Insee Analyses Hauts-de-France ·
Décembre 2025 · n° 204
Des enjeux importants face à l’objectif de 10 % de réduction des prélèvements d’eau
d’ici 2030 Les prélèvements en eau dans le bassin Artois-Picardie
En 2022, l’eau potable représente le premier poste de prélèvement dans le bassin Artois-Picardie. Le « plan eau », adopté en 2023, fixe un objectif de réduction de 10 % des volumes d’eau prélevés à l’horizon 2030, en grande partie porté par la consommation d’eau potable domestique. En 2022, celle-ci s’élève à 201 millions de m3 dans le bassin. Compte tenu des évolutions démographiques et sans anticiper de modifications comportementales, la consommation d’eau potable se stabiliserait à l’horizon 2030 à 200,2 millions de m3. Ce niveau serait nettement supérieur à celui fixé par le « plan eau » : 171 millions de m3. La consommation dépasserait l’objectif dans l’ensemble des territoires du bassin mais les enjeux seraient différents. En effet, plusieurs facteurs peuvent induire une hausse de la consommation comme la croissance démographique ou encore le développement d’activités économiques déjà présentes (tourisme, commerce ou industrie) notamment dans l’Authie et la Canche.
- En 2022, 815 millions de m3 d’eau ont été prélevés dans le bassin Artois-Picardie
- L’eau potable : premier poste de prélèvement dans le bassin Artois-Picardie
- Plus de la moitié de l’eau prélevée consommée par les entreprises
- Une consommation en eau potable plus importante sur le littoral et le sud de la région
- Une baisse de la population à elle seule insuffisante pour diminuer la consommation
- Des écarts importants entre trajectoires projetées et objectifs de sobriété
- Encadré - La taille des ménages : un déterminant important de la consommation en eau potable
En 2022, 815 millions de m3 d’eau ont été prélevés dans le bassin Artois-Picardie
Face aux épisodes de sécheresse, d’inondation et de dégradation de la qualité et de la quantité de l’eau, la préservation de celle-ci devient un enjeu crucial. Pour y répondre, le « plan eau », lancé en mars 2023, vise une gestion concertée de cette ressource. Ce plan se décline en trois axes : sobriété des usages, disponibilité et qualité de l’eau. Il fixe notamment un objectif de réduction de 10 % des volumes d’eau prélevés d’ici 2030. L’Agence de l’eau Artois-Picardie adapte localement ces orientations nationales sur un territoire englobant les départements du Nord, du Pas-de-Calais, la quasi-totalité de la Somme, ainsi que quelques communes de l’Aisne et de l’Oise, soit 3,6 % du territoire métropolitain. Pour mieux orienter et planifier la politique de l’eau en tenant compte des spécificités locales, le bassin Artois-Picardie est découpé en 15 Schémas d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SAGE).
L’eau potable : premier poste de prélèvement dans le bassin Artois-Picardie
Les prélèvements d’eau correspondent, selon la définition de l’OCDE, aux « volumes d’eau douce extraits définitivement ou temporairement d’une source souterraine ou de surface (rivières, nappes phréatiques…) et transportés sur leur lieu d’usage ». Même les volumes extraits temporairement sont comptabilisés car ces derniers génèrent des dommages environnementaux et doivent donc faire l’objet d’une compensation financière. L’eau peut alors être utilisée pour différents usages : eau potable, irrigation, refroidissement des centrales nucléaires, alimentation des canaux ou autres usages économiques. En 2022, 29,1 milliards de m3 ont été prélevés en France métropolitaine (hors barrages) dont 815 millions dans le bassin Artois-Picardie. À l’échelle nationale, près de la moitié de cette eau sert à refroidir des centrales nucléaires. Toutefois, le bassin Artois-Picardie n’utilise pas d’eau pour cet usage puisque la centrale nucléaire de Gravelines prélève l’eau de mer pour son processus de production. Ainsi, l’eau potable constitue le principal poste de prélèvements dans le bassin (figure 1) (37,2 % contre 34,0 % en France métropolitaine hors refroidissement des centrales), suivi de l’alimentation des canaux (36,4 % contre 30,2 %), des autres usages économiques (16,1 % contre 13,2 %) et de l’irrigation (10,3 % contre 22,6 %). Les conditions météorologiques (moins de sécheresses et pluviométrie plus importante) expliquent en partie la part limitée de l’irrigation dans la région.
tableauFigure 1 – Eau prélevée dans le bassin Artois-Picardie par usage en 2022 en millions de m3
| Usage | Volume d’eau prélevée (en millions de m3) | Part (en %) |
|---|---|---|
| Alimentation canal | 297 | 36,4 |
| Autres usages économiques | 131 | 16,1 |
| Eau potable | 303 | 37,2 |
| Irrigation | 84 | 10,3 |
| Refroidissement des centrales | 0 | 0,0 |
| Tous usages | 815 | 100,0 |
- Lecture : En 2022, dans le bassin Artois-Picardie, 815 millions de m3 d’eau ont été prélevés dont 303 millions pour l’eau potable, soit 37,2 % des prélèvements totaux.
- Champ : Prélèvements d’eau dans le bassin Artois-Picardie.
- Source : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee.
graphiqueFigure 1 – Eau prélevée dans le bassin Artois-Picardie par usage en 2022 en millions de m3

- Lecture : En 2022, dans le bassin Artois-Picardie, 815 millions de m3 d’eau ont été prélevés dont 303 millions pour l’eau potable, soit 37,2 % des prélèvements totaux.
- Champ : Prélèvements d’eau dans le bassin Artois-Picardie.
- Source : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee.
Plus de la moitié de l’eau prélevée consommée par les entreprises
À l’horizon 2030, le « plan eau » fixe un objectif global de réduction de 10 % des prélèvements. Toutefois, selon les orientations du comité du bassin Artois-Picardie, cette baisse devra être portée quasi exclusivement par les usagers du réseau d’eau potable et les collectivités (diminution de la consommation d’eau potable domestique et réduction des fuites entre le prélèvement et la distribution) en visant une stabilité pour l’eau consommée par les entreprises et l’alimentation des canaux. Dans le cas contraire, l’effort à porter sur la consommation domestique pourrait être plus important, en particulier pour les SAGE avec un poids déjà élevé de l’eau utilisée par les entreprises. Ainsi, hors alimentation canal, volumes consommés sans comptage et fuites, l’eau consommée par les entreprises représente 55 % de l’ensemble de l’eau prélevée dans le bassin Artois-Picardie. Il peut s’agir d’eau prélevée directement par les entreprises qui ont leur propre point de captage pour leur production (autres usages économiques et irrigation) ou distribuée via le réseau d’eau potable (entreprises « comptées à part »). En 2022, le volume d’eau consommé par les entreprises s’élève à 241 millions de m3 dont un tiers pour l’irrigation agricole. Au niveau des SAGE, le poids de l’eau utilisée par les entreprises est très variable, allant de 20 % dans celui de la Scarpe aval à 84 % dans le SAGE de la Haute-Somme.
Une consommation en eau potable plus importante sur le littoral et le sud de la région
En 2022, la consommation domestique en eau potable s’élève à 201 millions de m3 dans le bassin Artois-Picardie, soit 42,2 m3 par habitant. Elle regroupe celle des particuliers et des activités de production assimilées domestiques (entreprises n’ayant pas leurs propres points de captages et non comptées à part, administrations, commerces, hôpitaux, certaines activités agricoles…). À l’échelle des SAGE, 64 millions de m3 ont été consommés dans celui de Marque Deûle, le plus peuplé, où se situe la métropole lilloise, contre 4 millions dans l’Authie. Même en rapportant la consommation à la population, les différences entre SAGE restent marquées. Les SAGE d’Authie et de la Canche sont les territoires avec la consommation par habitant la plus importante (respectivement 57,6 et 55,0 m3 par habitant) (figure 2). À l’inverse, l’Audomarois, la Scarpe aval et la Lys présentent les consommations par habitant les plus faibles (moins de 38,5 m3 par habitant).
tableauFigure 2 – Consommation d’eau domestique par habitant en 2022 par SAGE
| SAGE | Consommation par habitant 2022 (en m3 / habitant) |
|---|---|
| Authie | 57,6 |
| Canche | 55,0 |
| Somme aval et cours d'eau côtiers | 48,6 |
| Haute Somme | 46,4 |
| Delta de L'Aa | 43,4 |
| Scarpe amont | 43,4 |
| Bassin côtier Du Boulonnais | 42,9 |
| Sambre | 41,8 |
| Marque Deûle | 41,7 |
| Yser | 39,9 |
| Sensée | 38,7 |
| Escaut | 38,5 |
| Audomarois | 38,4 |
| Scarpe aval | 38,4 |
| Lys | 37,7 |
| Bassin Artois -Picardie | 42,2 |
- Lecture : La consommation d’eau potable par habitant en 2022 dans le SAGE de Marque Deûle est de 41,7 m3.
- Champ : Consommation d’eau potable dans le bassin Artois-Picardie.
- Source : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee.
graphiqueFigure 2 – Eau prélevée dans le bassin Artois-Picardie par usage en 2022 en millions de m3

- Lecture : La consommation d’eau potable par habitant en 2022 dans le SAGE de Marque Deûle est de 41,7 m3.
- Champ : Consommation d’eau potable dans le bassin Artois-Picardie.
- Source : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee.
Localement, le caractère touristique de certains SAGE, tels que ceux d’Authie ou de la Canche, entraîne une consommation d’eau plus élevée qu’en moyenne dans le bassin (+15,4 et +12,8 m3/hab/an) (encadré). L’implantation d’établissements commerciaux, majoritairement des établissements de la grande distribution, constitue également un facteur déterminant. C’est notamment le cas de la Scarpe amont avec 59 emplois dans le commerce pour 1000 habitants contre une moyenne de 50 dans le bassin. Dans certains territoires, la présence d’établissements industriels ne possédant pas leurs propres points de captage et utilisant le réseau domestique peut contribuer à une consommation d’eau plus importante. Par exemple, dans le SAGE de la Somme aval et Cours d’eau côtiers, le nombre d’emplois industriels (fabrication de produits métalliques, industries alimentaires) rapporté à la population est très nettement supérieur à la moyenne du bassin (65 contre 37). L’agriculture influe également sur la consommation en eau à la hausse. C’est le cas dans les SAGE d’Authie, de la Haute Somme, de la Somme aval et Cours d’eau côtiers et de la Canche où les trois quarts de la surface sont destinés à un usage agricole. L’emploi de ce secteur y est d’ailleurs plus développé, avec plus de 6,7 emplois équivalent temps plein pour 1000 habitants dans les SAGE d’Authie et de la Canche (contre 2,5 dans le bassin). Enfin, dans le SAGE de la Haute Somme, l’ancienneté des logements, souvent dotés de réseaux de plomberie plus vétustes, contribue à une consommation d’eau plus élevée.
Une baisse de la population à elle seule insuffisante pour diminuer la consommation
Une simulation a été réalisée pour évaluer la marche à franchir par rapport aux ambitions du « plan eau ». Elle ne tient compte que des éventuelles évolutions démographiques (population et taille des ménages) et fixe les autres déterminants de la consommation d’eau domestique (pour comprendre) à leur niveau de 2022, ce qui permet d’isoler l’impact potentiel de la démographie sur la consommation d’eau entre 2022 et 2030. Celui-ci serait limité puisque la consommation se stabiliserait (−0,4 %) passant de 201,0 à 200,2 millions de m3 alors qu’elle avait augmenté de 3,6 % entre 2011 et 2022. À l’échelle des SAGE, les évolutions seraient très contrastées, allant de −4,9 % pour le Bassin côtier du Boulonnais à +3,1 % pour la Scarpe amont (figure 3). Toutefois, la consommation diminuerait dans deux tiers des SAGE. D’une manière générale, la baisse de la taille des ménages contribuerait à une hausse de la consommation dans tous les SAGE, en raison de déséconomies d’échelle liées à certains usages indispensables (cuisine, lessive…). Cet effet serait compensé par un déclin démographique dans la majorité des SAGE et plus particulièrement dans ceux du Bassin côtier du Boulonnais, du delta de l’Aa et dans celui de la Canche. En revanche, dans les SAGE dynamiques démographiquement (Marque Deûle et Scarpe amont), les hausses de population se conjugueraient à la baisse de la taille des ménages pour générer une hausse potentielle de la consommation d’eau entre 2022 et 2030.
tableauFigure 3 – Décomposition de l’évolution de la consommation en eau des ménages entre 2022 et 2030
| SAGE | Évolution de la consommation d'eau entre 2022 et 2030 (en %) | Effet dû à la taille des ménages (en points de pourcentage) | Effet dû à la population (en points de pourcentage) |
|---|---|---|---|
| Bassin côtier du Boulonnais | -4,9 | 1,4 | -6,2 |
| Delta de L'Aa | -3,8 | 2,1 | -5,9 |
| Canche | -3,6 | 1,2 | -4,8 |
| Haute Somme | -3,4 | 1,6 | -5,0 |
| Sambre | -3,1 | 1,4 | -4,5 |
| Scarpe aval | -2,7 | 1,8 | -4,5 |
| Yser | -2,6 | 1,6 | -4,2 |
| Authie | -1,5 | 1,1 | -2,7 |
| Audomarois | -0,9 | 1,4 | -2,4 |
| Escaut | -0,5 | 1,7 | -2,2 |
| Bassin Artois-Picardie | -0,4 | 1,3 | -1,8 |
| Lys | 0,0 | 1,5 | -1,5 |
| Somme aval et cours d'eau côtiers | 0,6 | 1,4 | -0,8 |
| Sensee | 1,2 | 1,5 | -0,2 |
| Marque Deûle | 1,5 | 1,0 | 0,5 |
| Scarpe amont | 3,1 | 1,2 | 1,9 |
- Note : La somme de l'effet dû à la taille des ménages et de celui dû à la taille de la population ne correspond pas toujours à l'évolution de la consommation d'eau en raison des arrondis.
- Lecture : Entre 2022 et 2030, la consommation en eau potable dans le SAGE de la Scarpe amont augmenterait de 3,1 %. Cette augmentation serait due à la diminution de la taille des ménages (1,2 point) combinée à la croissance démographique (1,9 point).
- Champ : Consommation en eau potable du bassin Artois-Picardie.
- Source : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee.
graphiqueFigure 3 – Décomposition de l’évolution de la consommation en eau des ménages entre 2022 et 2030

- Note : La somme de l'effet dû à la taille des ménages et de celui dû à la taille de la population ne correspond pas toujours à l'évolution de la consommation d'eau en raison des arrondis.
- Lecture : Entre 2022 et 2030, la consommation en eau potable dans le SAGE de la Scarpe amont augmenterait de 3,1 %. Cette augmentation serait due à la diminution de la taille des ménages (1,2 point) combinée à la croissance démographique (1,9 point).
- Champ : Consommation en eau potable du bassin Artois-Picardie.
- Source : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee.
Des écarts importants entre trajectoires projetées et objectifs de sobriété
Afin de respecter le plan national, l’Agence de l’eau Artois-Picardie fixe un objectif de réduction de 10 % des prélèvements tous usages confondus d’ici 2030. Celui-ci se décline par type d’usage : stabilité des prélèvements agricoles et industriels, baisse du prélèvement d’eau potable et actions ciblées sur la résorption des fuites. Afin d’atteindre cet objectif, le volume d’eau potable domestique consommée devrait diminuer de près de 15 % passant de 201 à 171 millions de m3 à l’horizon 2030. Rapportée à la population, la consommation d’eau devrait baisser de 5,7 m3, passant de 42,2 en 2022 à 36,5 m3 par an et par habitant en 2030. Cependant, en ne tenant compte que des variations démographiques, la projection de la consommation d’eau en 2030 indique une trajectoire bien plus élevée à 42,8 m3 par an et par habitant ; ce niveau dépasserait de 6,3 m3 par habitant l’objectif de réduction des prélèvements. En appliquant à chaque SAGE l’objectif du bassin (−15 % en volume) et en l’absence de nouvelles politiques publiques ou de modifications comportementales, les projections de consommation de tous les SAGE resteraient au-dessus de l’objectif (figure 4). Par exemple, la consommation d’eau dans le SAGE de la Canche atteindrait 55,7 m3 par an et par habitant en 2030, contre un objectif de 49,2 m3. Les SAGE les plus consommateurs, comme l’Authie, la Canche ou Somme Aval et Cours d’eau côtiers, afficheraient des écarts assez importants avec l’objectif : de l’ordre de 7 ou 8 m3/hab. De plus, dans ces SAGE, si les activités liées au tourisme, au commerce ou à l’industrie se développaient, la consommation d’eau pourrait augmenter et diverger un peu plus de l’objectif. De surcroît, la hausse de la consommation liée à certaines activités (tourisme ou agriculture) pourrait survenir pendant l’été, période déjà critique pour la ressource en eau.
tableauFigure 4 – Consommation par an et par habitant en 2022, 2030 et objectifs de baisse de 15 % par Sage
| SAGE | Consommation 2022 (en m3/habitant) | Consommation projetée 2030 (en m3/habitant) | Baisse de 15 % entre 2022 et 2030 (en m3/habitant) |
|---|---|---|---|
| Authie | 57,6 | 58,2 | 50,3 |
| Canche | 55,0 | 55,7 | 49,2 |
| Somme aval et cours d'eau côtiers | 48,6 | 49,3 | 41,7 |
| Haute Somme | 46,4 | 47,1 | 41,5 |
| Delta de L'Aa | 43,4 | 44,3 | 39,2 |
| Scarpe amont | 43,4 | 43,9 | 36,2 |
| Bassin côtier Du Boulonnais | 42,9 | 43,5 | 38,9 |
| Bassin Artois Picardie | 42,2 | 42,8 | 36,5 |
| Sambre | 41,8 | 42,4 | 37,2 |
| Marque Deûle | 41,7 | 42,1 | 35,3 |
| Yser | 39,9 | 40,6 | 35,4 |
| Sensée | 38,7 | 39,2 | 33,0 |
| Escaut | 38,5 | 39,2 | 33,5 |
| Audomarois | 38,4 | 39,0 | 33,5 |
| Scarpe aval | 38,4 | 39,1 | 34,2 |
| Lys | 37,7 | 38,3 | 32,5 |
- Lecture : Dans le SAGE d’Authie, la consommation d’eau potable est de 57,6 m3 par an et par habitant en 2022. Compte tenu des évolutions démographiques, elle s’établirait à 58,2 m3 par an et par habitant en 2030. Pour atteindre l’objectif de baisse de prélèvement, elle devrait atteindre le niveau de 50,3 m3 par an et par habitant.
- Champ : Consommation en eau potable du bassin Artois-Picardie.
- Source : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee.
graphiqueFigure 4 – Consommation par an et par habitant en 2022, 2030 et objectifs de baisse de 15 % par Sage

- Lecture : Dans le SAGE d’Authie, la consommation d’eau potable est de 57,6 m3 par an et par habitant en 2022. Compte tenu des évolutions démographiques, elle s’établirait à 58,2 m3 par an et par habitant en 2030. Pour atteindre l’objectif de baisse de prélèvement, elle devrait atteindre le niveau de 50,3 m3 par an et par habitant.
- Champ : Consommation en eau potable du bassin Artois-Picardie.
- Source : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee.
Encadré - La taille des ménages : un déterminant important de la consommation en eau potable
Dans le but d’identifier les déterminants de la consommation en eau potable, une modélisation de la consommation par habitant a été réalisée au niveau communal. Elle met en évidence plusieurs facteurs explicatifs. En particulier, un prix de l’eau élevé, un taux de chômage plus important ou une taille moyenne des ménages plus élevée (effet d’économie d’échelle) tendent à diminuer la consommation d’eau potable. À l’inverse, une forte présence de résidences secondaires, de logements anciens ou de piscines privées est associée à une consommation plus élévée. Enfin, certains usages non domestiques (campings, piscines publiques, établissements thermaux…) raccordés au réseau peuvent également augmenter la consommation rapportée au nombre d’habitants.
tableauFigure 5 – Modélisation des déterminants de la consommation en eau potable
| Catégorie de la variable | Variable | Coefficients | Significativité | Coefficient de détermination |
|---|---|---|---|---|
| Constante | Constante du modèle | 61,0159 | *** | 0,48 |
| Individu | Taille moyenne des ménages | -6,2527 | *** | |
| Taux de chômage | -0,1522 | *** | ||
| Habitat | Part de logements secondaires | 0,3797 | *** | |
| Part de logements construits avant 1946 | 0,0722 | *** | ||
| Nombre de piscines par commune pour 1000 habitants | 0,1224 | * | ||
| Emploi | Nombre de salariés en équivalent temps plein appartenant à des établissements de l’industrie ou du domaine de la santé utilisant le réseau d’eau potable pour 1000 habitants | 0,0131 | *** | |
| Nombre de salariés en équivalent temps plein appartenant à des établissements du secteur agricole utilisant le réseau d’eau potable pour 1000 habitants | 0,0343 | *** | ||
| Nombre d’emplois dans le commerce pour 1000 habitants | 0,0410 | *** | ||
| Tourisme / loisirs | Nombre de bassins de natation pour 1000 habitants | 15,0142 | *** | |
| Nombre de campings pour 1000 habitants | 0,7509 | *** | ||
| Nombre de salariés d’établissements thermaux pour 1000 habitants | 3,2487 | *** | ||
| Nombre de salariés de l’hôtellerie pour 1000 habitants | 0,5067 | *** | ||
| Nombre de salariés des secteurs sportif et loisirs pour 1000 habitants | 0,1581 | *** | ||
| Nombre de centres équestres pour 1000 habitants | 1,1118 | *** | ||
| Nombre de salariés de campings pour 1000 habitants | 0,8849 | *** | ||
| Indicatrice pour la prise en compte d’établissement de tourisme estivale avec installations de loisirs aquatiques | 119,0251 | *** | ||
| Agriculture | Ratio de la surface agricole utile (SAU) / superficie de la commune | 0,0183 | *** | |
| Nombre d’Unité Gros Bétail (UGB) herbivores alimentés en eau par de l’eau du réseau domestique pour 1000 habitants | 0,0011 | *** | ||
| Nombre d’Unité Gros Bétail (UGB) porcins et volailles alimentés en eau par de l’eau du réseau domestique pour 1000 habitants | 0,0005 | * | ||
| Prix | Prix de l’eau à la distribution | -4,0979 | *** |
- Seuils de significativité : *** = 0,1 % ; ** = 1 % ; * = 5 %.
- Lecture : Au niveau communal, le prix de l’eau à la distribution influe négativement sur la consommation en eau, toutes choses égales observées par ailleurs, une augmentation du prix de 1 €/m3 entraîne une baisse de la consommation de 4,1 m3/habitant.
- Champ : Bassin Artois-Picardie.
- Sources : Données de l’Agence de l’eau (extraction réalisée en octobre 2024), traitements Insee ; Insee – recensement de la population 2022, base permanente des équipements 2021 ; DRAAF – recensement agricole 2020 ; Plan Cadastral Informatisé du nombre de piscines par commune.
Pour comprendre
Afin d’estimer la consommation d’eau potable par SAGE à l’horizon 2030, une modélisation économétrique a été réalisée au niveau communal en 2022. Une fois les coefficients obtenus, ceux-ci ont été appliqués au niveau SAGE. La consommation 2030 a été estimée en supposant que seules la population et la taille des ménages varient sur la période.
Les projections de population utilisées dans cette étude sont obtenues à partir du modèle Omphale (Outil Méthodologique de Projection d’Habitants, d’Actifs, de Logements et d’Élèves). Il permet de réaliser des projections locales en projetant d’année en année les pyramides des âges des populations des différents territoires. L’hypothèse retenue est celle du scénario dit « fécondité basse », dans lequel l’indicateur conjoncturel de fécondité diminuerait progressivement de 1,87 enfant par femme en 2018 à 1,59 en 2030.
Le passage des projections de population à celles des ménages est réalisé sur la base de travaux du service de la donnée et des études statistiques (SDES) du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires concernant les évolutions à venir des modes de cohabitation.
Sources
Les données de l’Agence de l’eau Artois-Picardie permettent de déterminer les volumes d’eau prélevés par usage ainsi que la consommation d’eau potable sur l’ensemble du bassin Artois-Picardie et par SAGE.
Le recensement de la population permet de déterminer certaines caractéristiques des individus (taux de chômage), des ménages (taille moyenne) ainsi que des logements (année de construction, résidence principale ou secondaire).
La Base permanente des équipements comporte un large éventail d’équipements et de services rendus à la population, notamment les bassins de natation, les campings ou les centre équestres.
Le Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores) est un ensemble de fichiers de micro-données qui décrivent l’emploi salarié au niveau des établissements. Il permet notamment de déterminer le nombre de salariés de l’industrie et de l’agriculture rapporté à la population sur un territoire donné.
Opération décennale européenne et obligatoire, le recensement agricole a pour objectif de fournir les données sur l’agriculture française (notamment la surface agricole utile (SAU) et le nombre d’unité gros bétail — UGB).
Définitions
Le volume consommé sans comptage est le volume utilisé sans comptage par des usagers connus, avec autorisation. Il s’agit, par exemple, des essais de poteaux incendie, des bornes fontaines sans compteur ou le lavage de la voirie.
La consommation d’eau potable est dite « domestique » par opposition à la consommation des établissements disposant de leur propre point de captage. Dans cette étude, elle est obtenue à partir des redevances payées par les utilisateurs.
Pour en savoir plus
(1) « Ouvrir dans un nouvel ongletPlan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau », Ministères de la transition écologique, de l’aménagement du territoire, des transports, de la ville et du logement, avril 2023
(2) « Ouvrir dans un nouvel ongletLes prélèvements d’eau douce par usage en France en 2022 », SDES, mars 2025
(3) « Ouvrir dans un nouvel ongletQuelle évolution de la demande en eau d’ici 2050 ? », Haut-commissariat à la stratégie et au plan, janvier 2025
(4) Berthelot L., Veal D. (Insee), Meynier S., de Stordeur G. (Syndicat des eaux d’Île-de-France), « La consommation d’eau potable illustrée par la situation dans 133 communes franciliennes : 100 litres en moyenne par jour et par habitant », Insee Analyses Île-de-France no 175, octobre 2023