Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté · Décembre 2025 · n° 228

Services à la personne : de 8 000 à 14 000 salariés en plus d’ici 2050

En Bourgogne-Franche-Comté, le secteur des services à la personne employait 38 600 salariés en 2019. Cela représente 3,8 % de l’emploi salarié de la région, un peu moins qu’en France de province (4,4 %). Avec Auvergne Rhône-Alpes et Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté fait partie des trois régions où ce secteur est le moins présent [Figure complémentaire ; données].

Les particuliers employeurs demeurent les principaux employeurs du secteur, concentrant 61 % des salariés. Pour autant, le nombre d’heures rémunérées par les particuliers employeurs a chuté d’environ 40 % en vingt ans.

Pour le reste, comme au niveau national, le secteur des services à la personne se structure de plus en plus autour d’organismes spécialisés. En Bourgogne-Franche-Comté, leur nombre est passé de 580 en 2014 à 770 en 2019 et ils emploient 33 % des salariés du secteur. Ils peuvent relever de divers statuts : entreprises privées, associations ou établissements publics. Dans la région, ces derniers restent très minoritaires puisqu’ils ne représentent qu’1 % des organismes. Les entreprises privées et les associations représentent chacune près de la moitié.

Ces acteurs se positionnent dans différents types de services (figure 1). Les associations interviennent surtout dans l’assistance des publics fragiles (entretenir le logement, faire les courses), notamment en milieu rural. Les entreprises proposent une offre de services plus diversifiée. De leur côté, les particuliers employeurs recourent davantage à des prestations d’entretien de la maison et de jardinage.

La main-d’œuvre du secteur des services à la personne est très majoritairement féminine : neuf emplois sur dix (figure 2). Cette forte féminisation est similaire aux professions d’infirmiers et d’aides soignants, et dépasse celle des autres activités de services (coiffure, soins de beauté, réparations de biens domestiques).

Les activités réalisées par ces femmes sont à 70 % de l’assistance auprès des personnes âgées et à 23 % du ménage. Les hommes travaillant dans les services à la personne interviennent dans une plus grande diversité d’activités : 36 % font du ménage, 30 % de l’assistance aux personnes âgées et 28 % du jardinage ou du bricolage.

Afin d’accroître leur rémunération, les cumuls d’emplois et d’employeurs sont fréquents. Parmi ceux qui exercent exclusivement dans les services à la personne, plus de 50 % travaillent pour au moins deux employeurs, et environ 20 % en ont au moins quatre. Ce morcellement d’activités entraîne de nombreux déplacements pour se rendre successivement aux domiciles des ménages. Ainsi, 45 % des salariés employés directement par des particuliers ont au moins un employeur situé à plus de 20 km de leur domicile, une proportion qui dépasse 50 % dans l’Yonne et la Nièvre.

En outre, 29 % des salariés des services à la personne occupent également un emploi dans un autre secteur. Cette autre activité représente en moyenne près des deux tiers de leur temps de travail total. Les heures consacrées aux services à la personne constituent donc pour eux plutôt une activité d’appoint.

Si le cumul d’emplois permet d’augmenter leur temps de travail, les salariés des services à la personne ne travaillent en moyenne que 1000 heures par an, bien en-deça d’un temps plein fixé généralement à 1 607 heures ou 1 880 heures selon la convention collective dont ils relèvent. En moyenne sur une année, ils réalisent 700 heures de services à la personne et dégagent un salaire brut de 10 000 euros. Mieux payés à l’heure mais avec un volume de travail moindre, les salariés des particuliers employeurs ne gagnent que 6 200 € en moyenne par an. Le salariat dans un organisme, s’il est moins bien payé à l’heure, présente l’avantage de cumuler plus d’heures et dégager ainsi un salaire annuel moyen plus élevé : 9 100 € dans une entreprise, 10 700 € dans une association et 15 300 € dans un établissement public. Enfin, les rémunérations horaires brutes des femmes sont en moyenne inférieures de 20 % à celles des hommes.

Ces difficultés à obtenir un niveau de rémunération élevé contribuent fortement au manque d’attractivité du secteur. Ce dernier peine à attirer les jeunes. L’entrée dans ce type d’emploi survient souvent après 45 ans. Environ 40 % des salariés ont plus de 55 ans. Les plus de 65 ans représentent même 8 % des salariés, soit plus du double de l’ensemble des salariés de la région tous secteurs confondus.

Les services domestiques et l’assistance auprès d’adultes sont parmi les métiers les plus fréquemment proposés dans les offres d’emplois enregistrées par France Travail entre juillet 2024 et juin 2025. Pourtant, malgré une demande soutenue, les employeurs rencontrent d’importantes difficultés de recrutement. Les tensions sur le marché existaient déjà il y a une dizaine d’années, mais l’inadéquation entre l’offre et la demande est aujourd’hui plus marquée encore. Elle s’explique par des conditions d’emploi et de travail parfois difficiles au regard d’une rémunération modeste. Même si 80 % des contrats proposés sont à durée indéterminée ou pour une durée de plus de six mois, peu d’entre eux proposent plus de 32 heures par semaine.

Ces difficultés pourraient perdurer à l’avenir, car les besoins en main-d’œuvre devraient encore progresser avec le vieillissement attendu de la population régionale. Pour satisfaire la hausse estimée de 20 % en besoins de services à domicile d’ici 2050, selon les projections de population [Brion, Louis, Rossignol, 2022 ; pour en savoir plus (5)], il faudrait entre 8 000 et 14 000 salariés supplémentaires. C’est 20 % à 35 % de plus que le nombre de salariés du secteur aujourd’hui.