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Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté · Octobre 2025 · n° 224
Insee Flash Bourgogne-Franche-ComtéLa Saône-et-Loire dans la dynamique du nucléaire Les emplois départementaux par secteur d’activité

Ludovic Jobard (Insee)

L’emploi se stabilise en Saône-et-Loire depuis 2010. Entre 2017 et 2021, la croissance de l’emploi est portée par les services aux entreprises et le transport-entreposage. Avec un recul de l’emploi moitié moindre qu’au niveau régional et une grande diversité, l’industrie reste centrale. L’agriculture reste également importante, mais l’élevage bovin est en recul. Le renouvellement de sa main-d’œuvre, notamment dans la filière nucléaire, constitue un enjeu pour les années à venir.

Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté
No 224
Paru le :Paru le07/10/2025

Cette étude fait partie de la série de publications sur « Les emplois départementaux par secteur d’activité ».

Un tissu économique diversifié

En 2022, la Saône-et-Loire compte 549 000 habitants. En recul démographique depuis 2013, principalement dans l’ouest, ce département reste encore le plus peuplé de la région.

Fin 2021, la Saône-et-Loire totalise 217 400 emplois. Cet effectif se stabilise depuis les années 2010, après un recul entamé dans les années 1980 avec la reconversion de son tissu industriel, notamment autour de la sidérurgie.

L’emploi en Saône-et-Loire est diversifié. La zone d’emploi du Creusot l’est toutefois moins, avec un profil industriel plus marqué. Bien qu’en mutation, l’agriculture reste un secteur emblématique avec 4,2 % des emplois, contre 3,6 % pour la région. De 2017 à 2021, l’emploi agricole est en forte baisse (-3,6 %), en raison des difficultés rencontrées par les exploitations d’élevage bovin, très présentes dans le département. Le secteur primaire bénéficie de nombreuses appellations protégées et d’un vignoble allant de la côte chalonnaise aux monts du Beaujolais.

Le secteur tertiaire non marchand, pour l’essentiel de l’emploi public, concentre 31 % des effectifs salariés contre 33 % en moyenne en Bourgogne-Franche-Comté.

Quatre sites industriels de plus de 1 000 salariés

Fin 2021, 13 900 établissements du secteur privé marchand hors agriculture emploient 123 500 personnes. Entre 2017 et 2021, les effectifs salariés augmentent de 2,4 %, taux légèrement supérieur à la moyenne régionale. La richesse produite par ces établissements s’élève à 7,3 milliards d’euros, soit 59 100 euros par salarié. Cette productivité apparente du travail est inférieure de 1 000 euros à la moyenne régionale en raison d’activités un peu moins qualifiées, comme le montre la plus faible part de cadres.

Les 15 plus grands établissements génèrent 12 % de la valeur ajoutée totale. Ils sont majoritairement situés autour de Chalon-sur-Saône et du Creusot. Parmi eux, quatre établissements industriels comptent plus de 1 000 salariés. La Saône-et-Loire est le seul département de la région à en compter plusieurs : deux sites de Framatome dans le nucléaire et les sites de FPT Powertrain et Michelin dans l’automobile (figure 1).

Figure 1aPrincipaux établissements de Saône-et-Loire par secteur d’activité et niveau d’emploi

Principaux établissements de Saône-et-Loire par secteur d’activité et niveau d’emploi
Nom de l’entreprise Commune d’implantation Secteur d’activité Effectifs salariés en 2021
Framatome Chalon-sur-Saône Industrie 1000 à 1499 salariés
FPT Powertrain Technologies Bourbon-Lancy Industrie 1000 à 1499 salariés
Framatome Saint-Marcel Industrie 1000 à 1499 salariés
Michelin Blanzy Industrie 1000 à 1499 salariés
Industeel (Arcelor Mittal) Creusot Industrie 500 à 749 salariés
LDC Bourgogne Branges Industrie 500 à 749 salariés
Alstom Creusot Industrie 500 à 749 salariés
Aperam Gueugnon Industrie 500 à 749 salariés
Concentrix Montceau-les-Mines Services 500 à 749 salariés
Amazon Sevrey Commerce 500 à 749 salariés
Hôpital du Creusot (Groupe SOS) Creusot Services 500 à 749 salariés
Bigard Cuiseaux Industrie 500 à 749 salariés
Amaelles Montceau-les-Mines Services 250 à 499 salariés
Verallia Chalon-sur-Saône Industrie 250 à 499 salariés
Crédit Agricole Mâcon Services 250 à 499 salariés
  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

Figure 1aPrincipaux établissements de Saône-et-Loire par secteur d’activité et niveau d’emploi

  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

La structure de l’appareil productif, par taille des entreprises auxquelles sont rattachés les établissements, se rapproche de celle observée à l’échelle régionale. Ce sont surtout les et les qui portent la croissance de l’emploi, principalement dans le tertiaire marchand.

Par ailleurs, l’artisanat dégage une valeur ajoutée importante. Le bâtiment bénéficie de la proximité de Lyon, tandis que la production de biens est liée au passé industriel du territoire.

Dynamisme des services aux entreprises

La croissance de l’emploi est portée par les services aux entreprises, qu’ils relèvent de la digitalisation des échanges avec Concentrix, ou de secteurs plus traditionnels comme le nettoyage. La logistique bénéficie de la position favorable du département aux carrefours des axes Paris-Méditerranée et Strasbourg-Centre Atlantique. L’arrivée d’Amazon à Sevrey en 2012 a été suivie par l’implantation de nombreux centres logistiques. Entre 2017 et 2021, le secteur du transport-entreposage gagne 1 000 emplois.

Malgré un recul, avec près de 32 000 salariés l’industrie de Saône-et-Loire demeure centrale. La baisse observée entre 2017 et 2021 (-1,8 %) y est deux fois moindre que dans la région.

Comme ailleurs en France, l’emploi progresse dans les industries agroalimentaires. Néanmoins, la Saône-et-Loire se distingue des autres départements de la région par la concentration de ses emplois au sein de . C’est le cas dans la Bresse louhannaise de LDC Bourgogne, spécialisé dans la volaille et les plats cuisinés, ou du Bigard, dans la transformation de viande (figure 2).

Figure 2Part des emplois salariés par taille d’entreprise et secteur d’activité

(en %)
Part des emplois salariés par taille d’entreprise et secteur d’activité ((en %))
Secteurs d’activité Microentreprises Petites et moyennes Intermédiaires Grandes
Bourgogne-Franche-Comté 19,4 31,5 25,5 23,6
Saône-et-Loire, dont : 19,2 31,9 23,9 25,0
Construction 39,5 41,2 10,3 9,0
Services aux entreprises 21,9 38,7 25,5 13,9
Commerce 21,9 33,3 27,2 17,6
Enseignement, santé, action sociale 12,0 41,2 27,7 19,1
Autres produits industriels 6,5 32,3 27,7 33,5
Industries agroalimentaires 19,2 23,1 19,4 38,1
Transports et entreposage 6,1 22,0 28,9 43,0
  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

Figure 2Part des emplois salariés par taille d’entreprise et secteur d’activité

  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

L’ouest du département est plus en difficulté. C’est notamment le cas du Charollais où, outre le recul de l’élevage, l’industrie est concernée par les difficultés de la filière automobile et de l’activité métallurgique en France.

Par ailleurs, les secteurs industriels clés, comme la métallurgie ou l’emballage en verre, avec Verallia à Chalon-sur-Saône, sont confrontés à des défis de sobriété énergétique et d’évolution de leurs procédés. Le site Industeel du Creusot a déjà fait ce pas vers la décarbonation. Les fortes évolutions d’emploi dans les secteurs de la métallurgie et des autres industries tiennent pour une grande part au transfert d’un établissement d’un secteur vers l’autre, du fait d’un changement d’activité. Sans ce transfert, l’évolution de l’emploi aurait été contenue dans chacun des deux secteurs, avec une baisse d’un peu plus de 5 % (figure 3). Pour les autres industries, la baisse concerne surtout des établissements n’ayant pas de lien avec la filière nucléaire.

Figure 3Évolution de l’emploi salarié 2017-2021 et poids des quinze principaux secteurs d’activité en 2021

Évolution de l’emploi salarié 2017-2021 et poids des quinze principaux secteurs d’activité en 2021
Secteurs d’activité (A38) Part des emplois salariés (en %) Évolution 2021/2017 (en %) Poids par rapport à la moyenne régionale
Activités juridiques et comptables 4,2 +3,0 Sous-représenté
Activités financières 2,5 -9,0 Sous-représenté
Matériel de transport 2,1 +0,6 Sous-représenté
Commerce 21,6 -0,1 Dans la moyenne
Construction 9,3 +8,4 Dans la moyenne
Transport-entreposage 8,7 +12,3 Dans la moyenne
Services administratifs et de soutien 7,1 +18,2 Dans la moyenne
Métallurgie 5,4 -19,1 Dans la moyenne
Hébergement-restauration 5,2 +7,4 Dans la moyenne
Industrie agroalimentaires 5,1 +5,0 Dans la moyenne
Hébergement médico-social 4,5 +0,5 Dans la moyenne
Santé 3,2 -2,5 Dans la moyenne
Plasturgie 4,1 0,0 Surreprésenté
Autres industries 2,8 +33,0 Surreprésenté
Fabrication de machines 2,3 +9,6 Surreprésenté
  • Note : La métallurgie et les autres industries sont affectées par le changement d’activité d’un établissement de Framatome. Sans ce transfert, les deux secteurs perdraient chacun un peu plus de 5 % de leurs emplois entre 2017 et 2021.
  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

Figure 3Évolution de l’emploi salarié 2017-2021 et poids des quinze principaux secteurs d’activité en 2021

  • Note : La métallurgie et les autres industries sont affectées par le changement d’activité d’un établissement de Framatome. Sans ce transfert, les deux secteurs perdraient chacun un peu plus de 5 % de leurs emplois entre 2017 et 2021.
  • Champ : Secteurs privés marchands non agricoles.
  • Source : Insee, Flores 2021.

La filière nucléaire face au défi des compétences

La filière nucléaire compte un quart des emplois industriels, principalement autour de Chalon-sur-Saône et du Creusot. Les trois sites du groupe Framatome y jouent un rôle central. Industeel, filiale d’ArcelorMittal, produit des aciers spéciaux utilisés notamment dans l’énergie nucléaire. Les zones d’emploi de Chalon-sur-Saône et du Creusot sont dans la dynamique de la relance du nucléaire. Après plus de 20 ans de pause ayant conduit à des pertes d’emplois et de compétences, l’attractivité des métiers de la filière constitue un enjeu pour les années à venir.

Publication rédigée par :Ludovic Jobard (Insee)

Sources

Les données sur l’ensemble de l’emploi sont issues des estimations trimestrielles et annuelles d’emploi. Celles sur les établissements du secteur marchand privé non agricole proviennent du Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores). Les effectifs salariés correspondent aux postes principaux de la dernière semaine de décembre.

Définitions

Les petites et moyennes entreprises (PME) emploient moins de 250 personnes, ou génèrent un chiffre d’affaires n’excédant pas 50 millions d’euros. Parmi elles, les microentreprises (MIC) ont moins de 10 salariés et un chiffre d’affaires n’excédant pas 2 millions d’euros. Les seuils pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont de 5 000 salariés et de 1,5 milliard d’euros. Les plus importantes sont des grandes entreprises.

Un groupe est l’ensemble des sociétés détenues directement ou indirectement à plus de 50 % par une société mère, elle-même indépendante d’une autre société.

Pour en savoir plus

(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.

(2) Loones F., Blin CL., « L’artisanat de Saône-et-Loire est tourné vers le secteur du bâtiment », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté no 199, juin 2024.

(3) Bourgeois M., Ovieve F. (Insee), Drouot C. (Dreets) « Les 270 établissements de la filière nucléaire emploient 23 000 salariés », Insee Analyse Bourgogne-Franche-Comté no 123, décembre 2024.