Insee Analyses Corse · Novembre 2025 · n° 61

En Corse, un tiers de la population bénéficie d’une prestation versée par la CAF

Les Caisses d’allocations familiales (CAF) jouent un rôle majeur dans la réduction des inégalités. Elles attribuent, sous conditions, des aides financières qui soutiennent les familles dans leur vie quotidienne. Les CAF contribuent à améliorer les conditions de logement. Elles favorisent également l’autonomie ainsi que l’insertion sociale et professionnelle.

En décembre 2023, en Corse, 58 900 foyers allocataires perçoivent au moins une prestation de la CAF. Ces foyers regroupent 124 400 personnes. Ils sont composés de l’allocataire et, le cas échéant, de son conjoint et/ou de leurs enfants.

Ainsi, 35 % de la population régionale bénéficie d’au moins une aide de la CAF, soit le taux de couverture le plus bas de l’Hexagone, où la moyenne s’établit à 47 %. Au niveau départemental, la Corse-du-Sud est en dernière position, précédée par le Cantal, la Creuse et la Haute-Corse (figure 1).

Plusieurs facteurs contribuent à cette faible couverture sur l’île. Les familles ont moins souvent deux enfants ou plus. La proportion de personnes âgées est plus importante en Corse et ces dernières ne perçoivent plus les allocations de la CAF (encadré 2). En effet, passé 65 ans, les seniors bénéficient de prestations spécifiques comme l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) financée par la Collectivité de Corse. Enfin, certaines personnes qui seraient en droit de demander ces aides ne font pas les démarches pour en bénéficier. Au niveau national, le non-recours au revenu de solidarité active (RSA) concerne un tiers des ayants droit [Hannafi et al., 2022 ; pour en savoir plus (1)].

Les prestations sociales apportent un soutien financier aux ménages qui ont les niveaux de vie les plus faibles. En 2023, 371 millions d’euros ont été versés en Corse (encadré 1). Sans ce mécanisme le taux de pauvreté attendrait 24,1 % au lieu de 18,1 %.

Chaque foyer allocataire peut percevoir une ou plusieurs prestations (figure 2). Ces aides bénéficient à l’ensemble des personnes vivant dans le foyer. Il en existe trois grands types.

Les prestations familiales sont les plus fréquentes. En Corse, comme dans l’Hexagone, elles concernent les deux tiers des bénéficiaires, soit 84 600 personnes en décembre 2023. Ces allocations visent en particulier à soutenir les familles avec enfants.

Viennent ensuite les prestations d’insertion et de solidarité. Elles sont perçues par 45 % des bénéficiaires. Ces aides comme le RSA, la prime d’activité ou l’allocation aux adultes handicapés (AAH), permettent d’accompagner les personnes en difficulté, sans emploi ou avec de faibles ressources.

Enfin, les aides au logement concernent un tiers des bénéficiaires. Elles réduisent le coût du logement pour les ménages aux revenus modestes.

Ces prestations peuvent se cumuler, ainsi 13 % des personnes couvertes le sont par les trois catégories. Cette situation traduit alors une plus grande précarité. A contrario, 66 % des personnes ne perçoivent qu’un seul type d’aide.

Parmi les prestations d’insertion et de solidarité, la prime d’activité est perçue par des travailleurs à faibles revenus. En Corse, 20 200 foyers bénéficient de cette prime fin 2023, soit 34 % des allocataires. En tenant compte des conjoints, enfants et autres personnes à charge, 35 600 personnes sont concernées.

Le revenu de solidarité active (RSA) est quant à lui versé à 5 700 allocataires. Ainsi, 2,8 % de la population des 15 à 64 ans en bénéficie, contre 3,9 % dans l’Hexagone. Parmi les bénéficiaires corses du RSA, 68 % sont des personnes vivant seules.

L’allocation adulte handicapé (AAH) est conditionnée par le taux d’incapacité permanente et le montant des revenus de la personne et de son conjoint. Comme elle est attribuée sous condition de ressources, les bénéficiaires ne représentent qu’une partie de la population ayant un handicap. L’AAH est perçue par 9 300 foyers, pour un total de 13 500 personnes couvertes. Le taux d’allocataires à cette prestation est plus important en Corse que dans le reste de l’Hexagone (4,4 % contre 3,3 % des foyers). D’une part, le manque d’infrastructures de transport, associé au relief montagneux de l’île, limite les capacités de déplacement vers les pôles d’emploi. D’autre part, une pauvreté plus répandue dans l’île contribue également à expliquer cet écart [Bretel et al., 2023 ; pour en savoir plus (2)].

Les bénéficiaires de l’AAH sont nombreux entre 50 et 60 ans, une tranche d’âge surreprésentée parmi la population insulaire.

La principale allocation logement, l’aide personnalisée au logement (APL), est versée à 28 % des allocataires. Elle est complétée par l’allocation logement familiale (ALF) ou sociale (ALS). Au total, 23 800 foyers bénéficient d’une prestation logement, soit 42 700 personnes couvertes. Parmis ces allocataires, 31 % habitent des logements sociaux, une part inférieure au niveau national (41 %). Avec un parc social plus restreint et essentiellement concentré dans les agglomérations insulaires, la Corse se situe en avant dernière position devant l’Occitanie.

Sur le plan des prestations familiales, les allocations familiales sont les plus fréquemment perçues. Ainsi 15 900 foyers en bénéficient, soit 27 % des allocataires. Elles couvrent 64 000 personnes et devancent l’allocation de rentrée scolaire (ARS) et la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje), qui sont plus ciblées. Certains foyers peuvent bénéficier des prestations familiales sans pour autant les cumuler avec d’autres aides soumises à des conditions de ressources plus restrictives.

En Corse, la moitié des foyers allocataires est composée d’une personne vivant seule. Cette proportion est supérieure de 4 points à celle de l’Hexagone. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les moins de 30 ans où quatre allocataires sur cinq vivent seuls (figure 3). Il s’agit le plus souvent d’étudiants ou de jeunes actifs qui quittent le foyer familial.

Les couples avec enfants représentent 27 % des foyers bénéficiaires, soit 6 points de moins que dans l’Hexagone. Cet écart s’explique par un taux de natalité particulièrement faible en Corse (1,19 enfant par femme en 2024, le taux le plus bas de France).

Ayant des niveaux de vie généralement plus faibles, les familles monoparentales sont plus souvent accompagnées et sensibilisées pour réaliser les démarches nécessaires afin de bénéficier des aides de la CAF. Elles constituent 17 % des foyers allocataires. In fine, 46 600 enfants vivent au sein d’un foyer allocataire, dont un tiers au sein d’une famille monoparentale.

Enfin, 5 % des foyers bénéficiaires sont des couples sans enfant, majoritairement âgés de plus de 50 ans. Ils perçoivent surtout des prestations logement et/ou l’AAH.