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Insee Analyses Centre-Val de Loire · Décembre 2025 · n° 131
Insee Analyses Centre-Val de LoireIndustrie pharmaceutique : l’emploi se maintient dans un secteur en profonde mutation

Sylvain Dabadie, Boris Ménard (Insee)

En 2022 en France, l’industrie pharmaceutique réalise plus de 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires et occupe une place stratégique dans l’économie. Le poids de ce secteur dans l’emploi de l’industrie manufacturière en Centre‑Val de Loire est le plus élevé des régions de France. L’industrie pharmaceutique rassemble plus de 9 000 salariés au sein d’une trentaine d’établissements appartenant très majoritairement à des groupes multinationaux. Historiquement très présentes, les activités pharmaceutiques sont aussi portées par quelques entreprises régionales dont des petites et moyennes entreprises dynamiques. La main‑d’œuvre y est plus qualifiée, davantage féminisée et mieux rémunérée que dans l’industrie manufacturière.

Insee Analyses Centre-Val de Loire
No 131
Paru le :Paru le09/12/2025
Insee - L’emploi dans l’industrie pharmaceutique.
Publication rédigée par :Sylvain Dabadie, Boris Ménard (Insee)

Des enjeux renouvelés depuis la crise sanitaire

Fortement internationalisée et protégée par d’importantes barrières à l’entrée telles que les investissements en recherche et développement (R&D) nécessaires, les brevets ou la réglementation, l’industrie pharmaceutique évolue dans un marché très concurrentiel en constante restructuration. La crise du Covid‑19 a accéléré ces mutations, révélant la nécessité de relocaliser en France la production des médicaments essentiels pour garantir l’autonomie sanitaire et réduire la dépendance de la France aux importations, principalement en provenance des pays émergents [LEEM, 2024 ; pour en savoir plus (4)].

L’objectif de relocalisation et de pérennisation de cet appareil productif induit des investissements importants dans les technologies innovantes et une présence sur les marchés à forte valeur ajoutée. Le site Delpharm de Chambray‑lès‑Tours figure parmi les sept projets industriels sélectionnés dans le cadre du plan France 2030.

Une majorité d’établissements de grande taille au niveau national

Le secteur de l’industrie pharmaceutique se caractérise par une forte concentration de ses activités. En 2022, il comprend sur l’ensemble du territoire national moins de 200 entreprises employeuses (571  dont 473 employeurs), majoritairement des grandes entreprises et des . Il emploie près de 78 000 salariés.

L’industrie pharmaceutique est un secteur majeur de l’économie française et un de ses principaux secteurs exportateurs. Au niveau national, son cumulé s’élève à 52,7 milliards d’euros en 2022 dont 70 % réalisés à l’export (contre 42,3 % pour l’ensemble de l’industrie manufacturière), signe de la forte ouverture à l’international du secteur (figure 1). L’industrie pharmaceutique se distingue également de l’ensemble de l’industrie manufacturière par une croissance supérieure et une rentabilité très élevée, avec notamment un pour les entreprises françaises de 48,3 %, soit 18 points de plus que dans l’industrie manufacturière (30,6 %). En outre, l’industrie pharmaceutique est moins soumise aux cycles économiques puisque la demande ne baisse pas même en temps de crise [Pauriche, Rupprecht, 1998 ; pour en savoir plus (6)].

Figure 1Principaux indicateurs financiers dans l’industrie pharmaceutique et dans l’industrie manufacturière en France

(en %)
Principaux indicateurs financiers dans l’industrie pharmaceutique et dans l’industrie manufacturière en France ((en %)) - Lecture : En 2022, le taux de valeur ajoutée des entreprises de l’industrie pharmaceutique est de 35,1 %.
Indicateurs financiers Industrie pharmaceutique Industrie manufacturière
Taux de valeur ajoutée 35,1 24,0
Taux de marge 48,3 30,6
Taux d'export 70,0 42,3
Taux d'investissement 13,0 15,0
  • Lecture : En 2022, le des entreprises de l’industrie pharmaceutique est de 35,1 %.
  • Champ : Entreprises de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie manufacturière en France (établissements marchands, actifs et hors particuliers employeurs).
  • Source : Insee, Flores, Sirus, Fare 2022.

Figure 1Principaux indicateurs financiers dans l’industrie pharmaceutique et dans l’industrie manufacturière en France

  • Lecture : En 2022, le des entreprises de l’industrie pharmaceutique est de 35,1 %.
  • Champ : Entreprises de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie manufacturière en France (établissements marchands, actifs et hors particuliers employeurs).
  • Source : Insee, Flores, Sirus, Fare 2022.

Un secteur spécifique à la région

L’industrie pharmaceutique constitue un pan historique du tissu industriel régional. En 2022, plus d’un salarié en France du secteur sur dix travaille dans un établissement de la région (11,4 %). Les effectifs salariés représentent ainsi 6,9 % de l’emploi dans l’industrie manufacturière, ce qui positionne le Centre‑Val de Loire au 1er rang des régions métropolitaines sur le poids de l’industrie pharmaceutique dans l’industrie manufacturière (figure 2) devant la Normandie (5,5 %), Auvergne‑Rhône‑Alpes (3,8 %) et l’Île‑de‑France (3,7 %). Le Centre‑Val de Loire se situe au quatrième rang des effectifs salariés dans l’industrie pharmaceutique derrière ces trois régions. L’industrie pharmaceutique est une spécificité du Centre‑Val de Loire : le poids des postes salariés en équivalent temps plein représente 2,4 fois le poids du secteur en France hors Mayotte.

Figure 2Nombre de salariés dans l'industrie pharmaceutique et part dans l'emploi industriel manufacturier par région

Nombre de salariés dans l'industrie pharmaceutique et part dans l'emploi industriel manufacturier par région - Lecture : Fin 2022, l'industrie pharmaceutique concentre 6,9 % de l’emploi salarié dans l'industrie manufacturière.
Code Région Effectifs salariés – Industrie pharmaceutique (en nombre) Effectifs salariés – Industrie manufacturière (en nombre) Poids de l'industrie pharmaceutique (en % de l'emploi industriel manufacturier)
24 Centre-Val de Loire 8 910 129 110 6,9
28 Normandie 9 780 179 070 5,5
84 Auvergne-Rhône-Alpes 17 280 450 940 3,8
11 Île-de-France 12 790 345 890 3,7
32 Hauts-de-France 7 320 258 400 2,8
44 Grand Est 6 590 280 680 2,3
93 Provence-Alpes-Côte d'Azur 2 840 133 030 2,1
75 Nouvelle-Aquitaine 4 840 237 350 2,0
27 Bourgogne-Franche-Comté 2 500 157 470 1,6
76 Occitanie 2 260 199 070 1,1
52 Pays de la Loire 2 200 244 190 0,9
53 Bretagne 1 270 167 210 0,8
  • Note : Effectifs salariés au 31 décembre, arrondis à la dizaine.
  • Lecture : Fin 2022, l'industrie pharmaceutique concentre 6,9 % de l’emploi salarié dans l'industrie manufacturière.
  • Champ : Salariés au 31/12 et établissements de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie manufacturière (établissements marchands, actifs et hors particuliers employeurs) en France métropolitaine hors Corse.
  • Source : Insee, Flores 2022.

Figure 2Nombre de salariés dans l'industrie pharmaceutique et part dans l'emploi industriel manufacturier par région

  • Note : Effectifs salariés au 31 décembre, arrondis à la dizaine.
  • Lecture : Fin 2022, l'industrie pharmaceutique concentre 6,9 % de l’emploi salarié dans l'industrie manufacturière.
  • Champ : Salariés au 31/12 et établissements de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie manufacturière (établissements marchands, actifs et hors particuliers employeurs) en France métropolitaine hors Corse.
  • Source : Insee, Flores 2022.

Le phénomène de concentration des établissements observé au niveau national se retrouve dans la région. Les dix plus gros établissements concentrent 61,2 % des salariés du secteur en 2022. Par ailleurs, le nombre d’établissements s’est davantage réduit dans la région entre 2008 et 2022 (-29,6 % contre -23,6 % au niveau national). En revanche, le nombre d’emplois salariés a très peu diminué (-0,2 %) contrairement au niveau national (-8,2 %). Dans le même temps, la baisse de l’emploi salarié dans l’industrie manufacturière a été plus marquée dans la région (-15,3 % contre -10,5 % en France) (figure 3). Cette évolution plus favorable de l’emploi salarié dans l’industrie pharmaceutique a été entretenue par une augmentation de l’emploi depuis 2019, particulièrement soutenue en 2021 et 2022. Sur l’ensemble de la période, plus de 500 emplois ont été détruits suite à des fermetures d’établissements et l’emploi créé par les nouveaux établissements entrants n’a pas compensé les pertes, même en y ajoutant le solde positif des effectifs entrant et sortant du secteur d’activité parmi les entreprises déjà ou encore existantes. Dans les établissements stables, la variation des effectifs est supérieure à 200 emplois (figure 4).

Figure 3Évolution de l’emploi salarié dans l’industrie pharmaceutique et dans l’industrie manufacturière entre 2008 et 2022

(indice base 100 en 2008)
Évolution de l’emploi salarié dans l’industrie pharmaceutique et dans l’industrie manufacturière entre 2008 et 2022 ((indice base 100 en 2008)) - Lecture : En Centre-Val de Loire, en 2022, l'indice des effectifs salariés dans l’industrie pharmaceutique est de 99 (base 100 en 2008), ce qui équivaut à une baisse de 1 % des effectifs salariés entre 2008 et 2022.
Année Industrie manufacturière - France Industrie pharmaceutique - France Industrie manufacturière - Centre-Val de Loire Industrie pharmaceutique - Centre-Val de Loire
2008 100,0 100,0 100,0 100,0
2009 94,7 98,2 93,9 97,6
2010 93,1 95,7 91,7 93,5
2011 92,5 94,0 90,2 93,5
2012 91,7 93,9 89,5 94,6
2013 90,4 92,9 88,4 94,0
2014 89,4 92,2 87,0 95,2
2015 88,5 89,7 86,2 94,3
2016 88,4 88,4 85,7 92,9
2017 87,8 89,2 85,5 93,0
2018 88,3 89,4 85,5 92,9
2019 88,7 90,5 85,8 93,6
2020 87,7 90,5 84,0 94,4
2021 88,7 89,9 84,1 96,8
2022 89,5 91,8 84,7 99,0
  • Lecture : En Centre-Val de Loire, en 2022, l'indice des effectifs salariés dans l’industrie pharmaceutique est de 99 (base 100 en 2008), ce qui équivaut à une baisse de 1 % des effectifs salariés entre 2008 et 2022.
  • Champ : Salariés au 31/12 de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie manufacturière (établissements marchands, actifs et hors particuliers employeurs) en France.
  • Source : Insee, Clap 2008, Flores 2022 et SIDE.

Figure 3Évolution de l’emploi salarié dans l’industrie pharmaceutique et dans l’industrie manufacturière entre 2008 et 2022

  • Lecture : En Centre-Val de Loire, en 2022, l'indice des effectifs salariés dans l’industrie pharmaceutique est de 99 (base 100 en 2008), ce qui équivaut à une baisse de 1 % des effectifs salariés entre 2008 et 2022.
  • Champ : Salariés au 31/12 de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie manufacturière (établissements marchands, actifs et hors particuliers employeurs) en France.
  • Source : Insee, Clap 2008, Flores 2022 et SIDE.

Figure 4Décomposition de la variation des effectifs salariés de l’industrie pharmaceutique entre 2008 et 2022

Décomposition de la variation des effectifs salariés de l’industrie pharmaceutique entre 2008 et 2022 - Lecture : Entre 2008 et 2022, les effectifs salariés (postes non-annexes) de l’industrie pharmaceutique en Centre-Val de Loire ont légèrement diminué, passant de 8 903 salariés en 2008 à 8 816 en 2022, soit une variation nette de -87 salariés sur la période. Les entrées d’emploi (créations, réactivations, reprises et transferts entrants) ont été limitées, totalisant 49 emplois, tandis que les sorties (disparitions d’établissements, transferts sortants et successions sortantes) ont été plus importantes, avec 522 emplois perdus. Dans les établissements stables, 3 112 emplois ont été créés et 2 907 emplois ont été perdus. Enfin, le solde des effectifs entrant et sortant du secteur d’activité de l’industrie pharmaceutique est positif avec 181 emplois gagnés.
Catégorie Indicateur Nombre
Évolution des effectifs (2008 - 2022) Effectifs salariés au 31/12 de l’année 2022 8 816
Effectifs salariés au 31/12 de l’année 2008 8 903
Variation nette des effectifs -87
Entrées d’emploi dans les établissements créés après 2008 Créations, réactivations, reprises, transferts entrant dans la zone, successions entrants dans la zone 49
Sorties d’emploi dans les établissements disparus avant 2022 Disparitions du SIRET, disparition de l’emploi, transferts sortant de la zone, successions sortant de la zone 522
Évolution de l’emploi dans les établissements stables de 2008 à 2022 Emplois gagnés 3 112
Emplois perdus 2 907
Changement de secteur Solde des effectifs entrant et sortant du secteur d’activité 181
  • Lecture : Entre 2008 et 2022, les effectifs salariés (postes non-annexes) de l’industrie pharmaceutique en Centre-Val de Loire ont légèrement diminué, passant de 8 903 salariés en 2008 à 8 816 en 2022, soit une variation nette de -87 salariés sur la période. Les entrées d’emploi (créations, réactivations, reprises et transferts entrants) ont été limitées, totalisant 49 emplois, tandis que les sorties (disparitions d’établissements, transferts sortants et successions sortantes) ont été plus importantes, avec 522 emplois perdus. Dans les établissements stables, 3 112 emplois ont été créés et 2 907 emplois ont été perdus. Enfin, le solde des effectifs entrant et sortant du secteur d’activité de l’industrie pharmaceutique est positif avec 181 emplois gagnés.
  • Champ : Salariés au 31/12 de l’industrie pharmaceutique en Centre-Val de Loire (établissements marchands, actifs et hors particuliers employeurs, postes non-annexes).
  • Source : Insee, Clap 2008, Flores 2022 et SIDE.

Figure 4Décomposition de la variation des effectifs salariés de l’industrie pharmaceutique entre 2008 et 2022

  • Lecture : Entre 2008 et 2022, les effectifs salariés (postes non-annexes) de l’industrie pharmaceutique en Centre-Val de Loire ont légèrement diminué, passant de 8 903 salariés en 2008 à 8 816 en 2022, soit une variation nette de -87 salariés sur la période. Les entrées d’emploi (créations, réactivations, reprises et transferts entrants) ont été limitées, totalisant 49 emplois, tandis que les sorties (disparitions d’établissements, transferts sortants et successions sortantes) ont été plus importantes, avec 522 emplois perdus. Dans les établissements stables, 3 112 emplois ont été créés et 2 907 emplois ont été perdus. Enfin, le solde des effectifs entrant et sortant du secteur d’activité de l’industrie pharmaceutique est positif avec 181 emplois gagnés.
  • Champ : Salariés au 31/12 de l’industrie pharmaceutique en Centre-Val de Loire (établissements marchands, actifs et hors particuliers employeurs, postes non-annexes).
  • Source : Insee, Clap 2008, Flores 2022 et SIDE.

Les ETI sont le moteur de l’emploi salarié en région. Ce sont les seules entreprises pour lesquelles la variation nette des effectifs est positive entre 2008 et 2022 (pour comprendre). La baisse des effectifs dans les autres catégories ne signifie pas que les emplois concernés ont tous été détruits. Ainsi, une dizaine d’établissements ont changé de secteur d’activité ou de catégorie d’entreprises. Plusieurs petites et moyennes entreprises (PME) implantées dans la région sont devenues ETI. À contour constant, la hausse des effectifs salariés dépasse 1 000 salariés dans les ETI.

Plus de neuf salariés sur dix liés aux grands groupes multinationaux

Les activités pharmaceutiques dépassent aujourd’hui les frontières du secteur de l’industrie pharmaceutique stricto sensu ; elles peuvent être réalisées par des entreprises du secteur mais aussi par des entreprises dont ce n’est pas l’activité principale. En 2022, 31 entreprises réalisant des activités industrielles pharmaceutiques sont implantées dans la région parmi lesquelles des laboratoires de renom, français (Sanofi, Servier, etc.) comme étrangers (Novo Nordisk, Merck Santé, Chiesi, etc.) mais également les façonniers comme Delpharm (trois établissements). Ces entreprises rassemblent plus de 9 000 salariés dans les 37 établissements employeurs implantés sur le territoire. La quasi-totalité de ces entreprises sont structurées en . Parmi elles, 27 entreprises font partie de groupes multinationaux disposant d’établissements à l’étranger, 14 sont sous contrôle français. Ces groupes concentrent 96,4 % de l’emploi salarié de l’industrie pharmaceutique en Centre‑Val de Loire et 60,6 % des salariés travaillent pour un groupe multinational français.

Augmentation des effectifs dans deux établissements sur trois

Même si elles dépendent principalement de multinationales, plus de la moitié des entreprises ont leur siège social en Centre‑Val de Loire. C’est le cas par exemple de Novo Nordisk Production, la filiale du groupe danois basée à Chartres. En 2022, parmi les 37 établissements employeurs actifs, 25 ont augmenté leurs effectifs depuis 2008. Certains des plus grands établissements de la région sont en forte croissance comme Novo Nordisk Production (+99 %) et Recipharm (devenu Astrea Monts fin 2024) (+79 %).

Les activités de l’industrie pharmaceutique relèvent aussi des entreprises implantées historiquement dans la région ou qui s’y sont développées. La présence du cluster Polepharma et du groupement associatif des établissements pharmaceutiques en Centre‑Val de Loire (GREPIC) permet de soutenir et de développer leurs activités.

Parmi les entreprises installées dans la région, six entreprises sont dites « régionales » c’est-à-dire dont plus 80 % des salariés exercent leur activité dans la région (Beaufour Ipsen Industrie, CDM Lavoisier, Indena, LCA Pharmaceuticals, Norgine Pharma et Seratec). Elles représentent plus de 800 salariés en 2022. Le groupe Ipsen est historiquement implanté dans la région avec la création à Dreux des Laboratoires Beaufour en 1929 et l’ouverture d’un site de production en 1961. Beaufour Ipsen Industrie, la filiale « santé familiale » du groupe Ipsen a été cédée à Mayoly Industrie fin 2022. L'entreprise Norgine Pharma, filiale du groupe néerlandais Norgine, a également installé son site de production à Dreux dans les années 1960.

Une main d’œuvre plus qualifiée et plus féminisée, des emplois plus rémunérateurs

Le niveau de qualification des salariés du secteur de l’industrie pharmaceutique est plus élevé que dans l’ensemble de l’industrie manufacturière ou de l’économie régionale. Le recours à une main d’œuvre plus qualifiée s’explique par les caractéristiques du secteur : forte intensité technologique et scientifique, complexité des réglementations nationales (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé française) et internationales (Agence européenne des médicaments, US Food and Drug Administration, etc.) [LEEM, 2024 ; pour en savoir plus (4)]. Ainsi, plus d’un salarié sur cinq (21,7 %) est cadre contre un sur six (16,3 %) dans l’ensemble de l’industrie manufacturière. L’écart est encore plus marqué pour les professions intermédiaires (38,9 % contre 22,1 %).

La main d’œuvre est plus féminisée dans l’industrie pharmaceutique que dans l’ensemble de l’industrie manufacturière : près de la moitié des salariés sont des femmes en 2022 (48,7 % contre 33,0 %). La plus grande féminisation des emplois concerne tous les niveaux de qualification. En particulier, la part des salariés occupant un poste d’encadrement est plus élevée pour les femmes (22,6 % contre 20,9 % pour les hommes).

Les niveaux de rémunération proposés dans les entreprises du secteur sont relativement élevés. Les salaires s’élèvent en moyenne à 3 000 euros mensuels nets en équivalent temps plein, soit 450 € de plus que dans l’industrie manufacturière. Ces écarts de rémunération s’expliquent par un niveau de qualification des emplois plus élevé dans l’industrie pharmaceutique. En outre, le taux d’emploi stable est nettement plus élevé que dans l’ensemble de l’économie régionale (83,2 %). Le temps partiel y est en revanche plus fréquent que dans l’industrie manufacturière (6,1 % contre 4,5 %).

Encadré 1 - La R&D à visée pharmaceutique emploie plus de 600 salariés dans la région

Indépendamment des activités industrielles de conception et de production de préparations pharmaceutiques ou de médicaments, des établissements réalisent des activités de recherche et développement (R&D) à visée pharmaceutique afin de découvrir et de développer de nouveaux médicaments. Fin 2022 en Centre‑Val de Loire, 23 établissements sont spécialisés dans ces activités dans des domaines d’application tels que la cryothérapie, les biotechnologies pharmaceutiques, les maladies génétiques rares, les bio-marqueurs, etc. Ces établissements emploient 630 salariés. En comparaison de l’industrie pharmaceutique, les établissements de la R&D à visée pharmaceutique sont principalement des microentreprises (quatorze d’entre elles) et des PME (au nombre de six) et moins des ETI ou grandes entreprises. De fait, l’activité de ces établissements dépend beaucoup moins d’entreprises multinationales même si une partie d’entre elles sont structurées en groupe (huit groupes dont six multinationales).

Encadré 2 - Des modes de production variés

Dans la production de médicaments, trois grands modèles de sites industriels peuvent être distingués :

  • Les laboratoires pharmaceutiques produisant essentiellement pour leur propre compte. C’est le cas de huit sites, comme Boiron, Curium PET, Novo Nordisk ou encore Leo Pharma.
  • Les façonniers, c’est-à-dire les sites qui produisent majoritairement pour des tiers :treize sites fonctionnent selon ce modèle, avec des acteurs comme Astrea, Delpharm, les Laboratoires Chemineau ou Fareva.
  • Les sites à production hybride, qui fabriquent à la fois pour leur groupe et pour d’autres laboratoires. En Centre‑Val de Loire, dix sites adoptent cette stratégie. Parmi eux, le Laboratoire Pierre Fabre à Gien (45), qui propose des activités complètes de sous-traitance pharmaceutique et non pharmaceutique.

À ces sites de production s’ajoute un maillon essentiel : les laboratoires producteurs de principes actifs, un enjeu stratégique au niveau national dans la perspective de relocalisation. Le Centre‑Val de Loire en compte quatre : Axyntis-Orgapharm et Isochem à Pithiviers (45), Indena à Tours (37) et Seratec à Epernon (28). Ce dernier est dédié à la conception et fabrication de principes actifs rentrant dans les médicaments rares et orphelins, anticancéreux, antidotes et d'une façon générale tout principe actif à forte valeur ajoutée et faible volume.

Encadré 3 - Le Groupe IMT, leader français de la formation aux métiers du médicament, du biomédicament et de la cosmétique

Créé en 1980, l’Institut des métiers et technologies de la pharmacie et des cosmétiques est devenu le pôle de référence pour les formations liées aux Industries de Santé : pharmacie humaine et vétérinaire, biotechnologies, cosmétique, dispositifs médicaux, diagnostics, etc.

Le groupe dispose d’un ancrage territorial très fort, avec neuf usines-écoles et campus répartis à Tours, Lyon, Toulouse, Évry, Dreux, etc. Ses formations couvrent l’ensemble des niveaux, du CAP jusqu’au Bac+5.

À cela s’ajoute le Bio3 Institute, créé en partenariat avec l’Université de Tours : une véritable mini-usine de bioproduction, pensée pour reproduire les conditions réelles de l’industrie pharmaceutique et permettre ainsi aux apprenants de se former dans un environnement au plus près des pratiques professionnelles.

Encadré 4 - Partenariat

Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Centre‑Val de Loire (Insee) et l’agence régionale de développement économique DEV’UP Centre‑Val de Loire.

Publication rédigée par :Sylvain Dabadie, Boris Ménard (Insee)

Pour comprendre

La variation nette de l’emploi par catégorie d’entreprises compare le niveau d’emploi de la catégorie à deux dates différentes. Elle permet d’analyser si, en fin de période, davantage de salariés travaillent dans une catégorie donnée d’entreprises.

Toutefois, sur la période, certains établissements ont changé de secteur et ont quitté le champ de l’industrie pharmaceutique (par exemple en devenant une entreprise chimique ou cosmétique). Dans ce cas, il ne s’agit pas de disparitions d’emploi, mais de volumes d’emplois comptabilisés ailleurs.

La variation à contour constant permet de neutraliser l’effet relatif aux changements de secteurs. Pour calculer cette variation, l’évolution de l’emploi est répartie en fonction des seuils définissant les catégories d’entreprises.

Publication rédigée par :Sylvain Dabadie, Boris Ménard (Insee)

Sources

Le Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores) permet de décrire une année donnée les emplois salariés et leurs établissements, par localisation géographique, secteur d’activité et type d’employeur.

Le Fichier Approché des Résultats d’Esane (FARE) est un fichier individuel d’entreprises qui synthétise les principales informations comptables, économiques et structurelles issues du dispositif ESANE. Il permet d’obtenir une vision approchée des résultats économiques des entreprises françaises (hors micro-entrepreneurs).

Définitions

Un établissement est une unité de production géographiquement localisée mais juridiquement dépendante d’une entreprise, son unité légale.

Un groupe est un ensemble d’unités légales liées entre elles par des participations au capital. Le système d’information sur les liaisons financières (Lifi) permet de recenser les détentions en capitaux, d’identifier les groupes de sociétés opérant en France et de déterminer leur contour (ensemble des sociétés qui les composent).

Une firme multinationale est un groupe ayant au moins une unité légale à l’étranger et une en France. Sa catégorie d’entreprises est déterminée sur son périmètre observé en France.

Une firme multinationale sous contrôle français (étranger) est une firme multinationale dont la tête de groupe (société contrôlant les autres sans être elle-même contrôlée) est une société française (étrangère).

Le poids des multinationales mesure la part des salariés travaillant dans des établissements situés dans la zone d’étude et appartenant à des entreprises multinationales, quel que soit le lieu de leur centre de décision.

Le chiffre d'affaires représente le montant des affaires (hors taxes) réalisées par une unité statistique (entreprise, unité légale) avec les tiers dans l'exercice de son activité professionnelle normale et courante. Il correspond à la somme des ventes de marchandises, de produits fabriqués, des prestations de services et des produits des activités annexes.

Le taux d'exportation est la part du chiffre d'affaires à l'export dans le chiffre d'affaires total. Ce ratio mesure la part des ventes exportées.

Le taux de valeur ajoutée est le rapport de la valeur ajoutée au chiffre d'affaires. Ce ratio mesure la capacité à créer de la valeur par euro de chiffre d’affaires.

Le taux de marge est le rapport de l'excédent brut d'exploitation à la valeur ajoutée. Ce ratio mesure la capacité de l’entreprise à générer une rentabilité à partir du chiffre d’affaires.

Le taux d'investissement est le rapport des investissements corporels bruts hors apport à la valeur ajoutée. Ce ratio permet de mesurer la part de la richesse produite consacrée à l’investissement. Les matériels acquis par crédit-bail, c’est-à-dire mis à disposition contre rémunération par une entreprise qui en reste propriétaire, ne sont pas pris en compte.

Les entreprises au sens de la loi de modernisation de l’économie (LME) se déclinent en trois catégories selon des critères d’effectifs, de chiffre d’affaires et de total de bilan :

  • les petites et moyennes entreprises (PME) : moins de 250 personnes, chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros ou total de bilan inférieur à 43 millions d’euros ;
  • dont les microentreprises (MIC) : moins de 10 personnes, chiffre d’affaires ou total de bilan inférieur à 2 millions d’euros ;
  • les entreprises de taille intermédiaire (ETI) : moins de 5 000 personnes, chiffre d’affaires inférieur à 1 500 millions d’euros ou total de bilan inférieur à 2 000 millions d’euros, non classées comme PME ;
  • les grandes entreprises sont des entreprises non classées dans les catégories précédentes.

Pour en savoir plus

(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.

(2) Luzy C. « Ouvrir dans un nouvel ongletL’activité de R&D selon les catégories d’entreprises en 2022. Résultats détaillés pour 2022 », Note d’Information du SIES 25.06, mars 2025.

(3) Brouillet F., Maury S., Reffet-Rochas A. « Première région française, des salaires plus élevés, un emploi plus dynamique », Insee Analyses Auvergne‑Rhône‑Alpes no 188, décembre 2024.

(4) LEEM, « Ouvrir dans un nouvel ongletBilan économique : Édition 2023 », février 2024.

(5) Goupil S. « L’industrie pharmaceutique et chimique réalise près du tiers des dépenses de recherche des entreprises », Insee Flash Centre‑Val de Loire no 50, février 2022.

(6) Pauriche P., Rupprecht F. « Ouvrir dans un nouvel ongletLe secteur pharmaceutique, un secteur aux multiples enjeux », Économie & Statistique, no 312‑313, 1998.