Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Octobre 2025 · n° 164

Monoparentalité : moins d'enfants et une plus forte exposition à la pauvreté

En 2022, en Auvergne‑Rhône‑Alpes, la monoparentalité concerne 15,2 % des familles. En France métropolitaine, ce taux atteint 16,6 % en 2022 alors qu'il n'était que de 10,4 % en 1990. Les familles monoparentales sont ainsi devenues un public important des politiques sociales et familiales, au croisement des enjeux de lutte contre la précarité, d’insertion professionnelle, d’égalité femmes‑hommes, d’accès au logement et de conciliation entre vie privée et vie professionnelle.

Cette étude se restreint à celles composées d’au moins un enfant mineur, soit 213 100 familles (figure 1) (9,5 % des familles de la région) et 584 900 personnes.

Dans la région, 47 % des familles monoparentales ont un seul enfant (99 700 familles), contre 31 % des couples avec enfants. Les enfants sont en moyenne plus âgés que ceux des couples avec enfants. Huit familles monoparentales sur dix, comme en France métropolitaine, ont une femme à leur tête. Cette dernière est en moyenne quatre ans plus jeune que les hommes monoparents (41 ans contre 45 ans respectivement).

Les familles monoparentales résident principalement dans les grandes agglomérations (figure 2). Les villes concentrent en effet les services et les équipements qui permettent de mieux concilier vie professionnelle et vie parentale. Toutefois, les familles monoparentales vivent deux fois plus souvent que les couples dans un logement trop petit (en situation de suroccupation (pour en savoir plus (2)). C’est aussi dans ces grandes agglomérations que se trouve la majorité des logements sociaux, les familles monoparentales étant une cible prioritaire des politiques d’accès au logement. 32 % des familles monoparentales sont locataires d’un logement social, contre 13 % des couples avec enfants. Cette part augmente avec le nombre d’enfants : 27 % avec un enfant et jusqu’à 48 % avec trois enfants (respectivement 11 % et 20 % pour les couples avec enfants). Au‑delà des loyers plus accessibles, les logements sociaux ont souvent un nombre de pièces mieux adapté à ces ménages et aux familles nombreuses.

Enfin, une famille monoparentale sur trois est propriétaire de son logement, soit deux fois moins que les couples avec enfants.

Ne disposant que d’un seul revenu, les familles monoparentales ont un niveau de vie médian mensuel inférieur de 600 euros à celui des couples avec enfants. Il est plus élevé dans celles ayant un homme à leur tête : 1 610 euros contre 1 330 euros pour une femme, soit 21 % de plus. Ces derniers occupent plus souvent que les femmes des métiers qualifiés et mieux rémunérés. Ainsi, 36,9 % des membres de familles monoparentales ayant une femme à leur tête sont en situation de pauvreté, contre 23,9 % avec un homme.

Les revenus des familles monoparentales sont composés de 18,0 % de prestations sociales (dont 7,8 % de prestations familiales), contre 6,2 % pour les couples avec enfants, limitant ainsi le niveau de pauvreté de ces familles.

Un quart des familles monoparentales ne bénéficie d’aucune prestation sociale, ni du chômage. Un tiers de ces personnes a des revenus lui permettant de vivre sans ces compléments. Certaines sont susceptibles d'avoir droit à des prestations sociales ou des indemnités chômage, mais n'y recourent pas. Leur revenu principal provient à 96 % de revenus d’activité (salariée ou non), proche des couples avec enfants (95 %), mais nettement plus élevé que pour l’ensemble des familles monoparentales (87 %). Dans ces familles, composées plus souvent d’un seul enfant, l’adulte est, en moyenne, plus âgé. Elles ont majoritairement un homme à leur tête. Elles sont plus souvent propriétaires de leur logement que l’ensemble des familles monoparentales (57 %) et disposent d'un niveau de vie mensuel médian proche de celui des couples avec enfants (1 940 euros).

Le niveau de vie des ménages dépend fortement de leur situation vis‑à‑vis de l’emploi : 77 % des adultes des familles monoparentales sont en emploi (74 % des femmes et 86 % des hommes), contre 85 % des adultes d’un couple avec enfants. Le temps partiel est plus répandu et davantage féminin (29 % des femmes et 7 % des hommes), probablement en raison de la difficulté à concilier vie de famille et contraintes de travail. Par ailleurs, 14 % des femmes et 7 % des hommes sont au chômage.

Un plus faible taux de diplômés du supérieur explique la situation plus difficile des familles monoparentales au regard de l’emploi. Lorsqu’elles ont une femme à leur tête, 40 % sont diplômées du supérieur, contre 55 % au sein des couples avec enfants. L’écart est moindre pour les hommes, respectivement 41 % et 44 %. Ainsi, parmi les adultes vivant en couple avec enfants, les femmes sont plus souvent diplômées du supérieur que les hommes, mais parmi ceux en situation de monoparentalité, elles le sont moins.

Les professions exercées diffèrent de celles des couples avec enfants et sont moins rémunératrices. Dans les familles monoparentales, l'adulte référent est moins souvent cadre. Les femmes, largement majoritaires dans ce type de famille, le sont encore moins (14 % contre 23 % pour les hommes) ; l’écart est ici plus important que parmi les couples avec enfants (19 % pour les femmes, 25 % pour les hommes).