L’emploi bourguignon se féminise

Régine Bordet-Gaudin, Amandine Ulrich, Insee

La population active âgée de 25 à 54 ans s’est féminisée en Bourgogne entre 1999 et 2011. L’économie bourguignonne compte ainsi 8 300 emplois féminins de plus et 30 600 emplois masculins de moins en douze ans. Les femmes accèdent davantage à des postes de cadres et recourent moins au temps partiel. Mais les écarts de salaires entre les hommes et les femmes persistent.

Insee Flash Bourgogne
No 21
Paru le :Paru le02/03/2015
Régine Bordet-Gaudin, Amandine Ulrich, Insee
Insee Flash Bourgogne No 21- Mars 2015

239 500 femmes et 254 500 hommes âgés de 25 à 54 ans occupent un emploi en Bourgogne en 2011. La parité au sein de cette population active occupée n’est pas encore atteinte mais elle est proche. Les femmes sont en effet de plus en plus nombreuses à travailler tandis que les emplois masculins se contractent suite aux baisses d’activité dans l’agriculture et surtout dans l’industrie. Ces générations 25-54 ans sont moins nombreuses en 2011 qu'en 1999 : 23 000 femmes et 29 000 hommes en moins, car elles ne comptent plus dans leurs rangs une grande partie des baby-boomers. Cette baisse démographique est, pour les femmes, plus que compensée par la hausse de leur taux d’activité, passé de 81 à 88 %. Ce n’est pas le cas pour les hommes dont le taux d’activité reste stable à 96 %. Entre 1999 et 2011, l’économie régionale compte 8 300 emplois féminins de plus et 30 600 emplois masculins de moins.

Plus d’emplois dans les activités de services

La féminisation de l’emploi se poursuit : elle est passée de 44,8 % de l’emploi total en 1999 à 48,5 % en 2011. Elle va de pair avec la tertiarisation de l’économie. Les emplois féminins supplémentaires sont tertiaires : sept sur dix sont créés dans les services aux entreprises - activités de nettoyage, activités immobilières et comptables - ainsi que dans les services aux particuliers, principalement dans l’éducation, la santé et l’action sociale, et aussi dans les activités de services à la personne. Ces dernières (aide aux personnes âgées, garde d'enfants...) se développent avec le vieillissement de la population et la progression de l’activité professionnelle des femmes. Les aides à domicile et les aides ménagères figurent ainsi parmi les dix principales professions exercées par les Bourguignonnes.

Dans l’emploi salarié, les femmes sont désormais majoritaires. Leur nombre a progressé de 3,5 % entre 1999 et 2011 alors que celui des hommes a diminué de plus de 11 %. L’emploi non salarié reste majoritairement masculin : sept emplois non salariés sur dix en 2011. Il s'est davantage réduit pour les hommes que pour les femmes.

Figure 1Les activités tertiaires favorables à l'emploi féminin

Les activités tertiaires favorables à l'emploi féminin
Femmes Hommes
Agriculture -947 -5659
Industrie -10322 -21548
Construction 1244 2192
Commerce 2348 -1946
Services 16977 -3669
  • Champ : population des ménages en emploi âgée de 25 à 54 ans
  • Source : Insee, Recensements harmonisés de la population 1999 et 2011 au lieu de travail - exploitations complémentaires.

Figure 1Les activités tertiaires favorables à l'emploi fémininÉvolution du nombre d'emplois par secteur et sexe entre 1999 et 2011 en Bourgogne

  • Champ : population des ménages en emploi âgée de 25 à 54 ans
  • Source : Insee, Recensements harmonisés de la population 1999 et 2011 au lieu de travail - exploitations complémentaires.

Des emplois féminins plus qualifiés

L’emploi se transforme, en lien avec l’élévation du niveau général de formation de la population et les mutations économiques. Les emplois de cadres et de professions intermédiaires se développent tandis que ceux d’ouvriers diminuent. Les femmes bénéficient davantage de cette hausse des qualifications.

En Bourgogne, le nombre de cadres a augmenté de 34 % pour les femmes, soit 5 800 femmes cadres supplémentaires, et seulement de 3 % pour les hommes (+ 1 000) entre 1999 et 2011. Les Bourguignonnes restent toutefois minoritaires dans les fonctions d’encadrement où elles occupent 41 % des emplois.

Elles sont devenues majoritaires parmi les professions intermédiaires suite à une hausse de 26 % des effectifs féminins et un recul de 3 % des effectifs masculins. Cependant, plus de la moitié des femmes est encore employée ou ouvrière.

Figure 2 Moins d'ouvrières et d'employées, davantage de femmes dans les professions intermédiaires et supérieures

Moins d'ouvrières et d'employées, davantage de femmes dans les professions intermédiaires et supérieures
Nombre d'emplois en 2011 Évolution 1999-2011
Femmes Hommes Femmes % Femmes Hommes
nombre % nombre %
Agriculteurs exploitants 3 200 12 300 21 - 1 800 - 36 - 4 100 - 25
Artisans, commerçants, chefs d'entreprises 9 300 23 600 28 - 800 - 8 - 2 300 - 9
Cadres, professions intellectuelles supérieures 23 300 32 900 41 + 5 800 + 34 + 1 000 + 3
Professions intermédiaires 66 600 58 700 53 + 13 600 + 26 - 1 800 - 3
Employés 112 600 27 000 81 - 2 800 - 2 - 4 000 - 13
Ouvriers (y compris agricoles) 24 500 100 000 20 - 5 700 - 19 - 19 400 - 16
Total 239 500 254 500 48 + 8 300 + 4 - 30 600 - 11
  • Champ : population des ménages en emploi âgée de 25 à 54 ans
  • Source : Insee, Recensements harmonisés de la population 1999 et 2011 au lieu de travail - exploitations complémentaires.

Le développement de l'activité des femmes de 25 à 54 ans ne s'est pas accompagné de la précarisation de leur emploi. La plupart des contrats de travail des salariés sont des contrats à durée indéterminée, 88 % pour les femmes et 91 % pour les hommes. Cette part est restée stable pour les femmes alors qu’elle a diminué pour les hommes. Par ailleurs, suite à la mise en place des 35 heures, l’emploi féminin à temps partiel a diminué : il concerne 28 % des femmes en 2011 contre 33 % en 1999.

Figure 3Agent d'entretien pour les femmes, conducteur de véhicules pour les hommes - Les dix professions les plus exercées en 2011 en Bourgogne

Agent d'entretien pour les femmes, conducteur de véhicules pour les hommes - Les dix professions les plus exercées en 2011 en Bourgogne
Effectifs Évolution 1999 - 2011
nombre %
Femmes
Agent d'entretien 18 300 - 2 500 - 12
Enseignante 13 900 - 400 - 3
Aide-soignante 13 000 + 4 500 + 53
Employée administratif de la fonction publique 12 900 - 3 100 - 20
Vendeuse 12 100 + 1 800 + 17
Infirmière, sage-femme 10 700 + 2 000 + 23
Aide à domicile et aide ménagère 9 500 + 3 300 + 53
Secrétaire 8 300 - 3 900 - 32
Assistante maternelle 7 400 - 1 300 - 15
Caissière, employée de libre service 6 600 + 1 070 + 20
Hommes
Conducteur de véhicules 15 300 - 1 800 - 11
Agriculteur, éleveur, sylviculteur, bûcheron 11 800 - 7 800 - 40
Ouvrier qualifié du second œuvre du bâtiment 9 600 - 700 - 7
Ouvrier qualifié de la manutention 7 700 - 200 - 3
Technicien, agent de maîtrise en maintenance 7 500 + 400 + 6
Attaché commercial et représentant 7 500 - 200 - 2
Ouvrier qualifié du gros œuvre du bâtiment 7 000 - 200 - 2
Maraîcher, jardinier, viticulteur 6 700 + 2 100 + 46
Enseignant 6 500 - 2 000 - 24
Armée, police, pompier 6 200 - 1 900 - 23
  • Champ : population des ménages en emploi âgée de 25 à 54 ans par familles professionnelles
  • Source : Insee, Recensements de la population 1999 et 2011 au lieu de travail - exploitations complémentaires

Les disparités de salaires persistent

En 2012, le salaire annuel net médian des femmes s’établit à 18 000 euros. Il est inférieur de 15 % à celui des hommes qui s’élève à 21 300 euros. L’éventail des salaires est plus resserré pour les femmes que pour les hommes. Il varie de 14 000 euros pour les 10 % de femmes les moins bien rémunérées à 29 000 euros pour les 10 % les mieux rémunérées. Pour les hommes, l’échelle des salaires varie de 16 000 euros à 39 000 euros.

Meilleure résistance de l’emploi féminin à la crise

La crise économique de 2008 a frappé plus fortement les hommes que les femmes. En Bourgogne, entre 2006 et 2011, près de 14 000 emplois masculins sont supprimés dans l’industrie et l’agriculture et 3 000 dans le tertiaire, notamment les transports. Sur cette même période, l’emploi féminin s’est aussi réduit dans l’industrie mais moins fortement (- 6 400 emplois). Il a encore progressé dans le tertiaire de 3 400 emplois, à un rythme cependant beaucoup plus faible qu’entre 1999 et 2006.

Définitions

Les professions sont définies selon la nomenclature des familles professionnelles 2009 regroupant des professions qui font appel à des compétences communes sur la base de gestes professionnels ou de modes opératoires proches.

Le salaire net annuel médian est le salaire net annuel qui partage les postes des salariés en deux groupes : ceux où les salariés perçoivent moins et ceux où ils perçoivent plus.

Le salaire net s’entend net des cotisations sociales, y compris la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).

Champ

Champ de l'étude

L’étude porte sur la population des ménages en emploi âgée de 25 à 54 ans. Cette restriction est due au changement de concepts d’activité entre les recensements de 1999 et 2011. Ce champ représente 76 % de la population totale des ménages en emploi.

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