Insee Conjoncture Pays de la LoireL’emploi fléchit à nouveau au premier trimestre

Martine BARRÉ, Guillaume COUTARD, Ophélie KAISER et Delphine LEGENDRE (Insee)

Dans un contexte national de stagnation du PIB au premier trimestre de 2014, la conjoncture régionale montre des signes de repli après un quatrième trimestre de 2013 bien orienté. En effet, l’emploi recule de 0,3 %. Cette baisse un peu plus marquée qu’au niveau national provient principalement d’une perte d’emplois intérimaires. L’emploi industriel résiste, notamment dans le secteur agroalimentaire et la fabrication de matériels de transport. Dans le secteur de la construction, emploi et activité sont toujours à la baisse, même si la dégradation est moindre qu’en fin d’année 2013. Le taux de chômage augmente légèrement, de 0,1 point après une baisse de 0,2 point au trimestre précédent, et atteint 8,6 % de la population active. La création d’entreprises est en progression, portée ce trimestre par les auto-entreprises. Enfin, la fréquentation hôtelière baisse par rapport au même trimestre de l’an dernier. Une croissance modeste de 0,3 % est attendue au second trimestre de 2014 au niveau national.

Insee Conjoncture Pays de la Loire
No 1
Paru le :Paru le17/07/2014
Martine BARRÉ, Guillaume COUTARD, Ophélie KAISER et Delphine LEGENDRE (Insee)
Insee Conjoncture Pays de la Loire No 1- Juillet 2014

Repli de l’emploi salarié

Au premier trimestre 2014, l’emploi salarié marchand non agricole baisse de 0,3 % dans les Pays de la Loire. L’emploi diminue dans tous les départements de la région : - 0,8 % dans la Mayenne, - 0,5 % dans la Loire-Atlantique, - 0,2 % dans la Sarthe, - 0,1 % dans le Maine-et-Loire et la Vendée.

Baisse dans le secteur tertiaire marchand

Hors intérim, les effectifs des services marchands se replient ce trimestre de 0,2 % (soit 840 postes) alors qu’ils progressent de 0,2 % au niveau national.

Les baisses d’effectifs dans les services sont localisées dans la Mayenne (- 1,7 %), la Loire-Atlantique (- 0,5 %) et le Maine-et-Loire (- 0,3 %). La Sarthe et la Vendée affichent en revanche des hausses (respectivement 0,5 % et 0,6 %). Au niveau régional, le secteur des activités scientifiques et techniques, des services administratifs et de soutien enregistre la plus forte baisse avec - 1,0 % (- 1 100 postes), suivi par le secteur de l’hébergement et restauration avec - 0,3 % (- 140 postes). Le secteur des transports et entreposage ainsi que les activités financières et d’assurance sont en légère baisse (- 0,1 %). Le nombre de salariés progresse dans les secteurs des autres activités de service (+ 0,7 %), de l’information et la communication (+ 0,6 %) ainsi que des activités immobilières (+ 0,5 %).

Figure_1Évolution de l’emploi salarié marchand

  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre hors agriculture, secteurs principalement non marchands et salariés des particuliers employeurs ; données corrigées des variations saisonnières.
  • Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emploi.

Figure_2Évolution de l’emploi salarié marchand par secteur dans les Pays de la Loire

  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre hors agriculture, secteurs principalement non marchands et salariés des particuliers employeurs ; données corrigées des variations saisonnières.
  • Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emploi.

Le nombre d’intérimaires, comptabilisés dans le secteur tertiaire quel que soit le secteur dans lequel ils effectuent leur mission, diminue de 4,7 % (soit - 1 940 postes). Au niveau national, l’emploi intérimaire se replie également ce trimestre (- 4,8 %). Ainsi, la reprise de l’intérim qui semblait s’amorcer au trimestre précédent ne se confirme pas. La baisse de l’intérim affecte tous les départements de la région. La Loire-Atlantique enregistre la plus forte baisse : - 8,3 %, soit - 1 370 postes.

Les effectifs du commerce se replient légèrement ce trimestre (- 0,1 %). Seuls les départements de la Loire-Atlantique et de la Sarthe affichent une hausse dans ce secteur (respectivement + 0,6 % et + 0,3 %).

L’emploi industriel résiste, la baisse s’atténue dans la construction

L’emploi industriel régional augmente de 0,2 % au premier trimestre de 2014 (420 postes), tandis que l’industrie perd des salariés à l’échelle nationale (- 0,2 %).

L’industrie agroalimentaire, le secteur de la fabrication de matériels de transport ainsi que le secteur de l’énergie-eau, dépollution et cokéfaction-raffinage enregistrent des hausses respectives de 0,4 %, 0,6 % et 0,5 %. Les seuls départements de la région qui perdent des emplois industriels ce trimestre sont la Sarthe (- 0,5 %) et la Mayenne (- 0,2 %).

Le nombre de salariés du secteur de la construction diminue de 0,5 %, soit une perte de 420 postes sur la région, après une baisse de 1 200 postes au quatrième trimestre 2013. Cette baisse reste un peu plus marquée dans les Pays de la Loire qu’au niveau national (- 0,3 %). Le secteur de la construction se redresse un peu dans le Maine-et-Loire (1,0 %).

Figure_3Évolution de l’emploi intérimaire

  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre ; données corrigées des variations saisonnières.
  • Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, estimations d’emploi.

Taux de chômage en légère hausse

Au premier trimestre 2014, le taux de chômage augmente légèrement, de 0,1 point dans la région après avoir baissé de 0,2 point le trimestre précédent. Il atteint 8,6 % de la population active et reste toujours inférieur au taux métropolitain (9,7 %) qui est stable sur la même période. Dans tous les départements des Pays de la Loire, le chômage augmente faiblement, sauf dans la Sarthe où le taux de chômage stagne à 9,5 %, niveau le plus élevé de la région. La hausse du taux de chômage est la plus sensible dans le Maine-et-Loire (+ 0,2 point). Sur un an, le chômage régional stagne (8,6 %). Cette absence de variation masque des situations différentes selon les départements : baisse en Mayenne, Sarthe et Vendée, stagnation en Maine-et-Loire et légère augmentation en Loire-Atlantique.

Figure_4Taux de chômage

  • Note : données trimestrielles.
  • Source : Insee, taux de chômage localisé (région), et au sens du BIT (France).

Poursuite du recul des mises en chantier

Fin mars 2014, le nombre de logements autorisés à la construction poursuit sa chute et atteint un nouveau plancher : il passe de 22 850 logements autorisés en cumul annuel à 20 871, soit une baisse de 8,7 % par rapport au trimestre précédent. Le repli concerne uniquement les logements individuels (- 14,5 %), les autorisations de logements collectifs restant stables (+ 0,1 %). L’évolution trimestrielle est semblable au niveau national, en baisse de 7,8 %. Sur un an, le nombre d’autorisations de logement est en repli de 32,7 % dans la région, contre un recul de 21,2 % au niveau national.

Figure_5Évolution du nombre de logements autorisés à la construction

  • Note : données mensuelles brutes, en date de prise en compte. Chaque point représente la moyenne des 12 derniers mois.
  • Source : SoeS, Sit@del2.

Fin mars 2014, en cumul annuel, 20 574 logements sont mis en chantier dans la région, soit une baisse de 3,8 % par rapport à fin décembre 2013. La baisse est légèrement plus forte qu’au niveau national (- 2,7 %) mais moins marquée qu’au trimestre précédent. Le repli des mises en chantiers dans la région concerne davantage les logements individuels (- 4,3 %) que le parc collectif (- 1,0 %).

La situation des mises en chantier dans la région est contrastée. Si elle se dégrade modérément en Loire-Atlantique (- 2,1 %), elle est stable en Maine-et-Loire (- 0,1 %) et se détériore nettement en Vendée (- 6,5 %) à cause du recul dans l’individuel, en Mayenne (- 8,8 %), et dans la Sarthe (- 10,4 %) à cause d’une forte baisse dans le parc collectif (- 29,0 %).

Figure_6Évolution du nombre de logements commencés

  • Note : données mensuelles brutes, en date de prise en compte. Chaque point représente la moyenne des 12 derniers mois.
  • Source : SoeS, Sit@del2.

Fréquentation touristique en recul

Avec 1,1 million de nuitées dans les hôtels, la fréquentation hôtelière du premier trimestre 2014 est en baisse de 4,9 % dans les Pays de la Loire par rapport au même trimestre de 2013. Sur la même période, en France métropolitaine, le nombre de nuitées dans l’hôtellerie est aussi en baisse (- 2,9 %). C’est la deuxième année consécutive de baisse de fréquentation hôtelière sur les trois premiers mois de l’année.

Figure_7Évolution de la fréquentation dans les hôtels

  • Notes : données mensuelles brutes.
  • Suite au changement de méthodes intervenu début 2013 et au nouveau classement touristique début 2014, les données 2011 et 2012 ont été rétropolées.
  • Sources : Insee ; direction du tourisme ; partenaires régionaux.

La fréquentation a particulièrement baissé au mois de mars par rapport à l’année 2013, au niveau national comme au niveau régional.

Le nombre de nuitées françaises est en recul de 5,3 % alors que le nombre de nuitées de la clientèle étrangère a progressé de 1,1 % par rapport au premier trimestre 2013.

Création soutenue par les auto-entreprises

Au premier trimestre 2014, 5 800 entreprises sont créées dans les Pays de la Loire, soit une hausse de 3,6 % par rapport au dernier trimestre de 2014. Cette augmentation est soutenue uniquement par la création d’auto-entreprises : + 16 %.

Figure_8Créations d’entreprises

  • Champ : ensemble des activités marchandes hors agriculture.
  • Note : les créations d’entreprises hors entrepreneurs sont corrigées des jours ouvrables et corrigées des variations saisonnières (CJO-CVS), les créations sous régime d’auto-entrepreneurs sont brutes. Données trimestrielles.
  • Source : Insee, REE (Répertoire des Entreprises et des Établissements – Sirene).

Après une forte hausse au trimestre précédent (+ 9,4 %), les créations hors auto-entreprises baissent de 8,8 % et retrouvent leur niveau du premier trimestre 2013. Cette évolution suit la tendance métropolitaine, mais elle est plus marquée dans les Pays de la Loire. Le nombre de défaillances d’entreprises sur un an continue de baisser : 3 000 défaillances sont enregistrées entre le premier trimestre 2013 et le premier trimestre 2014, soit une légère diminution par rapport au cumul annuel enregistré au quatrième trimestre 2013 (- 1,9 %). Cette tendance à la baisse fait suite à une très forte augmentation du nombre de défaillances d’entreprises dans la région début 2013. Au niveau national, le nombre de défaillances augmente de manière continue depuis fin 2012. (+ 3,7 % sur une année par rapport au premier trimestre 2013).

Figure_9Défaillances d’entreprises

  • Note : données mensuelles brutes au 12 mai 2014, en date de jugement. Chaque point représente la moyenne des douze derniers mois.
  • Source : Banque de France, Fiben.

Contexte national - La croissance revient mais ne décolle pas

Au premier trimestre 2014, l’activité stagne. La croissance reviendrait en France au deuxième trimestre (+ 0,3 %). Au second semestre, la croissance ne décollerait pas : elle resterait moyenne (+ 0,3 % par trimestre). Au total, le PIB progresserait de 0,7 % en 2014, après + 0,4 % en 2012 et 2013. Des facteurs persistants continuent de limiter l’ampleur de la reprise. Le pouvoir d’achat des ménages s’améliore certes, mais trop modestement pour conduire à une franche accélération de la consommation (+ 0,3 % en 2014) et à une reprise de l’investissement en logements neufs. Confrontées à une demande qui ne décolle pas, et avec un taux de marge qui se redresse mais reste bas, les entreprises ne sont pas enclines à investir. Enfin, les exportations françaises ne profiteraient pas pleinement de l’accélération attendue du commerce mondial, pénalisées notamment par l’appréciation de l’euro.

L’emploi total progresserait au premier semestre 2014 (+ 22 000 postes) comme au second semestre (+ 38 000) du fait des emplois aidés. Le taux de chômage augmenterait légèrement d’ici fin 2014 (10,2 %).

Contexte international - Les économies avancées ralentissent ponctuellement

Les économies avancées ralentissent au premier trimestre 2014, principalement du fait de la contraction de l’économie américaine. Dans la zone euro, l’activité accélère en Allemagne et en Espagne mais cale en France et en Italie.

Les économies émergentes traversent toujours une zone de turbulences : les attaques monétaires ont cessé mais les resserrements monétaires passés continueraient de peser sur l’activité. Leurs importations ne progresseraient que modérément d’ici la fin de l’année.

À l’inverse, les économies avancées retrouveraient de l’élan d'ici fin 2014. Aux États-Unis, l’activité rebondirait fortement. Au Royaume-Uni, la demande intérieure progresserait vigoureusement malgré un marché immobilier qui s’assagirait au second semestre. La zone euro, et notamment l’Espagne, retrouverait du tonus (+ 0,3 % par trimestre), grâce à une moindre consolidation budgétaire, un redressement de l’investissement et une baisse de l’épargne de précaution des ménages. En revanche, la construction continuerait de peser négativement dans la zone, excepté en Allemagne.

Pour en savoir plus

Note de conjoncture nationale de juin 2014 «La croissance revient mais ne décolle pas».

D’autres indicateurs conjoncturels régionaux sont diffusés régulièrement dans le Tableau de bord conjoncture.