Nord-Pas-de-Calais et Picardie : troisième espace le plus peuplé de la nouvelle partition territoriale française
Le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, amenés à composer une nouvelle région, comptent ensemble pour 5,973 millions d'habitants en 2012, soit 9,4 % de la population de France métropolitaine. Du fait d'un modeste gain de population, proche de 300 000 habitants entre 1982 et 2012, ce poids relatif s'est inscrit en recul de 1 point sur les trois dernières décennies. Avec près de 2,6 millions de naissances sur la période, la fécondité reste certes plus élevée qu'en moyenne métropolitaine. Le déficit migratoire amoindrit toutefois l'essor démographique.
Les régions françaises, devenues des collectivités territoriales de plein exercice par la loi du 2 mars 1982, s'inscriront à compter du 1er janvier 2016 dans une nouvelle géographie, avec la mise en place de 13 régions constituées par regroupement des 22 régions métropolitaines actuelles.
Nord-Pas-de-Calais et Picardie : 5,973 millions d'habitants...
Le nouvel ensemble territorial composé du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie compte pour près de 5,973 millions d'habitants en 2012 (figure 1) : il s'agit du troisième espace le plus peuplé dans la future géographie régionale, derrière l'Île-de-France (11,898 millions) et l'ensemble constitué par l'Auvergne et Rhône-Alpes (7,695 millions). D'autres espaces issus du regroupement des régions actuelles dépassent également les 5 millions d'habitants : Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes ; Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées ; Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine.
tableauFigure 1 – Le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie représentent ensemble 9,4% de la population de France métropolitaine
Population et poids démographique des ensembles territoriaux en 1982 et 2012 | ||||
---|---|---|---|---|
1982 | 2012 | |||
Ensembles territoriaux | Population (en nombre d'habitants) | Poids démographique (en %) | Population (en nombre d'habitants) | Poids démographique (en %) |
Île-de-France | 10 073 100 | 18,5 | 11 898 500 | 18,8 |
Auvergne, Rhône-Alpes | 6 348 600 | 11,7 | 7 695 300 | 12,1 |
Nord-Pas-de-Calais, Picardie | 5 673 300 | 10,4 | 5 973 100 | 9,4 |
Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes | 4 961 900 | 9,1 | 5 808 600 | 9,2 |
Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées | 4 251 800 | 7,8 | 5 626 900 | 8,9 |
Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine | 5 231 900 | 9,6 | 5 549 000 | 8,8 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 3 965 200 | 7,3 | 4 935 600 | 7,8 |
Pays de la Loire | 2 930 400 | 5,4 | 3 632 600 | 5,7 |
Basse-Normandie, Haute-Normandie | 3 006 300 | 5,5 | 3 322 800 | 5,2 |
Bretagne | 2 707 900 | 5,0 | 3 237 100 | 5,1 |
Bourgogne, Franche-Comté | 2 680 100 | 4,9 | 2 816 800 | 4,4 |
Centre | 2 264 200 | 4,2 | 2 563 600 | 4,0 |
Corse | 240 200 | 0,4 | 316 300 | 0,5 |
France métropolitaine | 54 334 900 | 100,0 | 63 376 000 | 100,0 |
- Note : les données de population sont arrondies
- Source : Insee, recensements de la population 1982 et 2012
… soit 9,4 % de la population de France métropolitaine en 2012
Entre 1982 et 2012, le poids démographique du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie s'est affaibli, se contractant de 10,4 % à 9,4 % de la population de France métropolitaine, soit – 1 point. Un repli similaire caractérise la dynamique de l'espace composé de l'Alsace, la Champagne-Ardenne et la Lorraine, de 9,6 % à 8,8 %, soit – 0,8 point. Dans le même temps, d'autres espaces ont vu leur poids relatif s'affirmer, à l'instar de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, de 7,8 % à 8,9 %, soit + 1,1 point.
Tous les espaces ont enregistré un gain net de population, quoique d'ampleur diverse : + 300 000 habitants pour le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie de 1982 à 2012, contre + 1 375 000 habitants pour le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, soit respectivement 3,3 % et 15,2 % du gain démographique de la France métropolitaine au cours des trois décennies (figure 2).
Le rythme de la croissance démographique s'échelonne ainsi de + 0,17 % l'an pour le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie à + 0,94 % l'an pour Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées.
Un excédent naturel parmi les plus élevés
Les évolutions démographiques des espaces résultent de deux forces motrices : le solde naturel et le solde migratoire (définitions). L'ensemble territorial composé du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie présente, aux côtés de l'Île-de-France, l'excédent naturel le plus prononcé, d'une fait d'une fécondité plus élevée et d'une population plus jeune. Ainsi, l'indice conjoncturel de fécondité (définitions) s'établit à 2,09 enfants par femme en Nord-Pas-de-Calais, 2,08 en Picardie, contre 2,0 en moyenne de France métropolitaine. De même, près de 25,9 % de la population du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie est âgée de 20 à 39 ans, période de la vie où les naissances sont les plus nombreuses, contre 25,1 % en moyenne de France métropolitaine. Sur la période 1982-2012, près de 2,6 millions de naissances ont ainsi pris place en Nord-Pas-de-Calais et Picardie, soit 11,4 % des naissances de France métropolitaine. En comparaison, la région Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, aujourd'hui d'un poids démographique similaire au Nord-Pas-de-Calais et à la Picardie, a enregistré près de 1,7 million de naissances, soit 7,5 % du total métropolitain.
En dépit d'une espérance de vie (définitions)moindre qu'en moyenne métropolitaine, proche de 76 ans contre 78,5 ans pour les hommes et 83 ans contre 85 ans pour les femmes, le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie ont enregistré sur la période 1982-2012 un solde naturel à hauteur de + 0,53 % l'an. (figure 2). En comparaison, les régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes présentent les soldes les plus faibles, proches de l'équilibre (+ 0,07 % et + 0,01 %).
Le déficit migratoire pénalise la croissance démographique
Ces régions bénéficient d'un solde migratoire soutenu, du fait de l'attractivité des espaces au sud et à l'ouest et plus particulièrement des territoires littoraux. Le phénomène est prononcé en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, où l'excédent migratoire a contribué à hauteur de + 0,87 % l'an. Le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie enregistrent au contraire un déficit migratoire : – 0,36 % l'an (figure 2). D'autres espaces présentent une dynamique similaire, quoique moins prononcée : Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine (– 0,21 % l'an), Basse-Normandie et Haute-Normandie (– 0,12 % l'an). Les évolutions récentes, enregistrées sur la période 2007-2012, indiquent une légère réduction du déficit migratoire pour ces espaces, concomitante d'un tassement du solde naturel : le rythme de croissance démographique se trouve ainsi inchangé, proche de + 10 000 habitants par an pour le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie.
Le Nord et l'Oise, des dynamiques distinctes
À l'échelle départementale, les trajectoires démographiques sont similaires pour l'Aisne, la Somme et le Pas-de-Calais, participant du mouvement global du nouvel ensemble territorial. Le département du Nord se caractérise par un excédent naturel plus prononcé (+ 0,61 % l'an), lié à la
jeunesse de sa population, amoindri toutefois par l'ampleur du déficit migratoire (– 0,53 % l'an), et cela en dépit de l'attractivité exercée par ses pôles universitaires auprès des étudiants. Le département de l'Oise enregistre sur les trois décennies une croissance assez vigoureuse : à l'excédent naturel soutenu (+ 0,65 % l'an) s'ajoute un équilibre migratoire (+ 0,03 % l'an), le territoire profitant de l'installation de familles franciliennes compensant les départs d'étudiants et de jeunes actifs.
tableauFigure 2 – Le déficit migratoire limite la croissance démographique du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie
Évolution démographique, solde naturel et solde migratoire des ensembles territoriaux entre 1982 et 2012 | ||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Ensembles territoriaux | Population en 2012 | Évolution totale entre 1982 et 2012 | Évolution annuelle moyenne entre 1982 et 2012 | |||||
Variation | Taux de croissance | Poids dans le gain de population | Variation | Taux de croissance | Due au solde naturel | Due au solde migratoire apparent | ||
Île-de-France | 11 898 500 | 1 825 400 | 18,1 | 20,2 | 60 850 | 0,56 | 0,78 | -0,23 |
Auvergne, Rhône-Alpes | 7 695 300 | 1 346 700 | 21,2 | 14,9 | 44 890 | 0,64 | 0,39 | 0,25 |
Nord-Pas-de-Calais, Picardie | 5 973 100 | 299 800 | 5,3 | 3,3 | 9 990 | 0,17 | 0,53 | -0,36 |
Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes | 5 808 600 | 846 700 | 17,1 | 9,4 | 28 220 | 0,53 | 0,01 | 0,52 |
Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées | 5 626 900 | 1 375 100 | 32,3 | 15,2 | 45 830 | 0,94 | 0,07 | 0,87 |
Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine | 5 549 000 | 317 100 | 6,1 | 3,5 | 10 570 | 0,20 | 0,41 | -0,21 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 4 935 600 | 970 400 | 24,5 | 10,7 | 32 350 | 0,73 | 0,20 | 0,54 |
Pays de la Loire | 3 632 600 | 702 200 | 24,0 | 7,8 | 23 410 | 0,72 | 0,45 | 0,27 |
Basse-Normandie, Haute-Normandie | 3 322 800 | 316 500 | 10,5 | 3,5 | 10 550 | 0,33 | 0,46 | -0,12 |
Bretagne | 3 237 100 | 529 200 | 19,5 | 5,9 | 17 640 | 0,60 | 0,20 | 0,40 |
Bourgogne, Franche-Comté | 2 816 800 | 136 700 | 5,1 | 1,5 | 4 560 | 0,17 | 0,23 | -0,07 |
Centre | 2 563 600 | 299 400 | 13,2 | 3,3 | 9 980 | 0,41 | 0,23 | 0,18 |
Corse | 316 300 | 76 100 | 31,7 | 0,8 | 2 540 | 0,92 | 0,03 | 0,89 |
France métropolitaine | 63 376 000 | 9 041 100 | 16,6 | 100,0 | 301 370 | 0,51 | 0,38 | 0,13 |
- Note : les données de population sont arrondies
- Source : Insee, recensements de la population 1982 et 2012
Définitions
Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès. Le solde migratoire est la différence entre le nombre des entrées et des sorties pour un territoire. Le solde migratoire est estimé indirectement par différence entre la variation totale de population et le solde naturel. Il est donc qualifié de solde migratoire « apparent » afin que le lecteur garde en mémoire la marge d'incertitude qui s'y attache.
L'indicateur conjoncturel de fécondité mesure le nombre d'enfants qu'aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l'année considérée à chaque âge demeuraient inchangés.
L'espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d'une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l'année.
Pour en savoir plus
« La croissance démographique picarde s'essouffle », Insee, Insee Picardie Analyses, n°90, juin 2014
« Essoufflement des naissances et montée du quatrième âge », Insee, Insee Analyses Nord-Pas-de-Calais, n°02, juillet 2014
« Trente ans de démographie - La croissance picarde portée par l'extension du bassin parisien », Insee, Insee Picardie Analyses n°84, janvier 2014
« Le poids démographique du Nord-Pas-de-Calais s'amenuise », Insee Nord-Pas-de-Calais, Pages de Profils n°150, janvier 2014.