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Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté · Octobre 2025 · n° 226
Insee Flash Bourgogne-Franche-ComtéDoubs : emploi atone malgré une démographie dynamique Les emplois départementaux par secteur d’activité

Mathéo Bourgeois (Insee)

Dans le Doubs, la croissance de l’emploi reste faible fin 2021, malgré une dynamique démographique positive. Le recul dans la filière automobile et la moindre progression du travail frontalier expliquent ce décalage. Le département bénéficie toutefois du dynamisme de ses petites et moyennes entreprises et de certains secteurs industriels de pointe. Le Doubs présente trois facettes : une bande frontalière dynamique démographiquement, un nord-est spécialisé dans l’automobile et en difficulté, et la zone de Besançon où la croissance est plus équilibrée.

Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté
No 226
Paru le :Paru le23/10/2025

Cette étude fait partie de la série de publications sur « Les emplois départementaux par secteur d’activité ».

Croissance démographique mais rebond modeste de l’emploi

Au 1er janvier 2022, le Doubs compte 548 000 habitants. Il est le seul département de la région dont la croissance démographique est semblable à la moyenne de France métropolitaine. La population croît dans la zone de Besançon. La dynamique est plus forte encore dans la zone frontalière qui bénéficie de l’arrivée d’actifs attirés par l’essor du travail frontalier. En revanche, la population baisse dans la zone de Montbéliard.

Sur le plan économique, l’emploi retrouve fin 2021 son niveau de 2001, avec 221 800 emplois. Il est porté par la hausse dans le tertiaire marchand et le développement du régime de la micro-entreprise. Sur la période 2014-2021, la croissance de l’emploi est de 3,4 % dans le Doubs, contre 8,4 % en France métropolitaine. Par ailleurs, depuis 2024, l’emploi salarié diminue.

Entre 2017 et 2021, l’emploi public reste stable. Le secteur agricole n’occupe que 2,4 % des emplois, contre 3,6 % au niveau régional. De forte tradition fromagère, deux tiers des 2 500 exploitations sont spécialisées dans l’élevage de vaches laitières. De plus, avec de nombreuses forêts, la part des surfaces cultivées est la plus faible de la région.

Filière automobile, un pilier de l’économie locale en recul d’emploi

La filière automobile occupe une place centrale dans l’économie du Doubs. Fin 2021, le département concentre près de la moitié des salariés de la filière automobile régionale, dont près des trois quarts localisés dans la zone d’emploi de Montbéliard.

À lui seul, le site de Stellantis à Sochaux représente la moitié des effectifs cumulés des 15 plus grands établissements du Doubs. D’autres équipementiers, comme Forvia et Flex-N-Gate dans le Pays de Montbéliard, R. Bourgeois à Besançon ou Schrader à Pontarlier, renforcent cette forte spécialisation territoriale (figure 1).

La construction de matériels de transport dégage une valeur ajoutée importante, en raison de sa forte intensité capitalistique. Ainsi, la productivité apparente du travail dans le Doubs, de 61 000 euros par salarié, est supérieure de 1 500 euros à la moyenne régionale.

Figure 1aPrincipaux établissements du Doubs par secteur d’activité et niveau d’emploi

Principaux établissements du Doubs par secteur d’activité et niveau d’emploi
Nom de l’entreprise Commune d’implantation Secteur d’activité Effectifs salariés en 2021
Stellantis Sochaux Industrie Plus de 5000 salariés
Flex-N-Gate Audincourt Industrie 500 à 749 salariés
Forvia Bavans Industrie 500 à 749 salariés
Âges & Vie Besançon Services 500 à 749 salariés
Crédit Agricole Besançon Services 500 à 749 salariés
Arrive (Flowbird) Besançon Industrie 500 à 749 salariés
Fondation Pluriel Besançon Services 250 à 499 salariés
Forvia Montbéliard Industrie 250 à 499 salariés
Keolis Besançon Services 250 à 499 salariés
Fondation Pluriel Étupes Services 250 à 499 salariés
Clinique Saint-Vincent Besançon Services 250 à 499 salariés
Schrader Pontarlier Industrie 250 à 499 salariés
Banque populaire Besançon Services 250 à 499 salariés
R. Bourgeois Besançon Industrie 250 à 499 salariés
Guillin Emballages Ornans Industrie 250 à 499 salariés
  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

Figure 1aPrincipaux établissements du Doubs par secteur d’activité et niveau d’emploi

  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

Cependant, la filière automobile traverse une période difficile. De 2017 à 2021, la fabrication de matériels de transport a perdu plus d’un emploi sur cinq. La métallurgie, en amont de cette filière, a perdu près de 600 emplois. Pénurie de composants électroniques, transition vers l’électrique et baisse de la demande fragilisent la filière. Par ailleurs, les perspectives de développement de la filière hydrogène tardent à se concrétiser. Tout cela a des conséquences importantes sur le marché du travail autour de Montbéliard, et plus largement sur l’ensemble du Doubs. Entre 2017 et 2021, l’emploi salarié marchand non agricole du département stagne, alors qu’il augmente de 2,2 % en moyenne dans la région.

PME et autres secteurs, ancrages de développement

Dans le Doubs, 124 400 personnes travaillent au sein des 12 900 établissements du secteur privé marchand non agricole. Parmi eux, 3 300 dépendent de . Celles-ci emploient 35 % des salariés, contre 32 % au niveau régional. L’emploi progresse fortement dans les PME, notamment par croissance interne. Elles sont plus particulièrement présentes dans la santé et l’action sociale. Elles jouent aussi un rôle important dans la construction, les services aux entreprises ou la fabrication d’autres produits industriels (figure 2).

Figure 2Part des emplois salariés par taille d’entreprise et secteur d’activité

Part des emplois salariés (en %)
Part des emplois salariés par taille d’entreprise et secteur d’activité (Part des emplois salariés (en %))
Secteurs d’activité Microentreprises Petites et moyennes Intermédiaires Grandes Ensemble
Bourgogne-Franche-Comté 19,4 31,5 25,5 23,6 100,0
Doubs, dont : 19,2 34,7 21,4 24,7 100,0
Construction 35,4 42,9 8,7 13,0 100,0
Commerce 24,4 32,4 26,7 16,5 100,0
Administration publique 23,4 39,7 17,2 19,7 100,0
Activités spécialisées, scientifiques et techniques 20,1 43,7 20,3 15,9 100,0
Fabrication d’autres produits industriels 8,6 47,8 35,5 8,1 100,0
Transport-entreposage 5,7 32,7 15,9 45,7 100,0
Fabrication de matériels de transport 0,3 3,3 18,0 78,4 100,0
  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

Figure 2Part des emplois salariés par taille d’entreprise et secteur d’activité

  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

En dehors de l’automobile, certains secteurs industriels sont plus dynamiques. C’est le cas du secteur de l’habillement poussé par l’installation de deux établissements d’Hermès dans le Pays de Montbéliard, ou de la fabrication d’équipements électriques portés par des entreprises comme Safran à Besançon. Par ailleurs, le pôle des microtechniques installé dans le Doubs, rassemble des établissements industriels soutenus par de nombreux cabinets d’études techniques et des établissements de formation et de recherche. Dans le tertiaire, les services aux entreprises sont dynamiques, tandis que l’emploi commercial se replie légèrement, sous l’effet d’un recul dans le commerce de gros de matériaux de construction (figure 3).

Évolution de l’emploi salarié 2017-2021 et poids des quinze principaux secteurs d’activité en 2021

Évolution de l’emploi salarié 2017-2021 et poids des quinze principaux secteurs d’activité en 2021
Secteurs d’activité (A38) Part des emplois salariés en 2021 Évolution 2021/2017 Poids par rapport à la moyenne régionale
(en %) (en %)
GZ Commerce 18,8 -1,3 Sous-représenté
CL Matériel de transport 8,4 -21,2 Sur-représenté
FZ Construction 8,3 +7,5 Sous-représenté
NZ Services administratifs et de soutien 6,9 +5,8 Dans la moyenne
HZ Transport-entreposage 6,8 +0,9 Sous-représenté
CH Métallurgie 6,3 -7,8 Sur-représenté
IZ Hébergement-restauration 5,0 +6,5 Sous-représenté
MA Activités juridiques et comptables 4,8 +17,6 Dans la moyenne
CA Industries agro-alimentaires 4,4 +7,1 Dans la moyenne
QB Hébergement médico-social 4,1 +1,4 Sous-représenté
KZ Activités financières 3,5 -20,1 Dans la moyenne
QA Santé 2,8 +7,7 Sous-représenté
CM Autres industries 2,0 +11,7 Sous-représenté
SZ Autres services aux ménages 1,9 +3,6 Dans la moyenne
CB Industrie de l’habillement 1,7 +25,2 Sur-représenté
  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

Évolution de l’emploi salarié 2017-2021 et poids des quinze principaux secteurs d’activité en 2021

  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

Des enjeux spécifiques pour l’automobile, les frontaliers et Besançon

Les enjeux sont très différents d’un territoire à l’autre. La zone d’emploi de Montbéliard, ancrée sur la construction automobile, présente des fragilités économiques qui se traduisent désormais sur le plan démographique.

La croissance du nombre d’actifs dans la zone de Pontarlier se fait en premier lieu au bénéfice des entreprises suisses, qui offrent des salaires plus élevés. Capter des salariés est ainsi un challenge pour les entreprises françaises dans un contexte de prix élevés de l’immobilier. L’emploi est moins dynamique que dans la zone de Besançon, où certaines entreprises peuvent privilégier, voire transférer leurs activités. En effet, sa position d’ancienne capitale régionale permet de bénéficier de ce ruissellement d’activités. Ville de tradition industrielle, ce secteur occupe encore un salarié sur sept. Le secteur tertiaire y est toutefois très présent. Le développement de cette zone reste néanmoins limité par la taille de son agglomération.

Publication rédigée par :Mathéo Bourgeois (Insee)

Sources

Les données sur l’ensemble de l’emploi sont issues des estimations trimestrielles et annuelles d’emploi. Celles sur les établissements du secteur marchand privé non agricole proviennent du Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores). Les effectifs salariés correspondent aux postes principaux de la dernière semaine de décembre.

Définitions

Les petites et moyennes entreprises (PME) emploient moins de 250 personnes, ou génèrent un chiffre d’affaires n’excédant pas 50 millions d’euros. Parmi elles, les microentreprises (MIC) ont moins de 10 salariés et un chiffre d’affaires n’excédant pas 2 millions d’euros. Les seuils pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont de 5 000 salariés et de 1,5 milliard d’euros. Les plus importantes sont des grandes entreprises.

Un groupe est l’ensemble des sociétés détenues directement ou indirectement à plus de 50 % par une société mère, elle-même indépendante d’une autre société.

Pour en savoir plus

(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.

(2) Bourgeois M., Ovieve F. (Insee), Dubois S., Rouot C., Vivas E. (Dreets) « La filière automobile amorce le virage vers l’électrique », Insee Analyse Bourgogne-Franche-Comté no 120, avril 2024.