Insee PremièreUne photographie du marché du travail en 2011

Joëlle Vidalenc et Loup Wolff, division Emploi, Insee

En 2011, 25,8 millions de personnes ont un travail et 2,6 millions sont au chômage au sens du BIT. Sur dix personnes qui travaillent, on compte un non-salarié, cinq ouvriers ou employés et quatre cadres ou professions intermédiaires. 5,1 % des personnes ayant un emploi sont en situation de sous-emploi. Cette situation est plus courante parmi les jeunes, les employés et les femmes.

Après avoir progressé depuis 2008, le chômage se replie légèrement entre 2010 et 2011. Cette amélioration profite en particulier aux jeunes, dont la situation s’était fortement détériorée auparavant. En revanche, chez les plus âgés, de plus en plus nombreux à rester en activité, le chômage n’a cessé de progresser depuis 2008.

Joëlle Vidalenc et Loup Wolff, division Emploi, Insee
Insee Première No 1415- Septembre 2012

Féminisation et vieillissement de la population active

En moyenne en 2011, 28,4 millions de personnes de 15 ans ou plus vivant en France métropolitaine sont actives : 25,8 millions ont un emploi et 2,6 millions sont au  ; 21,9 millions de personnes sont inactives, c’est-à-dire ne travaillent pas et ne recherchent pas activement un emploi ou ne sont pas disponibles pour en occuper un (tableau 1).

Depuis 2005, la population active a augmenté d’un peu plus d’un million de personnes. Cette augmentation est en grande partie due à la participation croissante des femmes au marché du travail. Le nombre de femmes actives a augmenté de 680 000 en 6 ans, contre seulement 340 000 pour les hommes.

Le nombre d’actifs âgés de 50 à 64 ans a fortement progressé (+ 970 000 par rapport à 2005). La tendance générale au vieillissement de la population française se conjugue avec une participation accrue des plus âgés au marché du travail : la part des plus de 50-64 ans parmi les 15-64 ans augmente régulièrement (27,7 % en 2005 et 30,4 % en 2011) et leur passe de 51,7 % en 2005 à 58,1 % en 2011.

Tableau 1Population âgée de 15 ans ou plus

Population âgée de 15 ans ou plus
Ensemble Femmes (milliers) Hommes (milliers)
Effectifs (milliers) Répartition ( %)
Actifs 28 390 56,5 13 552 14 838
Actifs ayant un emploi 25 778 51,3 12 240 13 538
Chômeurs 2 612 5,2 1 312 1 300
Inactifs 21 857 43,5 12 681 9 176
dont inactifs de 60 ans ou plus 13 192 26,3 7 479 5 712
Ensemble 50 247 100,0 26 233 24 014
  • Champ : population des ménages de 15 ans ou plus, vivant en France métropolitaine, hors communautés.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2011.

Le salariat reste largement majoritaire

Parmi les personnes qui occupent un emploi en 2011, un peu plus d’une sur dix (11,6 %) est non salariée. Le déclin de la part des non-salariés dans la population active, structurel depuis l’après-guerre, s’est interrompu au début des années 2000 : cette part était de 10,9 % en 2005. Les non-salariés sont sensiblement plus âgés que les salariés (46 ans en moyenne contre 40 ans). Les femmes demeurent minoritaires parmi eux (31,7 %).

Les emplois salariés constituent 88,4 % des emplois en France (tableau 2). Parmi les personnes ayant un emploi, une sur deux est ouvrière ou employée, et près de deux sur cinq occupent une profession intermédiaire ou sont cadres. Par rapport à 2005, le groupe socioprofessionnel des cadres s’est agrandi (+ 1,7 point à 15,7 %), alors que celui des ouvriers se réduisait (− 1,3 point à 13,8 % pour les ouvriers qualifiés et − 1,1 point à 7,3 % pour les ouvriers non qualifiés).

Parmi les 12,2 millions de femmes ayant un emploi, 5,6 millions appartiennent à la catégorie sociale des employés. Elles représentent 76,4 % de ces emplois. En revanche, elles ne représentent que 11,8 % des ouvriers qualifiés, 34,4 % des ouvriers non qualifiés et 39,7 % des cadres. La part des femmes progresse parmi les cadres (+ 2,6 points depuis 2005) et les professions intermédiaires (+ 1,2 point à 50,7 %).

Tableau 2Statut d’emploi et groupe socioprofessionnel des personnes en emploi selon le sexe

Statut d’emploi et groupe socioprofessionnel des personnes en emploi selon le sexe
Effectif total (milliers) Répartition ( %) Part de femmes ( %)
Ensemble Femmes Hommes
Non-salariés* 3 003 11,6 7,8 15,1 31,7
Salariés 22 775 88,4 92,2 84,9 49,6
Cadres 4 055 15,7 13,2 18,1 39,7
Professions intermédiaires 5 972 23,2 24,7 21,8 50,7
Employés qualifiés 3 837 14,9 23,4 7,2 74,5
Employés non qualifiés 3 469 13,5 22,3 5,5 78,6
Ouvriers qualifiés 3 567 13,8 3,4 23,2 11,8
Ouvriers non qualifiés 1 873 7,3 5,3 9,1 34,4
Autres salariés 2 0,0 0,0 0,0 25,8
Ensemble 25 778 100,0 100,0 100,0 47,5
  • * Non salariés : ce statut regroupe les agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et assimilés, chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus, professions libérales et assimilées (PCS 10, 21, 22, 23, 31).
  • Champ : actifs occupés de 15 ans ou plus, vivant en France métropolitaine, hors communautés.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2011.

Trois emplois sur quatre dans le secteur tertiaire

En 2011, 75,8 % des personnes ayant un emploi (salarié ou non) travaillent dans le secteur tertiaire, 13,9 % dans l’industrie, 7,0 % dans la construction et 2,9 % dans l’agriculture (tableau 3).

Les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et surtout de la construction sont peu féminisés. À l’inverse, les femmes représentent les deux tiers des effectifs dans l’administration publique, l’éducation, la santé et l’action sociale.

Les cinq professions féminines les plus courantes sont celles d’aide à domicile ou aide ménagère (4,2 % des femmes en emploi), d’assistante maternelle ou gardienne d’enfants (3,6 %), d’adjoint administratif de la Fonction publique (3,5 %), de secrétaire (3,4 %) et d’aide soignante (2,9 %). Elles appartiennent toutes au groupe socioprofessionnel des employés. Ces cinq professions totalisent plus d’un sixième des emplois féminins. Les métiers masculins sont à la fois plus présents dans le secteur de l’industrie et moins concentrés. Les cinq professions masculines les plus courantes (conducteur routier, ingénieur et cadre d’étude, maçon qualifié, coursier et magasinier qualifié) ne représentent qu’un douzième de leurs emplois.

Tableau 3Emploi selon les secteurs et le sexe

Emploi selon les secteurs et le sexe
Effectif total (milliers) Répartition ( %) Part de femmes ( %)
Ensemble Femmes Hommes
Agriculture 750 2,9 1,9 3,8 30,9
Industrie 3 593 13,9 8,4 18,9 28,8
Construction 1 796 7,0 1,5 11,9 10,5
Tertiaire 19 547 75,8 87,8 65,0 55,0
Commerce 3 198 12,4 11,9 12,8 45,7
Transports 1 296 5,0 2,8 7,0 26,4
Hébergement et restauration 976 3,8 3,9 3,6 49,4
Information et communication 749 2,9 2,0 3,7 33,1
Finance, assurance, immobilier 1 176 4,6 5,5 3,7 56,9
Sciences, techniques, serv. administratifs 2 792 10,8 10,1 11,5 44,4
Administration publique, éduction, santé, action sociale 7 637 29,6 41,7 18,7 66,9
Autres services 1 723 6,7 9,8 3,9 69,4
Activité indéterminée 92 0,4 0,3 0,4 46,2
Ensemble 25 778 100,0 100,0 100,0 47,5
  • Champ : actifs occupés de 15 ans ou plus, vivant en France métropolitaine, hors communautés.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2011.

12 % des salariés ont un contrat temporaire

86,5 % des salariés bénéficient d’un contrat à durée indéterminée (tableau 4). Les autres formes d’emploi sont moins courantes : les contrats à durée déterminée concernent 9,5 % de la population salariée en emploi, l’intérim 2,4 % et l’apprentissage 1,6 %. Les femmes sont plus souvent employées avec des contrats à durée déterminée que les hommes. Les hommes de moins de 25 ans représentent 62,2 % des emplois en apprentissage et les femmes de la même tranche d’âge 31,6 %.

Plus d’une personne en emploi sur six travaille à temps partiel. Les femmes sont quatre fois plus souvent dans cette situation (30,1 %) que les hommes (6,9 %). Les personnes à temps partiel travaillent en moyenne 23 heures dans une semaine normale. Pour les temps complets, le temps de travail hebdomadaire habituel (c’est-à-dire hors périodes de congés ou de récupération de RTT) s’élève à 41 heures. Les hommes à temps complet accomplissent usuellement davantage d’heures (42 heures) que les femmes (39 heures), l’inverse étant observé pour les temps partiels.

La proportion de personnes employées à temps partiel continue d’augmenter légèrement, passant de 16,8 % en 2008 à 17,9 % en 2011. En 2011, parmi ces temps partiels, près de trois sur dix (28,0 %) souhaiteraient travailler plus, dont les deux tiers dans le cadre de leur emploi actuel.

Tableau 4Statut d’emploi

Statut d’emploi
Effectif total (milliers) Répartition ( %)
Ensemble Femmes Hommes 15-24 ans
Non-salariés 3 003 11,6 7,8 15,1 2,7
Salariés 22 775 88,4 92,2 84,9 97,3
Intérimaires 543 2,1 1,5 2,7 7,1
Apprentis 371 1,4 1,0 1,8 15,7
Contrats à durée déterminée 2 169 8,4 10,4 6,6 27,0
Contrats à durée indéterminée 19 692 76,5 79,3 73,8 47,5
Ensemble 25 778 100,0 100,0 100,0 100,0
Temps complet 21 161 82,1 69,9 93,1 77,6
Nombre d’heures habituellement travaillées* 41,2 39,5 42,3 37,5
Temps partiel 4 617 17,9 30,1 6,9 22,4
Nombre d’heures habituellement travaillées 23,1 23,4 21,9 20,7
  • *Les heures « habituellement travaillées » fournies ici correspondent aux heures de travail effectuées lors d’une semaine normale de travail (les jours fériés, congés, etc. ne sont donc pas pris en compte dans ce calcul).
  • Champ : actifs occupés de 15 ans ou plus, vivant en France métropolitaine, hors communautés.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2011.

Un sous-emploi massivement féminin

En 2011, 1,3 million d’actifs sont en situation de , soit 5,1 % des personnes ayant un emploi (tableau 5). Ils ont un emploi (le plus souvent à temps partiel) mais souhaitent travailler davantage. Ce sous-emploi, qui a augmenté depuis 2008 sous l’effet de la progression du chômage partiel, reflue en 2011 pour retrouver un niveau proche d’avant la crise. Les femmes représentent 73,4 % des personnes en sous-emploi en 2011, contre 70,4 % en 2010.

Le sous-emploi touche particulièrement les plus jeunes et les employés non qualifiés. Il est plus rare chez les cadres, les ouvriers qualifiés, les professions intermédiaires et les non-salariés.

Tableau 5Sous-emploi chez les salariés

Sous-emploi chez les salariés
Sous-emploi (milliers) Taux de sous-emploi ( %)
Non-salariés 119 4,0
Salariés 1 193 5,2
Cadres 63 1,5
Professions intermédiaires 179 3,0
Employés qualifiés 183 4,8
Employés non qualifiés 522 15,0
Ouvriers qualifiés 101 2,8
Ouvriers non qualifiés 146 7,8
Autres salariés 0 0,0
Femmes 963 7,9
Hommes 349 2,6
15-24 ans 220 9,9
25-49 ans 791 4,7
50 ans et plus 301 4,4
Total 1 312 5,1
  • Champ : actifs occupés de 15 ans ou plus, vivant en France métropolitaine, hors communautés.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2011.

Léger recul du chômage en 2011

En moyenne en 2011, 2,6 millions de personnes sont au chômage au sens du BIT, soit 9,2 % de la population active (tableau 6). Le chômage touche plus durement les jeunes (22,0 % des actifs de 15 à 24 ans), les ouvriers (12,9 %) et les moins diplômés (16,1 %).

Le des hommes (8,8 %) est inférieur à celui des femmes (9,7 %). Le chômage est élevé chez les plus jeunes, mais plus durable chez leurs aînés : 56,5 % des chômeurs de plus de 50 ans recherchent un emploi depuis plus d’un an et 32,5 % depuis plus de deux ans (contre respectivement 27,2 % et 10,8 % pour les 15-24 ans). Les hommes sont un peu plus touchés que les femmes par ce chômage de longue durée.

Depuis 2000, c’est en 2008 que le taux de chômage a été le plus bas, avec 7,4 % des actifs. Avec la récession, il a nettement augmenté en 2009 (9,1 %), puis plus modérément en 2010 (9,3 %). 2011 marque ainsi une légère inflexion à la baisse par rapport aux années précédentes. Elle bénéficie particulièrement aux jeunes alors que la hausse se poursuit chez les séniors (encadrés 1 et 2). En revanche, sans avoir reflué en 2011, les taux de chômage de longue durée et de très longue durée ont progressé depuis 2008  : en 2011, 3,7 % des actifs sont chômeurs depuis plus d’un an (+ 1,0 point par rapport à 2008) et 1,8 % depuis plus de deux ans (+ 0,5 point).

La conjoncture récente a été particulièrement défavorable aux ouvriers (dont le taux de chômage est passé de 10,2 % à 13,4 % entre 2008 et 2010) et aux employés (7,4 % à 9,5 % dans la même période). L’année 2011 marque une légère amélioration du taux de chômage des ouvriers (− 0,5 point), mais celui des employés continue sa progression (+ 0,3 point). Après avoir augmenté de 0,8 point entre 2008 et 2009, le taux de chômage des cadres s’est stabilisé à 3,8 % depuis.

Tableau 6Nombre de chômeurs et taux de chômage en 2011

Nombre de chômeurs et taux de chômage en 2011
Chômage BIT Nombre de chômeurs (milliers) Proportion de femmes ( %) Taux de chômage ( %)
Ensemble Femmes Hommes
Ensemble 2 612 50,2 9,2 9,7 8,8
15-24 ans 627 47,6 22,0 23,1 21,1
25-49 ans 1 521 51,4 8,4 9,0 7,8
50 ans et plus 464 50,1 6,3 6,5 6,1
Catégories socioprofessionnelles
Agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et chefs d’entreprise 75 30,1 3,3 3,5 3,2
Cadres et professions intellectuelles supérieures 178 41,2 3,8 4,0 3,7
Professions intermédiaires 334 51,0 5,0 5,1 5,0
Employés 792 77,8 9,8 9,9 9,3
Ouvriers 804 25,8 12,9 16,3 12,0
Indéterminé 429 51,7 99,6 99,8 99,3
Niveau de diplôme
Sans diplôme ou brevet 737 44,2 16,1 16,1 16,0
CAP, BEP 901 48,7 9,9 11,4 8,9
Baccalauréat 479 57,6 8,7 9,6 7,6
Bac + 2 202 54,1 5,1 5,0 5,2
Diplôme supérieur au Bac + 2 294 55,3 5,6 6,2 5,0
Chômeurs depuis 1 an ou plus 1 060 49,3 3,7 3,9 3,6
15-24 ans 170 44,8 6,0 5,9 6,0
25-49 ans 628 50,7 3,4 3,7 3,3
50 ans et plus 262 48,8 3,6 3,6 3,5
Chômeurs depuis 2 ans ou plus 515 48,7 1,8 1,8 1,8
15-24 ans 68 40,1 2,4 2,1 2,6
25-49 ans 296 50,3 1,6 1,7 1,5
50 ans et plus 151 49,3 2,1 2,1 2,0
  • Champ : actifs de 15 ans ou plus, vivant en France métropolitaine, hors communautés.
  • Source : Insee, enquête Emploi 2011.

Stabilité du « halo » du chômage

Parmi les 2,6 millions de chômeurs comptabilisés en moyenne en 2011, 110 000 n’effectuent plus de recherche, car ils ont trouvé un emploi commençant dans les trois mois. A contrario, 850 000 personnes souhaitent travailler, mais ne sont pas considérées comme au chômage car elles ne sont pas à la recherche d’un emploi ou ne sont pas disponibles pour en prendre un. Elles constituent ce que l’on appelle le « halo » du chômage. Ce dernier représente 2,9 % des personnes actives ou inactives souhaitant travailler, contre 2,8 % en 2008. Les jeunes sont davantage concernés que les seniors (6,9 % contre 2,2 %), et les femmes que les hommes (3,6 % contre 2,2 %). En 2011, en ajoutant au « halo » les 2,5 millions de chômeurs en recherche effective d’emploi, un peu plus de 3,3 millions de personnes sont sans emploi et souhaitent travailler.

Après une forte dégradation en 2009, la situation des jeunes sur le marché du travail s’améliore un peu en 2010 et 2011

Les 15-24 ans ont l’un des plus bas taux d’activité d’Europe : 38,3 % en 2011, contre 52,5 % en Allemagne, 58,8 % au Royaume-Uni et 42,7 % dans l’Union européenne à 27. Bien que participant moins au marché du travail, les actifs de 15-24 ans connaissent un taux de chômage comparable à celui observé dans l’Union européenne à 27 pour la même classe d’âge (22,0 % en 2011, contre 22,9 %).

En 2011, plus d’un salarié âgé de 15 à 24 ans sur trois (35,0 %) occupe un emploi temporaire (intérim ou contrat à durée déterminée) alors que seulement 11,9 % des salariés sont concernés en moyenne. Cette proportion est relativement stable depuis le début des années 2000, mais connaît une légère tendance à la hausse depuis 2008 (33,0 %).

Depuis le début des années 2000, le taux d’activité des 15-24 ans est stable. Le chômage a en revanche durement frappé cette classe d’âge entre 2008 et 2009 : leur taux de chômage est ainsi passé de 18,6 % à 23,2 % en un an. Entre 2009 et 2011, les effets de la crise s’estompent, avec un chômage en légère baisse, sans que le niveau de 2008 soit pour autant retrouvé.

Depuis 2008, une hausse inédite du chômage chez les plus âgés

Comme pour les 15-24 ans, le taux d’activité des 55-64 ans en France se situe en dessous de la moyenne européenne : en 2011, il s’élève à 44,4 %, contre 64,0 % en Allemagne, 59,7 % au Royaume-Uni et 50,9 % en moyenne dans l’Union européenne à 27 pays. Ce taux bas traduit une participation particulièrement faible des 60-64 ans au marché du travail en France, qui s’explique par des âges légaux de départ en retraite plus précoces. Leur taux d’activité n’est que de 19,8 % en 2011, contre 33,4 % en Europe.

Mais comme dans la plupart des pays européens, l’activité des 55-64 ans a désormais tendance à progresser en France : en 2011, le taux d’activité de cette classe d’âge dépasse de 3,8 points celui de 2005 (et même de 8,5 points pour le taux sous-jacent, de 35,8 % en 2005 à 44,3 % en 2011). L’augmentation est régulière sur la période et est nettement plus marquée pour les 60-64 ans (dont le taux d’activité passe de 14,6 % en 2005 à 19,8 % en 2011) et s’observe même pour les 65-69 ans (2,9 % à 5,2 %). Ces évolutions récentes trouvent leur origine dans le recul de l’âge de départ en retraite à taux plein, ainsi que dans l’abandon progressif depuis 2009 des dispositifs publics de cessation anticipée d’activité et le durcissement des dispenses de recherche d’emploi.

Cette progression du taux d’activité des seniors s’est traduite à la fois par plus d’emploi et plus de chômage.

La part des 55-64 ans occupant un emploi se développe sans interruption sur l’ensemble de la période. Le taux d’emploi de cette classe d’âge est ainsi passé de 38,5 % en 2005 à 41,5 % en 2011. Pour les 60-64 ans, la progression est encore plus rapide : de 13,8 % en 2005 à 18,9 % en 2011.

Même si les contrats à durée déterminée ou en intérim restent peu courants dans cette classe d’âge (6,6 % des salariés âgés de 55 à 64 ans en 2011), ils progressent (+ 1,4 point depuis 2005), particulièrement chez les 60-64 ans (+ 2,7 points, soit 10,1 % des emplois salariés en 2011).

Sous l’effet de la crise, le chômage des 55-64 ans progresse nettement depuis 2008 : leur taux de chômage est passé de 4,6 % à 6,5 %. Ce taux reste toutefois bien en-deçà de celui de l’ensemble des actifs (9,2 %). De fait, les 55-64 ans encore actifs appartiennent aux catégories socioprofessionnelles les plus épargnées par le chômage : en 2011, 20,4 % d’entre eux sont cadres et 15,6 % sont non salariés (contre respectivement 16,6 % et 9,7 % pour l’ensemble des personnes en activité) et seulement 17,7 % sont ouvriers (contre 22,0 %).

Définitions

Chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT) : personne en âge de travailler (conventionnellement 15 ans ou plus) qui : 1/ n’a pas travaillé au cours de la semaine de référence ; 2/ est disponible pour travailler dans les deux semaines et 3/ a entrepris des démarches effectives de recherche d’emploi ou a trouvé un emploi qui commence dans les trois mois.

Taux d’activité « sous-jacent » d’une classe d’âge : moyenne des taux d’activité par âge détaillé. C’est le taux qu’aurait connu la classe d’âge si la taille de chaque génération qui la compose était dentique.

Sous-emploi (BIT) : situation d’une personne ayant un emploi à temps partiel, mais qui souhaite travailler plus d’heures sur une semaine donnée et qui est disponible pour le faire, qu’elle recherche un emploi ou non. Est également incluse dans le sous-emploi la personne ayant involontairement travaillé moins que d’habitude (chômage technique…).

Taux de chômage au sens du BIT : nombre de chômeurs rapporté à la population active totale BIT (actifs ayant un emploi et chômeurs).

La collecte de l’enquête Emploi a lieu en continu toutes les semaines de l’année. Chaque semaine, un peu plus de 4 000 ménages ordinaires (c’est-à-dire les habitants de 4 000 logements hors communautés : foyers, hôpitaux, prisons…), soit environ 8 000 personnes de 15 ans ou plus, répondent à l’enquête. Les personnes décrivent leur situation vis-à-vis du marché du travail (qu’elles soient en emploi, au chômage ou en inactivité) au cours d’une semaine dite de référence, au titre de laquelle elles sont interrogées. Ce mode d’observation s’appuie sur un dispositif déclaratif auprès des ménages. Le niveau et la structure de l’emploi qu’il fournit diffèrent un peu de ceux obtenus en exploitant des sources administratives.