55 000 emplois saisonniers en juillet en Languedoc-Roussillon

En Languedoc-Roussillon comme dans de nombreux territoires, l’intensité de l’activité économique n’est pas constante au cours de l’année. Certaines activités sont liées au rythme des saisons. C’est le cas de l’agriculture et du tourisme, dépendant du climat. Mais les variations d’activité peuvent aussi reposer sur des comportements traditionnels de consommation, par exemple durant les périodes de fête (chocolats, foie gras, huîtres...) ou sur des modes de vie, pour remplacer les actifs durant les périodes de congés, comme en période estivale ou en fin d’année. Dans cette étude, la saisonnalité des emplois pour une activité, correspond à tout accroissement temporaire, significatif et récurrent de l’emploi par rapport à un niveau de référence (méthodologie).

Pour répondre aux augmentations de l’activité économique et aux remplacements de salariés, deux formes d’emploi s’offrent essentiellement aux entreprises : les contrats à durée déterminée (CDD) et les missions d’intérim. En Languedoc-Roussillon, les entreprises ont eu recours à 165 000 contrats hors intérim, dont 80 % en CDD et à près de 90 000 missions d’intérim en 2011, soit 255 000 contrats dits « saisonniers ».

En 2011, l’emploi saisonnier en Languedoc-Roussillon représente 16 500 emplois en équivalent temps plein (ETP) en moyenne mensuelle sur l’année pour les contrats hors intérim et 2 600 pour l’intérim, soit 2,5 % des 765 000 emplois ETP salariés régionaux (figure 1). Son poids atteint près de 6,7 % durant le mois de juillet, soit 48 500 emplois (ETP) hors intérim et 6 500 ETP intérimaires. Ce sont, pour les contrats hors intérim, 136 000 personnes qui ont occupé un emploi saisonnier dans l’année.

Le recours à l’emploi saisonnier par les entreprises ne passe pas par la même forme d’emploi selon leur secteur d’activité. Les missions intérimaires saisonnières sont principalement utilisées dans les secteurs de la construction, avec près de 1 000 emplois (ETP) dans la région, du commerce de gros et centrale d’achat (200 ETP) et de la gestion des déchets (170 ETP). Ces secteurs ont peu recours aux autres contrats. Le secteur de la construction de routes et autoroutes connaît un afflux d'intérimaires important en mai, juin, juillet, avec un pic de 660 missions quotidiennes fin juillet. Les conditions climatiques mais aussi les remplacements en période de congés peuvent être à l’origine de cette saisonnalité. La collecte des déchets non dangereux connaît également une forte saisonnalité de mai à septembre, avec des effectifs quotidiens moyens de près de 400 emplois, probablement en raison de l’afflux touristique durant la période estivale.

Le recours à l’emploi saisonnier autre qu’intérimaire est le plus important dans les secteurs de l’hébergement-restauration et de l’agriculture où un emploi sur cinq y est saisonnier (figure 2). Dans une moindre mesure, le secteur des arts, spectacles et activités récréatives recourt pour 8 % à l’emploi saisonnier.

Avec l'attrait de la région (soleil, mer, arrière-pays...) durant les vacances scolaires,les activités liées au tourisme ont fortement recours à l’emploi saisonnier. C’est le cas des établissements d'hôtellerie de plein air (campings), dont 40 % de l’emploi est saisonnier, soit 1 200 ETP. La restauration traditionnelle en emploie 3 500, soit un quart de ses emplois. D’autres activités liées au tourisme, avec un volume d’emploi plus faible, ont un taux de recours à l’emploi saisonnier important : tel est le cas des activités des parcs d’attractions et des parcs à thème (44 %), de la location d’articles de loisir et de sport (28 %). Dans le secteur des transports, la présence d’emplois saisonniers est notable dans l’activité des remontées mécaniques (33 %).

Dans l’agriculture, mais aussi dans les industries agro-alimentaires, l’intensité de l’activité suit le rythme des saisons. La culture de fruits à pépins et à noyau recourt fortement à l’emploi saisonnier, pour 44 % de ses emplois. Dans la viniculture, 14 % des emplois salariés (ETP) sont saisonniers. Dans l’industrie agro-alimentaire, ils représentent 27 % des emplois de l’activité de transformation et conservation de fruits.

De plus, d’autres activités présentent une saisonnalité de leurs emplois liée au cycle de l’activité, qu’il soit réglementaire (comptabilité…), administratif (calendrier des examens pour l'enseignement...) ou lié aux modes de vie (périodes de soldes, fêtes pour le commerce…).

Par ailleurs, la saisonnalité de l’emploi peut s’expliquer également par les remplacements pour les congés durant l’été, l’activité devant se maintenir voire s’accroître en raison de la présence de touristes ; c’est le cas des banques et des assurances par exemple.

Les contrats saisonniers proposés sont principalement des postes d’employés ou d’ouvriers : 9 contrats sur 10 contre 7 sur 10 pour les contrats non saisonniers. Pour les ouvriers, il s’agit essentiellement d’ouvriers de la viticulture ou de l’arboriculture fruitière (38 %), de cuisiniers (17 %) ou d’agents d’entretien (9 %). Pour les employés, la moitié sont dans la restauration comme serveurs non qualifiés (22 %) ou qualifiés (10 %) ou comme des employés polyvalents (16 %).

On trouve également des contrats saisonniers sur des postes de cadres ou de professions intermédiaires. Ils représentent 14 % des contrats saisonniers. Parmi les professions intermédiaires saisonnières, les animateurs socioculturels et de loisirs (29 %), les moniteurs et éducateurs sportifs (12 %) et les infirmiers (10 %) sont les professions les plus fréquentes. Les contrats saisonniers de cadres sont principalement sur des postes d’internes en médecine, odontologie et pharmacie (19 %), des artistes professionnels de la musique et du chant (18 %).

En Languedoc-Roussillon, les activités saisonnières se concentrent de mai à octobre avec un pic d’activité en juillet et août (figure 3). Les trois secteurs d’activité embauchant le plus de saisonniers sont l’hébergement-restauration, l’agriculture et le commerce, activités soit très dépendantes des saisons et du climat, soit soumises au calendrier des vacances scolaires. Dans la région, 44 % des effectifs saisonniers, 7 300 emplois en équivalent temps plein, relèvent de l’hébergement et la restauration. Le pic de saisonnalité est en juillet et août. L’agriculture emploie 16 % des effectifs saisonniers régionaux (2 700 ETP) et le commerce, 9 % (1 500 ETP) (figure 2).

Ainsi, la saisonnalité régionale reflète principalement les saisonnalités de ces secteurs.

Les premiers et derniers mois de l’année constituent une période creuse pour les saisonniers. Seuls l’agriculture et le commerce connaissent des saisons autres qu’estivales : l’agriculture en raison de la taille de la vigne en début d’année, près d’un tiers des emplois y sont saisonniers, et le commerce probablement en raison d’un accroissement d’activité au moment des soldes de début d’année et des fêtes de fin d’année, L’industrie agro-alimentaire a une saisonnalité décalée, commençant en juillet et s’étalant jusqu’en fin d’année. Ce décalage est essentiellement lié à la saisonnalité des récoltes (transformation de fruits ou industrie des boissons), ou au mode de consommation (chocolaterie, confiserie, biscuiterie). Dans l’activité « fabrication et conservation de fruits », plus de la moitié des emplois d’août à octobre sont saisonniers. La vinification emploie 48 % de saisonniers en septembre.

Les emplois saisonniers, sont concentrés sur quelques activités, mais sont également attachés à certains territoires. Dans les zones d’emploi de Céret, d’Agde, de Prades et de Narbonne, le poids de l’emploi saisonnier dans l’emploi total est le plus important en moyenne annuelle (figure 4). Dans les zones de Céret et d’Agde c’est jusqu’à un emploi sur cinq qui est saisonnier en période estivale. Dans ces deux zones d’emploi ainsi que dans celle de Narbonne, l’hébergement-restauration est un secteur d’activités fortement présent. A contrario, l’emploi saisonnier de la zone d’emploi de Prades provient plutôt du secteur agricole. En raison d’une économie plus diversifiée, les emplois dans les trois grandes zones d’emploi de la région, Montpellier, Nîmes, Perpignan, sont moins souvent saisonniers, même si ces zones regroupent le volume le plus important de ces emplois.

Face à ces besoins de main d’œuvre saisonnière, quatre profils de travailleurs saisonniers, c’est-à-dire ayant réalisé au moins un contrat saisonnier dans l’année, se distinguent : les jeunes de moins de 25 ans, probablement étudiants, les saisonniers agricoles, les saisonniers de complément, et enfin les « grands » saisonniers.

Une majorité des contrats saisonniers est signée par des jeunes de moins de 25 ans (44 %), principalement pour la période estivale, juillet et août. Ces personnes ayant eu peu de contrats le reste de l’année, il s’agit probablement en grande partie d’étudiants qui recherchent un travail d’été, dans les secteurs du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration (figure 5). A contrario, les saisonniers agricoles enchaînent les contrats et leur période d’activité est la plus longue. Pour d’autres, l’activité saisonnière vient compléter une activité principale. Ces saisonniers de « complément » effectuent des contrats très courts lors des périodes de vacances, dans l’administration ou les services à la personne principalement, activités identiques à celle exercée le reste de l’année. Enfin, les « grands » saisonniers réalisent des contrats plus longs que les jeunes, dans des secteurs comme le commerce et l’industrie. Ils effectuent en moyenne plus d’heures par jour et ont une amplitude de contrats saisonniers plus grande dans l’année.

L’activité saisonnière de la région permet à 136 000 personnes d’avoir un emploi temporaire. Pourtant peu d’entre elles enchaînent les contrats dans la région, probablement en raison d’une saisonnalité très concentrée dans le temps et l’espace. Seuls 6 000 individus cumulent au moins un demi-équivalent temps plein avec une activité à 75 % saisonnière. Ils sont 2 000 dans la restauration, 1 800 dans la « culture et production animale, chasse et services annexes » et 1 200 dans l’hôtellerie.

Occuper un emploi saisonnier peut relever de plusieurs profils de parcours professionnels. Une partie des saisonniers désire occuper un emploi ponctuel. C’est le cas pour le profil des saisonniers à dominante « jeunes », en grande partie étudiants. L’offre d’emploi proposée par les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du commerce, durant l’été, correspondant au pic d’activité lié à la présence des touristes, répond à cette demande. La qualité de ces emplois de moindre qualification sur courte période mériterait sans doute d’être précisée. Par exemple, l’exigence du brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) pour les emplois d’animateurs montre qu’un niveau de compétence reconnu peut être attaché à ces emplois occasionnels.

Pour les saisonniers à dominante « complément d’activité », la question de qualité de l’emploi saisonnier renvoie à la qualité de l’emploi dans certaines activités, puisque ces personnes exercent à l’année la même activité dans les mêmes conditions en tant que non saisonniers. Ce sujet n’est pas abordé dans cette étude.

Enfin, la question de la qualité de l’emploi saisonnier est d’autant plus cruciale pour les « grands » saisonniers et les saisonniers agricoles que ces salariés réalisent le plus d’heures en tant que saisonniers, sur des périodes plus grandes. La segmentation de leur temps de travail pose des questions de sécurisation des parcours professionnels (droits rechargeables, formation tout au long de la vie), de sécurité de l’emploi et des conditions de travail.