Insee Flash Nouvelle-Aquitaine ·
Octobre 2025 · n° 128
L’ économie sociale et solidaire emploie près d’un salarié sur huit en Nouvelle-Aquitaine
En 2022, 263 000 salariés travaillent dans l’économie sociale et solidaire (ESS), soit 12 % des effectifs salariés, ce qui est supérieur à la moyenne nationale. Les Deux-Sèvres, la Creuse et, dans une moindre mesure, le Lot-et-Garonne sont les départements néo-aquitains les plus concernés. Les associations restent le principal employeur (72 % de l’emploi), devant les coopératives, les mutuelles et les fondations. Entre 2018 et 2022, l’emploi salarié de l’ESS progresse de 5,6 %, dépassant d’un point la croissance de l’emploi de l’économie régionale. Les salariés de l’ESS travaillent surtout dans de petites structures, hormis ceux des mutuelles et des fondations. Le tertiaire constitue le secteur clé, avec en première ligne l’hébergement médico-social et social, l’action sociale sans hébergement, l’enseignement, les activités financières et d’assurance. L’emploi est largement féminisé. Le salaire horaire net est proche de celui de l’économie régionale mais diffère toutefois entre associations et mutuelles.
263 000 emplois dans l’économie sociale et solidaire
Fin 2022, en Nouvelle-Aquitaine, les salariés de l’économie sociale et solidaire (ESS) occupent 263 000 emplois (214 000 emplois en équivalent temps plein) (pour comprendre). Ils représentent 12,2 % de l’emploi salarié régional, une part plus élevée qu’en France métropolitaine (10,8 %).
L’importance relative de l’ESS dans l’économie locale diffère selon les départements de la région (figure 1). Si un quart des emplois concernés sont concentrés en Gironde, leur poids dans l'emploi salarié total y est le plus faible (10,0 %). À l'inverse, il est le plus élevé dans les Deux-Sèvres (19 %), en raison de la présence des mutuelles, puis en Creuse (17 %) et, dans une moindre mesure, dans le Lot-et-Garonne (14 %).
tableauFigure 1 – Les emplois salariés de l’économie sociale et solidaire en 2022 par département néo-aquitain
| Code Département | Libellé Département | Nombre de salariés de l’ESS | Part de l’ESS dans l’emploi salarié (en %) |
|---|---|---|---|
| 16 | Charente | 15 101 | 12,5 |
| 17 | Charente-Maritime | 25 361 | 12,1 |
| 19 | Corrèze | 10 371 | 12,9 |
| 23 | Creuse | 5 515 | 16,9 |
| 24 | Dordogne | 14 899 | 12,0 |
| 33 | Gironde | 67 523 | 10,0 |
| 40 | Landes | 14 408 | 11,1 |
| 47 | Lot-et-Garonne | 15 257 | 14,0 |
| 64 | Pyrénées-Atlantiques | 33 044 | 13,3 |
| 79 | Deux-Sèvres | 26 252 | 18,8 |
| 86 | Vienne | 20 441 | 13,1 |
| 87 | Haute-Vienne | 14 973 | 10,8 |
- Lecture : En Charente, 15 100 emplois salariés relèvent de l’ESS, soit 12,5 % de l’ensemble de l'emploi salarié du département.
- Source : Insee, Flores 2022.
graphiqueFigure 1 – Les emplois salariés de l’économie sociale et solidaire en 2022 par département néo-aquitain

- Lecture : En Charente, 15 100 emplois salariés relèvent de l’ESS, soit 12,5 % de l’ensemble de l'emploi salarié du département.
- Source : Insee, Flores 2022.
Sept salariés de l’ESS sur dix travaillent dans une association
Le tissu associatif domine le secteur de l’ESS. Ainsi, les associations concentrent 72 % des salariés de l’ESS, devant les coopératives (16 %), les mutuelles (7 %) et les fondations (3 %) (figure 2). La répartition entre ces différents domaines reste relativement stable entre 2018 et 2022.
Sur la période, l’emploi salarié de l’ESS augmente de 5,6 %, un point de plus que l’emploi salarié de l’économie de la région. Cette progression est portée par les associations (+ 5,3 %) et les coopératives (+13,7 %), alors que l’emploi des autres organismes privés à but non lucratif baisse (-13,1 %).
Plus de la moitié des salariés néo-aquitains travaillant dans une association ou une coopérative sont employés dans de petites structures, de moins de 50 salariés. Ainsi, 4 emplois sur 10 dans une association relèvent d'un établissement de 10 à 49 salariés.
Au sein des mutuelles, plus de la moitié des salariés évoluent dans des établissements de 250 salariés ou plus. Pour les fondations, 30 % des salariés dépendent d’un établissement d’au moins 500 salariés.
tableauFigure 2 – Répartition des emplois salariés de l’ESS en Nouvelle-Aquitaine par domaine en 2018 et 2022 et évolution sur la période
| Domaines | Effectif 2018 | Effectif 2022 | Évolution de l’emploi salarié dans l’ESS entre 2018 et 2022 (en %) |
|---|---|---|---|
| Autres organismes privés à but non-lucratif | 5 580 | 4 847 | -13,1 |
| Fondations | 7 851 | 8 461 | 7,8 |
| Mutuelles | 18 813 | 18 138 | -3,6 |
| Coopératives | 36 484 | 41 500 | 13,7 |
| Associations | 180 559 | 190 199 | 5,3 |
| Total ESS | 249 287 | 263 145 | 5,6 |
| Total économie régionale | 2 070 997 | 2 164 348 | 4,5 |
- Lecture : En Nouvelle-Aquitaine, en 2022, les associations emploient plus de 190 000 salariés, contre 181 000 en 2018. Cela représente une hausse de 5,3 % en quatre ans.
- Source : Insee, Flores 2018 et 2022.
graphiqueFigure 2 – Répartition des emplois salariés de l’ESS en Nouvelle-Aquitaine par domaine en 2018 et 2022 et évolution sur la période

- Lecture : En Nouvelle-Aquitaine, en 2022, les associations emploient plus de 190 000 salariés, contre 181 000 en 2018. Cela représente une hausse de 5,3 % en quatre ans.
- Source : Insee, Flores 2018 et 2022.
L’ESS tournée vers le tertiaire
En Nouvelle-Aquitaine, 93 % des salariés de l’ESS travaillent dans le tertiaire, un secteur avec des activités très hétérogènes ; l’ESS est notamment présente dans l’hébergement médico-social et social, l’action sociale sans hébergement et l’enseignement. Les emplois sont également nombreux dans les activités financières et d’assurance, du fait de la forte présence des mutuelles, les arts spectacles et activités récréatives et les activités scientifiques, techniques, de soutien et de services administratifs. Le secteur de l’agriculture, sylviculteur et pêche n'emploie que 0,7 % des salariés de l’ESS, soit tout de même 2 000 salariés dans la région.
Deux tiers des salariés de l’ESS sont des femmes
En Nouvelle-Aquitaine, comme dans toutes les régions, l’ESS est très féminisée : 66 % des emplois sont occupés par des femmes, alors que ces dernières représentent 46 % de l’emploi total de la région.
Les salariés de l’ESS sont en moyenne plus âgés que ceux de l’ensemble de l’économie néo-aquitaine. En effet, 33 % des salariés ont 50 ans ou plus dans l’ESS, 4 points de plus que dans l’économie régionale.
Les emplois à temps partiel sont plus fréquents dans l’ESS que dans l’ensemble de l’économie (30 % contre 17 %). Ils sont particulièrement présents dans les associations, avec plus d’un salarié sur trois concerné.
Par ailleurs, l’ESS recourt moins fréquemment aux contrats à durée indéterminée (CDI) : 74 % des salariés de l’ESS en bénéficient contre 82 % dans l’économie régionale.
Des salaires plus bas dans les associations
Dans l’ESS, le salaire horaire net moyen est quasi-équivalent à celui de l’économie régionale : 14,2 euros contre 14,7 euros. Cependant, il existe des disparités conséquentes entre les familles de l’ESS. Les salariés sont moins rémunérés dans les associations (12,7 euros) alors qu'ils gagnent nettement plus dans les mutuelles (19,6 euros). Cet écart s’explique en partie par une structure des emplois différente, avec notamment une surreprésentation dans les mutuelles des cadres supérieurs (un salarié sur trois).
La part des cadres et professions intellectuelles supérieures dans l’ESS (12,4 %) est proche de celle de l’économie régionale (13,2 %). Par contre, il y a beaucoup plus de professions intermédiaires (36 % contre 21 %) et deux fois moins d’ouvriers (17 %).
Pour comprendre
L’économie sociale et solidaire (ESS) regroupe des entreprises dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. La loi du 31 juillet 2014 en définit officiellement le périmètre via quatre statuts juridiques : les mutuelles, les coopératives, les associations et les fondations. Ces quatre familles adhèrent aux principes suivants : un projet d’intérêt commun ; une lucrativité encadrée (notamment des bénéfices majoritairement consacrés au maintien et au développement de l’activité) ; une gouvernance démocratique et participative.
Depuis quelques années, d’autres organismes privés à but non lucratif se développent. Trop récents pour être présents dans le périmètre légal de l’ESS, ils ont néanmoins été inclus dans le périmètre statistique de l’étude. Cette cinquième famille regroupe d’autres catégories juridiques comme des organismes professionnels, les syndicats de propriétaires, les congrégations et les groupements de coopération sanitaire à gestion privée.
Cette étude porte donc sur ces cinq familles. En revanche, sont exclues certaines associations ayant des missions de service public et qui ne sont donc pas indépendantes des administrations publiques. Enfin, les particuliers employeurs et les établissements non marchands sont également exclus.
Sources
Le fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores) est un ensemble de fichiers de micro-données qui décrit l’emploi salarié et les rémunérations au niveau des établissements. Les données sont restreintes aux établissements actifs en fin d’année (dernière semaine de décembre), ce qui exclut les établissements qui ont cessé leur activité en cours d’année.
Les bases Tous salariés DADS-DSN (Déclarations annuelles de données sociales-Déclarations sociales nominatives) sont des fichiers statistiques annuels de données individuelles sur l’ensemble des salariés, produites à partir de déclarations administratives de leurs employeurs.
Pour en savoir plus
(1) Jacquesson F., Moreau A., Morer N., Dias H., Voisin L., « L’économie sociale et solidaire en Île-de-France : une forte féminisation et des salariés plus âgés », Insee Analyses Île-de-France no 188, juillet 2024.
(2) Ghaibouche L., Legrand M-L, Rault A., « L’économie sociale et solidaire portée par les associations et le secteur sanitaire et social », Insee Analyses Haut-de-France no 174, mai 2024.