Insee PremièreQui vit seul dans son logement ? Qui vit en couple ?

Guillemette Buisson et Fabienne Daguet, division Enquêtes et études démographiques, Insee

Entre 1990 et 2008, la part des personnes qui vivent seules dans leur logement a augmenté. Cet accroissement est particulièrement marqué entre 30 et 59 ans, surtout pour les hommes.

Parmi les hommes actifs, ceux qui habitent le plus souvent seuls sont les employés et les ouvriers. Les agriculteurs sont les hommes qui résident le moins souvent seuls, en 1990 comme en 2008. Mais ce ne sont pas eux qui habitent le plus souvent en couple : ils partagent fréquemment leur logement avec au moins un de leurs deux parents. Les hommes habitant le plus souvent avec une conjointe sont les artisans et les cadres.

La situation est très différente pour les femmes : en 2008 comme en 1990, celles qui résident le plus souvent seules sont les cadres. C’est toutefois l’unique catégorie sociale pour laquelle la part de femmes seules n’a pas augmenté. Avant 40 ans, les femmes cadres résident davantage en couple qu’en 1990 et ce sont désormais les ouvrières qui vivent le moins souvent en couple, notamment parce qu’elles sont plus fréquemment qu’avant mères de famille monoparentale. Après 40 ans, ce sont les femmes cadres qui habitent le moins souvent en couple ; à partir de cet âge, elles sont presque aussi souvent mères de famille monoparentale que les ouvrières.

Guillemette Buisson et Fabienne Daguet, division Enquêtes et études démographiques, Insee
Insee Première No 1392- Février 2012

Depuis 1990, on habite plus souvent en couple sans enfant ou seul

En lien avec les transformations démographiques et familiales, les ont profondément évolué en une vingtaine d’années. 16 millions de personnes vivent en couple avec leurs enfants ou beaux-enfants, mais ils sont 1 million de moins qu’en 1990 (tableau 1). Parallèlement, beaucoup plus de personnes vivent en couple sans enfant (+ 4 millions de personnes), seules dans leur logement (+ 3 millions) ou à la tête d’une famille monoparentale (+ 1 million). Les autres types de cohabitation restent très minoritaires, même si leur part progresse depuis une dizaine d’années.

Tableau 1 Répartition de la population selon le mode de cohabitation

Répartition de la population selon le mode de cohabitation
1990 1999 2008
en milliers en % en milliers en % en milliers en %
Seul dans son logement 5 918 10,2 7 495 12,5 9 082 14,2
dont homme 2 212 3,8 3 025 5,0 3 768 5,9
dont femme 3 706 6,4 4 470 7,4 5 314 8,3
En couple sans enfant 11 095 19,1 12 683 21,1 14 756 23,1
En couple avec enfant(s) 16 967 29,2 16 132 26,8 15 512 24,3
Parent d'une famille monoparentale 1 703 2,9 2 116 3,5 2 478 3,9
Enfant1 d'une famille monoparentale 2 685 4,6 3 303 5,5 3 891 6,1
Enfant1 d'un couple 16 474 28,3 15 256 25,4 14 371 22,5
En ménage avec d'autres personnes2 2 000 3,4 1 888 3,1 2 384 3,7
Hors ménage3 1 269 2,2 1 308 2,2 1 462 2,3
Total 58 111 100,0 60 180 100,0 63 937 100,0
  • 1. Enfant au sens du recensement (définitions).
  • 2. Personne qui réside avec une ou plusieurs personnes et qui n’est le conjoint, le parent ou l’enfant (au sens du recensement) d'aucune d'entre elles.
  • 3. Personne vivant dans une habitation mobile, marinier, personne sans-abri, personne vivant en communauté (foyer de travailleurs, maison de retraite, résidence universitaire, etc.).
  • Champ : France.
  • Sources : Insee, recensements de la population de 1990 (sondage au quart), et de 1999 et 2008 (exploitations complémentaires).

Résider seul est devenu plus fréquent, notamment avant 60  ans

Le vieillissement démographique explique une partie des évolutions. En particulier, les couples sans enfant dans leur logement sont plus nombreux car il y a plus de couples âgés. S’ils ont eu des enfants, ceux-ci ne vivent généralement plus à leur domicile. Avec l’allongement de l’espérance de vie, par ailleurs, les couples peuvent vivre plus longtemps ensemble.

Pour les personnes résidant seules, le vieillissement démographique est aussi un facteur d’évolution, mais il n’est pas le principal. Certes, les 9 millions de personnes résidant seules sont pour près de la moitié âgées de 60 ans ou plus (44 %), mais cette proportion est plus faible qu’en 1990 (50 %). Le nombre de personnes seules augmente surtout avant 60 ans (+ 2 millions de personnes) du fait de l’évolution des comportements. Entre 20 et 29 ans, 18 % des jeunes habitent seuls en 2008 : ils s’installent moins rapidement en couple après avoir quitté le domicile parental qu’en 1990. Surtout, résider seul devient plus fréquent entre 30 et 59 ans, en particulier pour les hommes (graphique 1).

À ces âges, les femmes habitent moins souvent seules (12 %) que les hommes (15 %). Ces derniers se mettent en couple plus tardivement et ont moins souvent la garde des enfants lors d’une séparation. Après 60 ans, 38 % des femmes et 17 % des hommes habitent seuls. Les personnes seules sont alors majoritairement des femmes (les trois quarts). Elles sont davantage confrontées au veuvage car elles sont généralement plus jeunes que leurs conjoints et vivent en moyenne plus longtemps.

Graphique 1Proportion d'hommes et de femmes résidant seuls en 1990 et 2008 selon l'âge

  • Lecture : à 40 ans, 15 % des hommes et 8 % des femmes résident seuls dans leur logement en 2008 ; ils étaient respectivement 8 % et 5 % en 1990.
  • Champ : France.
  • Sources : Insee, recensements de la population de 1990 (sondage au quart), et de 2008 (exploitation complémentaire).

Les hommes les plus souvent seuls : ouvriers et employés

Au cœur de la vie active, de 30 à 59 ans, la proportion de personnes habitant seules varie aussi selon la . Pour les hommes actifs, elle culmine à 18 % pour les employés et 16 % pour les ouvriers (graphique 2). Ces proportions sont corrigées des effets de structure par âge (). Les employés et les ouvriers se distinguaient déjà en 1990, mais les écarts avec les autres groupes sociaux se sont accentués. À noter que les ouvriers de nationalité étrangère vivent moins souvent seuls et plus souvent en couple que ceux de nationalité française. Ces différences par nationalité n’existent pas pour les employés.

Les hommes actifs qui résident le moins souvent seuls sont les agriculteurs : 10 % d’entre eux vivent seuls, contre 18 % des employés. Pour autant, ce ne sont pas eux qui vivent le plus souvent en couple : ils sont nombreux à habiter, sans conjointe, avec au moins un de leurs deux parents. En 1990, cette situation était encore plus fréquente qu’en 2008 pour les trentenaires, si bien que les jeunes agriculteurs vivaient à la fois moins souvent seuls et moins souvent en couple dans leur logement que toutes les autres catégories d’hommes actifs.

Graphique 2 Répartition des 30 à 59 ans par mode de cohabitation selon le groupe social*

  • * Proportions standardisées par âge (définitions).
  • Lecture : en 2008, 80 % des hommes artisans de 30 à 59 ans vivent en couple dans leur logement (avec ou sans enfants), 11 % vivent seuls et 9 % cohabitent autrement.
  • Champ : France, hommes et femmes âgés de 30 à 59 ans en 2008.
  • Source : Insee, recensement de la population de 2008 (exploitation complémentaire).

Les hommes les plus souvent en couple : artisans et cadres

Après les agriculteurs, les hommes qui résident le moins souvent seuls sont les cadres et les artisans. Ce sont eux aussi qui habitent le plus souvent en couple, étant plus rarement concernés par les autres types de cohabitation (graphique 2). À l’inverse des ouvriers, les cadres de nationalité française résident plus souvent en couple que les cadres étrangers.

Les hommes de 30 à 59 ans sans catégorie sociale déclarée au recensement sont, de loin, ceux qui habitent le plus souvent seuls et le moins souvent en couple. L’inactivité des hommes est souvent liée à des problèmes de santé, voire un handicap, nécessitant une aide quotidienne à demeure. À ces âges, un inactif sur six réside en institution, un sur cinq cohabite avec un parent ou une autre personne.

Les femmes les plus souvent seules : cadres ou professions intermédiaires

Pour les femmes, à l’inverse des hommes, ce sont les cadres qui vivent le plus souvent seules dans leur logement : 18 % contre 14 % pour leurs homologues masculins (graphique 2). Entre 30 et 39 ans, elles sont deux fois plus souvent seules que les ouvrières ou les employées (16 % contre 8 %), mais, pourtant, plus souvent en couple que celles-ci (graphique 3). À ces âges, les femmes cadres sont plus rarement mères d’une famille monoparentale (6 %) que les ouvrières et les employées (15 %). Pour les générations âgées de plus de 40 ans en 2008, c’est l’inverse : les femmes cadres sont presque aussi souvent mères d’une famille monoparentale que les ouvrières (respectivement 12 % et 13 %) et habitent moins souvent en couple que ces dernières. Là encore, elles résident plus souvent seules que les ouvrières (respectivement 18 % et 13 %), l’écart étant toutefois plus faible que pour les trentenaires.

Graphique 3Proportion de femmes résidant en couple selon l'âge et le groupe social*

  • * La courbe des professions intermédiaires, non représentée par souci de lisibilité, se rapproche de celle des cadres.
  • Lecture : en 2008, 87 % des agricultrices et 68 % des ouvrières résident en couple à 35 ans.
  • Champ : France, femmes âgées de 30 à 59 ans en 2008.
  • Source : Insee, recensement de la population de 2008 (exploitation complémentaire).

Les femmes les plus souvent en couple : les agricultrices

Les femmes le plus souvent en couple sont, de très loin, les agricultrices (graphique 3). 88 % d’entre elles résident avec un conjoint. Bien moins nombreuses que les hommes à exercer cette profession, elles sont très souvent mariées avec un agriculteur, éventuellement retraité (les trois quarts d’entre elles).

Avant 40 ans, ce sont les ouvrières qui habitent le moins souvent en couple (68 %) ; celles de nationalité française encore moins que celles de nationalité étrangère, comme pour les hommes. Elles résident aussi souvent seules que les employées ou les commerçantes, mais sont plus fréquemment mères de famille monoparentale.

En 2008, les jeunes femmes cadres sont moins seules qu’en 1990

Entre 1990 et 2008, la proportion de femmes habitant seules augmente pour presque toutes les catégories sociales (tableau 2). La hausse est plus marquée pour les ouvrières, artisanes ou commerçantes, beaucoup plus modérée pour les employées, à peine sensible pour les professions intermédiaires. Seule exception : à âge égal, les femmes cadres résident moins souvent seules en 2008 (− 1 point). Résultat de ces évolutions contrastées, le classement des femmes seules entre groupes sociaux n’est pas modifié, mais les écarts sont nettement réduits.

Sur la même période, le classement par rapport à la vie de couple est bouleversé pour les trentenaires (graphique 4). En 1990, les moins souvent en couple étaient les cadres, puis les professions intermédiaires ; venaient ensuite les employées et les ouvrières. Les femmes résidant le plus souvent avec un conjoint étaient les non salariées, notamment les agricultrices. En 2008, les femmes trentenaires qui habitent le moins souvent en couple sont désormais les ouvrières, puis les employées, deux catégories comptant beaucoup plus de familles monoparentales qu’en 1990. Viennent ensuite les cadres et les professions intermédiaires. Les cadres ont ainsi remonté le classement : c’est la seule catégorie qui réside davantage en couple qu’en 1990. Les jeunes agricultrices restent les femmes habitant le plus souvent en couple, mais moins toutefois qu’en 1990.

Entre 40 et 59 ans, le classement entre groupes sociaux ne bouge pas. Cependant, mises à part les agricultrices, les écarts entre groupes sociaux se sont considérablement réduits.

Graphique 4Proportion de femmes de 30 à 59 ans résidant en couple selon le groupe social en 1990 et 2008*

  • * Proportions standardisées par âge (définitions).
  • Champ : France, femmes âgées de 30 à 59 ans.
  • Sources : Insee, recensements de la population de 1990 (sondage au quart), et de 2008 (exploitation complémentaire).

Tableau 2Proportion d'hommes et de femmes de 30 à 59 ans résidant seuls selon le groupe social en 1990 et 2008*

en %
Proportion d'hommes et de femmes de 30 à 59 ans résidant seuls selon le groupe social en 1990 et 2008* (en % )
Cadres Professions Intermé- diaires Employés Ouvriers Artisans, commer- çants Agriculteurs Sans activité professionnelle, non retraités
Femmes 1990 19,0 14,2 10,5 8,1 6,8 1,6 3,0
2008 17,8 14,6 11,7 11,1 10,5 3,5 6,8
Hommes 1990 9,3 8,5 11,7 9,0 6,7 5,7 14,8
2008 14,1 14,9 18,3 15,6 11,4 10,1 21,9
  • * Proportions standardisées par âge (définitions).
  • Lecture : en 1990, 19,0 % des femmes cadres de 30 à 59 ans résidaient seules ; en 2008, elles sont 17,8 %.
  • Champ : France, hommes et femmes âgés de 30 à 59 ans.
  • Sources : Insee, recensements de la population de 1990 (sondage au quart), et de 2008 (exploitation complémentaire).

Quel que soit l'âge, habiter seul est fréquent en Île-de-France

C’est en Île-de-France que les personnes habitent le plus souvent seules, que ce soit aux âges actifs ou à la retraite. Pour la population de 30 à 59 ans, les régions qui se distinguent ensuite sont la Bretagne, le Massif Central, les régions méditerranéennes et Midi-Pyrénées (cartes). À l’inverse, habiter seul est moins fréquent dans un croissant au nord de la France qui s’étire de la Normandie à l’Alsace, en passant par la Lorraine.

À 60 ans ou plus, outre l’Île-de-France, la proportion de personnes seules est cette fois la plus élevée au nord-est de la France (34 % dans le Nord-Pas de Calais). Elle est la plus basse en Corse et dans les régions du Sud-Ouest (28 % en Midi-Pyrénées).

Dans les Dom, en particulier en Guyane et à la Réunion, la part de personnes habitant seules est plus faible qu’en métropole.

CarteProportion de personnes résidant seules selon les régions en 2008*

  • * Proportions standardisées par âge (définitions).
  • Champ : France métropolitaine, population totale âgée de 30 à 89 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population de 2008 (exploitation complémentaire).

Sources

Les résultats de cette étude sont issus des recensements de la population. En 1990 et 1999, le recensement de la population a été réalisé de manière exhaustive. Les résultats de 2008 sont issus des enquêtes annuelles de recensement réalisées entre 2006 et 2010. Les âges considérés dans cette étude sont les âges en années révolues, c’est-à-dire atteints au dernier anniversaire. Par exemple, les personnes âgées de 30 ans au recensement de 2008 (au 1er janvier) sont celles nées en 1997.

Définitions

Le classement par mode de cohabitation s’appuie sur les définitions suivantes :

- un couple, au sens du recensement de la population, est composé de deux personnes de sexe différent qui cohabitent dans la même résidence principale. Les couples sont des couples de fait, les conjoints pouvant être mariés ou non ;

- un enfant d’une famille désigne toute personne légalement célibataire, sans enfant ni conjoint au domicile, vivant au sein du même ménage que son (ses) parent(s). Aucune limite d’âge n’est fixée pour être enfant d’une famille ;

- un parent d’une famille monoparentale est un parent résidant sans conjoint avec son ou ses enfant(s).

Dans cette étude, sept catégories sociales ont été retenues : agriculteurs ; artisans, commerçants, chefs d’entreprise ; cadres et professions intellectuelles supérieures ; professions intermédiaires ; employés ; ouvriers ; inactifs. Les catégories sont celles déclarées dans les bulletins individuels de recensement. Elles correspondent à l’emploi actuel pour les actifs ayant un emploi ou au dernier emploi occupé pour les chômeurs. Les inactifs sont les inactifs non retraités.

Les proportions de personnes seules ou en couple selon le groupe social ou la région sont ici standardisées par âge : elles correspondent à la moyenne arithmétique des proportions par âge détaillé. Elles permettent d’effectuer des comparaisons (par groupe social, dans le temps, par région...) nettes des effets liés aux différences de structure par âge.