Insee Flash RéunionUn couple sur trois est bi-actif Activité des couples en 2011 à La Réunion

Sébastien Ajir

Au delà de 15 ans, la moitié des Réunionnais déclarent vivre en couple. Plus jeunes et avec plus d’enfants à charge, ils sont pourtant moins souvent en emploi que les couples métropolitains. Ainsi, seulement un tiers des couples sont composés de deux personnes qui travaillent. La part des bi-actifs progresse néanmoins depuis 2006 avec la hausse de l’activité des femmes, mais reste très faible dans les communes isolées. Lorsqu’un seul des conjoints travaille (35 % des couples), l’autre recherche un emploi dans un cas sur deux. Enfin, dans un couple sur trois, aucun des deux conjoints ne travaille.

Sébastien Ajir
Insee Flash Réunion No 18- Janvier 2015

52 % des Réunionnais de plus de 15 ans vivent en couple

158 000 couples () vivent à La Réunion en 2011, soit 8 000 de plus qu’en 2006. La vie en couple est plus rare qu’en France métropolitaine, puisqu’elle concerne 52 % des Réunionnais de plus de 15 ans contre 60 % en métropole. Les couples réunionnais sont aussi plus jeunes, avec un âge moyen de 48 ans pour l’homme et de 45 ans pour la femme (respectivement 51 ans et 49 ans en métropole). Plus jeunes, les couples réunionnais hébergent aussi plus souvent des enfants de moins de 25 ans, 63 % contre 47 % en métropole.

Sur le marché de l’emploi, la situation des couples réunionnais est très hétérogène, selon que les deux conjoints travaillent (32,2 % des couples, 46,7 % en métropole), qu’un seul des deux travaille (35,4 %) ou qu’aucun des deux ne travaille (32,4 %).

La bi-activité augmente mais reste faible

Entre 2006 et 2011, le taux de bi-activité des couples de tous âges a progressé de 2,2 points à La Réunion. Ce taux progresse deux fois moins rapidement que chez les 30-59 ans qui représentent le noyau dur de la population active en âge de travailler. Sur cette classe d’âge, 42 % des couples sont composés de deux conjoints qui travaillent (bi-actifs) contre 70 % des couples métropolitains. Depuis 2006, le taux de bi-activité chez les 30-59 ans a progressé de 4,4 points à La Réunion, malgré un contexte d’augmentation sensible du taux de chômage.

L’emploi féminin a essentiellement porté la hausse de la bi-activité, la part des femmes de 30 à 59 ans en couple et ayant un emploi passant de 47 % en 2006 à 51 % en 2011.

Cette part reste cependant bien inférieure à celle de métropole, où 77 % d’entre elles travaillent. Chez les hommes en couple de cette tranche d’âges, le taux d’emploi augmente également, mais plus légèrement (+ 1,6 point sur la période).

Qui se ressemble s’assemble

Le couple bi-actif le plus courant (un sur cinq) se compose d’un homme ouvrier et d’une femme employée. Mais la formation des couples répond souvent à une logique d’appartenance au même groupe social.

En 2011, parmi les couples bi-actifs réunionnais, un sur trois est homogame (), comme en France métropolitaine.

Selon les groupes sociaux, l’homogamie est plus ou moins prononcée. Parmi les homogames, les couples constitués de deux employés ou de deux professions intermédiaires sont les plus nombreux, notamment parce que ces professions regroupent les trois quarts des femmes en couple bi-actif (figure 1). Un homme employé vit ainsi six fois sur dix avec une femme employée elle aussi ; un homme ayant une profession intermédiaire quatre fois sur dix.

Pour les femmes, l’homogamie est très fréquente chez les cadres et les ouvrières, qui vivent une fois sur deux en couple avec un conjoint de même groupe social. Mais ce sont les agricultrices qui le plus souvent partagent la même profession que leur conjoint (sept fois sur dix). L’homogamie élargie () concerne les trois quarts des couples bi-actifs. Pour les professions intermédiaires et les employés, le taux d’homogamie élargie est quasi exhaustif chez les hommes (neuf fois sur dix) et très fréquent chez les femmes (entre sept et huit fois sur dix).

figure 1Part des hommes et des femmes en couple homogame par catégorie sociale à La Réunion en 2011

en %
Part des hommes et des femmes en couple homogame par catégorie sociale à La Réunion en 2011 (en %) - Lecture : de gauche à droite, 3,4 % des couples bi-actifs homogames (voir définitions) sont agriculteurs exploitants ; 3,8 % des hommes en couple bi-actif sont agriculteurs ; 29,3 % des hommes agriculteurs d'un couple bi-actif ont une femme agricultrice ; 1,6 % des femmes en couple bi-actif sont agricultrices ; 68,6 % des agricultrices d'un couple bi-actif sont en couple avec un agriculteur.
Catégories sociales (cs) Répartition des couples homogames Répartition des CS de l'homme Part des hommes en couple homogame Répartition des CS de la femme Part des femmes en couple homogame
Agriculteurs exploitants 3,4 3,8 29,3 1,6 68,6
Artisans, commerçants, chefs entreprise 6,7 12,1 18,0 5,0 43,5
Cadres, professions intellectuelles sup 18,3 15,9 37,3 11,7 50,5
Professions Intermédiaires 33,3 24,6 43,8 30,0 35,8
Employés 32,5 17,1 61,3 47,9 22,0
Ouvriers 5,7 26,5 7,0 3,8 49,3
Ensemble 100 100 32,3 100 32,3
  • Lecture : de gauche à droite, 3,4 % des couples bi-actifs homogames (voir ) sont agriculteurs exploitants ; 3,8 % des hommes en couple bi-actif sont agriculteurs ; 29,3 % des hommes agriculteurs d'un couple bi-actif ont une femme agricultrice ; 1,6 % des femmes en couple bi-actif sont agricultrices ; 68,6 % des agricultrices d'un couple bi-actif sont en couple avec un agriculteur.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2011 (exploitation complémentaire).

Les bi-actifs plus présents dans les communes résidentielles

La part des couples bi-actifs, quel que soit leur âge, est très hétérogène sur le territoire réunionnais, s’échelonnant de 19 % à Saint-Philippe à 47 % à La Possession (figure 2). Les communes isolées ont le plus faible taux de bi-activité, autour de 20 %. À l’opposé, La Possession présente le plus fort taux de bi-activité (47 %), malgré tout inférieur à la moyenne métropolitaine. Les communes les plus attractives (plus de 35 % de couples bi-actifs) ont souvent une fonction résidentielle encouragée par la proximité de pôles d’emplois. Parmi ces communes, Les Avirons et l’Étang-Salé sont proches des emplois de l’ouest et du sud. Il en va de même pour La Possession (ouest et nord) ou pour les communes situées sur l’axe de circulation Saint-Denis / Saint-Benoît. Depuis 2006, le taux de bi-activité régresse dans trois communes, dont deux isolées : Cilaos (- 2,0 points), Le Port (- 1,3 point) et Sainte-Rose (- 0,5 point). En revanche, il augmente fortement à l’Entre-Deux (+ 11,4 points) ; dans les autres communes de l’île, il augmente de moins de 5,5 points.

Figure 2Part des bi-actifs dans les couples en 2011 à La Réunion

  • Source : Insee, recensement de la population 2011, exploitation complémentaire

À l’inverse de la bi-activité, la mono-activité (couple où un seul conjoint travaille) est beaucoup plus fréquente à La Réunion (35 %) qu’en France métropolitaine (23 %). Dans ce cas, celui qui travaille au sein du couple est l’homme en majorité (71 %), plus encore qu’en métropole (63 %). La part des femmes augmente néanmoins de 3 points depuis 2006 à La Réunion (29 %), du fait de la hausse de l’activité féminine. Les hommes ont notamment été touchés par la crise, particulièrement dans les métiers du bâtiment, conduisant les femmes à se porter sur le marché du travail. Géographiquement, les taux de mono-activité sont assez proches d’une commune à l’autre (de 31 % à 39 %).

Près de la moitié des couples mono-actifs en recherche d’un 2e emploi

Près de la moitié des couples mono-actifs (46 %) sont composés d’une personne en emploi et d’un chômeur, et 12 % d’une personne en emploi et d’un retraité, contre respectivement 32 % et 29 % en métropole. Le chômage élevé et la jeunesse relative de la population réunionnaise expliquent ces différences.

Chez les employés, ouvriers et professions intermédiaires, le conjoint sans emploi est plus fréquemment chômeur (environ la moitié) que dans les catégories sociales supérieures (30 % chez les cadres). La situation économique du couple peut en effet conditionner le positionnement du conjoint sans emploi sur le marché du travail.

À tous âges, aucun des deux conjoints ne travaille dans un tiers des couples. Parmi eux, 52 % comprennent au moins un retraité (90 % en France métropolitaine) et 30 % sont tous deux retraités (figure 3). Pour le reste, 47 % sont des couples de chômeurs et/ou inactifs (hors étudiants), dont la moitié sont composés de deux chômeurs.

figure 3Répartition des couples où aucun des deux conjoints ne travaille selon leur type d'activité en 2011 à La Réunion

(en %)
Répartition des couples où aucun des deux conjoints ne travaille selon leur type d'activité en 2011 à La Réunion ((en %))
Femmes
Elèves, étudiantes, stagiaires Chômeuses Retraitées ou préretraitées Autres inactives Ensemble
Hommes Elèves, étudiants, stagiaires 0,3 0,1 0,0 0,0 0,4
Chômeurs 0,4 21,8 0,5 13,0 35,7
Retraités ou préretraités 0,0 2,6 30,1 17,6 50,3
Autres inactifs 0,1 3,3 1,1 9,1 13,6
Ensemble 0,7 27,8 31,7 39,8 100,0
  • Source : Insee, recensement de la population 2011 (exploitation complémentaire).

Définitions

La vie en couple repose sur une déclaration de la personne interrogée de 14 ans ou plus et intègre les personnes vivant en union libre ou liées par un pacte civil de solidarité. Le couple est, par convention, formé d'un homme et d'une femme qui cohabitent dans le même logement. Deux personnes déclarant vivre en couple mais domiciliées dans deux logements séparés ne sont pas comptabilisées comme couple, même si elles sont mariées.

L’homogamie est l’union de deux personnes de même groupe social. L’homogamie élargie est est l’union de deux personnes de même groupe social ou de deux personnes appartenant aux groupes sociaux « cadres » et « professions intermédiaires », « professions intermédiaires » et « employés », ou « employés » et « ouvriers ».

Pour en savoir plus

Le recensement de la population : source et méthode ;

Biausque V., Govillot S. « Les couples sur le marché du travail », France portrait social, pp. 137-148, édition 2012 ;

Vanderschelden M., « Homogamie socioprofessionnelle et ressemblance en termes de niveau d'études : constat et évolution au fil des cohortes d'unions »,Économie et statistiques n° 398-399, pp. 33-58, mars 2007.

Vanderschelden M., « Position sociale et choix du conjoint : des différences marquées entre hommes et femmes », Données Sociales, pp. 33-42, mai 2006 ;