 % fixée par le Sommet européen de Lisbonne à l’horizon 2010 est argement dépassée. En province, le taux d’emploi des seniors augmente également sur la même période mais un peu moins que le taux d’activité ; sur la période, la part des seniors au chômage a donc davantage progressé en province qu’en Ile-de-France. Cette remarque se vérifie à tous les âges à l’exception des jeunes de 15 à 29 ans.
Baisse du taux d’emploi des moins de 30 ans dans l’ensemble de la région
En Ile-de-France, la population en âge de travailler est plus jeune que dans le reste de la France : 31 % des personnes âgées de 15 à 64 ans ont moins de 30 ans, pour 28 % en province.
Entre 2006 et 2011, le taux d’emploi francilien augmente pour les personnes âgées de 30 ans ou plus alors qu’il diminue pour les moins de 30 ans (- 1,3 point). Cette diminution est plus marquée qu’en province (- 0,9 point). En revanche, le taux d’activité des moins de 30 ans augmente en Ile-de-France sur cette période (+ 0,9 point), là encore moins qu’en province (+ 1,9 point). Les jeunes ont été les plus touchés par les difficultés sur le marché du travail à partir de 2009. Entre 2006 et 2011, la part des 15-29 ans se déclarant au chômage a progressé de 2,2 points. Ce fléchissement du taux d’emploi pour les Franciliens de moins de 30 ans est plus important chez les hommes que chez les femmes (respectivement - 1,7 et - 0,8 point).
Rapprochement des comportements d’activité des femmes et des hommes
En 2011, 72,7 % des Franciliennes de 15 à 64 ans sont actives contre 71,3 % cinq ans auparavant. Le taux d’activité des femmes est inférieur de 6,1 points à celui des hommes ; il lui était inférieur de 6,9 points cinq ans auparavant (figure 5). Cependant, ce rattrapage n’est pas identique selon les générations. C’est entre 40 et 59 ans que l’écart se réduit le plus. Il continue de se creuser pour la génération des 60 à 64 ans.
tableauFigure_5 – Progression du taux d’activité plus rapide pour les Franciliennes
Taux d'activité | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
Femmes | Hommes | Écart hommes-femmes | ||||
2011 (en %) | Évolution 2006-2011 (en points) | 2011 (en %) | Évolution 2006-2011 (en points) | 2011 (en points) | Évolution 2006-2011 (en points) | |
15 à 29 ans | 57,8 | 1,4 | 60,7 | 0,6 | 2,9 | -0,8 |
30 à 39 ans | 88,4 | 1,0 | 95,6 | 0,1 | 7,2 | -0,9 |
40 à 49 ans | 88,7 | 1,4 | 95,4 | - 0,2 | 6,7 | -1,6 |
50 à 59 ans | 79,4 | 5,0 | 87,8 | 3,5 | 8,4 | -1,5 |
60 à 64 ans | 28,1 | 5,4 | 35,7 | 6,4 | 7,6 | 1,0 |
15 à 64 ans | 72,7 | 1,4 | 78,8 | 0,6 | 6,1 | -0,8 |
- Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011, exploitations principales
Cette forte poursuite d’activité des femmes entre 40 et 59 ans révèle de nouveaux comportements, pas nécessairement liés aux réformes des retraites. La progression des séparations des couples conduirait les femmes à reprendre leur activité ou à se maintenir en activité au-delà de 50 ans. En effet, le taux d’activité des femmes âgées de 50 à 59 ans et chef de famille monoparentale augmente de 4,6 points entre 2006 et 2011. De plus, le creux des taux d’activité aux âges de la maternité disparaît presque totalement. Les comportements des femmes franciliennes en termes d’activité ressemblent de plus en plus à ceux des hommes (figure 6).
graphiqueFigure_6 – Maintien de l'activité des Franciliennes aux âges de la maternité
Une homogénéisation des comportements d’activité professionnelle dans la région
Chaque département francilien a ses particularités en termes d’activité professionnelle, liées notamment à la structure de la population. C’est à Paris et dans les Yvelines que l’augmentation des taux d’activité est la plus marquée : respectivement + 1,3 et + 1,1 point entre 2006 et 2011. C’est également dans ces départements où la part des femmes âgées de 50 à 64 ans est la plus forte et c’est à ces âges que le taux d’activité des femmes progresse le plus.
Les taux d’activité sont les plus élevés à Paris et dans les Hauts-de-Seine (76,8 % et 77,8 %).Ce sont des zones à forte concentration de personnes diplômées, donc de cadres et professions intellectuelles supérieures. Entre 2006 et 2011, la proportion de ces rofessions a progressé dans l’ensemble de la région, mais le plus fortement à Paris et dans les Hauts-de-Seine (+1,4 point dans chaque département).
C’est à Paris que l’augmentation du taux d’activité des femmes est la plus forte : presque deux points entre 2006 et 2011. Les Parisiennes sont plus souvent seules et plus diplômées que les femmes des autres départements de la région.
Au-delà des caractéristiques départementales propres, le comportement des actifs de la grande couronne tend à se rapprocher de celui des actifs de petite couronne, en particulier pour les femmes de 50 à 59 ans. L’évolution du taux d’activité des femmes de ces âges est plus forte dans les départements de grande couronne. Dans ces départements, l’activité de ces femmes progresse plus vite que celle de 60 à 64 ans. En revanche, l’activité des hommes de 60 à 64 ans progresse dans tous les départements.
Le taux d’activité est le plus faible en Seine-Saint-Denis, en 2011 comme en 2006 (73,0 % en 2011). Celui des femmes reste le plus bas de la région en 2011 (69,0 %), bien qu’en augmentation d’un point par rapport à 2006. Dans ce département, elles sont nombreuses à être jeunes, non diplômées, étrangères ou au foyer.
tableau – Paris et les Hauts-de-Seine ont toujours les plus forts taux d’activité (en %)
2006 | 2011 | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Hommes | Femmes | Total | Hommes | Femmes | Total | |
Hauts-de-Seine | 80,1 | 73,9 | 76,9 | 80,3 | 75,4 | 77,8 |
Paris | 78,9 | 72,3 | 75,5 | 79,7 | 74,2 | 76,8 |
Seine-et-Marne | 78,8 | 71,3 | 75,0 | 79,0 | 72,8 | 75,9 |
Val-de-Marne | 77,6 | 72,4 | 74,9 | 78,3 | 73,4 | 75,8 |
Yvelines | 78,5 | 70,0 | 74,2 | 79,2 | 71,5 | 75,3 |
Essonne | 77,3 | 71,3 | 74,3 | 77,9 | 72,6 | 75,2 |
Val-d’Oise | 77,6 | 70,3 | 73,9 | 78,0 | 70,9 | 74,4 |
Seine-Saint-Denis | 76,4 | 68,0 | 72,2 | 77,1 | 69,0 | 73,0 |
Ile-de-France | 78,2 | 71,3 | 74,7 | 78,8 | 72,7 | 75,7 |
- Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011, exploitations principales
Sources
La nouvelle méthode de recensement de la population, mise en oeuvre depuis 2004, substitue au comptage traditionnel et exhaustif réalisé tous les huit à neuf ans une technique d’enquêtes annuelles. Celle-ci distingue les communes de moins de 10 000 habitants, désormais recensées une fois tous les cinq ans par roulement, et les communes de 10 000 habitants ou plus, dans lesquelles un échantillon de 40 % des logements est enquêté au cours d’un cycle quinquennal (8 % par an dans chaque commune).
Les données de population de 2011 correspondent aux résultats définitifs issus des cinq enquêtes annuelles de recensement réalisées de 2009 à 2013, celles de 2006 aux résultats des enquêtes de 2004 à 2008. Depuis la mise en place des enquêtes annuelles, c’est donc la première fois que l’on peut comparer deux cycles complets puisque constitués chacun à partir de cinq enquêtes annuelles distinctes.
Définitions
Le taux d’activité est le rapport entre le nombre d’actifs (actifs occupés et chômeurs) et l’ensemble de la population correspondante. Dans cette étude, on a retenu la population active de 15 à 64 ans.
Le taux d’emploi d’une classe d’individus est calculé en rapportant le nombre d’individus de la classe ayant un emploi au nombre total d’individus dans la classe
Pour en savoir plus
« En matière d’emploi, les métropoles ont mieux résisté à la crise », Insee Première n° 1503, juin 2014.
« Trente ans de recensement de la population - Le centre de l’agglomération parisienne dynamique sur la période récente », Insee Ile-de-France à la page n° 416, janvier 2014.
« Les seniors franciliens cesseront leur activité plus tard que les provinciaux », Insee Ile-de-France à la page n° 415, décembre 2013.
« En 2030, plus d'un actif francilien sur quatre aurait 50 ans ou plus », Insee Ile-de-France à la page n° 399, novembre 2012.