Le nouvel équilibre de l’aire urbaine caennaise
Depuis 2011, plus de 400 000 habitants vivent dans l’aire urbaine caennaise. Ils sont désormais moins nombreux dans le pôle que dans la couronne périurbaine. La croissance démographique repose exclusivement sur le dynamisme de la couronne. Il compense la déprise du pôle, responsable à lui seul du faible déficit migratoire de l’aire urbaine. Plus d’habitants, mais aussi plus d’emplois : les activités présentielles soutiennent l’économie du territoire, renforçant l’attractivité de l’aire urbaine pour l’emploi.
En 2011, l’aire urbaine de Caen a franchi le seuil des 400 000 habitants : elle rassemble désormais 401 200 habitants, soit plus d’un quart de la population régionale. Entre 2006 et 2011, la croissance démographique ralentit cependant, l’aire urbaine gagnant 1 700 habitants par an (+ 0,4 % par an contre + 0,5 % entre 1999 et 2006). Aujourd’hui, l’aire urbaine caennaise laisse partir plus de personnes qu’elle n’en attire. Ce léger déficit migratoire est dû en totalité au pôle car la couronne périurbaine reste attractive résidentiellement. La couronne se densifie encore, et sa vigueur démographique compense la déprise du pôle, qui perd des habitants depuis 1999. Les habitants de l’aire urbaine caennaise sont dorénavant un peu moins nombreux à résider dans le pôle que dans la couronne : 196 700 personnes contre 204 500.
graphiqueFigure_1 – Variation de la population entre 2006 et 2011 (en hab.)

- Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011
La croissance démographique se poursuit mais ralentit
Entre 2006 et 2011, le pôle et sa couronne périurbaine bénéficient toujours tous deux d’un excédent naturel (plus de naissances que de décès). Mais en raison d’un fort déficit migratoire, neuf communes du pôle perdent de la population, dont la ville-centre de Caen où la population recule de 320 habitants par an (- 0,3 %). En revanche, l’attractivité résidentielle de la couronne renforce sa croissance démographique, s’élevant à 2200 personnes par an, soit + 1,1 %.
L’aire urbaine de Caen est marquée par un fort vieillissement de sa population, lié à un accroissement du nombre de personnes de 60 ans ou plus et à un recul du nombre de jeunes. En 2011, les seniors représentent 21,5 % de la population de l’aire urbaine, soit 2,9 points de plus qu’en 2006. En proportion, ils sont autant présents dans le pôle que dans la couronne. En revanche, les jeunes de moins de 20 ans sont davantage présents dans la couronne périurbaine (plus de familles avec enfants).
tableauFigure_2 – Répartition des habitants par tranche d'âge en % dans l'aire urbaine de Caen
Aire urbaine | Pôle urbain | Couronne périurbaine | |
---|---|---|---|
moins de 20 ans | 25,3 | 23,5 | 27 |
entre 20 et 59 ans | 53,2 | 55,3 | 51,3 |
60 ans ou plus | 21,5 | 21,2 | 21,7 |
- Source : Insee, recensement de la population 2011
graphiqueFigure_2 – Répartition des habitants par tranche d'âge en % dans l'aire urbaine de Caen

- Source : Insee, recensement de la population 2011
L’emploi soutenu par l’économie présentielle
En 2011, l’aire urbaine de Caen offre 168 500 emplois, soit trois emplois régionaux sur dix (29 %). Sur dix emplois dans l’aire urbaine, le pôle en rassemble sept, et la seule ville de Caen, quatre. Il concentre notamment les emplois de conception-recherche, de santé et d’administration publique. Ainsi, à Colombelles est situé le pôle de compétitivité sur les transactions électroniques sécurisées. La forte présence de l’emploi public tend à stabiliser l’emploi total du territoire. Comme ailleurs, l’économie de l’aire urbaine se tertiarise davantage encore, avec huit emplois sur dix dans le commerce, les transports et les services. L’industrie recule toujours, représentant désormais un emploi sur dix et demeure spécialisée dans l’automobile (Renault Trucks, Peugeot Citroën, Bosch) et la pharmacie (Schering-Plough, Laboratoires Gilbert, Farmaclair).
Entre 2006 et 2011, l’aire urbaine caennaise reste créatrice nette d’emplois. Soutenu par l’économie présentielle, l’emploi progresse de 1 950 postes (+ 1,2 %). En effet, croissance démographique et attractivité touristique favorisent l’emploi par le développement des activités présentielles, produisant des biens et services pour la population présente. Sur la période, l’économie présentielle a créé 3 500 emplois supplémentaires (+ 3,1 %), dont les deux tiers dans la couronne. Son dynamisme compense le recul de l’économie non présentielle, plus orientée vers le marché national ou international. Fragilisée depuis la crise survenue en 2008, celle-ci a perdu 1 550 emplois (- 2,8 %) mais a bien mieux résisté dans le pôle. Au final, l’emploi progresse plus dans le pôle (+ 1,3 %) que la couronne (+ 0,7 %).
tableauFigure_3 – Taux annuel moyen de variation entre 2006 et 2011 (en %)
aire urbaine | pôle urbain | couronne périurbaine | |
---|---|---|---|
Ensemble de la population | + 0,4 | – 0,3 | + 1,1 |
due au solde naturel | + 0,5 | + 0,5 | + 0,6 |
due au solde apparent des entrées-sorties | – 0,1 | – 0,8 | + 0,5 |
Population 2011 | 401 208 | 196 688 | 204 520 |
Population 2006 | 392 734 | 199 195 | 193 539 |
- Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011
L’aire urbaine caennaise plus ouverte
En 2011, parmi les actifs en emploi résidant dans l’aire urbaine, près de neuf sur dix restent y travailler (88 %). Seuls 13 % des emplois (21 150 postes) sont occupés par des actifs résidant à l’extérieur. Mais ces navetteurs entrants sont plus nombreux qu’en 2006 (+ 14,4 %), avec des ménages recherchant ailleurs un foncier moins onéreux ou un autre cadre de vie. En sens inverse, 20 300 actifs résidents de l’aire urbaine caennaise partent travailler en dehors, plus nombreux aussi qu’en 2006 (+ 9,4 %). Ils sont attirés par des pôles d’emplois secondaires voisins comme Bayeux, Dives-sur-Mer ou Falaise. Pourtant beaucoup plus éloignée, l’agglomération parisienne attire autant que ces pôles limitrophes, avec 2 000 actifs de l’aire urbaine caennaise
tableauFigure_4 – L'emploi par secteurs et par sphères en 2011
2011 | 2006 | |||
---|---|---|---|---|
nombre | % | nombre | % | |
Agriculture | 2 643 | 1,6 | 3 052 | 1,8 |
Industrie | 19 427 | 11,5 | 23 520 | 14,1 |
Construction | 12 498 | 7,4 | 11 261 | 6,8 |
Commerce, transports, services divers | 76 897 | 45,7 | 73 038 | 43,9 |
Admin. publique, enseignement, santé action sociale | 57 007 | 33,8 | 55 668 | 33,4 |
Ensemble | 168 472 | 100,0 | 166 538 | 100,0 |
sphère d'activités présentielles | 115 465 | 68,5 | 111 980 | 67,2 |
sphère d'activités non présentielles | 53 007 | 31,5 | 54 558 | 32,8 |
Ensemble | 168 472 | 100,0 | 166 538 | 100,0 |
- Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011, exploitation complémentaire
Définitions
Les aires urbaines permettent d'analyser les zones d'influence des villes en terme d'emplois. Ce sont des ensembles de communes constitués par un pôle urbain de plus de 10 000 emplois et par les communes formant sa couronne dont au moins 40 % des actifs occupés travaillent dans le pôle ou dans les communes attirées par celui-ci.
Pour en savoir plus
Le développement des services ne compense pas le ralentissement industriel, Insee analyses Basse-Normandie, n° 1, juin 2014
En matière d'emploi, les métropoles ont davantage résisté à la crise, Insee première, n° 1 503, juin 2014