25 000 Lorrains partiront en retraite chaque année, jusqu’en 2020
D’ici à 2020, un salarié lorrain sur trois devrait partir en retraite. Ainsi, 275 000 actifs, issus notamment des générations du baby-boom, quitteraient le marché du travail entre 2009 et 2020. Dans le domaine des banques et assurances, et dans celui des services aux particuliers et aux collectivités, deux salariés sur cinq seraient concernés.
Le nombre de départs en retraite va s’accélérer dans les prochaines années. Les classes d’âge importantes du baby-boom vont progressivement quitter le marché du travail. Cela correspond au départ de près de 25 000 personnes chaque année.
La Lorraine ne fait pas figure d’exception. Entre 2009 et 2020, le taux de retrait serait de 31,8 %, soit un peu plus que la moyenne métropolitaine (30,8 %). Le Limousin et l’Auvergne seraient les régions les plus touchées, avec un taux de retrait supérieur à 33 %. A contrario, en Alsace, Île-de-France, Nord-Pas-de-Calais et Pays de la Loire, le taux de retrait serait inférieur à 30 %.
graphiquecarte – Taux de retrait des actifs en emploi à l’horizon 2020
Ces taux de départ sont fortement liés à la structure par sexe et âge de la population active. Naturellement, plus la population active est âgée, plus importants seront les départs. L’exemple de l’Allemagne est de ce point de vue emblématique. Les mouvements démographiques outre-Rhin ont cependant eu un effet bénéfique. Ils ont freiné la hausse du chômage depuis le début de la crise.
216 000 séniors occupent un emploi
La population active lorraine est d’un peu moins de 1,1 million de personnes, dont 865 000 occupent un emploi. Les séniors représentent un quart de cette force de travail, soit 216 000 emplois.
Le taux d’emploi diminue très rapidement à l’approche de la soixantaine et se tasse encore plus vite après. Dans la tranche d’âge 50-54 ans, il est encore comparable au taux d’emploi de la population totale (80 %). Il passe ensuite à 57 % chez les 55-59 ans, puis à 15 % chez les 60-64 ans. Autrement dit, dans cette dernière tranche d’âge, moins d’une personne sur six travaille encore. La proportion passe à une personne sur trente chez les 65-69 ans, elle est presque nulle ensuite. Il y a quinze ans, ces taux d’emploi étaient deux fois plus faibles en Lorraine. Les conditions de départ à la retraite étaient cependant très différentes de celles d’aujourd’hui.
tableau1 – Part de séniors dans la population active occupée en 2009
Part (%) | |
---|---|
Limousin | 27,0 |
Auvergne | 26,5 |
Corse | 26,2 |
Bourgogne | 26,1 |
Poitou-Charentes | 25,9 |
Aquitaine | 25,9 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 25,8 |
Centre | 25,5 |
Languedoc-Roussillon | 25,5 |
Midi-Pyrénées | 25,4 |
Basse-Normandie | 25,1 |
Franche-Comté | 25,1 |
Champagne-Ardenne | 25,1 |
Lorraine | 24,9 |
France métropolitaine | 24,5 |
Bretagne | 24,1 |
Picardie | 24,1 |
Haute-Normandie | 24,0 |
Île-de-France | 23,8 |
Rhône-Alpes | 23,8 |
Pays de la Loire | 23,1 |
Alsace | 23,0 |
Nord-Pas-de-Calais | 22,9 |
- Source : Insee, recensement de la population 2009 au lieu de travail, exploitation complémentaire.
graphique1 – Part de séniors dans la population active occupée en 2009
Des départs massifs dans les services aux particuliers et aux collectivités
En Lorraine, les taux de départ à la retraite seraient plus élevés que la moyenne métropolitaine dans deux domaines : les banques et assurances, et surtout les services aux particuliers et aux collectivités. Les retraits concerneraient dans ces activités près de deux salariés sur cinq, soit plus de 47 000 personnes sur la période 2009-2020.
tableau2 – Taux de retrait selon le domaine d'activité (%)
Domaine d'activité | Lorraine | France métro. |
---|---|---|
Agriculture, marine et pêche | 35,2 | 36,3 |
Service aux particuliers et aux collectivités | 40,8 | 38,4 |
Santé, action sociale, culturelle et sportive | 27,8 | 28,7 |
Banque et assurances | 38,1 | 34,6 |
Ensemble | 31,8 | 30,8 |
- Source : Insee, recensement de la population 2009 au lieu de travail, modèle de microsimulation.
Méthodologie
Cette étude retient une approche par métier selon la nomenclature des Familles Professionnelles (FAP) élaborée par la Dares. Celle-ci est une table de correspondance entre la nomenclature PCS (professions et catégories socio-professionnelles) utilisée par l’Insee pour coder les professions et le code ROME (répertoire opérationnel des métiers et des emplois) utilisé par Pôle emploi pour coder les demandes et offres d’emploi.
L’estimation du nombre de retraits définitifs du marché du travail à l’horizon 2020 repose sur un exercice de microsimulation. Le modèle fait vieillir les individus année après année jusqu’en 2020, en décidant chaque année s’il est plus probable qu’ils poursuivent leur activité ou qu’ils quittent définitivement leur emploi. Ces probabilités sont estimées à partir des comportements observés dans les enquêtes Emploi en continu de 2003 à 2011 et des projections de probabilités de cessations d’activité par âge et sexe élaborées par l’Insee selon le modèle de microsimulation national Destinie 2. Ces projections prennent en compte les réformes du système de retraite votées jusqu’en juillet 2012.
Définitions
Dans cette étude sont considérées comme séniors les personnes âgées de 50 à 69 ans. La population active occupée au sens du recensement est estimée à partir de l’exploitation complémentaire du recensement de la population 2009. Elle est mesurée au lieu de travail.
Pour en savoir plus
Dans toutes les régions, des départs massifs en fin de carrière d’ici 2020, Insee Première n°1508, juillet 2014
Les métiers en Lorraine : une surreprésentation fruit de l’histoire, Économie Lorraine n°325, décembre 2013
Population active lorraine : une ressource en baisse dès 2020, Économie Lorraine n°309, avril 2013
Pourquoi le chômage a-t-il continué de baisser en Allemagne après 2007 ?, Note de conjoncture, mars 2013